Le Courrier de la Transplantation - Vol. XI - n° 1 - janvier-février-mars 2011
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Mise au point
*Université Paris-Descartes,
centre d’investigation
clinique en vaccinologie
Cochin-Pasteur
(CIC BT505), hôpital
Cochin, Paris.
Voyage en zone “à risque” en Afrique
de l’Est, pour revoir la famille
Commentaires et mise au point sur les vaccins et les voyages du transplanté
Travelers to East Africa: vaccinations for the adult solid organ
transplant recipients
Odile Launay*
L
es voyageurs s’exposent à des risques sanitaires
qui varient selon la destination et le type de
séjour. Les transplantés d’organes solides, en
raison de l’immunodépression induite par le traitement,
sont plus à risque que les voyageurs bien portants, en
cas d’infection, de développer une forme grave pouvant
dans certains cas mettre en jeu le pronostic vital.
Dans cette population fragilisée, la consultation de
prévention et de conseils au voyageur doit être
organisée suffisamment tôt avant le départ. Elle doit
permettre de limiter les risques liés au voyage, quitte
à déconseiller, si nécessaire, un déplacement jugé trop
dangereux pour la santé ou prévu dans un délai trop
court après la transplantation. Elle sera réalisée dans
la mesure du possible par un spécialiste des patholo-
gies du voyageur ayant une expertise dans la prise en
charge de patients immunodéprimés, en collaboration
étroite avec le médecin assurant le suivi du patient.
Au cours de cette consultation seront prescrites les
mesures préventives des risques sanitaires liés à la
zone visitée (maladies vectorielles, en particulier la
prévention du paludisme, la prévention des diarrhées).
Cette consultation devra aussi permettre la mise à
jour des vaccinations usuelles et la prescription ou
la contre-indication des “vaccinations du voyageur”.
Mise à jour des vaccinations “usuelles”
La consultation du voyageur doit être l’occasion de mettre
à jour les vaccinations recommandées chez le transplanté
d’organe solide. Ces vaccinations comportent :
Les vaccinations du calendrier vaccinal
de l’adulte
Les vaccinations recommandées chez l’adulte en France
incluent :
✓
un rappel diphtérie-tétanos-polio tous les 10 ans
avec, à l’occasion d’un rappel décennal, une vaccination
par un vaccin contenant la valence coqueluche pour les
adultes n’ayant pas reçu de rappel anticoquelucheux
dans les 10 dernières années ;
✓
la vaccination antigrippale annuelle à partir de l’âge
de 65 ans ;
✓
la vaccination contre les infections invasives à ménin-
gocoque du groupe C chez les adultes de 18 à 24 ans
(rattrapage dans le cadre de la vaccination généralisée
de l’enfant de 12 à 24 mois) ;
✓
la vaccination contre les infections à papillomavirus
des jeunes femmes de 18 à 23 ans (rattrapage dans
le cadre de la vaccination des jeunes filles de 14 ans).
Il est en revanche formellement contre-indiqué d’ad-
ministrer les vaccins vivants du calendrier vaccinal
chez ces patients, même s’ils ne sont pas immunisés.
Ainsi, les vaccinations rougeole, oreillons, rubéole, vari-
celle doivent être réalisées si possible avant la trans-
plantation chez les patients en attente de greffe à la
condition qu’ils ne reçoivent pas de traitement immuno-
suppresseur. Le BCG est formellement contre-indiqué, y
compris chez les patients en attente de transplantation.
Les vaccinations recommandées
spécifiquement chez le transplanté
d’organe solide
En raison d’un risque accru d’infections sévères, en
particulier respiratoires, chez le transplanté d’organe
solide, la vaccination antigrippale est recommandée
chaque année. De même, la vaccination contre les infec-
tions invasives à pneumocoque par le vaccin polysac-
charique dirigé contre 23 valences du pneumocoque
(Pneumo 23®) doit être réalisée chez ces patients avec
une revaccination tous les 5 ans. La vaccination contre
l’hépatite A doit être réalisée chez tous les transplantés
de foie non immun. Enfin, il est recommandé de vacciner
contre le virus de l’hépatite B les patients transplantés, en
particulier ceux à risque d’exposition en raison du risque
majoré de passage à la chronicité chez ces patients en
cas d’infection.
Il est nécessaire de respecter un délai minimal de 6 mois
après la transplantation avant de vacciner.