Département Relations Extérieures Service Communication Recherche Nancy Dath, T : +32 (0)2 650 92 03, +32 (0) 473 97 22 56 M : [email protected] Nathalie Gobbe, T : +32 (0)2 650 92 06, +32 (0)474 84 23 02 M : [email protected] Communiqué de presse Bruxelles, le 12 septembre 2016 Associer batteries au plomb et panneaux photovoltaïques pour accroître l'autosuffisance électrique des ménages Actuellement, en Belgique, les installations photovoltaïques couplées à des batteries au plomb ne permettent pas d’assurer l’auto-suffisance électrique d'une résidence à un coût raisonnable. C’est en résumé la conclusion de l’étude de deux chercheurs de l’ULB : leurs simulations révèlent que le taux maximal d’auto-suffisance des panneaux solaires ne serait que d'environ 40%, tandis que l’ajout de batteries complémentaires au plomb entraînerait une augmentation considérable du prix de l’énergie. De nos jours, l'utilisation de panneaux solaires et de systèmes de stockage d'électricité domestique fait l'objet de vives discussions. Étant donné que les gouvernements encouragent de plus en plus le recours aux énergies renouvelables et que les nouvelles technologies (panneaux solaires et voitures électriques) deviennent progressivement plus abordables, il semblerait que la maison du futur serait auto-suffisante, totalement indépendante du réseau électrique et capable de satisfaire les besoins de ses occupants grâce à l'énergie solaire. À l'Université libre de Bruxelles, Ecole Polytechnique de Bruxelles, Aéro Thermo Mécanique, des chercheurs menés par Guilherme Silva et Patrick Hendrick se penchent depuis longtemps sur la question des foyers auto-suffisants en énergie. Récemment, ils sont parvenus à des résultats très intéressants, publiés dans le journal Applied Energy sous le titre « Associer des batteries au plomb à des panneaux photovoltaïques pour augmenter l'auto-suffisance électrique des ménages » (Lead-acid batteries coupled with photovoltaics for increased electricity self-sufficiency in households). Ils ont rassemblé, à l'échelle de la Belgique, les données les plus récentes de l'Institut royal météorologique, des fournisseurs d'électricité et des installateurs, et les ont intégrées à leurs modèles de simulation. Ils sont arrivés à la conclusion que les panneaux solaires et les batteries n'étaient pas des plus rentables et qu'il existait d'autres façons de produire de l'énergie verte à un prix plus intéressant. Le problème vient du fait que l'approvisionnement en énergie solaire et la consommation d'électricité ne coïncident pas forcément : le soleil est au plus haut autour de midi, alors que la plupart des ménages consomment principalement le matin et le soir. De plus, dans beaucoup de pays, la majeure partie de l'énergie solaire n'est disponible que l'été. Indépendamment du nombre de panneaux solaires installés, le taux maximal d'autosuffisance serait aux alentours des 40 pour cent. La bonne nouvelle, c'est que l'autosuffisance à 40 pour cent est tout à fait à notre portée à des prix proches de ceux du réseau, grâce notamment à la récente chute des prix des panneaux solaires et à leur long cycle de vie. Pour dépasser les 40 pour cent, le stockage de l'énergie semble être la solution la plus évidente. Les chercheurs ont associé des panneaux solaires à des batteries au plomb et sont parvenus à des résultats surprenants : l'énergie consommée devient alors très onéreuse. Essayer d'atteindre une auto-suffisance de 60 pour cent peut coûter jusqu'à deux fois le prix du réseau. Mais le prix des batteries et leur faible durée de vie ne sont pas les seules responsables : l'installation et l'équipement éléctrique nécessaire ont également un coût. L'absence de politique énergétique sur le long terme incite les propriétaires de logement et les installateurs à la prudence, car ils craignent de devoir assumer seuls les risques d'un tel investissement. Cette situation a d'ailleurs valu à la Belgique un avertissement public de la part de l'Agence internationale de l'énergie. Les chercheurs se sont également penchés sur l'impact des panneaux solaires et des systèmes de stockage d'électricité privée sur le réseau, et les résultats ne sont pas encourageants. Les logements équipés de tels systèmes mettent en effet le réseau sous pression. En outre, les centrales électriques devront s'adapter à des fluctuations rapides de la demande. Tous ces facteurs auront un impact sur le prix de l'électricité du réseau, sujet sur lequel nous manquons encore de recherche sur les données. Mais, fort heuresement, tout n'est pas perdu. L'article suggère qu'une approche hybride doit être adoptée pour parvenir à une auto-suffisance durable. Il s'agirait de combiner plusieurs sources d'énergie afin de compenser les faiblesses de chacune. La consomation peut également être régulée grâce à des appareils électriques et électroménagers capables de s'adapter aux conditions, tout comme le système de stockage énergétique qui pourrait fonctionner de manière plus intelligente. Des solutions de stockage énergétique récentes, telles que les batteries lithium-ion sur lesquelles les chercheurs se penchent en ce moment avec des résultats préliminaires beaucoup plus positifs, voient leurs prix baisser et la part des véhicules électriques ne fait qu'augmenter. Ce domaine est en constante évolution et les recherches se poursuivent, mais en attendant, il reste plus intéressant d'installer quelques panneaux solaires chez soi tout en étant alimenté par le réseau. Guilherme de Oliveira e Silva, Patrick Hendrick. Associer des batteries au plomb à des panneaux photovoltaïques pour accroître l'auto-suffisance électrique des ménages. Applied Energy, n° 178 : 856-867 (2016) Contact scientifique : Guilherme Silva Université libre de Bruxelles Aéro Thermo Mécanique GSM : 0032 484 486 231 [email protected]