Chirurgie de la cataracte et thrombolyse Question q

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Chirurgie de la cataracte et thrombolyse
Question
Un patient subit une intervention pour cataracte dans la matinée. Quelques heures plus tard,
il présente une hémiplégie droite et une aphasie en rapport avec un infarctus sylvien gauche.
Il est éligible pour un traitement par thrombolyse intraveineuse. L’intervention sur la cataracte est-elle une contre-indication absolue ?
question-réponse
q uestion-réponse
Réponse
T
out dépend de la technique utilisée pour l’intervention sur la cataracte. Les fibrinolytiques sont classiquement contre-indiqués
après toute intervention chirurgicale en raison d’un risque élevé de saignement. Néanmoins, de nos jours, le risque de
saignement après une intervention non compliquée de la cataracte est nul. L’anesthésie est topique (des gouttes ou un gel
anesthétique sont appliqués sur la cornée), l’incision se fait dans la cornée elle-même (il n’y a pas de vaisseaux sanguins dans une
cornée normale), le cristallin qui est enlevé lors de l’intervention est avasculaire, et la mise en place de l’implant intraoculaire
ne requiert normalement que très peu de manipulation et est atraumatique. L’incision cornéenne se ferme spontanément, sans
sutures. Ce type d’intervention est réalisé en routine et les complications en sont rares. Il n’est habituellement pas demandé d’interrompre un éventuel traitement antiplaquettaire ou même anticoagulant. Il n’y a donc aucune raison pour qu’une intervention
de la cataracte classique non compliquée constitue une contre-indication à un traitement par fibrinolytiques.
Il est essentiel de vérifier avec le chirurgien le type d’intervention réalisé. En effet, la technique peut varier en fonction du type et
de la sévérité de la cataracte, de l’existence de pathologies oculaires associées et de la coopération du patient. Par exemple, il est
parfois nécessaire de réaliser une anesthésie locale (injection péri- ou rétro-oculaire dans l’orbite) si le patient n’est pas coopératif
ou s’il est trop âgé. Certaines complications peuvent nécessiter une incision au niveau de la conjonctive ou de la sclère (qui sont
vascularisées). Si la pupille n’est pas bien dilatée, des manipulations de l’iris peuvent entraîner un saignement dans la chambre
antérieure. L’infusion de fibrinolytiques serait alors vraisemblablement compliquée d’une hémorragie intraoculaire, avec un risque
de perte visuelle ultérieure
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Valérie Biousse, Unité de neuro-ophtalmologie,
Emory University, Atlanta, États-Unis.
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La Lettre du Neurologue - Vol. XI - n° 9 - novembre 2007
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