La Lettre du Cardiologue - n° 328 - avril 2000
8
termédiaire de l’oxyde nitrique (NO). Elle inhibe la sécrétion
d’aldostérone stimulée par l’angiotensine II, ainsi que la pro-
duction d’endothéline, et pourrait avoir une action antagoniste du
système adrénergique. Sa sécrétion est augmentée par le TNF
alpha.
L’adrénomédulline est augmentée dans différentes situations
pathologiques : l’hypertension artérielle compliquée, l’insuffi-
sance rénale (elle augmente progressivement avec l’aggravation
de l’insuffisance rénale), l’insuffisance cardiaque (la concentra-
tion du peptide est plus élevée dans les classes IV de la NYHA
que dans les classes II), l’infarctus du myocarde (elle augmente
dès les premiers jours, et d’autant plus qu’une insuffisance car-
diaque est associée).
M. Komajda (hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris) a rapporté son expé-
rience concernant les taux plasmatiques de cette hormone dans
l’insuffisance cardiaque compliquant surtout des cardiopathies
dilatées. Dans une population de 117 patients en classe II à IV de
la NYHA, ayant une fraction d’éjection moyenne à 28 % et un
suivi moyen de 237 jours, les dosages suivants ont été effectués :
adrénomédulline, noradrénaline, peptide atrial natriurétique,
endothéline I. En analyse multivariée, les facteurs prédictifs de
mortalité sont l’endothéline I, la pression artérielle systolique,
l’adrénomédulline.
Ainsi, l’adrénomédulline a un rôle physiopathologique impor-
tant. Elle apparaît comme un bon marqueur pronostique et pour-
rait être un bon candidat pour une nouvelle approche thérapeu-
tique de l’insuffisance cardiaque.
HYPERALDOSTÉRONISME PRIMAIRE
L’hyperaldostéronisme primaire est caractérisé par une hyper-
tension artérielle, une hypokaliémie, une diminution de l’activité
rénine plasmatique et une augmentation de l’aldostérone plas-
matique. Il est la cause d’environ 1 % des hypertensions arté-
rielles et peut rester méconnu s’il n’est pas spécifiquement recher-
ché. Environ la moitié des hyperaldostéronismes primaires est
d’origine tumorale. L’autre moitié est représentée par l’hyper-
plasie bilatérale ou unilatérale des surrénales. Le retentissement
d’un hyperaldostéronisme est double : hypervolémie et hyper-
trophie concentrique du ventricule gauche.
Le diagnostic doit être évoqué en cas d’hypertension artérielle
résistant au traitement ou associée à une hypokaliémie spontanée
(non induite par un diurétique hypokaliémiant). Mais environ
20 % des adénomes sont normokaliémiques et de nouveaux cri-
tères d’hyperaldostéronisme primaire ont été définis :
–kaliémie inférieure à 3,9 mmoles/l,
–rapport aldostérone/rénine supérieur à 23 (si c’est le dosage de
rénine active) ou supérieur à 30 (si c’est le dosage d’activité rénine
plasmatique).
Afin de faire les dosages d’activité rénine plasmatique et d’aldo-
stérone dans des conditions interprétables, il est important d’in-
terrompre pendant deux semaines les médicaments qui inter-
fèrent avec le système rénine-angiotensine-aldostérone,
c’est-à-dire les diurétiques, les bêtabloquants, les inhibiteurs cal-
ciques, les inhibiteurs de
l’enzyme de conversion, les antago-
nistes des récepteurs à l’angiotensine II, et bien sûr la
spironolactone. Si cette dernière est donnée à doses élevées, il
faut compter trois à quatre semaines d’interruption. Si la dose
quotidienne est inférieure à 50 mg, il n’y a plus d’action sur l’ac-
tivité rénine plasmatique à huit jours.
Une fois le diagnostic biologique posé, il faut localiser l’adé-
nome. L’examen le plus employé est la tomodensitométrie des
surrénales. D’autres examens sont indiqués selon les cas : le pré-
lèvement séparé des veines surrénales et la scintigraphie surré-
nale à l’iode.
Le traitement médical s’applique à la gestion préopératoire des
patients atteints d’adénome, aux patients refusant la chirurgie,
aux cas d’hyperplasie des surrénales. La spironolactone bloque
la biosynthèse de la testostérone et des autres androgènes péri-
phériques.
En période préopératoire, on utilise la spironolactone à la dose
de 1 à 2 mg/kg et, si besoin, un inhibiteur calcique (qui diminue
l’aldostérone plasmatique). En cas d’hyperplasie bilatérale, la
spironolactone (25 à 75 mg par jour) et l’amiloride (10 à 20 mg
par jour) sont indiqués pour corriger l’hypokaliémie. Mais pour
contrôler la pression artérielle, une dose supérieure de spirono-
lactone est conseillée (jusqu’à 200 mg par jour), dose à laquelle
on peut ajouter un diurétique thiazidique ainsi qu’un inhibiteur
calcique.
L’ablation de l’adénome se fait par chirurgie laparoscopique :
le geste sur la surrénale droite est facile, celui sur la surrénale
gauche est plus difficile. Le résultat sur les chiffres de pression
artérielle est d’autant meilleur que le sujet est plus jeune, ce qui
souligne l’importance d’un diagnostic précoce. Un âge au-delà
de 55 ans est un élément défavorable, surtout en présence d’in-
suffisance rénale.
ENTRAÎNEMENT PHYSIQUE DANS L’INSUFFISANCE CAR-
DIAQUE
P. Sellier a rappelé les effets bénéfiques de l’entraînement phy-
sique en cas d’insuffisance cardiaque. Celui-ci agit sur :
–le cœur,
–le système nerveux autonome : augmentation de la stimulation
vagale, diminution de la stimulation sympathique,
–le muscle squelettique : modifications morphologiques, amé-
lioration du débit sanguin et de la capacité oxydative,
–les vaisseaux : amélioration de la fonction endothéliale,
–les poumons : amélioration de la ventilation.
Les principales contre-indications à l’entraînement physique sont
une insuffisance cardiaque non stabilisée, une classe IV de la
NYHA, un angor instable, une hypertension artérielle pulmonaire
supérieure à 60 mmHg, une thrombose intracardiaque, une myo-
cardite ou une péricardite.
M.C. Aumont, service de cardiologie, hôpital Bichat, Paris
INFORMATIONS