34 DOSSIER Dépistage >> DOSSIER Équilibre entre avantages et inconvénients Focus ... Légumes crus ou cuits ? Les légumes crus protègent-ils mieux contre le cancer que les légumes cuits ? La cuisson fait effectivement perdre aux légumes une partie des nutriments qu’ils contiennent. Mais la cuisson permet l’absorption de certaines de ces substances, qui se digèrent mieux. Les minéraux et les vitamines sont mieux assimilés par l’organisme. Le dépistage des cancers a pour but de réduire la mortalité due à la maladie et éventuellement son incidence. Il est à distinguer de la prévention. En effet, le dépistage suppose que toute tumeur présente une phase préclinique permettant un diagnostic pendant cette période. Dans le dépistage de masse, un certain nombre de conditions doivent être réunies. L’ efficacité du dépistage de certains cancers comme celui du sein ou de la prostate a été démontrée, notamment par des essais randomisés. Mais pour cela, il faut identifier une population, définir les risques et avoir les moyens de traiter avec une plus grande chance de guérison. Une condition importante : la lésion dépistée doit pouvoir être traitée avec des résultats supérieurs à ceux que l’on obtient lorsque le cancer est pris après l’apparition des symptômes. « Le bénéfice du dépistage existe si le décès lié au cancer ciblé est éliminé ou reporté, sinon on risque de ne faire que de “l’avance au diagnostic” : le sujet sait plus tôt dans sa vie qu’il est atteint d’un cancer sans en tirer aucun bénéfice », explique le Dr E. SanchoGarnier (Epidaure, Montpellier). Un dépistage de masse tient donc compte du bénéfice pour le malade, mais aussi pour la société, et doit satisfaire des exigences éthiques telles que l’accès pour tous, une couverture équitable, un plan d’assurance qualité, un système de surveillance pour le suivi, la formation des personnels et l’évaluation des coûts financiers... Mais quels dépistage sont à préconiser ? Les cancers du col de l’utérus L’efficacité du dépistage par frottis de ces cancers a été démontrée par plusieurs études. Durant ces trente dernières années, ce cancer a diminué en Europe. En France, le nombre de nouveaux cas est de 3 400 par an et les décès annuels d’environ mille. Selon les experts, ce dépistage s’adresse à toutes les Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005 femmes de 25 à 70 ans, avec une périodicité optimale de 3 ans après deux frottis négatifs. Les nouvelles technologies, onéreuses, ne sont pas recommandées pour un dépistage primaire surtout du fait que leurs avantages n’ont pas été démontrés. Cependant, parmi ces techniques, le test HPV semble le plus prometteur et pourrait être utile dans les cas de lésions d’interprétation incertaine. Néanmoins, l’efficacité du dépistage des cancers du col de l’utérus pourrait être supérieure si les femmes entre 50 et 70 ans sont encouragées à le faire surtout dans les populations culturellement non préparées. Tout cela nécessite la prise en charge des frottis anormaux, et la mise en place d’outils permettant la surveillance et l’évaluation. Les cancers du sein Chaque année, le cancer du sein est diagnostiqué chez environ 41 000 Françaises et en tue environ 11 000. Les experts ont conclu à la nécessité d’un dépistage de masse, cela par la réalisation d’une mammographie tous les deux ans. Cet examen est le seul test reconnu susceptible de réduire la mortalité par cancer du sein. L’autopalpation systématique, plutôt génératrice d’angoisse, n’est plus recommandée. En France, grâce à la mammographie gratuite pour les femmes de 50 à 70 ans, on espère une réduction de mortalité de l’ordre de 5 à 15 %. Cependant, le bilan bénéfice/risque du dépistage systématique par la mammographie chez les femmes âgées de 40 à 49 ans qui ne présentent pas de risque familial n’est pas en faveur pour cette pratique. Mais le pro- gramme lancé dans le cadre du Plan cancer ne peut réussir que par l’adhésion des femmes et des soignants qui leur en parlent. Les cancers colorectaux L’hémocult comme test de dépistage des cancers du côlon et du rectum reste d’actualité et permet au moins la réalisation d’examens plus performants en cas de sang dans les selles. Avec un contrôle de qualité de la lecture et une prise en charge par endoscopie de tous les hémocults positifs, on espère une mortalité réduite de 15 à 18 %. Après la Bourgogne, une vingtaine de départements se sont lancés dans l’organisation de ce dépistage, afin d’en tester la faisabilité. Là encore, l’adhésion de la population et des médecins est nécessaire. Cependant, d’autres solutions de dépistage fondées sur l’endoscopie courte ou longue sont à l’étude. Les cancers de la prostate Ces cancers peuvent être détectés par le test PSA. Cependant, les études ne soulignent pas que la mortalité est réduite grâce à ce test. Mais des essais sont en cours, et on en attend les résultats. Aujourd’hui, le dépistage de masse des cancers tel que défini par toutes les études ne concerne pas tous les cancers. D’autant que dans chaque localisation d’un cancer se trouvent plusieurs sortes de tumeurs nécessitant chacune des traitements ciblés selon la tumeur et personnalisés selon les sujets. En revanche, il est établi que le diagnostic précoce de tous les cancers est un gage de meilleur pronostic. ALP Entretiens de Bichat 2004