L’ efficacité du dépistage de
certains cancers comme
celui du sein ou de la
prostate a été démontrée, notam-
ment par des essais randomisés.
Mais pour cela, il faut identifier une
population, définir les risques et
avoir les moyens de traiter avec
une plus grande chance de guéri-
son.
Une condition importante : la lésion
dépistée doit pouvoir être traitée
avec des résultats supérieurs à ceux
que l’on obtient lorsque le cancer
est pris après l’apparition des symp-
tômes. « Le bénéfice du dépistage
existe si le décès lié au cancer ciblé
est éliminé ou reporté, sinon on
risque de ne faire que de “l’avance
au diagnostic” : le sujet sait plus tôt
dans sa vie qu’il est atteint d’un
cancer sans en tirer aucun béné-
fice », explique le Dr E. Sancho-
Garnier (Epidaure, Montpellier).
Un dépistage de masse tient donc
compte du bénéfice pour le
malade, mais aussi pour la société,
et doit satisfaire des exigences
éthiques telles que l’accès pour
tous, une couverture équitable, un
plan d’assurance qualité, un sys-
tème de surveillance pour le suivi,
la formation des personnels et
l’évaluation des coûts financiers...
Mais quels dépistage sont à préco-
niser ?
Les cancers du col de l’utérus
L’efficacité du dépistage par frottis
de ces cancers a été démontrée
par plusieurs études. Durant ces
trente dernières années, ce cancer
a diminué en Europe. En France, le
nombre de nouveaux cas est de
3 400 par an et les décès annuels
d’environ mille. Selon les experts,
ce dépistage s’adresse à toutes les
femmes de 25 à 70 ans, avec une
périodicité optimale de 3 ans après
deux frottis négatifs. Les nouvelles
technologies, onéreuses, ne sont
pas recommandées pour un dépis-
tage primaire surtout du fait que
leurs avantages n’ont pas été dé-
montrés. Cependant, parmi ces
techniques, le test HPV semble le
plus prometteur et pourrait être
utile dans les cas de lésions d’inter-
prétation incertaine. Néanmoins,
l’efficacité du dépistage des can-
cers du col de l’utérus pourrait être
supérieure si les femmes entre
50 et 70 ans sont encouragées à le
faire surtout dans les populations
culturellement non préparées. Tout
cela nécessite la prise en charge
des frottis anormaux, et la mise en
place d’outils permettant la sur-
veillance et l’évaluation.
Les cancers du sein
Chaque année, le cancer du sein
est diagnostiqué chez environ
41 000 Françaises et en tue envi-
ron 11 000. Les experts ont conclu
à la nécessité d’un dépistage de
masse, cela par la réalisation d’une
mammographie tous les deux ans.
Cet examen est le seul test reconnu
susceptible de réduire la mortalité
par cancer du sein. L’autopalpation
systématique, plutôt génératrice
d’angoisse, n’est plus recomman-
dée. En France, grâce à la mammo-
graphie gratuite pour les femmes
de 50 à 70 ans, on espère une
réduction de mortalité de l’ordre de
5 à 15 %. Cependant, le bilan bé-
néfice/risque du dépistage systé-
matique par la mammographie
chez les femmes âgées de 40 à
49 ans qui ne présentent pas de
risque familial n’est pas en faveur
pour cette pratique. Mais le pro-
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005
gramme lancé dans le cadre du
Plan cancer ne peut réussir que par
l’adhésion des femmes et des soi-
gnants qui leur en parlent.
Les cancers colorectaux
L’hémocult comme test de dépis-
tage des cancers du côlon et du
rectum reste d’actualité et permet
au moins la réalisation d’examens
plus performants en cas de sang
dans les selles. Avec un contrôle de
qualité de la lecture et une prise en
charge par endoscopie de tous les
hémocults positifs, on espère une
mortalité réduite de 15 à 18 %.
Après la Bourgogne, une vingtaine
de départements se sont lancés
dans l’organisation de ce dépistage,
afin d’en tester la faisabilité. Là
encore, l’adhésion de la population
et des médecins est nécessaire.
Cependant, d’autres solutions de
dépistage fondées sur l’endoscopie
courte ou longue sont à l’étude.
Les cancers de la prostate
Ces cancers peuvent être détectés
par le test PSA. Cependant, les
études ne soulignent pas que la
mortalité est réduite grâce à ce test.
Mais des essais sont en cours, et
on en attend les résultats.
Aujourd’hui, le dépistage de masse
des cancers tel que défini par
toutes les études ne concerne pas
tous les cancers. D’autant que dans
chaque localisation d’un cancer se
trouvent plusieurs sortes de
tumeurs nécessitant chacune des
traitements ciblés selon la tumeur
et personnalisés selon les sujets.
En revanche, il est établi que le dia-
gnostic précoce de tous les cancers
est un gage de meilleur pronostic.
ALP
Entretiens de Bichat 2004
Focus ...
Légumes crus
ou cuits ?
Les légumes crus
protègent-ils mieux
contre le cancer que
les légumes cuits ?
La cuisson fait
effectivement perdre
aux légumes une
partie des
nutriments qu’ils
contiennent.
Mais la cuisson
permet l’absorption
de certaines de ces
substances, qui se
digèrent mieux.
Les minéraux
et les vitamines sont
mieux assimilés par
l’organisme.
DOSSIER
34
>> DOSSIER
Le dépistage des cancers a pour but de réduire la mortalité due à la maladie et éven-
tuellement son incidence. Il est à distinguer de la prévention. En effet, le dépistage sup-
pose que toute tumeur présente une phase préclinique permettant un diagnostic pen-
dant cette période. Dans le dépistage de masse, un certain nombre de conditions doi-
vent être réunies.
Dépistage
Équilibre entre avantages et inconvénients
1 / 1 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !