Le Comminges à travers ses archives Choix de documents sur la

Le Comminges à travers ses archives
Choix de documents sur la Révolution française
La Révolution française, en créant les Archives départementales, leur ont légué des fonds d’archives
particulièrement foisonnants qui offrent les témoignages les plus divers sur cette période d’extraordinaire
mutation politique et sociale.
Le service éducatif de l’antenne du Comminges, récemment créé, souhaite par la publication de ce dossier
pédagogique offrir un choix de documents qui illustrent les répercussions rapides qu’ont eues, dans le
Comminges, certaines mesures prises à Paris durant la Révolution. Autant que possible, ce sont des
documents concernant la commune de Valentine, située à 2 km de Saint-Gaudens, qui ont été sélectionnés.
Ce dossier a été conçu pour être exploité en classe dans le cadre d’un travail de groupe. Les élèves
pourront être invités à présenter et commenter les documents reproduits, à les replacer dans l’ordre
chronologique ou encore à établir la correspondance entre événements locaux et événements nationaux.
Des questions à destination des élèves sont proposées aux enseignants comme pistes de réflexion.
La Révolution a généré de nombreux changements. Les thèmes abordés dans cette publication l’illustrent :
les Français assistent à une transformation de leur vie quotidienne. Leurs demandes parviennent au roi,
pour la préparation des États généraux, sous la forme de cahiers de doléances. Deux sont présentés : celui
de la noblesse du Comminges et celui de la communauté de Valentine. L’état civil est laïcisé : dans toutes
les communes, à l’exemple de Valentine et de Tournas, les registres paroissiaux deviennent registres d’état
civil et leur tenue passe du curé à l’officier municipal. Les divisions administratives sont entièrement
rationalisées : départements, districts et cantons apparaissent. Valentine que l’administration centrale n’a
pas cru bon d’ériger en chef-lieu de canton proteste. Des modifications notables surviennent dans le
domaine de la justice. De nouveaux tribunaux, tenant compte de ce nouveau découpage, sont créés ainsi
qu’en témoigne une affaire qui oppose deux citoyens de Valentine à propos de « quatre cannes et trois pans
de cadis de montagne ». Le comité de sûreté générale prend des mesures d’exception. La lettre des
ecclésiastiques de Saint-Bertrand-de-Comminges et la requête de la citoyenne Sabatier précède pour l’une,
illustre pour l’autre, la loi contre les suspects. Manifestation du triomphe de la Montagne, cette loi organise la
Terreur sur l’ensemble du territoire en énumérant les catégories d’individus devant être emprisonnés. La
vente des biens nationaux, lancée en 1790, provoque une large redistribution de la propriété. Elle est
étudiée dans le district de Saint-Gaudens d’après l’ouvrage d’Henri Martin, qui pallie les lacunes de la série
Q des Archives départementales. C’est l’occasion d’aborder l’extraordinaire variété des poids et mesures de
l’ancien régime, bientôt remplacés par le système métrique.
Puissent ces minuscules exemples, cueillis dans la marée de dossiers que l’événement révolutionnaire nous
a laissée, servir de support, dans leur humilité et leur quotidienneté, à une pédagogie de l’histoire plus
vivante et plus concrète.
Marie-Thérèse BAMARD
Professeur au collège Didier Daurat (Saint-
Gaudens), chargée du service éducatif de l’antenne
de Saint-Gaudens des Archives départementales de
la Haute-Garonne
Marie-France PUYSSEGUR-MORA
Responsable de l’antenne de Saint-Gaudens
des Archives départementales
de la Haute-Garonne
Aurélie BONAN
Responsable du service éducatif des Archives
départementales de la Haute-Garonne
Jean LE POTTIER
Directeur des Archives départementales
de la Haute-Garonne
DOCUMENTS
Les cahiers de doléances
Doc. 1. Cahier de doléances de la noblesse du Comminges (1789)
Doc. 2. Cahier de doléances de la communauté de Valentine (1789)
Le passage des registres paroissiaux aux registres d’état civil
Doc. 3. Registre de la paroisse de Valentine (1792)
Doc. 4. Registre de la commune de Tournas (an III-IV)
Les circonscriptions administratives
Doc. 5. Lettre de Valentine demandant à être érigée en chef-lieu de canton (1790)
Les tribunaux
Doc. 6. Jugement du tribunal de district de Saint-Gaudens (an III)
La Terreur
Doc. 7. Lettre des ecclésiastiques de Saint-Bertrand-de-Comminges (1792)
Doc. 8. Requête de la citoyenne Sabatier, recluse (an II)
La vente des biens nationaux
Doc. 9. État de division de la propriété rurale au XVIIIe siècle
Doc. 10. Liste de biens nationaux du district de Saint-Gaudens
Doc. 11. Résultats de ventes par municipalité ou commune et origine de 1791 à 1815
Doc. 12. Répartition des ventes par catégories sociales d’acquéreurs et par importance des
superficies
Doc. 13. Tableau récapitulatif des patrimoines séquestrés aux collectivités ecclésiastiques
ANNEXES
Portraits de trois députés de Comminges et Nébouzan aux États généraux
Tableau de concordance entre le calendrier grégorien et le calendrier républicain
Mois de vendémiaire
Carte de la Haute-Garonne divisée en districts
Les noms révolutionnaires des communes de la Haute-Garonne
Monnaies, poids et mesures
Chronologie
Frise chronologique
Glossaire
Bibliographie
Document 2
Cahier de doléances de la communauté de Valentine
Arch. dép. de la Haute-Garonne, 2 E 2868
Leurs doléances particulières se réduisent à remontrer à Sa Majesté :
1) Qu’il existe dans leur communauté un bénéfice sans fonction, sans travail, sans
service et sans utilité, lequel néanmoins vient enlever la subsistance du citoyen utile
pour aller fournir au superflu d’un prieur inutile, vivant à deux cents lieues. Les
habitants de Valentine supplient Sa Majesté de supprimer ce bénéfice après la mort
du pourvu et d’en appliquer le produit au soulagement des pauvres du lieu ou à
l’établissement de deux sœurs grises qui soigneroient les pauvres malades et
instruiront les jeunes filles ou bien encore à d’autres établissements d’utilité publique
tels que des hôpitaux ou collèges diocézains.
2) Ils se plaignent de ce que la communauté, après avoir fait, de Sa Majesté elle-
même, le rachapt de ses charges municipales, a été néanmoins dépouillée du droit de
nommer les consuls par le crédit de son seigneur lequel obtint une lettre de cachet en
faveur de son agent. Ils demandent la révocation d’un ordre qui a été d’autant plus
surpris de la religion de Sa Majesté qu’on l’a fait disposer en 1787 d’une charge
qu‘elle avoit aliénée en 1774, par arrêt de son Conseil du 27 octobre, rendu en faveur
du Languedoc, ce qui porte une atteinte évidente au droit de propriété. Nous
supplions donc Sa Majesté de vouloir nous rembourser la finance si elle veut garder
les charges ou bien de nous rendre les charges municipales si elle veut garder la
finance.
3) La communauté se plaint de ce que les habitants sont responsables de tous les
délits commis dans les forêts du Roi par des personnes insolvables, ce qui les expose
à des vexations continuelles de la part de la maîtrise qui décerne des amendes
payables en corps de communauté et avancées par les quatre principaux habitants
sous la contrainte personelle. Il est douloureux pour la communauté d’être
responsable des délits qu’elle ne sauroit empêcher et que des étrangers même
viennent quelquefois commettre à son insçu. En conséquence, ils désireroient
l’inféodation de la forêt royale aux particuliers de la communauté qui offrent à Sa
Majesté un revenu double de celuy qu’elle en retire par le régime actuel.
Sur quoi, ils remontrent encore à Sa Majesté que la cause principale de la rareté des
bois, qui va toujours croissant, provenant de ce que presque toutes les forêts
considérables appartiennent ou à des communautés qui les dégradent pour soutenir
des procès ruineux ou à des corps qui en négligent la deffense et le repeublement, le
moyen le plus sûr et le plus prompt de les repeubler ainsi que les forêts royales seroit
de les inféoder à des particuliers, attendu que l’esprit de propriété et l’intérêt
personel sont seuls capables de la surveillance et de l’attention soutenue qu’exige
l’aménagement des forêts.
4) Les milices enlèvent encore des bras utiles à l’agriculture et au commerce. Les
habitants désireroient les voir suppléer par des recrues de soldats volontaires qui
formeroient de meilleures troupes que des miliciens ordinairement timides, comme
habitués des arts paisibles. Alors, les provinces se chargeroient de fournir à l’Etat leur
quotité d’hommes volontaires ou, en deffaut, une contribution proportionnée.
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