- Thérapie économique de Groupe en hommage à Bernard MARIS -

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Thérapie économique de Groupe
- en hommage à Bernard MARIS Denis Consigny, Ingénieur
Causerie présentée dans le cadre des Cafés Lélia
Le 7 mai 2015 – Maison de la Faisanderie à L’Isle-Adam
©Denis Consigny – Mai 2015
Préambule
• 1) Les propos qui vont être tenus ce soir n’engagent en aucune façon l’Association LELIA.
• 2) Ils constituent une synthèse de mes travaux et réflexions personnels tels qu’ils
apparaissent sur mon blog (denisconsigny.blog.lemonde.fr) ou dans mes différents essais
dont le plus récent « Bref essai de thérapie économique de groupe » publié en octobre
2014 aux éditions Le Pré du Plain.
• 3) Je dédie cette causerie à la mémoire de Bernard Maris, le dernier des économistes
non conformistes connu, assassiné le 7 Janvier 2015 avec ses amis de Charlie Hebdo.
Après sa disparition, il ne nous reste plus que quelques économistes atterrés… et
beaucoup d’économistes ravis.
Une première citation de lui (en vert comme toutes les suivantes) :
"À l'économiste inconnu, mort pour la guerre économique, qui toute sa vie expliqua
magnifiquement le lendemain pourquoi il s'était trompé la veille. À tous ceux, bien
vivants, qui savourent le mot gratuité."
©Denis Consigny – Mai 2015
Plan de cette causerie…
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Constat et présupposé de départ
Vision classique de l’économie
En réalité c’est un peu plus compliqué
Voire beaucoup plus compliqué
Surtout si on essaye de mettre les choses à l’échelle
Alors que faire ?
Au plan individuel suivre les conseils de Kant et de Bernard Maris
Au plan collectif on sait ce qu’il ne faut pas faire (les fausses bonnes idées)
On sait plus ou moins ce qu’il faudrait faire
Mais pas comment ni par qui le faire faire…
Il est même très difficile d’aborder ce genre de sujets.
©Denis Consigny – Mai 2015
Constat et présupposé de départ
Constat : L’économie et les Sociétés vont mal :
• "La hausse des inégalités est tellement fantastique que le PIB mondial augmente alors même qu'il y a de
plus en plus de pauvres. Le nombre absolu de pauvres dans les pays riches grandit d'une manière tout
aussi inquiétante. La voilà la surprise du siècle : la paupérisation absolue augmente. »
Bernard MARIS, repris et développé en 949 pages par Thomas PIKETTY dans « Le Capital au XXIe siècle » qui
se termine (et se résume ?) par cette phrase : « le refus de compter fait rarement le jeu des plus pauvres ».
• Pour mémoire plus de 50% de la population mondiale vit avec moins de 2,5 € / jour.
"Les libéraux sont des adeptes du darwinisme social, de l'élimination des faibles par la bienveillante
sélection naturelle."
Présupposé : L’argent est le sang de notre vie économique et sociale.
Ce postulat développé notamment par Léon BLOY n’est qu’une comparaison qui suppose que
chaque cellule du corps social (individu, association, collectivité ou entreprise) a besoin d’un
minimum de fluide vital pour vivre en harmonie avec ses voisines. Elle nous interpelle sur notre
propension à nous focaliser sur les stocks, souvent pathologiques, alors que ce sont les flux qui
font la vie et lui donnent sa saveur.
©Denis Consigny – Mai 2015
Vision classique de l’économie
©Denis Consigny – Mai 2015
En réalité c’est un peu plus compliqué: (4 univers interdépendants)
« L’économie est un gâteau. La question est de savoir qui tient le couteau ».
©Denis Consigny – Mai 2015
Voire beaucoup plus compliqué.
Economie
maffieuse
E
S
S
Flux marchands
impôts et taxes
subventions
transferts
flux parasites
Economie
dissimulée
créations de valeurs
©Denis Consigny – Mai 2015
Surtout si on prend en compte la mondialisation des échanges.
"Le capitalisme organise la rareté, le besoin et la frustration. Les générations passent, s'"enrichissent" (accumulent
des objets et des déchets), mais leur frustration, leur peur de l'avenir et du manque ne paraît pas diminuer."
Banques d’affaires
Economie
numérique
Economie maffieuse
©Denis Consigny – Mai 2015
Qui pousse les créateurs /
détenteurs d’argent virtuel à
s’efforcer de transmuter cet argent
en créances réputées solvables en
le localisant dans les dettes
souveraines, et ce à n’importe quel
prix, fût-il négatif…
Conférence de presse de Christian Noyer, Gouverneur de la
Banque de France le 05 / 05 / 2015. Photo Chloé Consigny.
©Denis Consigny – Mai 2015
Que faire ?
D’abord formaliser la démarche d’analyse:
Reprendre les travaux des Physiocrates en réactualisant le Tableau
économique de François Quesnay (1758) avec les moyens de modélisation
et de calculs actuels, par exemple par des équipes universitaires, de façon
à cesser de donner raison à J.K Galbraith, qui déclarait dans les années 70:
« le principal intérêt de la prévision économique est qu’elle légitimise,
par comparaison, l’astrologie. »
De façon aussi à moins subir les dictats de logiciels comme MESANGE
utilisé par Bercy pour simuler les effets d’une réforme et dont la précision
s’avère comparable à celle d’un tirage de cartes de Tarot.
Les physiocrates préconisaient de « laisser faire (les hommes) et de laisser
passer (les marchandises) » tout en comptabilisant et en taxant les flux.
Alors que nous avons beaucoup retenu du siècle des Lumières, il semble
que nous ayons laissé en jachère l’héritage qu’ils nous ont légué.
Tout se passe comme si la science économique était restée à un stade de
développement comparable à celui de le médecine à l’époque de Molière…
©Denis Consigny – Mai 2015
Au plan individuel suivre les conseils de Bernard Maris et de Kant
• "La morale ne concerne pas le capitalisme, mais à chacun d'entre nous quand nous nous
observons le matin devant le miroir de nous demander : ai-je agi de telle manière que mon
action puisse être généralisée, donnée comme maxime universelle ? Plus simplement, puis-je
me regarder sans rougir ? »
• « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée, par ta volonté, en principe
universel » (Emmanuel Kant).
• En gros, la stratégie consiste à privilégier les flux par rapport aux stocks, c’est-à-dire à cesser de
confier aux banques les ingrédients avec lesquels elles fabriquent les armes de destruction
massives utilisées par l’économie virtuelle pour pilonner l’économie réelle. Merci de vous référer
à mes bouquins sur ces sujets. Même si vous ne prenez pas le temps de lire mes essais, évitez de
cotiser aux régimes d’assurance vie facultatifs, volontaires et abusivement défiscalisés. Assurezvous de vivre, et abstenez-vous de vous assurer sur la vie…
©Denis Consigny – Mai 2015
Au plan collectif, nous savons ce qu’il ne faut pas faire (les
fausses bonnes idées)
• Première fausse bonne idée : la taxe Tobin.
Cette excellente idée a été émise en… 1972. Après avoir reçu un prix (plus ou moins) Nobel d’économie
en 1982, James Tobin a déclaré que c’était déjà trop tard : les transactions financières n’étaient déjà plus
suffisamment traçables pour que sa taxe soit techniquement applicable. À l’heure du Trading Haute
Fréquence, les responsables politiques qui promettent depuis 20 ans une mise en place imminente de ce
dispositif pour améliorer les finances publiques sont aussi crédibles que ceux qui réclamaient de faire
précéder chaque véhicule motorisé d’un piéton agitant un drapeau pour diminuer les accidents de la
circulation…
La conception et la réalisation des portails Ecotaxe-Tobin représenterait une chimère hyper dispendieuse.
• Deuxième fausse bonne idée: Taxer les revenus du capital comme ceux du
travail.
Sans doute la meilleure façon de détruire le peu d’économie réelle qu’il nous reste (on verra qu’il
convient d’uniformiser la taxation des créations de valeurs ou des prétentions de ce faire…)
« Le capitaliste est comme un chevreuil, il s’enfuit au moindre bruit, disait Karl Marx ».
©Denis Consigny – Mai 2015
Au plan collectif, nous savons ce qu’il ne faut pas faire (les
fausses bonnes idées Suite 1) .
• Traiter la finance comme une ennemie :
Là encore c’est beaucoup trop tard, c’est elle qui tient les kalachnikovs (ou au moins « les couteaux »).
Mieux vaut s’efforcer de la convaincre qu’elle a intérêt à accepter l’abolition de ses privilèges et œuvrer à
la réinsertion des délinquants financiers (de toute façon il n’y a pas assez de places dans les prisons,
notamment en quartiers VIP). Et aussi la convaincre de nous rendre nos ingénieurs : à force de les laisser
partir dans les salles de marchés ou dans les officines de conception d’algorithmes et de programmation
(subventionnées par le Crédit Impôt recherche !) avec des niveaux de salaires et de bonni inaccessibles
aux employeurs du secteur industriel, on finit par passer pour des clowns incapables de terminer et de
mettre en marche les réacteurs EPR et de gérer la succession des concepteurs et des pilotes de nos 58
réacteurs nucléaires domestiques au moment où ces derniers prennent une retraite méritée (les
concepteurs et les pilotes, pas les réacteurs).
•
Séparer les banques de dépôt des banques d’affaires (retour au Glass Steagall Act).
Ça revient non pas à couper les branches sur lesquelles nous sommes assis mais, pire, à déraciner des
arbres gigantesques qui vont nous tomber dessus…
©Denis Consigny – Mai 2015
Au plan collectif, nous savons ce qu’il ne faut pas faire (les
fausses bonnes idées Suite 2)
• Se passer des banques
- La récente loi Macron ouvre la porte, parmi d’autres dispositions macroniennes, à l’émission de bons de caisses,
c’est-à-dire à des transactions non intermédiées d’entreprise à entreprise ce qui signifie la fin du monopole des
banques, comme si le gouvernement prenait acte de leur désengagement dans le financement de l’économie réelle.
- On voit apparaître des plateformes de prêts d’honneur sur internet à l’image de success stories comme Prosper ou
Lendingclub, fondée en 2006 en Californie par Renaud Laplanche qui a plus de 4 Mds$ d’encours et est valorisée à
plus de 1,5 Mds$.
- Les monnaies locales représentent une porte de sortie intéressante, et peut-être une sage précaution compte tenu
de l’état du système monétaire international.
Cantona ? Il a raison de vouloir faire mal aux banques. À juste titre on lui répond qu’en leur faisant mal on se fait mal.
C’est ça les "marchés" : des épargnants guidés par les banques, qui anticipent la faillite de leurs débiteurs (les Grecs
par exemple) et qui l’anticipant la précipitent, donc précipitent leur propre ruine. C’est assez cocasse. "Les 100 000
analphabètes qui font les marchés", comme disait Alain Minc. Mais comment nuire aux banques sans nuire aux
épargnants ? Comment flinguer quelqu’un qui tient un otage drogué dans ses bras ? Quoi ? Les épargnants seraient
les otages des banques qui les ont drogués à l’argent facile ? Comme vous y allez…
©Denis Consigny – Mai 2015
Au plan collectif, nous savons ce qu’il ne faut pas faire (les
fausses bonnes idées Suite 3)
• Abaisser le coût du travail.
Jusqu’où ? Jusqu’à l’esclavage ? Et qui consomme si les salaires continuent à se
raréfier et à baisser ?
• Travailler plus pour gagner plus.
"Non seulement les adversaires de la croissance ne sont pas des ennemis du
développement, mais ils sont sans doute les meilleurs défenseurs de la civilisation, l'autre
nom du développement."
"Mais faisons un rêve : lorsque l'économie et les économistes auront disparu, ou du
moins auront rejoint l'"arrière-plan", auront aussi disparu le travail sans fin, la servitude
volontaire et l'exploitation des humains. Régneront alors l'art, le temps choisi, la liberté.
Qui rêvait ainsi ? Keynes, le plus grand des économistes."
©Denis Consigny – Mai 2015
Au plan collectif, nous savons ce qu’il ne faut pas faire (les
fausses bonnes idées Suite 4: travailler plus pour gagner plus)
Economie
maffieuse
E
S
S
Flux marchands
Economie
dissimulée
impôts et taxes
subventions
transferts
flux parasites
créations de valeurs
©Denis Consigny – Mai 2015
Au plan collectif, nous savons plus ou moins ce qu’il faudrait
faire
• Tracer et fiscaliser les créations de valeurs
©Denis Consigny – Mai 2015
On doit aussi explorer une utopie réaliste pour tenter
d’empêcher l’explosion du système (type 1929)
Banques d’affaires
Economie
numérique
Economie maffieuse
"Le capitalisme canalise les frustrations des hommes, les empile, comme il accumule le capital, et fait gonfler des
bulles qui finissent par crever comme des bombes »
©Denis Consigny – Mai 2015
Voyage en utopie réaliste
• Pour détruire un stock de produits toxiques on peut les incinérer
Abandon croisé des dettes intra-européennes (avec compensation des différentiels de taux
et de qualité).
« On ne calcule pas pour la France comme on calcule pour la Bourse ».
• On peut aussi les diluer
Recyclage des stocks non affectés (création d’un fonds mondial de recyclage des liquidités
disponibles et non affectées ou mal acquises, jouant le rôle d’un cœur qui fera re-circuler le
fluide vital qu’est l’argent en direction de toutes les cellules du corps social).
• On peut surtout créer les conditions de leur non-reconstitution
- Démonétisation des billets de banques.
- Création d’un taux de rémunération excessive (symétrique du taux de l’usure).
- Agence du produit dérivé (sur le modèle de l’agence du médicament).
- Durée minimale de détention d’un actif avant sa revente
©Denis Consigny – Mai 2015
Fonds mondial de recyclage des valeurs et liquidités mal acquises on non affectées
Etat
Numérique
Flux marchands
Impôts et taxes
Subventions
contributions volontaires
créations de valeurs
©Denis Consigny – Mai 2015
"Mais la vie est-elle une quantité, comme voudraient nous le
faire croire les économistes ? Qu'est-ce que la vie ? Une
longueur ou une intensité ? Et si la vie ne se mesurait que par
elle-même ?"
©Denis Consigny – Mai 2015
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