ÉDITORIAL Survivre ! Survive! F. Scotté 1 E lle vient de terminer son traitement contre le cancer du sein qui lui avait été diagnostiqué l’année précédente. À la sortie du cabinet de consultation de son oncologue, elle reste un peu sonnée par cette nouvelle. Plus de traitement, plus d’allers-retours à l’hôpital, plus de piqûres sur son bras ou dans son boîtier, que l’on va bientôt enlever, d’ailleurs. Elle devra faire des examens, régulièrement, plus sérieusement qu’elle ne l’avait fait avant l’apparition de la maladie. On lui a prescrit un traitement hormonal, pour continuer à lutter contre le risque de récidive. Elle a entendu parler de ce traitement et d’effets secondaires ressentis, et elle a un peu peur de cette nouvelle thérapie. Sa grand-mère n’en avait pas reçu au cours de son cancer, mais ce n’était pas le même, lui a-t-on dit. Une voisine lui en a également parlé. Elle va chercher des informations sur Internet. Retrouver ses enfants, son mari… Elle pense à ses collègues de travail, ceux qui l’ont aidée, ceux dont elle n’a plus de nouvelles depuis ce fameux jour, lorsqu’on lui a appris. Il va d’ailleurs falloir qu’elle y retourne, à 1 Service d’oncologie médicale, hôpital européen Georges­Pompidou, Paris. ce travail. Quel travail, pour quel avenir, elle qui est si jeune ? En a-t-elle un, d’avenir ? Malgré tout, ce soir, elle va fêter cette sorte de renaissance avec les siens, la vie sans traitement, la vie sans maladie, la vie… La vie après le cancer est souvent considérée comme un nouveau départ par les patients ; elle est parfois même qualifiée de “renaissance”. Ce peut être également un grand saut vers l’inconnu, nourri d’angoisses et de ruptures, encore des ruptures. Ce temps particulier de la prise en charge des patients et de leurs proches fait l’objet d’une attention particulière depuis peu de temps et intègre les propositions du Plan cancer 2 récemment présenté. Comment prendre en charge certaines souffrances exprimées, dont les remèdes sont peu connus ? Comment aborder des plaintes, parfois inavouées, intimes ? C’est au travers de quelques-unes de ces souffrances potentielles que nous avons tenté d’aborder ce sujet difficile du patient “survivant”. À propos de sémantique, ne pourrait-on pas définir un nouveau terme pour qualifier ces “héros ordinaires” ? ■ Abonnez-vous en ligne ! www.edimark.fr Bulletin d’abonnement disponible page 220 164 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 3 - mars 2010