83
Act. Méd. Int. - Neurologie (4) n° 3, avril 2003
Examen rare complémentaire
évidence dans près de 40 % des cas.
La durée d’évolution dans ce groupe,
de 40 mois en moyenne (3 à 240) était
très significativement différente de
celle observée dans le groupe des vas-
cularites. L’examen électrophysiolo-
gique mettait en évidence une poly-
neuropathie axonale sensitive ou
sensitivomotrice symétrique dans
34 cas, asymétrique dans 3 cas, et une
neuronopathie sensitive dans 2 cas. Si
l’on excepte les quelques diagnostics
spécifiques omis du fait du caractère
focal des lésions, il reste une propor-
tion importante de biopsies peu ou pas
contributives. Cela devrait conduire à
élaborer des critères qui, ajoutés les
uns aux autres, permettraient d’antici-
per le faible gain d’une BNM (par
exemple, négativité du bilan initial,
durée d’évolution supérieure à 2 ans,
absence de signes systémiques, axono-
pathie sensitive ou sensitivomotrice
symétrique sans signes d’évolutivité,
absence de douleurs et d’asymétrie,
etc.). Cela n’est pas aisé, car on com-
prend l’espoir légitime du clinicien
d’identifier une cause potentiellement
curable pour son patient. Les surprises
diagnostiques concernent en effet
14 % des patients de la série de
Gabriel et al. (1) et, en particulier,
3patients (6 %) chez lesquels une neu-
ropathie axonale chronique idiopa-
thique était attendue et s’est révélée
être une vascularite. Les détails
concernant les aspects cliniques et
électrophysiologiques ne sont cepen-
dant pas donnés. Notons que dans
notre groupe, les critères “douleurs” et
“asymétrie” (par l’anamnèse et/ou
l’examen clinique) ne sont pas, en
soit, très prédictifs d’un diagnostic
positif, car ils étaient retrouvés dans
13 et 14 cas, respectivement, mais
dans 6 cas seulement, de façon conco-
mitante.
Aucun cas de neuropathie héréditaire
sensitivomotrice ou maladie de
Charcot-Marie-Tooth (CMT) ne fait
partie de cette série. Peu d’indications
de la BNM persistent en effet pour ces
pathologies. Le diagnostic repose sur
l’anamnèse qui permettra de préciser
le mode de transmission (autosomique
dominant, dominant lié à l’X, ou auto-
somique récessif) et sur l’examen
électrophysiologique distinguant les
formes axonales des formes démyéli-
nisantes. Deux anomalies génétiques
sont fréquemment retrouvées et res-
ponsables de près de 40 % des CMT
(9) : microduplication de la région
chromosomique 17p11.2 (30 % des
CMT, près de 70 % des formes démyé-
linisantes de transmission autoso-
mique dominante), et mutations du
gène de la Connexine 32 (10 % des
CMT). Toutefois, la BNM conserve à
notre avis son intérêt dans les formes
autosomiques récessives démyélini-
santes pour lesquelles de nombreux
gènes ont été identifiés au cours de ces
quatre dernières années. En effet, il est
rarement possible pour un laboratoire
d’étudier en routine plusieurs gènes,
aussi la biopsie nerveuse peut-elle
aider à orienter l’analyse moléculaire
en montrant des anomalies histopatho-
logiques particulières. Dans ce cas,
l’examen ultrastructural est indispen-
sable pour rechercher des anomalies
des gaines de myéline (boucles redon-
dantes ou myelin outfolding, hypo-
myélinisation diffuse, bulbes d’oi-
gnons dit “de lame basale” et/ou
bulbes d’oignons “classiques”). Cette
attitude ne se justifie pas seulement en
termes de recherche, mais également
de conseil génétique, car l’atteinte
fonctionnelle dans ces formes de
CMT est souvent sévère. Dans cer-
taines formes, les nerfs ne sont pas sti-
mulables du fait de la sévérité de
l’amyotrophie, et la biopsie est le seul
outil pour déterminer le caractère pri-
mitivement axonal ou démyélinisant.
Dans les formes axonales, la biopsie
n’a pas d’utilité.
Références
1. Gabriel CM, Howard R, Kinsella N et
al. Prospective study of the usefulness of
sural nerve biopsy. J Neurol Neurosurg
Psychiatry 2000 ; 69 : 442-6.
2. Maisonobe T, Léger JM, Musset L,
Cacoub P. Complications neurologiques
des cryoglobulinémies. Rev Neurol 2002 ;
158 : 920-4.
3. Saïd G, Lacroix-Ciaudo C, Fujimura H
et al. The peripheral neuropathy of necro-
tizing arteritis : a clinicopathological
study. Ann Neurol 1988 ; 23 : 461-5.
4. Saïd G, Lacroix C, Planté-Bordeneuve V
et al. Nerve granulomas and vasculitis in
sarcoid peripheral neuropathy : a clinico-
pathological study of 11 patients. Brain
2002 ; 125 : 264-75.
5. Saïd G, Goulon-Goeau C, Lacroix C,
Moulonguet A. Nerve biospy findings in
different patterns of proximal diabetic neu-
ropathy. Ann Neurol 1994 ; 35 : 559-69.
6. Planté-Bordeneuve V, Saïd G.
Transthyretin related familial amyloid
polyneuropathy. Curr Opin Neurol 2000 ;
13 : 569-73.
7. Gherardi R, Gaulard P, Prost C et al.
T-cell lymphoma revealed by a peripheral
neuropathy. A report of two cases with an
immunohistologic study on lymph node
and nerve biopsies. Cancer 1986 ; 58 :
2710-6.
8. Suneetha S, Arunthathi S, Kurian N,
Chacko CJ. Histological changes in the
nerve, skin and nasal mucosa of patients
with primary neuritic leprosy. Acta Leprol
2000-2001 ; 12 : 11-8.
9. Dubourg O, Tardieu S, Birouk N et al.
The frequency of 17p11.2 duplication and
Connexin 32 mutations in 282 Charcot-
Marie-Tooth families in relation to the
mode of inheritance and motor nerve
conduction velocity. Neuromuscul Disord
2001 ; 11 : 458-63.
Examen rare complémentaire
Imprimé en France - Differdange S.A. -
95110 Sannois - Dépôt légal à parution.
©décembre 2001 - Aljac S.A., locataire-gérant de Médica-Press