La neuro-
génétique
B. Fontaine*
duplication d’une région du chromosome X contenant le gène de la protéine PLP, cause de
la maladie de Pelizaeus-Merzbacher. L’étude de la trisomie 21 avait montré que le dosage
génique est important. L’étude des maladies neurologiques a mis en évidence que
ce n’était pas seulement vrai à l’échelle chromosomique, mais aussi à celle d’une région
chromosomique ne contenant qu’un ou quelques gènes.
Enfin, la découverte des maladies liées à des mutations des canaux ioniques a ouvert un
champ nouveau d’investigation. Elles comprennent des maladies musculaires, comme
les paralysies périodiques et les myotonies, et des affections touchant le système nerveux
central, comme certaines épilepsies, la migraine hémiplégique familiale ou les ataxies
épisodiques. On connaît depuis les années 1960 le rôle des canaux ioniques dans les
propriétés d’excitabilité des membranes cellulaires. De nombreux ligands modifiant les
paramètres biophysiques des canaux ioniques et, en conséquence, les propriétés
d’excitabilité des membranes cellulaires ont été développées depuis cette époque.
Cette voie de recherche devrait donc déboucher sur de nouvelles stratégies thérapeutiques.
Futurs défis de la neurogénétique
Le grand défi de la neurogénétique est de pouvoir identifier les gènes qui interviennent dans
les maladies où existe une prédisposition génétique. Cette dernière peut se définir comme un
ensemble d’allèles de gènes qui, lorsqu’ils sont présents chez un individu, augmentent la
probabilité que cet individu développe une maladie donnée. Les maladies concernées en
neurologie sont nombreuses : citons la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson,
l’épilepsie et la sclérose en plaques. Il s’agit là d’affections plus fréquentes que les maladies
neurologiques monogéniques dont nous avons parlé dans le paragraphe précédent.
Pour certaines de ces maladies, il existe des formes monogéniques. C’est, par exemple, le
cas de la maladie de Parkinson ou de la maladie d’Alzheimer. Ainsi, des mutations du gène
de la parkine sont responsables de formes de début précoce de la maladie de Parkinson.
Des mutations des gènes des présénilines ou de la protéine bêta-amyloïde causent certaines
formes de maladie d’Alzheimer. Toute la question est de savoir si la physiopathologie de ces
formes rares de maladie est identique à celle des formes sporadiques. Si c’était le cas, ce
serait un formidable raccourci scientifique. Dans le cas contraire, on serait confronté à une
situation similaire à celle de la sclérose en plaques, pour laquelle il n’existe pas de forme
monogénique de la maladie. L’approche génétique est alors beaucoup plus difficile, car on
ne connaît ni le nombre de gènes en cause, ni leur mode de transmission. De plus, le gène
cherché ne portera pas de marqueur aussi facilement repérable qu’une mutation, telle
qu’elle peut être observée dans une maladie monogénique. Il possédera un allèle, plus
fréquent dans la population des patients mais aussi présent dans la population normale. Il
est donc nécessaire d’utiliser des échantillons importants de patients et des analyses
statistiques d’une haute sensibilité. Les progrès récents dans la séquence du génome
humain et le développement de méthodes statistiques permettent aujourd’hui d’entrevoir
des stratégies susceptibles de succès. La preuve de la pertinence de cette approche reste
encore à apporter, mais sa faisabilité potentielle et ses retombées en termes de santé
publique justifient, à notre avis, un fort investissement de recherche dans ce domaine.
Pratique et éthique de la neurogénétique
Si le diagnostic et le suivi sont du ressort du neurologue, il n’en est pas de même du
conseil génétique. Celui-ci doit être assuré par un généticien clinicien. En effet,
diagnostiquer une maladie génétique implique de faire aussi le diagnostic d’une
maladie familiale. Il peut y avoir un conflit d’intérêts entre prise en charge individuelle
et prise en charge familiale. L’intervention d’un médecin étranger à la prise en charge
du patient est donc nécessaire. Il y a de plus des spécificités, comme l’explication du
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Éditorial
Act. Méd. Int. - Neurologie (2) n° 1-2, janvier/février 2001
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