Elle concerne toutes les femmes résidant dans le département du
Bas-Rhin, âgées de 50 à 65 ans, assujetties à l’une des caisses
d’Assurance maladie ayant accepté de participer à ce pro-
gramme. Elle leur rappelle régulièrement le rythme de deux ans
par l’envoi d’une lettre accompagnée des clichés de la vague
précédente. Ce rappel est possible grâce à la mise en place d’un
fichier informatisé de toutes les patientes qui se présentent spon-
tanément au dépistage. Ce résultat est obtenu grâce à un travail
d’incitation et d’information majeure auprès des médecins trai-
tants qui ont tous été contactés personnellement.
Seules sont exclues du dépistage et subissent d’emblée une
procédure diagnostique les femmes qui ont des antécédents
familiaux de cancer du sein au premier degré, diagnostiqué
avant cinquante ans, les femmes suivies antérieurement pour
une image atypique, une lésion frontière ou un cancer du sein,
ou celles qui présentaient un signe clinique suspect de cancer
(ride, fossette ou tumeur, écoulement sanglant).
Le test de dépistage comporte une seule incidence latérale
médio-oblique externe couvrant l’ensemble du sein, ce sans
examen clinique.
Au centre coordonnateur, une deuxième lecture de tous les cli-
chés est réalisée en aveugle par d’autres lecteurs, plus spéciali-
sés en sénologie que les précédents. Ils sont au nombre de
cinq. Une troisième lecture est effectuée en cas de discordance
entre les deux premiers groupes de lecteurs.
Le nombre de radiologues participant au programme est de
101. Ils exercent dans des cabinets privés et publics répartis
sur l’ensemble du département.
Un système de contrôle de qualité régulier de la chaîne mam-
mographique est assuré par le CAATS (Centre d’évaluation et
d’Assurance de qualité des Applications Technologiques dans
le domaine de la Santé), organisme privé spécialisé dans le
contrôle de qualité des appareils de radiologie.
RÉSULTATS
Participation du 15 mai 1989 au 31 décembre 1997
Sur cette période, 171 767 mammographies ont été réalisées,
dont 63 367 chez des femmes qui se sont présentées spontané-
ment pour le premier examen de dépistage.
Pour les vagues ultérieures, les femmes sont invitées par l’ADE-
MAS, avec l’envoi d’un courrier et des clichés antérieurs, leur
rappelant la nécessité de refaire un cliché de dépistage deux ans
après l’examen précédent : 46 982 femmes ont participé à la
deuxième vague, 35 541 à la troisième et 22 083 à la quatrième.
Participation à la vague prévalente
Le taux de participation cumulatif calculé pour la cohorte des
femmes qui avaient de 50 à 64 ans en 1989 (recensement
INSEE, 1990) est de 31,6 % au bout de 1,5 an, de 41,9 % au
bout de 2,5 ans et de 58,1 % au bout de 8,5 ans.
Ce taux de participation est sous-évalué. En effet, pour la
cohorte des femmes de 60 à 64 ans, le nombre d’entre elles qui
peuvent bénéficier d’un dépistage diminue avec le temps,
puisque, au bout de deux ans, celles qui avaient 64 ans en 1989
ont 66 ans deux ans plus tard et ne peuvent de ce fait être
dépistées dans le cadre de la campagne. Il en est de même, au
bout de trois ans, pour les femmes qui avaient 63 ans en 1989.
De ce fait, la participation, pour les femmes de cette tranche
d’âge, se limite à 42,6 % à partir de 1994.
Le taux de participation est également plus bas du fait des cri-
tères d’exclusion assez larges (voir précédemment), faisant que
beaucoup de femmes ont immédiatement des examens diagnos-
tiques. Les femmes qui n’appartiennent à aucune des caisses
d’Assurance maladie participant au programme ont également
d’emblée des examens mammographiques de diagnostic.
Si l’on ajoute au taux de participation au programme ADE-
MAS ces examens hors dépistage, on trouve un taux de cou-
verture qui atteint 51,6 % au bout de 2,5 ans, 77,1 % au
31 décembre 1997, et 77 % pour la cohorte des femmes âgées
de 50 à 64 ans en 1989.
Participation aux vagues ultérieures
Parmi les femmes ayant bénéficié d’un dépistage incident,
85 % ont bénéficié d’une deuxième mammographie, en
moyenne 24 mois plus tard ; parmi ces dernières, 91 % ont eu
une troisième mammographie, et 92 % de celles de ce dernier
groupe ont eu une quatrième mammographie.
CONCLUSION
Au terme de cette présentation des résultats du programme
ADEMAS au bout de 8 ans de fonctionnement, il est permis de
penser que le dépistage “à la française”, faisant appel aux
structures existantes et non pas à des centres spécialisés, est
possible, et qu’il permet de réduire la mortalité par cancer du
sein. Cependant, pour aboutir à un tel résultat, il est indispen-
sable d’organiser ce dépistage et de l’évaluer en permanence,
et de mettre en place un système d’assurance qualité. ■
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La Lettre du Sénologue - n° 7 - février 2000
Elle n’utilise pas de convocation, mais favorise la parti-
cipation active de la population cible par motivationdes
participants.
1er examen 2eexamen 3eexamen 4eexamen
Nombre 59 069 43 845 31 297 14 449
de dépistages
Taux de rappel 8,7 3,6 2,4 2,3
(%)
VPP dépistage 6,3 9,9 17 15,1
(%)
VPP biopsie (%) 48,8 67,2 80,4 72,5
Nombre de cancers 328 158 127 50
détectés
Taux de détection 5,5 3,6 4,0 3,5
(pour 1 000)
Taux de cancers 35,2 32,8 40,6 35,3
10 mm (%)
Taux de N+ (%) 29,1 33,1 21,7 18,9
Tableau I. Autres indicateurs précoces d’efficacité au 31 décembre 1996.
VPP : valeur prédictive positive.