de notre perception, et la conjecture qui porte sur les images des choses sensibles.
L'opinion est un jugement irréfléchi, celui qui s'y fie est comme les devins qui
annoncent des choses vraies, mais qui ne savent rien de ce qu'ils disent, elle est vague,
incertaine; elle a pour objet ce qui naît pour mourir et ce qui change sans cesse.
La connaissance scientifique a pour objet l'intelligible, c'est-à-dire ce que l'esprit
conçoit de réel et de permanent au delà du monde sensible, les principes réels et
éternels des choses. Platon l'appelle la science véritable. Elle comprend, elle aussi,
deux sortes de connaissances : la faculté de raisonner, d'examiner les conséquences
d'une idée, d'aller logiquement d'une idée à une autre, et l'acte simple de l'esprit par
lequel il perçoit, dans une intuition immédiate, la suprême réalité des choses. Elle a
pour objet ce qui se suffit à soi-même, ce qui n'a plus besoin d'hypothèse. Elle élève
l'esprit à la contemplation de ce qui est purement intelligible.
L'esprit est d'abord frappé par les objets sensibles; mais, par une ascension lente, il
s'élève au-dessus des images passagères des choses pour contempler les réalités
intelligibles. La dialectique est une sorte d'éducation de l'esprit qui lui aide à
effectuer ce passage, à se dégager de la connaissance sensible, pour s'élever à la
connaissance des idées qui résident dans sa propre intelligence et qui sont l'objet de
la raison. Ainsi se réalise le précepte de Socrate : « Connais-toi toi-même, » Comment
s'opère ce passage? C'est, selon Platon, par des sensations, dont l'apparence
contradictoire réveille l'esprit, et c'est surtout par l'étude des sciences, de
l'arithmétique, de la géométrie; de la musique et de l'astronomie. Ces sciences nous
invitent à spéculer sur des idées pures, à concevoir des rapports nécessaires, des lois
éternelles, qui nous font entrevoir la réalité permanente sous l'apparence éphémère.
Elles nous découvrent les raisons des choses, les idées qui les rendent possibles.
Théorie des idées : Le mouvement dialectique qui nous élève vers l'idée, nous met en
possession de l'être véritable. La connaissance par les sens est illusoire, les objets
sensibles ne sont que des apparences. Ils passent et meurent, ils sont multiples,
variables. Leur raison d'être est dans quelque chose de permanent à qui seul le nom de
réalité convient, c'est-à-dire dans l'idée. L'idée n'est pas un concept général, obtenu
par abstraction. Elle ne représente pas l'ensemble des qualités communes appartenant
à des individus particuliers. Non, elle existe en dehors du monde sensible. Elle n'est
pas obtenue par une opération discursive, elle est l'objet même de l'intuition, de la
noêsis. C'est un être réel, concret; elle existe en elle-même et non dans une chose
dont elle ne serait que la qualité. Elle a pour caractères la perfection, la pureté
absolue et sans mélange, l'éternité. et l'immutabilité. Tandis que les phénomènes
passent, elle demeure. L'idée intelligible de l'humain est ce qui rend éternellement
possible l'existence des humains qui naissent et meurent. Il y a autant d'idées ou
d'essences intelligibles que l'on conçoit de genres et d'espèces. De plus, elles ont des
rapports entre elles, et la fin de la science est de découvrir ces rapports qui
expriment les lois mêmes de l'Etre, et comme l'unité est la loi de l'esprit, il finit par
prendre conscience de l'existence de l'idée, du bien de laquelle dépendent les
perfections et la réalité des autres idées.