La Lettre du Cancérologue - Suppl. Les Actualités au vol. XIV - n° 6 - décembre 2005
8
ACTUALITÉS
oncosciences
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Coordonné par S. Faivre (hôpital Beaujon, Clichy)
et C. Tournigand (hôpital Saint-Antoine, Paris)
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Cancer Research
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Clinical Cancer
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Oncogene
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Science
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de l’ADN extrait de tissu sain, révèle que
20 patients (22 %) sont homozygotes
communs (C/C), 30 (33 %) homozygotes
variants (T/T) et 41 (45 %) hétérozygotes
(C/T). La prévalence des allèles C et T
est respectivement de 55,5 % et 44,5 %
dans le codon 118. Le taux de réponses
objectives à l’association 5-FU + oxali-
platine est significativement plus élevé
(p = 0,018) dans le groupe de patients
de génotype T/T que dans le groupe de
patients homozygotes communs ou hété-
rozygotes. Inversement, aucune diffé-
rence significative n’est observée quand
les patients reçoivent une chimiothérapie
à base de 5-FU seul (p = 0,407) ou en
association avec l’irinotécan (p = 0,305).
Une recherche de perte d’hétérozygotie
d’un allèle a été entreprise à partir d’ADN
génomique extrait des tissus tumoraux
des 41 patients de génotype hétérozy-
gote pour le codon 118. Il s’avère que
seul un patient (2,4 %) présente une
perte d’hétérozygotie, l’allèle C étant
maintenu. Plusieurs publications avaient
rapporté que l’expression de ERCC1
était plus fortement diminuée lorsqu’il
portait l’allèle variant T que lorsqu’il
portait l’allèle commun C. Une explica-
tion serait que les deux codons codent
effectivement une asparagine, mais que
le codon AAT serait significativement
moins abondant que le codon AAC, ce qui
entraînerait, chez les patients homozy-
gotes variants T/T, une diminution de
l’efficacité de la traduction. Différentes
études in vitro sur des lignées cellu-
laires de carcinomes humains ovariens
confirment que le génotype commun
C/C du codon 118 de ERCC1 est plus
efficace dans la réparation des lésions
de l’ADN induites par les sels de platine.
Cette étude est la première qui montre
que le polymorphisme de ERCC1 au niveau
du codon 118 affecte la réponse tumo-
rale à une chimiothérapie 5-FU + oxali-
platine dans les cancers colorectaux. Ce
polymorphisme pourrait être un critère
piques pronostiques est constante, et
notamment de marqueurs pouvant poser
ou non l’indication de traitement adju-
vant dans les cancers N-.
La meilleure façon d’étudier la valeur
pronostique pure d’un marqueur est de
le faire en l’absence complète de traite-
ment adjuvant. Le problème est que,
désormais, cette situation est rare, une
chimiothérapie étant prescrite dans
environ 80 % des cancers N-. Les études
rétrospectives trouvent donc ici leur
place, à cela près que les échantillons
ont le plus souvent, dans ce cas, été
conservés en paraffine et qu’ils n’ont pas
été congelés. Les auteurs ont utilisé ici
un set de 21 gènes (16 d’intérêt et 5 de
référence*) caractérisé en RT-PCR sur
échantillons en paraffine. Ce set multi-
gène a été corrélé au risque de rechute
à distance (moyenne de suivi : 18 ans)
chez 149 patientes N- n’ayant reçu
aucun traitement adjuvant. La corréla-
tion entre l’essai en RT-PCR et les don-
nées immunohistochimiques (HER2, ER,
PR) est bonne. Il n’est pas mis en évi-
dence de valeur pronostique de ce set
dans cette population, alors que dans la
population de l’essai du NSABP B14, ce
même set s’est révélé capable de prédire
la rechute chez des patientes traitées ou
non (groupe placebo) par tamoxifène
adjuvant (1).
Quoi qu’il en soit, l’approche techno-
logique est intéressante et faisable, mais
requiert sans doute de plus larges études.
*ER, PR, HER2, Ki67, STK15, survivine, cycline B1, MYBL2,
BCL2, GRB7, BAG1, GSTM1, cathepsine L2, stromélysine 3,
CD68, SCUBE2.
F. Lerebours
Centre René-Huguenin, Saint-Cloud
>
Esteva FJ et al. Prognostic role of a multi-
gene reverse transcriptase assay in patients
with node-negative breast cancer not receiving
adjuvant systemic therapy.
Clin Cancer Res 11:3315-19.
Pour en savoir plus...
1.
Paik S et al. N J Med, 2004.
Le polymorphisme
du codon 118 de ERCC1
est un facteur prédictif
de la réponse à l’association
5-FU + oxaliplatine des
patients atteints de cancer
colorectal métastatique
>
L
e groupe de l’Institut Gustave-
Roussy s’est intéressé à l’un des
polymorphismes de l’enzyme ERCC1,
impliquée dans le système de répara-
tion de l’ADN par excision de nucléo-
tide (NER). Ce système joue en parti-
culier un rôle majeur dans la réparation
des adduits des dérivés du platine
sur l’ADN. L’oxaliplatine possède une
activité antitumorale dans les cancers
colorectaux, alors que d’autres dérivés
comme le cisplatine et le carboplatine
sont peu actifs. Différents travaux ont
montré qu’une expression élevée du
gène ERCC1 est associée à une résis-
tance des cancers ovariens, gastriques
et coliques à la chimiothérapie conte-
nant des sels de platine. Le but de
cette étude était de déterminer si le
polymorphisme “synonyme” du gène
ERCC1 au niveau du codon 118 pouvait
être associé à l’efficacité clinique de la
chimiothérapie des cancers colorectaux
métastatiques. Ce polymorphisme syno-
nyme entraîne la substitution d’une
cytosine dans le codon 118 (C > T), ce
qui provoque le changement du codon
AAC en AAT ; tous deux codant une
asparagine. Quatre-vingt-onze patients
(âge moyen de 55,1 ans) au total
ont été inclus dans une étude rétros-
pective, qui ont tous reçu en première
ligne une chimiothérapie à base de
5-FU seul (54,9 %) ou en association
avec soit l’oxaliplatine (31,9 %) soit
l’irinotécan (13,2 %). Le génotypage
des 91 patients pour le polymor-
phisme du codon 118, réalisé à partir