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INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Une délégation de six sénateurs de la commission des affaires
étrangères, de la défense et des forces armées s’est rendue, du 14 au 23
février 2003, successivement en Érythrée, à Djibouti, en Éthiopie et au
Soudan. Conduite par M. André Dulait, président de la commission, elle était
composée de Mmes Paulette Brisepierre, Hélène Luc, et de MM. André Boyer,
Didier Boulaud et Louis Moinard.
Les trois premiers pays visités appartiennent à la zone
traditionnellement dénommée « Corne de l’Afrique », car elle constitue une
avancée du continent africain dans l’océan Indien. La Somalie, qui appartient
également à la Corne, a été exclue du déplacement du fait de l’absence d’Etat
qui y prévaut actuellement.
La délégation s’est également brièvement rendue au Soudan pour
faire le point sur le processus de paix, qui semble progresser, entre le
gouvernement et la rébellion sudiste.
Hormis son implantation de longue date à Djibouti, la France est
largement absente de cette région, et la commission sénatoriale des
affaires étrangères a voulu, par ce déplacement, tout d’abord marquer
son intérêt pour cette zone largement méconnue dans notre pays, alors
que ses atouts géostratégiques se sont encore renforcés dans la situation
prévalant après le 11 septembre 2001.
La commission a également voulu prendre la mesure de l’intérêt que
suscite la France dans cette région, et il est grand. Notre pays est très attendu,
tant par sa langue et sa culture que par sa coopération civile et militaire, mais
il est, hélas, peu présent.
Alors que notre implantation militaire à Djibouti, forte de 2.800
hommes, est unanimement reconnue par les pays voisins comme un gage sans
égal de stabilité, la délégation a ressenti, lors de ses nombreux entretiens,
l’incompréhension suscitée par la grande discrétion de notre pays en dehors de
ce point d’appui. Ces interrogations sont encore accrues par la spécificité de la
période actuelle, cruciale pour l’évolution du processus de paix découlant de
l’accord d’Alger signé en 2000 entre l’Erythrée et l’Ethiopie, comme pour la
perspective d’une possibilité de paix civile au Soudan, pour la première fois
depuis l’indépendance de ce pays, en 1956.
L’intérêt accru manifesté par les grandes puissances, au premier rang
desquelles les Etats-Unis, pour cette région peut contribuer à y renforcer ces
processus de paix, après des décennies de tension, mais cette évolution
positive reste encore virtuelle. La France se doit donc de l’appuyer, par tous
les moyens à sa disposition.