
Introduction
Coumert Axelle - 2009 5
il n’y aura de paix durable tant que la mort ne sera pas mise hors la loi. »4. Témoins du
retrait progressif de la peine de mort de la place publique, Camus fera remarquer : « Une
peine de mort dont on a honte ne peut plus être qu'une barbarie. »5 Pour Michel Foucault, la
peine de mort procède de la même logique que le droit de guerre. « Elle [la peine de mort]
a été longtemps avec la guerre l’autre forme du droit de glaive ; elle constituait la réponse
du souverain à qui  attaquait sa volonté, sa loi, sa personne. » Le courant abolitionniste
s’explique dès lors dans la perspective du développement de la société et du rôle de l’Etat :
« Dès lors que le pouvoir s’est donné pour fonction de gérer la vie, ce n’est pas la naissance
de sentiments humanitaires, c’est la raison d’être du pouvoir et la logique de son exercice qui
ont rendu de plus en plus difficile l’application de la peine de mort. Comment un pouvoir peut-
il exercer dans la mise à mort ses plus hautes prérogatives, si son rôle majeur est d’assurer,
de soutenir, de renforcer, de multiplier la vie et de le mettre en ordre ? Pour un tel pouvoir
l’exécution capitale est à la fois la limite, le scandale et la contradiction. »6 Et si la peine de
mort a vécu de beaux jours, c’est « qu’on a pu la maintenir qu’en invoquant moins l’énormité
du  crime  lui-même  que  la  monstruosité  du  criminel,  son incorrigibilité, et la  sauvegarde
de  la  société.  On  tue  légitimement  ceux  qui  sont  pour  les  autres  une  sorte  de  danger
biologique. »7. Les intellectuels, autant que les juristes, par leur constante dénonciation de
l’inutilité et de la  barbarie de  la peine  capitale, vont participer au lent processus de son
abolition.
Bien qu’elle soit mentionnée dans la plupart des textes internationaux relatifs aux droits
de  l’homme,  la  peine  de  mort  reste  autorisée  en  droit  international.  En  effet  «  le  droit
international pénal, dont les développements récents ont permis l'exclusion du châtiment
suprême  de  la liste des peines applicables, reste un droit marqué par la complémentarité,
qui laisse, dans une  large  mesure,  les  États  libres  d'exécuter  les  personnes  reconnues
coupables   de   crimes internationaux »8. Seuls les protocoles abolitionnistes constituent
une avancée substantielle en faveur de l'interdiction générale de la peine de mort en droit
international, mais ils n'ont été adoptés, pour l'instant, que par un nombre restreint d'États,
par ailleurs déjà abolitionnistes au niveau domestique.
Qu’est-ce que la peine de mort ?
« Peine de mort : dans les législations qui ne l’ont pas abolie, privation de la vie,
châtiment suprême sur l’échelle des peines. »9
L’expression  peine  «  capitale » trouve son origine  dans  le  terme latin capitalis (relatif à
la tête, qui concerne la tête), adjectif dérivé de caput (« la tête »), la décapitation par la
guillotineayant été le mode d’exécution utilisé en France. Les textes internationaux donnent
des  définitions  détaillées  et  restrictives  de  ce  qui  doit  être  considéré  comme  peine  de
mort. L'article 6 § 2 du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques (PIDCP)
définit strictement la peine capitale comme une condamnation résultant d'une décision de
justice rendue par un tribunal régulièrement constitué et conformément aux règles du procès
équitable. Elle est prévue par le code pénal de l'Etat qui l'applique.
4  Camus, Albert, Koestler, Arthur, Réflexions sur la peine capitale, Ed. Pocket, 1957.
5  Camus, Albert, Koestler, Arthur, op. cit., 1957.
6  Foucault, Michel, op. cit., 1976, p 181.
7  Foucault, Michel, op. cit., 1976, p 181.
8  Bernaz, Nadia, Le droit international et la peine de mort, La Documentation Française, 2008, p. 13.
9  Gérard Cornu, Vocabulaire juridique, PUF, 2003, p. 576.