Untitled - MRC de Rivière-du-Loup

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Document argumentaire du chapitre 10
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TABLE DES MATIÈRES
A-10.1
La problématique générale ...................................................................................... 1
A-10.1.1
Les changements climatiques ............................................................................... 1
A-10.1.2
La gestion de l’eau par bassin versant ................................................................. 2
A-10.1.3
La conservation des écosystèmes en terrain privé ............................................. 3
A-10.1.4
La destruction des milieux humides ...................................................................... 3
A-10.1.5
La pollution de l’air, de l’eau et des sols .............................................................. 4
A-10.1.6
Les rives et le littoral des plans d’eau.................................................................... 4
A-10.2
Les problématiques spécifiques ................................................................................ 5
A-10.2.1
Les lacs de villégiature ............................................................................................ 5
A-10.2.2
La protection des milieux hydriques...................................................................... 6
A-10.2.3
L'empiètement sur les milieux naturels .................................................................. 6
A-10.3
Les principaux défis et axes d’interventions ............................................................ 7
A-10.4
Les orientations ............................................................................................................ 7
A-10.5
L’aire d'affectation de conservation ........................................................................ 8
A-10.6
Les règles de conformité ..........................................................................................16
A-10.6.1
A-10.7
A-10.7.1
A-10.8
Les autres règles .....................................................................................................17
Les mesures de concertation...................................................................................17
Les ententes de conservation ..............................................................................18
Les mesures d'intervention suggérées ....................................................................18
MRC de Rivière-du-Loup
SADR
Document argumentaire du chapitre 10
A-10.1
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La problématique générale
Les milieux naturels font référence à des écosystèmes non perturbés par des
interventions humaines. Ils constituent une richesse pour notre patrimoine collectif et un
héritage pour les générations futures. Ces différents écosystèmes jouent un rôle vital
pour perpétuer les cycles de la vie.
La productivité biologique de ces habitats est dépendante de leur capacité à assurer
les fonctions de reproduction, d’alimentation et de lieu de refuge pour les espèces
animales et végétales. En particulier, les milieux humides jouent un rôle majeur dans la
régularisation du régime hydrique. Leur présence diminue les risques d’inondations et ils
contribuent aussi activement à la filtration de grandes quantités d’eau. Pour que les
milieux naturels remplissent pleinement leurs fonctions, on doit leur assurer un certain
niveau de protection et d’intégrité.
Le concept même de « milieux naturel » nous renvoie a contrario à ce qui n’est plus un
milieu naturel. Autrement dit, à quelque chose qui a été altéré par l’homme d’une
façon telle qu’un retour en arrière serait à moyen terme impossible. L’homme a cette
capacité d’adapter son milieu à ses exigences, par le fait même, il altère les cycles
« naturels » de la nature. À un point où la communauté scientifique sonne l’alarme — la
biodiversité de notre planète est menacée.
Les territoires présentant un intérêt d’ordre écologique sont des milieux où l’on trouve
une ou plusieurs espèces fauniques ou floristiques qui se démarquent à la fois par leur
unicité, leur fragilité et leurs particularités biologiques. Il peut s’agir de marais, de
ravages de cerfs de Virginie ou encore de lieux de nidification uniques pour la région.
L’importance de ces territoires est souvent méconnue et, par conséquent, ils sont
fragiles et menacés. Les territoires présentant un intérêt d’ordre écologique peuvent se
retrouver dans différentes aires d’affectation.
En milieu urbain, les milieux naturels sont sous-estimés par rapport à leur valeur réelle.
Généralement, on les perçoit comme des lieux à faible valeur foncière étant donné
qu’ils présentent souvent des contraintes à la construction. Toutefois, ils peuvent
devenir, lorsqu’ils sont mis en valeur de façon appropriée, des lieux de découvertes, de
vulgarisation et d’observation procurant des retombées intéressantes dans l’économie
régionale.
A-10.1.1
Les changements climatiques
Le bien-être de la population québécoise et la prospérité économique du Québec
dépendent d’une foule de bénéfices offerts par les écosystèmes. Les milieux naturels
nous procurent une vaste gamme de services, qui se déclinent selon plusieurs types : les
services d’approvisionnement (eau, produits pharmaceutiques, nourriture, matériaux,
etc.), les services de régulation (contrôle du climat ou de l’érosion des berges, etc.), les
services culturels (récréation, tourisme, bienfaits psychologiques associés aux espaces
verts, etc.) et enfin, les services de soutiens (formation des sols, production d’oxygène,
etc.).
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Les changements climatiques sont susceptibles de modifier la composition et la
structure des écosystèmes. Ils menacent par le fait même la capacité de notre
environnement naturel à rendre les services écologiques dont nous dépendons. Étant
donné que les écosystèmes qui présentent une plus grande diversité biologique et un
état de santé généralement bon sont plus résilients aux perturbations, c’est vers ces
aspects que notre attention doit se porter (…)1.
Les services procurés par les écosystèmes aquatiques sont particulièrement cruciaux sur
les plans social, économique et environnemental au Québec. Il suffit de penser à l’eau
potable, à la production d’hydroélectricité, au transport des marchandises et des
personnes par voie navigable et aux activités récréotouristiques comme la pêche ou la
baignade pour s’en convaincre. Les variations possibles des ressources hydriques sous
l’influence des changements climatiques se répercuteront certainement sur les
bénéfices que nous en tirons. Dans ce contexte, il importe d’accorder une attention
particulière à la conservation et à la gestion des ressources hydriques (…)2.
En vue de préserver la résilience des écosystèmes, il faut donc assurer la protection et la
gestion durable des espèces et des populations, reconnaître les habitats et les
écosystèmes naturels ou aménagés les plus résilients ou les plus vulnérables et veiller au
maintien des services écologiques et des bénéfices qu’ils apportent à la société3.
Par ailleurs, la valeur monétaire des services écologiques n’ayant pas été estimée à ce
jour, elle est rarement prise en compte dans les processus décisionnels utilisés,
notamment en matière d’aménagement du territoire. Cette lacune sur le plan des
connaissances constitue une menace réelle pour la protection et la conservation de
notre environnement naturel, qui revêt une importance capitale pour le bien-être et la
prospérité de notre société (…)4.
A-10.1.2
La gestion de l’eau par bassin versant
La mise en œuvre de la gestion intégrée de l’eau par bassin versant découle de la
Politique de l’eau5 adoptée à l’automne 2002, et vise en premier lieu la mise en place
d’une nouvelle forme de gouvernance pour la gestion de l’eau. Cette nouvelle façon
de faire a pour fondement une approche écosystémique de la dimension aquatique,
basée sur le concept de bassin versant.
L’objectif de cette politique est d’élaborer des plans directeurs de l’eau (PDE), afin de
mieux comprendre et ainsi, être en mesure d’intervenir sur les problèmes liés à la
quantité et à la qualité de l’eau. Cette nouvelle approche permettra également de
mieux établir les priorités d’action en tenant compte des impacts cumulatifs sur le milieu
aquatique.
1
2
3
4
5
http://www.mddefp.gouv.qc.ca/changements/plan_action/pacc2020.pdf
Ibid.
Ibid.
Ibid.
http://www.mddep.gouv.qc.ca/eau/politique/politique-integral.pdf
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SADR
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La Politique de l’eau instaure un nouvel acteur consultatif pour la mise en place de la
gestion intégrée de l’eau par bassin versant. Il s’agit de l’organisme de bassin versant
(OBV). Ce type d'organisme est formé de représentants de tous les utilisateurs de l’eau
dans un bassin versant. Un représentant de la MRC siège au conseil d’administration de
chaque organisme de bassin de son territoire.
Les OBV effectuent la nécessaire concertation entre les utilisateurs, afin d’élaborer une
planification. Le PDE renferme un portrait du territoire et un diagnostic du bassin versant.
Il établit les enjeux, les orientations et les objectifs à atteindre pour chaque catégorie
d’utilisateurs de l’eau. Le PDE est accompagné d’un plan d'action.
Depuis 2009, trois organismes de bassin se partagent la gestion de l’eau des bassins
versants du territoire :
•
L’organisme de bassin versant du nord-est du Bas-St-Laurent (OBVNEBSL) qui couvre
principalement le bassin versant de la rivière Trois-Pistoles, incluant bien sûr ses
affluents que sont les rivières Senescoupé, Toupiké et Mariakèche.
•
L’organisme de bassin de Kamouraska, L’Islet et Rivière-du-Loup (OBAKIR) dont le
territoire comprend le bassin versant des rivières du Loup et Verte
•
L’organisme de bassin versant du fleuve Saint-Jean vers lequel se draine le sud du
territoire de la MRC, notamment le lac Saint-François, via la rivière du même nom.
A-10.1.3
La conservation des écosystèmes en terrain privé
Adopté en 2002, la Loi sur la conservation du patrimoine naturel6 (Chap. C-61.01) a pour
but d’assurer la conservation du patrimoine naturel du Québec. Elle propose des
mesures visant à favoriser la mise en place d’un réseau d’aires protégées
représentatives de la biodiversité du Québec. En terres privées, elle permet la
reconnaissance de réserves naturelles.
Pour être ainsi reconnue, une propriété privée doit présenter des caractéristiques qui
justifient un intérêt de conservation sur le plan biologique, écologique, faunique,
floristique, géologique, géomorphologique ou paysager. Cette reconnaissance est une
démarche initiée par le (ou les) propriétaire(s). La démarche de reconnaissance
permet également d’approuver une entente de conservation intervenue entre un
propriétaire et un organisme de conservation à but non lucratif.
A-10.1.4
La destruction des milieux humides
Plusieurs milieux humides sont souvent détruits ou affectés par des activités de
remblaiement ou d’assèchement. Ces formes d’empiétement souvent commises par
6
http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=2&file=/C_61_01/C61_01.htm
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ignorance ou par insouciance entraînent
d’écosystèmes difficilement remplaçables.
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malheureusement
la
disparition
Les activités reliées à l’exploitation agricole et forestière (drainage des terres, coupes
totales), à l’extraction minérale et aux activités maritimes (dragage) peuvent aussi
affecter les milieux naturels par les impacts qu’elles ont sur les nombreuses espèces
animales et végétales.
A-10.1.5
La pollution de l’air, de l’eau et des sols
La pollution des sols par des huiles, des pesticides, des rebuts ou autres détritus constitue
aussi une menace à la biodiversité, en contaminant l’alimentation de certaines
espèces, tout en nuisant à la croissance d’espèces indigènes.
D’autres facteurs peuvent participer à la dégradation de milieux naturels. Par exemple,
la pratique de sports motorisés en dehors de sentiers balisés peut altérer les
caractéristiques de l’environnement physique de nombreux habitats. Enfin, la
circulation de bateaux, de motomarines, contribue à l’érosion du littoral et augmente la
turbidité de l’eau.
Les milieux hydriques constituent à la fois un des habitats les plus précieux et les plus
fragiles du territoire. Les eaux de ruissellement ont la particularité de concentrer les
polluants d’un bassin versant vers les rivières et les lacs. La qualité des eaux de surface
est donc un enjeu important de la conservation des milieux naturels.
A-10.1.6
Les rives et le littoral des plans d’eau
Le milieu riverain constitue une zone de transition, une interface, entre les domaines
aquatique et terrestre.
Au Québec, bon nombre d’organismes vertébrés dépendent du milieu riverain,
notamment 30 espèces de mammifères, plus de la moitié des espèces d’oiseaux et les
trois quarts des amphibiens et des reptiles comme les salamandres et les tortues.
La villégiature en bordure des lacs et cours d’eau apporte son lot de menaces à la
biodiversité. Par exemple, la déforestation de la bande riveraine entraîne la
dégradation des rives par l’érosion, ce qui augmente l’apport de sédiments dans le
milieu aquatique. De plus, cela provoque le réchauffement de l’eau et diminue de
beaucoup l’effet de filtration et d’absorption lors de fortes pluies et de la fonte des
neiges.
Toute intervention en milieu riverain peut entraîner des dommages aux plans d’eau en
modifiant leurs caractéristiques biophysiques et en détruisant les habitats naturels. De
plus, l’effet cumulatif d’interventions isolées cause souvent des torts irréversibles aux
plans d’eau.
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SADR
Document argumentaire du chapitre 10
A-10.2
Les problématiques spécifiques
A-10.2.1
Les lacs de villégiature
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Depuis plusieurs années, les lacs de la Grande Fourche et Saint-François, situés sur le
territoire de la municipalité de Saint-Hubert-de-Rivière-du-Loup, sont intégrés au Réseau
de surveillance volontaire des lacs de villégiature du Ministère du Développement
durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP). Avec la montée des inquiétudes
concernant les proliférations de cyanobactéries (algues bleu vert), le réseau permet un
suivi de différentes composantes des lacs pouvant mesurer l’accélération de leur
eutrophisation (vieillissement prématuré). Le secteur de l’Éco-Site à la tête du lac
Témiscouata a également connu un épisode de cyanobactéries.
Si en 2002 et 2009, le lac de la Grande Fourche a connu un épisode de prolifération
d’algues bleu vert, les données du réseau montrent que le lac est dans un stade
intermédiaire avancé d’eutrophisation. L’analyse de la situation du lac Saint-François
démontre quelques signes d’eutrophisation accéléré, mais beaucoup moins importants
que pour le lac de la Grande Fourche
Le principal lac de villégiature de la MRC, le lac de la Grande Fourche, avec ses 320
résidences ou chalets, est soumis à des pressions anthropiques importantes. À
l’exception de la zone plus marécageuse en amont du lac, il est presque
complètement ceinturé par des terrains résidentiels. Plusieurs des terrains sont de faible
dimension où la végétation est absente.
Pour ce qui est des lacs Saint-François et Saint-Hubert, ils sont sensiblement moins
développés. Les lotissements y sont moins denses et le couvert végétal des berges est
relativement bien préservé. Le lac Saint-Hubert est un écosystème particulièrement
fragile attendu qu’il est très peu profond et que ses eaux ne se renouvellent que très
lentement en raison de son bassin versant réduit. Il est important de noter que la
municipalité de Saint-Hubert-de-Rivière-du-Loup a initié de nombreuses actions de
sensibilisation et des campagnes de revégétalisation des rives au lac de la GrandeFourche.
De plus, des terres agricoles, en plan incliné vers le lac, occupent tout le territoire à l’est.
Tenant compte de ce contexte agricole, la municipalité de Saint-Hubert-de-Rivière-duLoup procède chaque année à un suivi de la qualité des eaux de fossés agricoles sur le
flanc est du lac.
Une tendance historique à l’artificialisation des rives a fait en sorte que pour de
nombreux citoyens, le remblayage, l’empiétement, la construction de murs de
soutènement sont des gestes normaux en milieu riverain. Le non-respect des normes
issues de la Politque de protection des rives, du littoral et des plaines inondables (PPRLPI)
est encore trop fréquent. Malgré tous les efforts consentis pour les faire appliquer, il sera
difficile de faire en sorte qu’aucun citoyen n’y contrevienne.
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En milieu urbain comme ailleurs, des actions d’information et de sensibilisation doivent
être menées auprès de la population, mais particulièrement auprès des propriétaires
riverains, des agriculteurs et des entrepreneurs forestiers.
A-10.2.2
La protection des milieux hydriques
La qualité des eaux des lacs de villégiatures reflète l’état du milieu qui le ceinture
directement, mais aussi celui de l’ensemble de son bassin versant. En conséquence, il
est bénéfique, et souhaité que tous les cours d’eau possèdent une bande riveraine
végétalisée d’une largeur correspondant minimalement aux normes de la PPRLPI.
La présence d’une bande riveraine permet de réduire l’érosion des berges, de capter
les nutriments et les sédiments avant qu’ils n’atteignent les cours d’eau et préserver une
température adéquate de l’eau. Les cours d’eau ainsi protégés apporteront une eau
de qualité aux lacs de villégiatures et fourniront des habitats fauniques de qualité.
Au cours des étés 1997 à 1999, la MRC a procédé à un inventaire exhaustif de l’état des
cours d’eau en milieu agricole. Ces relevés de terrain ont démontré une absence
généralisée de bandes riveraines minimales de protection. Bien que plusieurs
agriculteurs aient amélioré leurs pratiques afin de mieux protéger les différents cours
d’eau de la MRC, beaucoup de travail de sensibilisation reste à accomplir.
De façon générale, sur les terres du domaine public, les normes de protection du milieu
riverain sont respectées. Le ministère des Ressources naturelles, qui veille à l’application
de la PPRLPI, peut sévir et imposer des correctifs aux contrevenants.
En ce qui concerne les terres privées, le respect des bandes de protection dépend
surtout de la volonté des individus et de leur niveau de sensibilisation à la protection du
milieu riverain.
La protection des rives et du littoral des plans d’eau en milieu de villégiature a souffert
d’une tendance à aménager les terrains de villégiature de la même façon que les
parterres urbains, soit avec gazon, bitume et béton.
Dans la MRC, des campagnes municipales d’information avec la participation
d’associations de riverains et une volonté ferme des municipalités les plus concernées
ont contribué à une nette amélioration du respect des normes de préservation du
milieu riverain. La municipalité de Saint-Hubert, à titre d’exemple, a intenté des actions
en justice à quelques reprises pour violation des normes de protection riveraine. Ces
actions ont toutes été accueillies favorablement par les tribunaux.
A-10.2.3
L'empiètement sur les milieux naturels
La présence de milieux naturels au sein ou en bordure des périmètres urbains les rend
vulnérables à l’empiètement. La topographie particulière de la MRC de Rivière-du-
MRC de Rivière-du-Loup
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Document argumentaire du chapitre 10
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Loup, constitué de basses collines de roches sédimentaires et de dépôts de till, a
conditionné la présence de milieux humides7.
Plus de neuf pour cent (9,2%) du territoire sont constitués de milieux humides classifiés, et
d’autres, de moindres envergures, pourraient être identifiés et ajoutés à ce
pourcentage. Inévitablement, le développement des municipalités et des activités sur
l’ensemble du territoire s’est fait à proximité ou même au détriment de ces milieux.
A-10.3
Les principaux défis et axes d’interventions
Les municipalités bénéficient de larges compétences en matière de protection et de
mise en valeur du patrimoine naturel. Néanmoins, une action qui vise la conservation
stricte d’un milieu naturel en terre privée peut avoir pour effet d’usurper l’usufruit de ce
lieu. Le propriétaire serait en droit d’être dédommagé, car il s’agit d’une forme
d’expropriation. Dans ce cas, si l’intention de la municipalité n’était pas de
dédommager le propriétaire de ce lieu, vaut mieux prévoir un autre niveau de
protection. En ce sens, les défis sont de :
•
Maintenir les fonctions des milieux naturels
•
Trouver un équilibre entre la conservation des écosystèmes naturels et le
développement des communautés;
•
Trouver un équilibre entre protéger les milieux naturels et les mettre en valeur.
Les axes d’interventions en milieu naturel sont diversifiés. Il est possible d’agir sur :
•
L’occupation du territoire;
•
La conservation;
•
La mise en valeur;
•
L’animation et la concertation des acteurs impliqués;
•
L'application d'une règlementation régionale et locale.
A-10.4
Les orientations
•
Contribuer à la protection des milieux naturels
•
Promouvoir les connaissances sur les milieux naturels
7
Canards Illimités Canada. 2008. Plan de conservation des milieux humides et de leurs terres hautes
adjacentes de la région administrative du Bas-Saint-Laurent [en ligne], [http://www.canardsquebec.ca],
105 p.
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L’aire d'affectation de conservation
À la lumière des nombreux territoires d’intérêts écologiques (voir plan A-10-1), une
affectation de conservation a été mise en place pour limiter les activités dans les
secteurs où leur présence est prédominante. Par exemple, la MRC de Rivière-du-Loup
est bordée au nord par le fleuve Saint-Laurent et possède de nombreux marais
maritimes d’importances où se concentre une faune aviaire variée. Sa localisation au
sud de l’embouchure de la rivière Saguenay contribue également à la présence
importante de mammifères marins.
Pour ces raisons, une grande partie du territoire côtier est assujetti à cette affectation. À
titre indicatif, les territoires côtiers retenus pour cette affectation de conservation
correspondent aux lieux suivants (voir plan A-10-2):
•
la Réserve nationale de faune de la baie de L’Isle-Verte;
•
le marais et une partie de l’île de Gros-Cacouna;
•
les battures de l’estuaire du Saint-Laurent du chemin d’accès au port de GrosCacouna jusqu’à l’anse au Persil;
•
le marais salé de Rivière-du-Loup;
•
les battures de l’estuaire du Saint-Laurent de Rivière-du-Loup à Notre-Dame-duPortage;
•
les îles, les îlots et les récifs de l’estuaire du Saint-Laurent, excluant l’île Verte et l’île
Ronde;
•
le marécage du lac de la Grande Fourche;
Tous les territoires d’intérêts écologiques ne font pas partie de l’affectation de
conservation. Ceux qui ont été portés à notre connaissance sont tout de même décrits
dans les pages suivantes à titre indicatif.
La Réserve nationale de faune de la baie de L’Isle-Verte
La zone littorale de la municipalité de L’Isle-Verte abrite un des plus vastes marais à
spartines au Québec. Ce marais salé parsemé de marelles (petits étangs naturels)
constitue la principale aire de reproduction du Canard noir en Amérique du Nord
puisque c’est l’endroit qui compte la plus grande densité de nids. On peut y observer
plus de 4000 Canards noirs, ce qui représente environ 4 % de la population de
l’Atlantique pour cette espèce.
Il s’agit aussi d’une halte importante pour diverses autres espèces d’oiseaux migrateurs,
notamment pour la Grande Oie des neiges et la Bernache du Canada qui sont jusqu’à
27 000 individus à y séjourner au printemps et à l’automne.
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Document argumentaire du chapitre 10
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En vue de protéger la majeure partie de ce marais, le Service canadien de la faune
créait, en 1980, une réserve nationale de faune qui occupe une superficie de 513
hectares. Au large de la réserve, le gouvernement du Québec possède quelque 2 840
hectares de marais intertidal (zone d’oscillation des marées). Depuis 1987, ces
propriétés provinciale et fédérale possèdent le statut de site « Ramsar », c’est-à-dire
qu’elles sont couvertes par une convention internationale visant à protéger les milieux
humides en tant que patrimoine naturel.
La notoriété de la Réserve nationale de faune de la baie de L’Isle-Verte vient du fait
que ce lieu humide est le dernier du genre de l’estuaire moyen du Saint-Laurent,
puisque ceux en amont ont été partiellement ou totalement détruits. La variété
d’habitats disponibles à ce site attire un grand nombre d’espèces d’oiseaux tout au
cours de l’année; la liste des oiseaux de la Réserve nationale de faune faisant mention
de plus de 260 espèces, dont 60 nichent sur place. On y rencontre aussi des espèces
rares comme le canard siffleur, le râle élégant, la mouette atricille, la chouette
épervière, le troglodyte des marais et le phalarope de Wilson. Le bruant de Nelson, une
espèce qui n’est observée que localement au Québec, niche également à cet endroit.
Des sentiers d’observation et d’interprétation permettent l’accès à la réserve. La Loi sur
la faune du Canada, le Règlement sur les réserves nationales de faune ainsi que la
Convention de « Ramsar » sont les principales mesures de conservation s’appliquant à
l’ensemble du territoire de la réserve. Située à l’est du village de L’Isle-Verte, la maison
Girard sert de centre d’interprétation pour les visiteurs de la Réserve. On retrouve dans
cette maison une exposition sur la formation des tourbières et sur les espèces animales
qui vivent le long du littoral isle-vertois. Les visiteurs peuvent découvrir à proximité une
tourbière qui a été mise en valeur. Ce centre d’interprétation demeure peu visité et les
gestionnaires de la Réserve sont conscients que le potentiel récréotouristique des lieux
est sous exploité.
Enfin, à l’intérieur des limites de la Réserve nationale de faune de la baie de L’Isle-Verte,
le gouvernement fédéral a créé, en 1986, un refuge d’oiseaux migrateurs qui occupe
une superficie de 319 hectares, dont 211 hectares sont situés en milieu aquatique. Il est
localisé à l’embouchure de la rivière Verte principalement sur la rive ouest de la rivière
du même nom.
La création de ce refuge a pour objectif de protéger un habitat important pour la
migration de la Grande Oie des neiges, de la Bernache du Canada et de nombreux
autres canards. Ce territoire est assujetti à la Convention sur les oiseaux migrateurs, à la
Loi sur les espèces sauvages du Canada et au Règlement sur les refuges d’oiseaux
migrateurs du gouvernement du Canada. Les activités de chasse sont interdites, de
même que toute activité susceptible de déranger les oiseaux migrateurs, de détruire ou
d’enlever leurs nids.
Le Site ornithologique de Gros-Cacouna
Le site ornithologique de Gros-Cacouna est situé à l’est du port de Gros-Cacouna. Au
cours des dernières années, la mise en valeur du marais salé a créé un apport
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économique intéressant pour la MRC de Rivière-du-Loup, puisqu’il est fréquenté par des
milliers d’amateurs d’ornithologie, dont plusieurs proviennent de l’extérieur de la région.
Cet écosystème couvre une superficie de près de 500 hectares formée de marelles,
d’une zone de remblayage, d’une presqu’île boisée bordée de falaises rocheuses et
d’une zone adjacente aux limites de la zone portuaire.
Ce site est le royaume de plus de 90 espèces d’oiseaux aquatiques, dont le grand
héron, le bihoreau gris, le grand chevalier, le bruant à gorge blanche et le durbec des
sapins (voir tableau A-10-1).
Tableau A-10-1
Portrait de l’avifaune du marais salé de Cacouna
Espèce, classe
ou famille
Oiseaux aquatiques
Caractéristiques
Quelque 5 000 oiseaux aquatiques se retrouvent à cet endroit au printemps.
Il est le quatrième site le plus productif au Québec attirant annuellement près de
90 espèces d’oiseaux aquatiques qui profitent également des bassins artificiels
adjacents.
Oiseaux migrateurs
Environ 2 000 oiseaux séjournent dans ce marais lors de leur migration automnale,
ce nombre inclus près de 20 % de Canards noirs.
Canard noir
C’est l’un des dix meilleurs sites d’élevage au Québec pour les Canards noirs.
Celui-ci est attiré par la présence de 300 hectares de marais à spartines.
Râle jaune
L’endroit est reconnu comme un des meilleurs sites pour la nidification du Râle
jaune. Cet oiseau connaît une situation précaire parce que son habitat a été
réduit par l’assèchement de la partie supérieure des marais intertidaux,
notamment par la construction des aboiteaux.
Faucon pèlerin et le Le marais de Cacouna est l’un des très rares endroits au Québec où l’on peut
Pygargue à tête
observer régulièrement trois espèces d’oiseaux classés comme vulnérables : le
blanche
râle jaune, le faucon pèlerin et le pygargue à tête blanche (oiseau emblème des
États-Unis).
Source : Environnement Canada (1995)
L’espace occupé par le marais est sous la juridiction du Service canadien de la faune
pour les parties terrestres et du ministère des Ressources naturelles du Québec pour la
partie intertidale. Une partie importante de l’île de Gros-Cacouna (devenue une
presqu’île) est la propriété de la compagnie Irving.
Une entente de partenariat entre la Société de conservation de la baie de L’lsle-Verte,
la municipalité de la paroisse de Cacouna et les ministères fédéraux et provinciaux a
permis de réaliser des travaux de mise en valeur environnementale et ainsi aménager
un accès à l’intention des ornithologues et du grand public. Les travaux effectués au
marais de Cacouna représentent un exemple de cohabitation réussie entre les activités
portuaires et la protection et la mise en valeur d’un milieu humide.
Depuis plusieurs années, un projet d’intégration du site ornithologique de GrosCacouna à la Réserve nationale de faune de la Baie de L’Isle-Verte est à l’étude.
Le Parc côtier Kiskotuk
MRC de Rivière-du-Loup
SADR
Document argumentaire du chapitre 10
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En novembre 2012, la MRC de Rivière-du-Loup officialise la mise en place du Parc côtier
Kiskotuk. Élaboré avec ses partenaires, soit les municipalités de L’Isle-Verte et de
Cacouna, ainsi que la Première Nation Malécite de Viger et la Corporation PARC BasSaint-Laurent, les objectifs de ce nouveau parc sont de :
•
Favoriser la mise en valeur d’espaces naturels dotés d’un potentiel récréatif
reconnu en région;
•
Assurer une utilisation harmonieuse de l’ensemble des ressources présentes dans le
parc;
•
Renforcer les règles d’utilisation du territoire afin de maintenir à la fois la diversité des
écosystèmes naturels, les qualités paysagères et la quiétude des lieux.8
Le marais salé de la baie de Rivière-du-Loup
Situé en bordure du fleuve entre la pointe de Rivière-du-Loup et les battures de la baie
qui longent l’autoroute 20, le marais salé de la baie de Rivière-du-Loup est un
écosystème important pour l’estuaire du Saint-Laurent. Ses marais à spartine abritent
plusieurs espèces d’oiseaux et de poissons qui s’y nourrissent. Les espèces de poissons
présentes sont l’éperlan arc-en-ciel, le poulamon atlantique, l’épinoche tachetée et à
trois épines, l’anguille d’Amérique, le chaboisseau bronzé et à épines courtes, la limace
atlantique, la plie rouge et la plie lisse (MDDEP, 2009).
Fortement perturbé lors des travaux de construction de l’autoroute 20 dans les années
1970, le marais salé de Rivière-du-Loup fait présentement l’objet de projets de
restauration. L’érosion des berges met en péril le marais. Elle reculer les berges de 3
mètres par année, pour une perte totale d’environ 3 ha annuellement.
La protection du marais permettra d’une part, de sauvegarder et de restaurer un
habitat naturel d’intérêt et d’autre part, d’assurer la protection de l’autoroute.
Le promoteur de ces travaux d’aménagement est le ministère des Transports du
Québec. Le projet pilote qui a débuté en 2009 comprend d’abord l’implantation d’un
brise-lame de 300 m de longueur au large du talus en érosion, parallèle à la rive. Ensuite,
une digue transversale d’une longueur de 130 m sera installée afin de diminuer l’action
érosive et favoriser l’accumulation et le maintien des glaces l’hiver.
De plus, cette structure servira de piège à sédiments entre la berge et le brise-lame.
Enfin, des matériaux de remplissage et des matériaux fins seront également mis en
place afin d’accélérer la renaturalisation de la berge, permettant notamment
l’ensemencement de spartine alterniflore (MDDEP, 2009).
Les aires de fréquentation intensive du Béluga
8
http://riviereduloup.ca/documents/pdf/MRC/2012/ppag_parc_cotier_kiskotuk_16-08-2012.pdf
MRC de Rivière-du-Loup
SADR
Document argumentaire du chapitre 10
Page A-10-12
Le Béluga du Saint-Laurent est une petite baleine blanche dont la population est en
situation précaire. Il s’agit de la population la plus méridionale de cette espèce au
monde. À la fin du 19e siècle, la population du béluga du Saint-Laurent est estimée
entre 7 800 et 10 000 individus. La population a été estimée ces dernières années à
1 100 individus (en 2007). Une chasse intensive réalisée jusqu’au début des années 1970
a contribué à décimer cette population. Cependant, d’autres facteurs ont aussi
concouru à ce déclin, soit le dérangement occasionné par la circulation maritime, la
perte d’habitat, la contamination par des substances toxiques et la compétition
interespèces pour la nourriture.
Près de la côte de la MRC de Rivière-du-Loup, on dénombre deux aires de
fréquentation intensive du béluga qui sont visitées par des troupeaux d’adultes et de
jeunes. La première aire est située au nord de l’île Verte. Cette aire est fréquentée par
70 % des effectifs totaux présents dans le secteur centre de l’estuaire Saint-Laurent. Le
chenal sud de Rivière-du-Loup est la deuxième aire de fréquentation intensive du
béluga avec un taux de fréquentation de 90 %, mais les troupeaux qui visitent ces lieux
sont de dimension plus réduite.
L’île aux Pommes
Cette île, située à 5,6 km de la municipalité de L'Isle-Verte, possède depuis 2004 le statut
de Réserve naturelle en milieu privé et est reconnue comme Zone importante pour la
conservation des oiseaux (ZICO)9. Plusieurs espèces se retrouvent sur cette île. Plus de
2 300 couples d’eiders à duvet ont été recensés en 2000. Il s’agit d’ailleurs du deuxième
plus grand rassemblement d’eiders sur le Saint-Laurent. L’île compte également une
importante population de goélands argentés de même que de goélands marins. L’île
comptait également une population considérable de cormorans à aigrettes, mais
celle-ci n’a cessé de décliner depuis les années 1990. Parmi les autres espèces
présentent sur l’île on retrouve le canard noir, le bruant des prés, le bruant chanteur de
même que la corneille d’Amérique.
Les îles Pèlerins
Située à la limite ouest de Notre-Dame-du-Portage, l’île Le Gros Pèlerin fait parti d’un
archipel de cinq îles reconnues comme Zone importante pour la conservation des
oiseaux (ZICO). Ces îles ont des falaises côtières du côté nord-ouest pouvant dépasser
30 mètres (plus de 45 mètres pour Le Gros Pèlerin). L’espèce d’oiseau nicheur la plus
présente dans l’archipel est le petit pingouin dont la population aurait atteint plus de
3 800 individus en 1999. Il y a également une présence relativement importante de
goéland argenté, de cormoran à aigrette et de guillemot à miroir.
La frayère d’éperlans de la rivière du Loup
9
Les Zones importantes pour la conservation des oiseaux (ZICO) est un programme international non
gouvernemental qui a pour objectif l’identification, la surveillance et la conservation de sites
d’importance pour les oiseaux.
MRC de Rivière-du-Loup
SADR
Document argumentaire du chapitre 10
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La frayère d’éperlans de la rivière du Loup se situe à 1,5 kilomètre en amont de la
confluence de celle-ci avec le Saint-Laurent. Site confirmé de reproduction de
l’éperlan anadrome de la rive sud de l’estuaire depuis 2002, la caractérisation de cet
habitat et de son utilisation par l’éperlan a permis de déterminer qu’au moins 2,6
hectares du littoral de la rivière du Loup étaient effectivement utilisés pour la fraye10.
Par ailleurs, la population d’éperlans de la rive sud de l’estuaire du Saint-Laurent a le
statut d’espèce vulnérable, étant donné un déclin rapide de ses effectifs et la rareté
des sites propices à la reproduction.
Les battures du Saint-Laurent
En plus des milieux humides décrits précédemment, toutes les battures du fleuve
possèdent une valeur écologique importante pour la faune ailée et ichtyenne (relatif
aux poissons). À plusieurs endroits, les larges estrans vaseux offrent une batture bien
préservée où les zones de végétation caractéristiques du marais à spartines de
l’estuaire du fleuve sont bien représentées. Ceux-ci constituent une véritable usine
alimentaire pour toutes les espèces, même les plus minuscules, vivant dans l’estuaire du
Saint-Laurent
Les îles, les îlots et les récifs
Les grèves rocheuses qui entourent ces différents milieux insulaires sont utilisées par les
phoques comme aire de mise bas et d’échouerie (lieu de repos hors de l’eau). L’île au
Rocher Percé au large de Cacouna constitue une des principales échoueries du
phoque gris de l’estuaire moyen du Saint-Laurent. Un peu plus vers l’ouest, entre l’île
Verte et la rive sud de l’estuaire maritime, on peut observer une échouerie de phoques
communs.
À noter qu’en raison de l’importance de la couverture glacielle qui recouvre les
secteurs littoraux, il y a peu de mammifères marins et d’oiseaux aquatiques qui passent
l’hiver au Bas-Saint-Laurent. Cela dit, au plan juridique, les baleines et les phoques sont
protégés de toute activité de chasse et de harcèlement par le gouvernement du
Canada, en vertu de la Loi sur les pêches et de tous les règlements qui en découlent.
L'aire de concentration d’oiseaux aquatiques
Le ministère des Ressources naturelles et de la Faune a identifié plusieurs aires de
concentration d’oiseaux aquatiques qui représentent la quasi-totalité du littoral de la
MRC à l’exception de quelques secteurs (voir plan 10-2). Ces aires s’étendent vers le
large et représentent des lieux de nidification, de reproduction, de repos et de refuge
pour la sauvagine et les oiseaux marins. Également, les battures de l’île Verte, formées
en partie de marais à spartines, sont des lieux d’alimentation très fréquentés par les
oiseaux aquatiques. Ces aires bénéficient du statut d’habitat faunique en vertu du
10
Richard, R. et R. Tardif, 2007. Caractérisation des frayères d’éperlan arc-en-ciel du sud de l’estuaire du
Saint-Laurent. Ministère des Ressources naturelles et de la Faune, Direction générale du Bas-SaintLaurent. Direction régionale de l’aménagement de la faune. 30 pages.
MRC de Rivière-du-Loup
SADR
Document argumentaire du chapitre 10
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Règlement sur les habitats fauniques, découlant de la Loi sur la conservation et de mise
en valeur de la faune11.
Le ravage de cerfs de Virginie du lac Témiscouata
Le ravage de cerfs de Virginie du lac Témiscouata couvre une superficie de près de
6 964 hectares sur les terres publiques des MRC de Témiscouata et de Rivière-du-Loup. Il
sert de lieu d’hivernage pour un troupeau estimé à plus de 2 000 individus. La partie du
ravage en sol louperivien, qui occupe les terres boisées de Saint-Cyprien entre la rivière
Ashberish et le lac Moreau, couvre environ 20 % de l’ensemble du ravage.
Ce territoire présentant un intérêt d’ordre écologique est aussi un habitat faunique, au
même niveau que les aires de concentration d’oiseaux aquatiques vues
précédemment, identifié à titre « d’aire de confinement », au sens du Règlement sur les
habitats fauniques dans le Plan d’affectation du territoire public (PATP) du ministère des
Ressources naturelles et de la Faune. Cela signifie que l’aire ainsi désignée correspond
à un habitat essentiel pour la survie de ce cervidé en période hivernale.
Le marécage du lac de la Grande Fourche
Situé sur des terres publiques, le marécage du lac de la Grande Fourche est un
« habitat du rat musqué » identifié par le gouvernement provincial à titre d’habitat
faunique. Le rat musqué est un rongeur de bonne taille dont l’habitat se situe à
proximité des plans d’eau douce, dans les régions marécageuses ou en bordure des
cours d’eau à faible débit. Il y a peu de rats musqués qui parviennent à un âge avancé
à cause de ses prédateurs naturels, mais aussi parce qu’il est chassé pour sa fourrure.
Afin de maintenir son habitat, les biologistes sont d’avis qu’il est nécessaire de maintenir
un niveau d’eau de 1 à 2 mètres sur de grandes étendues, comme autour de la partie
ouest du lac de la Grande Fourche. Outre le rat musqué, ce marécage est aussi utilisé
par plusieurs espèces animales et piscicoles, notamment par la sauvagine qui trouve à
cet endroit une aire de repos et de reproduction.
Le marécage des 6e-et-7e-rangs de Saint-Modeste
Le marécage des 6e-et-7e-rangs de Saint-Modeste, qui est confiné sur les terres
publiques, constitue lui aussi un « habitat du rat musqué » reconnu comme un habitat
faunique. Comme pour le lac de la Grande Fourche, le maintien d’un niveau d’eau de
1 à 2 mètres sur de grandes étendues apparaît être une condition essentielle au
maintien de son habitat de prédilection.
Le parc des chutes et le secteur du Platin à Rivière-du-Loup
Localisé du côté est de la rivière du Loup, le parc des Chutes est un espace naturel
d’environ 56 hectares situés à proximité immédiate du centre-ville de Rivière-du-Loup.
11
http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=3&file=/C_
61_1/C61_1R18.HTM
MRC de Rivière-du-Loup
SADR
Document argumentaire du chapitre 10
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Rares sont les centres-villes donnant accès à un tel espace de qualité permettant un
contact privilégié avec la nature à travers la pratique d’activités de plein air telle la
randonnée pédestre. En plus d’être un lieu fréquenté par la population locale, le parc
des Chutes est un attrait récréotouristique apprécié des visiteurs et des touristes de
passage dans la région.
Ce territoire d’intérêt écologique est une composante importante du patrimoine naturel
louperivois. En raison de sa topographie et de sa localisation, le secteur du Platin
bénéficie d’un microclimat avantageux qui abrite une flore diversifiée. Le couvert
forestier apparaît actuellement à un stade de transition en raison de son homogénéité
et de la présence de nombreux feuillus intolérants. Enfin, il existe à cet endroit plusieurs
variétés de champignons ainsi qu’un vieux verger datant du début du siècle.
À partir de 1998, le boisé du Platin a fait l’objet de travaux de mise en valeur. Ces
travaux incluent l’aménagement de nouveaux sentiers pédestres, d’un marais d’eau
douce, de circuits botaniques, ainsi que la revitalisation de l’ancien verger.
La ville de Rivière-du-Loup désire intégrer le territoire boisé situé au nord du parc
industriel et adjacent au parc des chutes, car des activités récréatives s’y pratiquent
présentement. D’ailleurs, il s’agit d’une zone escarpée, dont l’usage est impropre pour
l’urbanisation.
La tourbière Laurentide
La tourbière Laurentide, qui couvre environ 142 hectares, se situe à l’est du village de
L’Isle-Verte. Elle est majoritairement de tenure privée, mais Environnement Canada
possède environ 10 % de sa superficie. Bien que la surface soit encore fortement
perturbée par une exploitation antérieure de la tourbe, la sphaigne et les arbustaies à
éricacées recolonisent graduellement le secteur central, alors que la périphérie est
occupée par des peuplements d’épinettes noires, d’éricacées et de mélèzes.
Témoin typique des tourbières ombrotrophes du Bas-Saint-Laurent, elle constitue par
ailleurs un habitat exceptionnel présentant une grande densité de nids de canard noir.
Enfin, la tourbière Laurentide constitue certainement un habitat propice à quelquesunes des 35 espèces de plantes vasculaires du Bas-Saint-Laurent susceptibles d’être
désignées menacées ou vulnérables, ainsi qu’à plusieurs espèces fauniques, oiseaux,
amphibiens ou reptiles, dont le statut est aussi précaire. Cette tourbière présente donc
un intérêt certain à des fins de protection et d’interprétation.
La tourbière du Bois-des-Bel
Âgée de près de 7000 ans, la tourbière du Bois-des-Bel a été partiellement en
exploitation entre les années 1972 et 1980. Sur les 100 hectares de la tourbière, une
superficie de 11,5 hectares a été exploitée, laissant néanmoins le milieu dans un état ne
permettant pas aux plantes typiques des tourbières de se régénérer. C’est pourquoi en
1999, le Groupe de recherche en écologie des tourbières (GRET) a mis en place un
projet pilote de restauration de tourbière à cet endroit. Le milieu perturbé a été aplani
et les fossés de drainage bloqué afin de rendre le site plus humide. « Le site de Bois-desBel constitue une station de recherche unique au monde où plusieurs chercheurs
MRC de Rivière-du-Loup
SADR
Document argumentaire du chapitre 10
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canadiens et même du monde entier viennent étudier divers aspects sur le
fonctionnement de l’écosystème. »12
La tourbière de Notre-Dame-du-Portage « Est »
La tourbière de Notre-Dame-du-Portage « Est » est située au sud de la halte routière du
ministère des Transports le long de l’autoroute 20. Cette tourbière s’étend sur une
superficie totale d’environ 53 hectares est située sur des terres appartenant à la ville de
Rivière-du-Loup (15 %) et au Groupement forestier de Kamouraska (85 %). Un peu plus
de 70 % du volume total du dépôt de tourbe serait très décomposé.
L’intérêt principal de l’identification de cette tourbière provient du fait qu’il persiste peu
de tourbières à l’état naturel sur le territoire de la MRC et qu’aucune activité de récolte
de tourbe n’aurait été effectuée sur celle-ci. Elle pourrait éventuellement faire l’objet
d’une mise en valeur à des fins éducatives en tant qu’échantillon du patrimoine naturel
des milieux tourbeux, sous réserve qu’il s’agisse d’une propriété privée.
A-10.6
Les règles de conformité
À partir de l’inventaire initial que l’on retrouve dans le document argumentaire sur les
milieux naturels et aussi par la mise place de l’affectation de conservation, les
municipalités devront veiller à la bonification du recensement des milieux naturels au fur
et à mesure qu’ils rencontreront sur leur territoire des lieux qui répondent aux critères de
délimitation suivants :
Un milieu naturel à protéger ou à mettre en valeur répond, de façon non limitative, aux
critères de délimitation suivants :
•
abrite un écosystème de grande valeur écologique;
•
est consacré à la protection des habitats propres à plusieurs espèces, à des
espèces désignées menacées ou vulnérable ou susceptibles de l’être13;
•
est situé sur une propriété privée ayant obtenu un statut de conservation reconnu;
La valeur d’un écosystème se définit, dans le cas d’un peuplement forestier, par sa
rareté, son intégrité et son caractère de refuge d’espèces menacées ou vulnérables14.
Pour des milieux humides et aquatiques, la valeur dépend de la diversité écologique,
génétique et spécifique15.
Sans présenter de valeur écologique distinctive, des milieux intacts pourraient être
également protégés par les municipaux, s’il y a, par exemple, peu de possibilités pour le
développement.
12
13
14
15
http://www.gret-perg.ulaval.ca/index.php?id=7585&L=0
http://www.mddep.gouv.qc.ca/biodiversite/especes/
http://www.mrn.gouv.qc.ca/publications/forets/connaissances/20013072.pdf
http://www.mddefp.gouv.qc.ca/eau/rives/milieux-humides-autorisations-env.pdf
MRC de Rivière-du-Loup
SADR
Document argumentaire du chapitre 10
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Les municipalités devront prescrire dans leur planification des dispositions qui visent à :
•
Protéger les milieux naturels;
•
Les mettre en valeur;
Au minimum, les municipalités devront introduire dans leur planification les dispositions
contenues dans les chapitres 14 et 15 (La compatibilité des usages par aire
d’affectation et Le cadre normatif).
Toutefois, une action qui vise la conservation stricte d’un milieu naturel en terre privée
peut avoir pour effet d’usurper l’usufruit de ce lieu. Le propriétaire serait en droit d’être
dédommagé, car il s’agit d’une forme d’expropriation. Dans ce cas, si l’intention de la
municipalité n’était pas de dédommager le propriétaire de ce lieu, vaut mieux prévoir
un autre niveau de protection.
A-10.6.1
Les autres règles
La politique relative à la gestion des cours d’eau
Depuis 2008, la MRC applique sa propre politique relative à la gestion des cours d’eau
de son territoire. En vertu de cette politique, tous les travaux d’entretien et
d’aménagement de cours d’eau doivent se faire dans le respect de l’environnement
et, en particulier, être suivis de travaux de revégétalisation des berges.
Les propriétaires fonciers (souvent des agriculteurs) qui souhaitent faire réaliser de tels
travaux pour améliorer le drainage de leurs terres, doivent préalablement s’engager
par écrit à maintenir intacte la bande herbacée qui sera aménagée dans la rive du
cours d’eau, tel que le prévoit la réglementation.
La mise en œuvre de cette politique permettra de restaurer progressivement des
bandes riveraines conformes aux normes en milieu agricole, là où trop souvent on
retrouve un sol qui est cultivé jusque dans la rive des cours d’eau.
A-10.7
Les mesures de concertation
Dans le cas des organismes de gestion de l’eau par bassin versant, la MRC continuera à
s’impliquer tant au niveau des conseils d’administration de ceux-ci qu’aux diverses
tables de concertation qui en émanent.
La MRC de Rivière-du-Loup siège à titre de membre ou de membre conseiller sur les
conseils d’administration et participe aux comités techniques des organismes suivants :
•
Organisme de bassins versants de Kamouraska, L’Islet et Rivière-du-Loup;
•
Organisme des bassins versants du nord-est du Bas-Saint-Laurent;
•
Organisme de bassin versant du fleuve Saint-Jean;
MRC de Rivière-du-Loup
SADR
Document argumentaire du chapitre 10
•
Comité ZIP du Sud-de-l’Estuaire;
•
Association des Riverains du lac de la Grande Fourche.
A-10.7.1
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Les ententes de conservation
La MRC et les municipalités pourront également protéger des milieux naturels d’intérêt
par la voie d’entente avec les propriétaires ou d’acquisition.
Lorsque les propriétaires d’un milieu naturel d’intérêt voudront intervenir dans la
conservation de leur environnement, il sera encouragé de mettre en place une entente
volontaire de conservation, visant à encadrer les usages et les activités dans le secteur
visé. L’entente pourra survenir entre les propriétaires et la municipalité ou d’autres
organismes voués à la conservation comme L’Agence régionale de mise en valeur des
forêts privées du Bas-Saint-Laurent.
Le parc côtier Kiskotuk est un bel exemple de conservation et de mise en valeur réalisée
par la MRC de Rivière-du-Loup avec la collaboration de plusieurs organismes du milieu,
municipalités et propriétaires privés. Le parc facilitera aussi la concertation entre les
différents acteurs pour en arriver à des ententes volontaires.
L'acquisition aux fins de conservation et mise en valeur pour et au nom du
gouvernement d'une partie de la tourbière du Bois-des-Bel (contiguë au TPI de
Cacouna) est un exemple d’acquisition qui pourrait être effectuée dans le but
d’atteindre les objectifs du schéma d’aménagement.
A-10.8
Les mesures d'intervention suggérées
Pour atteindre les objectifs énoncés en matière de protection du milieu riverain, il
importe d’aller au-delà de la seule application de mesures normatives. L’information et
la sensibilisation du public à l’égard de la protection du milieu riverain sont parmi les
premières mesures à envisager pour atteindre les objectifs visés. Des interventions
directes dans les rives de certains cours d’eau afin d’en restaurer l’intégrité doivent
également être faites.
C’est pourquoi la MRC entend encourager les initiatives en matière de protection et de
mise en valeur du milieu riverain provenant d’associations de villégiateurs, de groupes
de citoyens impliqués à l’égard de l’environnement, de producteurs agricoles et autres.
Plus particulièrement, la MRC entend soutenir activement les travaux des trois
organismes de bassins versants actifs sur son territoire.
Le soutien de la MRC pourra prendre diverses formes : soit technique (transmission
d’information et de conseils), soit politique (appui des demandes de financement) ou
même exceptionnellement financier, tout dépendant des circonstances, des objectifs
poursuivis par les projets et des ressources disponibles.
Enfin, la MRC peut soutenir les recommandations issues des plans directeurs de l’eau
(PDE) en introduisant différentes dispositions dans le SADR.
MRC de Rivière-du-Loup
SADR
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