TRAITEMENT DU CANCER DU COL UTÉRIN
La prise en charge thérapeutique des cancers du col est en
pleine évolution. Il était normal qu’une des sessions d’oncolo-
gie lui soit consacrée. J. Sardie (Buenos Aires) a rappelé l’effi-
cacité et les limites des traitements de référence : chirurgie
et/ou radiothérapie. Il a insisté sur l’absence de variation
notable de la survie, tous stades confondus, entre 1950 et 1992,
dans les rapports annuels de la FIGO. Il a enfin présenté
l’expérience de Buenos Aires utilisant la chimiothérapie
néoadjuvante, soit avant chirurgie pour les stades de début, soit
avant radiothérapie pour les stades avancés. Pour les stades de
début, la chimiothérapie néoadjuvante augmente le taux de
résécabilité, réduit les complications chirurgicales et améliore
les résultats en termes de survie. Pour les stades avancés, la
série de Buenos Aires montre que les patientes qui répondent à
la chimiothérapie auront un meilleur contrôle local, quel que
soit le traitement réalisé dans un deuxième temps, radiothéra-
pie ou chirurgie. Ainsi la réponse à la chimiothérapie pourrait-
elle devenir un facteur prédictif du contrôle local. Les patientes
répondeuses pourraient alors être irradiées. Les patientes non
répondeuses pourraient être, selon Sardie, opérées...
A. Schneider (Iéna) a présenté la place de la trachélectomie élar-
gie. Il note que, depuis l’avènement de la cœlioscopie, l’axiome
reliant radicalité chirurgicale et morbidité élevée avec des
conséquences fonctionnelles n’est plus vrai. Dans le cancer du
col, les techniques permettant l’identification du ganglion senti-
nelle, les curages endoscopiques, les curages paramétriaux avec
la résection radicale de la portion vasculaire du ligament cardi-
nal peuvent être réalisés avec une préservation des nerfs pel-
viens. Enfin, la trachélectomie, décrite par D. Dargent, permet
de conserver la fertilité. Dans son expérience, A. Schneider rap-
porte, pour les tumeurs de moins de 2 cm sans embole lympho-
vasculaire, des résultats comparables à ceux des traitements
radicaux de référence en termes de récurrence-survie. En
revanche, jusqu’à 50 % des patientes ainsi traitées peuvent déve-
lopper une grossesse. Il est à noter que ces traitements conserva-
teurs font maintenant l’objet de publications venant d’à peu près
tous les continents. Cependant, A. Schneider reste réaliste, et
insiste sur la nécessaire validation prospective de ces techniques.
E. Trimble (Bethesda) a fait le point sur les associations chi-
mio-radiothérapiques. Il a notamment revu les 5 essais théra-
peutiques publiés récemment, incluant des patientes dont les
stades étaient compris entre Ib2 et IVa. Ces essais montrent
que pour les femmes sans atteinte ganglionnaire lombo-aor-
tique répondant à la chimiothérapie, le risque de décès par can-
cer cervical est réduit de 30 à 50 % par rapport à un traitement
classique. Cependant, tous les sous-groupes ne bénéficient pas
de ce traitement, et E. Trimble a parfaitement insisté sur la
grande variation observée d’une publication à l’autre, en
termes de dose d’irradiation, de protocole, de chimiothérapie,
de respect du protocole, etc. Cependant, à partir de ces résul-
tats, la prise en charge des patientes présentant un cancer du
col localement avancé doit évoluer.
En conclusion, la chimiothérapie néoadjuvante pour les can-
cers du col de gros volume, le traitement conservateur chirur-
gical des petits cols ou la chimio-radiothérapie concomitante
des formes localement avancées pourraient supplanter rapide-
ment la classique association radio-chirurgicale ou le traite-
ment radiothérapique exclusif de ces patientes.
DÉPISTAGE DU CANCER DE L’OVAIRE
Depuis les premiers essais peu convaincants de dépistage du
cancer de l’ovaire, il y a plus de 15 ans, les choses ont évolué.
L’échographie a fait des progrès techniques considérables,
l’exploration chirurgicale des masses suspectes s’est simplifiée
avec la cœlioscopie, et la génétique a identifié des gènes de
prédisposition. La non-rentabilité du dépistage du cancer de
l’ovaire doit donc être rediscutée.
B. Karlan (Los Angeles) a rappelé qu’en 1994, une conférence
de consensus du NIH avait recommandé, pour les femmes ayant
une généalogie évocatrice, de faire un dépistage par un examen
clinique, une échographie transvaginale et un dosage du CA
125 annuels. Cependant, cette recommandation était basée sur
une opinion d’experts, en l’absence de toute donnée démontrant
l’efficacité de cette attitude sur la mortalité par cancer de
l’ovaire. Depuis, les gènes BRCA1 et BRCA2 ont été identifiés
et ont permis de constituer des cohortes de patientes présentant
un risque génétique élevé de cancer ovarien. L’étude de ces
cohortes nous montre que le dépistage ne doit pas se focaliser sur
l’organe lui-même (l’ovaire), mais qu’il doit s’intéresser à
l’ensemble de la cavité péritonéale, car il apparaît qu’un nombre
important de ces patientes présente des cancers papillaires séreux
péritonéaux probablement d’origine multifocale. Ainsi l’échogra-
phie n’est-elle peut-être plus la pierre angulaire du dépistage, et
l’utilisation du CA 125 ou d’autres marqueurs pourrait prendre
une place beaucoup plus importante que par le passé. En
revanche, pour les femmes qui n’appartiennent pas à ce groupe à
risque, le dépistage repose toujours sur l’échographie transvagi-
nale et l’analyse des ovaires. Enfin, B. Karlan a fait l’inventaire
des techniques en cours de développement ou d’expérimentation
pour améliorer la sensibilité du dépistage chez ces patientes :
nouveaux marqueurs sériques, échographie 3D, scintigraphie
FDG, spectroscopie, frottis ovarien et péritonéaux, etc.
N. Urban (Seattle) a donné le point de vue de l’épidémiologiste
sur ce problème. Elle a rappelé qu’une politique de dépistage
doit être réalisable et validée par un essai contrôlé en conser-
vant un bon rapport coût/efficacité. Son analyse montre que la
taille des groupes, la puissance de l’essai et le coût varient de
façon inverse. Le facteur déterminant est la réduction escomp-
tée de la mortalité. Diviser par 2 le taux de mortalité nécessite
des effectifs et entraîne des coûts qui rendent la réalisation de
tels essais illusoires. Le dépistage du cancer de l’ovaire va donc
rester, pour quelques années encore, le domaine réservé des
séries descriptives et des conférences d’experts.
CONCLUSION
La FIGO, qui est à l'origine des stadifications qui font réfé-
rence, donne le ton, et montre que la cancérologie pelvienne
évolue. À travers les exposés, on comprend que l'adaptation du
traitement à la patiente et le respect de la qualité de vie devien-
nent des préoccupations majeures. ■
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La Lettre du Gynécologue - n° 257 - décembre 2000