
Direction des Affaires Economiques
Comment la crise de la dette souveraine en Europe risque-t-elle d’affecter
l’économie réelle ?
De la crise grecque à la crise des dettes souveraines des « Etats européens à risque »
La crise de la dette souveraine est le résultat de la conjonction de 3 éléments :
Le changement de gouvernement grec a révélé les inexactitudes sur la réalité de dette du
pays. Les investisseurs ont ainsi pris conscience qu’un Etat, même s’il appartient à une zone
économique réputée « sûre », peut faire faillite. Cela a engendré une vague de défiance
envers les dettes souveraines européennes et envers toutes les catégories de créances qui
ont un lien avec elles.
o Plus précisément, ce n’est pas tant le montant, très élevé, des dettes des Etats qui
explique les attaques boursières, mais plutôt le fait qu’elles soient détenues en
majorité par des non résidents. En effet, le Japon n’est pas victime de ces attaques
alors que ce pays détient l’une des dettes publiques les plus élevés de monde, 200 %
de son PIB : celle-ci est directement financée par l’épargne japonaise.
o La spéculation sur le risque de défaut grec a déclenché une vague massive d’achat de
Credit Default Swaps (CDS)2, augmentant leur prix et confortant ainsi l’idée d’un
défaut grec imminent et « contagieux ».
o Suite à la mise en défaut partiel de la Grèce sur sa dette en juillet 2011, les
investisseurs se sont penchés sur la solidité de ses créanciers, parmi lesquels on
compte de nombreuses banques françaises. Ainsi, en raison de leur exposition à la
dette grecque et italienne, en septembre 2011, l’agence de notation Moody’s a
dégradé les notes de la Société Générale et du Crédit Agricole, et place sous
surveillance BNP Paribas. Cela signifie que ces banques auront un peu plus de
difficulté à emprunter sur les marchés.
A cela, s’ajoute l’accélération de l’inflation au début de l’année 2011 (+3,7 % au 2ème
trimestre après +2,9 % au 1er trimestre dans les pays de l’OCDE).
o Elle fait craindre aux créanciers le non remboursement de leur dette en particulier
quand les emprunteurs sont des Etats très endettés. Ainsi, les créanciers sont
davantage attentifs aux politiques économiques mises en place par les Etats et
exigent d’eux une réelle volonté de remboursement. C’est pourquoi, les Etats jugées
les moins fiables et/ou les moins volontaires au remboursement, voient leur notation
dégradée.
Enfin, la croissance durable et vigoureuse tarde s’installer dans le monde et les plans de
relance ont été remplacés par des mesures de restrictions budgétaires au niveau mondial dès
la fin de l’année 2010.
o La crise des subprimes a nécessité une réponse massive et rapide des Etats, laissant
leurs comptes publics très dégradés. L’endettement public s’est substitué à
l’endettement privé. Le risque de contagion du défaut grec a initié les plans de
rigueur alors que la reprise demeure fragile.
Ainsi, un mouvement de défiance des marchés à l’égard des dettes souveraines s’est enclenché : la
crise des dettes publiques succède, donc, à celle des dettes privées.
2 Il s’agi d’un contrat par lequel un vendeur de protection (Protection Seller) s'engage, contre le paiement d'une
prime, en cas d'événement (credit event) affectant la solvabilité d'une entité de référence (Reference Entity), à
dédommager l'acheteur (Protection Buyer).