d’établir des guidelines. Dans l’éditorial, il est
même clairement préconisé un bilan préalable
puis régulier du bilan phosphocalcique, ainsi
qu’une densitométrie osseuse chez tous les
patients sous antiépileptiques. Valmadrid insiste
sur l’intérêt du dosage de la 25-OH-vitamine
D3. Même si l’intérêt d’un tel screening n’est
pas encore démontré en termes de santé
publique, la question d’une prophylaxie par cal-
cium et vitamine D chez les épileptiques devrait
être posée plus souvent, y compris chez l’adulte.
L. Martinez-Almoyna,
service de neurologie, Saint-Denis.
Étude multicentrique
de la protéine Tau phosphorylée
en sérine 199 dans le LCR
pour le diagnostic pré-mortem
de la maladie d’Alzheimer
L’utilisation de médicaments pouvant
retarder la progression de la maladie
d’Alzheimer (DTA) nécessite de faire un dia-
gnostic aux stades précoces. Pour cela, plusieurs
études récentes avaient pour objectif de trouver
un marqueur biologique de la DTA dans le LCR
qui soit assez sensible et spécifique pour per-
mettre un diagnostic précoce de certitude. Les
recherches ont porté sur la protéine A-bêta-42,
diminuée et la protéine Tau, élevée dans le LCR
des malades. Les méthodes précédemment utili-
sées n’étaient pas assez sensibles ni assez spéci-
fiques par rapport aux taux de fiabilité des cri-
tères cliniques. Dans cette étude,
570 échantillons de LCR ont été prélevés :
malades DTA (n = 236), déments non DTA
(démence fronto-temporale, paralysie supranu-
cléaire progressive, dégénérescence cortico-basa-
le, démence à corps de Lewy, démence vasculai-
re, maladie de Creutzfeldt-Jacob), non-déments
(n = 239) et contrôles (n = 95) pour quantifier la
protéine Tau phosphorylée en sérine 199 (phos-
pho-Tau 199) par technique ELISA. Les patients
DTA étaient âgés de 71 ± 9 ans et avaient un
MMS de 17 ± 5. Les niveaux de phospho-Tau
199 dans le LCR dans le groupe DTA étaient éle-
vés de façon significative par rapport aux autres
groupes. La sensibilité et la spécificité pour le
groupe DTA par rapport à l’ensemble du groupe
non DTA par méthode ROC étaient respective-
ment de 85,2 et 85 %. La concentration de phos-
pho-Tau 199 dans le groupe DTA était indépen-
dante de l’âge, du sexe, de la sévérité de la
démence et du nombre d’allèles Apo-E4.
Commentaire. La sensibilité et la spécificité de
phopsho-Tau 199 pour DTA ont été calculées
par rapport à l’ensemble du groupe non DTA.
La distinction des malades DTA par rapport à
l’ensemble des maladies dégénératives pose un
problème : 30 % des patients déments non DTA
atteints de tauopathies (DFT, DCB, PSP) ont
une valeur de phospho-Tau 199 supérieure à la
valeur seuil utilisée. En conclusion, cette
méthode semble intéressante pour suspecter une
pathologie dégénérative impliquant le métabo-
lisme anormal des protéines tau mais ne paraît
pas en mesure de distinguer la maladie
d’Alzheimer d’autres pathologies dégénératives
impliquant la protéine Tau. De plus, le score
moyen de MMS ne permet pas de savoir quelles
sont la sensibilité et la spécificité de ce mar-
queur biologique à des stades très précoces de
la maladie.
L. Marichal, CHU de Rouen.
Rétinopathie et risque
d’infarctus cérébral
L’étude ARIC (Atherosclerosis Risk In
Communities) est une étude de population
où les relations entre les anomalies microvascu-
laires rétiniennes et le risque d’infarctus cérébral
ont été analysées. Des clichés rétinographiques
ont été réalisés sur une cohorte de 10 358 hommes
et femmes (âgés de 51 à 72 ans), vivant aux États-
Unis dans quatre communautés différentes. Après
une classification sur la présence d’anomalies
microvasculaires rétiniennes, une mesure des
calibres des artérioles et veinules avec détermina-
tion du ratio artériole sur veinule (AVR, index de
sténose artériolaire) a été effectuée.
Les anomalies microvasculaires les plus fréquem-
ment observées ont été le rétrécissement localisé
artériolaire (14,9 %) et le signe du croisement
(14,3 %). Sur un suivi moyen de 3,5 ans,
110 participants ont eu un infarctus cérébral.
Après ajustement pour l’âge, le sexe, la race, et
différents facteurs de risque vasculaire (pression
artérielle, diabète, etc.), la plupart des lésions de
rétinopathie ont été associées à un risque d’in-
farctus cérébral, avec notamment la diminution
de l’AVR (indiquant une sténose importante) et
la présence de microanévrysmes dont le risque
relatif était le plus élevé (RR : 3,11 ; IC à 95 % :
1,71-5,65). Le risque attribuable à la population
pour toute rétinopathie a été de 10,1 %, de
15,4 % chez les patients hypertendus et 28,9 %
chez les diabétiques.
Commentaire. L’une des grandes critiques de
cette étude reste l’absence de données sur le
type d’infarctus cérébral. Toutefois, le lien qui
existe entre les lésions de rétinopathie et la
pathologie vasculaire cérébrale fait entrevoir
l’opportunité d’évaluer, avec des techniques
simples et reproductibles, l’efficacité de cer-
taines thérapeutiques sur la microcirculation
cérébrale. M. Mazighi, service de neurologie,
hôpital Bichat, Paris.
Facteurs cliniques prédictifs
de l’évolution de la maladie
d’Alzheimer
Peut-on prédire l’évolution de la maladie
d’Alzheimer ? Utilisant les données du
CERAD (Consortium to Establish a Registrery
for Alzheimer’ Disease), les auteurs ont étudié
le risque d’évolution vers un stade plus avancé
de démence et le risque de nécessité de place-
ment en institution après un 1 an de suivi. Ce
risque a été mesuré en fonction du stade cli-
nique initial du patient à la première visite
(stade de démence légère équivalant à une
échelle de la CDR = 0,5 ou 1 ; stade modéré
équivalant à un CDR = 2 ; et stade sévère équi-
valent à une CDR = 3), de son sexe, de son âge
et de la présence ou non de troubles du compor-
tement. Il apparaît que la progression de la
maladie est plus rapide chez les hommes ; que
les troubles du comportement augmentent le
risque d’évolution de la maladie et de place-
ment ; que le risque de décès et de placement
est plus important chez les sujets de plus de
75 ans, alors que la vitesse de progression de la
maladie est plus grande, au contraire, chez les
sujets de moins de 65 ans ; enfin que le risque
de placement à un an augmente selon le degré
initial de gravité de la maladie (3,8 % au stade
léger et 26 % au stade sévère).
Commentaire. Le sexe masculin, l’âge inférieur
à 65 ans et l’importance des troubles du compor-
tement constituent des facteurs de risque de gra-
vité évolutive. Ces paramètres peuvent être utiles
dans notre pratique quotidienne. L’impact des
troubles du comportement sur la modalité de
progression de la maladie devrait nous inciter à
prendre en charge ces symptômes, d’autant plus
que des agents pharmacologiques mieux tolérés
sont maintenant disponibles.
M. Sarazin, hôpital Bretonneau, Paris.
La Lettre du Neurologue - n° 9 - vol. V - novembre 2001
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