R E V U E D E P R E S S E Dirigée par le Pr P. Amarenco L’oxcarbazépine en monothérapie dans l’épilepsie partielle Pour tester l’intérêt de l’oxcarbazépine en monothérapie dans les épilepsies partielles, les auteurs rapportent un essai thérapeutique de type “échec thérapeutique” (therapeutic failure design) comparant en double aveugle randomisé l’oxcarbazépine (2 400 mg/jour) à un “pseudo-placebo” (oxcarbazépine 300 mg/jour). Les patients (n = 143) étaient considérés comme pharmacorésistants sous leur traitement antérieur par carbamazépine. Tous ont d’abord pris le traitement efficace pendant 2 mois, après une phase d’un mois de remplacement progressif de la carbamazépine par l’oxcarbazépine (2 400 mg/jour). Durant cette période ouverte, 47 patients sont sortis de l’essai, dont 24 pour effets indésirables. La dose d’oxcarbazépine a ensuite été réduite en 6 semaines dans le groupe contrôle (pseudoplacebo). Les 2 groupes ont été surveillés pendant 4 mois. Le critère principal était la terminaison de la phase en double aveugle sans survenue d’un critère de sortie d’essai (témoignant d’une insuffisance de contrôle de l’épilepsie). Le temps moyen de survenue d’un critère de sortie était de 68 jours dans le groupe 2 400 mg et de 28 jours dans le groupe 300 mg (p < 0,0001). De même, le pourcentage de patients présentant un critère de sortie était significativement plus important dans le groupe 300 mg (p < 0,0001). Les effets indésirables principaux étaient les sensations vertigineuses, les céphalées, la fatigue et les nausées. Ils étaient deux fois plus fréquents dans le groupe 2 400 mg. Commentaire. L’oxcarbazépine démontre ici son efficacité dans l’épilepsie partielle en monothérapie. Cette étude n’autorise aucune comparaison avec d’autres médicaments antiépileptiques, y compris la carbamazépine. Malheureusement, les études d’équivalence, qui comparent l’activité de deux antiépileptiques, dont un de référence, ne permettent pas de montrer d’avantage en faveur de la mise sur le marché avec accord de la FDA. D’où la publication d’études du type de celle-ci, dont le caractère “limite” sur le plan de l’éthique justifie une discussion intéressante dans l’article même. T. de Broucker, hôpital Delafontaine, Saint-Denis. ✔ Sachdeo R, Beydoun A, Schachter S et al. Oxcarbazepine (Trileptal®) as monotherapy in patients with partial seizures. Neurology 2001 ; 57 : 864-71. Facteurs prémorbides influençant la mortalité dans l’hémorragie méningée : un effet protecteur du tabagisme ? Dans une étude de population conduite du début 1992 à la fin 1996 dans les comtés du Devon et de Cornouailles (Grande-Bretagne), 800 cas de premier épisode d’hémorragie méningée dus à une rupture d’anévrisme ou sans cause retrouvée ont été recensés. Les variables prémorbides étudiées étaient l’âge, le sexe, l’hypertension artérielle et le tabagisme actif (au moment de l’épisode ou dans les 6 mois l’ayant précédé). Il y avait 64 % de femmes. Les femmes étaient significativement plus âgées que les hommes. Il y avait 36 % de fumeurs actifs. La moyenne d’âge des fumeurs était de 10 ans inférieure à celle des nonfumeurs. Les taux de décès étaient de 21 % à 24 heures, 37 % à 7 jours, et 44 % à 30 jours pour la population entière. Cette mortalité était de 26, 43, 52 % chez les non-fumeurs et de 14, 25 et 29 % chez les fumeurs. Les antécédents d’hypertension artérielle n’influençaient pas le taux de survie, de même que le sexe (avec une tendance péjorative pour le sexe féminin). L’âge supérieur à 60 ans était un facteur péjoratif puissant. Le tabagisme actif était protecteur après ajustement sur l’âge et le sexe, au moins pour la mortalité à 7 et à 30 jours : RR 0,55 (0,39-0,77) pour la mortalité à 7 jours, RR 0,49 (0,35-0,68) pour la mortalité à 30 jours. Commentaire. Si la mortalité immédiate paraît directement en rapport avec l’importance du saignement initial, cette étude montre une influence péjorative attendue de l’âge sur la mortalité et une influence protectrice inattendue du tabagisme actif. L’explication de ce résultat pourrait impliquer l’augmentation de l’agrégabilité plaquettaire ainsi que le rôle favorisant le vasospasme décrit chez les fumeurs. La relation inverse âge-tabagisme actif doit rendre prudent quant à l’interprétation d’une étude qui apparaît néanmoins solide. TdeB ✔ Pobereskin LH. Influence of premorbid factors on survival following subarachnoid hemorrhage. J Neurosurg 2001 ; 95 : 555-9. Le lobe frontal non dominant et l’expression de la personnalité Parmi une population de 72 patients présentant une démence fronto-temporale avérée, les auteurs ont isolé 7 patients présentant un trouble des conduites témoignant d’une modification radicale de la personnalité (le “moi”) : modification importante des préférences vestimentaires ou alimentaires, des convictions politiques et religieuses, transfor- La Lettre du Neurologue - n° 9 - vol. V - novembre 2001 mation des attitudes sociales. Tous les patients de la cohorte ont fait l’objet d’une étude neuropsychologique et psycho-comportementale standardisée (entretiens semi-dirigés avec le patient et avec les proches, études d’observations longitudinales), ainsi que d’une étude SPECT, au xénon 133 ou à l’HMPAO. Les 2 types d’évaluation étaient pratiqués en aveugle. Parmi les patients ayant un trouble avéré de la personnalité, 6 étaient droitiers et 5 sur 6 présentaient une hypoperfusion frontale plus marquée à droite. Le 6e présentait une hypoperfusion bitemporale. Le patient gaucher présentait une hypoperfusion frontale plus marquée à gauche. Parmi les 65 autres patients, aucun n’avait de trouble majeur de la personnalité ni d’hypoperfusion frontale du côté non dominant. Les auteurs concluent à l’importance du lobe frontal droit dans l’expression et le maintien dans le temps de ce qui fait la personnalité d’un individu. Commentaire. Cette étude a le mérite de désigner de façon nouvelle certains troubles des conduites observés dans les démences frontotemporales. Les observations relatées illustrent bien le propos et incitent à l’exploration ciblée d’items de “personnalité” chez les patients suspects de DFT. L’implication spécifique du lobe frontal droit dans le “moi” et celle du lobe frontal gauche dans le langage est une façon intéressante de les remettre sur le même plan. TdeB ✔ Miller BL, Seeley WW, Mychack P et al. Neuroanatomy of the self : evidence from patients with fronto-temporal dementia. Neurology 2001 ; 57 : 817-21. OLIG2 est-il un marqueur spécifique des oligodendrogliomes ? Les oligodendrogliomes représentent environ 25 % de l’ensemble des gliomes et sont probablement sous-diagnostiqués du fait des problèmes de reproductibilité des critères histologiques de classification des gliomes. La caractérisation d’un marqueur spécifique de ces tumeurs est donc un enjeu majeur. L’équipe du Pr Delattre a testé si le gène OLIG2, un facteur de transcription cellulaire spécifiquement exprimé par les progéniteurs oligodendrogliaux au cours du développement du système nerveux, pouvait être utilisé comme marqueur des oligodendrogliomes. L’expression de l’ARNm d’OLIG2 a été testée, par hybridation in situ, dans 21 extraits tumoraux différents du système nerveux (9 oligodendrogliomes, 3 tumeurs mixtes, 4 glioblastomes, 2 métastases, 2 méningiomes et 1 DNET). Seuls les 12 extraits tumoraux comprenant un contingent oligodendroglial exprimaient l’ARNm de OLIG2. Les auteurs concluent que la sonde OLIG2 pourrait être uti391 R E V U E D E P R E S S E Dirigée par le Pr P. Amarenco lisée très simplement par les anatomopathologistes comme marqueur spécifique des tumeurs oligodendrogliales. Commentaire. L’identification de l’origine oligodendrogliale d’un gliome est fondamentale pour le clinicien, car les oligodendrogliomes sont chimiosensibles et ont un pronostic meilleur que les tumeurs astrocytaires. Ils requièrent donc une prise en charge spécifique. La recherche d’un marqueur spécifique avait jusqu’à présent échoué, et cette découverte est un espoir important qui nécessite néanmoins d’être confirmé par d’autres équipes et sur un plus grand nombre de prélèvements. J. Honorat, CHU de Lyon. ✔ Marie et al. OLIG2 as a specific marker of oligodendroglial tumour cells. Lancet 2001 ; 358 : 298-300. CMT et sténose carotide symptomatique Dans une étude d’un sous-groupe de NASCET, les auteurs ont comparé le pronostic de 198 patients ayant fait un accident rétinien (cécité monoculaire transitoire ou CMT) à celui de 417 patients avec symptômes hémisphériques (SH), tous sous seul traitement médical. Il apparaît qu’au terme de 3 ans, les patients avec CMT avaient un risque moitié moindre que les patients SH d’avoir un infarctus cérébral homolatéral. Parallèlement et logiquement, l’effet préventif de l’endartérectomie dans le groupe CMT n’était significatif ou marqué que chez les personnes porteuses de plusieurs des facteurs de risque suivants : âge ≥ 75 ans, sexe masculin, antécédents de symptômes hémisphériques, sténose carotide ≥ 80 % en diamètre et absence de circulation collatérale. À l’inverse, opérer une sténose carotide chez un tel patient avec moins de 2 de ces facteurs de risque était statistiquement inutile ou même imprudent. Commentaire. Une CMT était l’événement qualifiant retrouvé chez 31 % des 2 885 patients enrôlés dans NASCET. Chez ces malades, porteurs de sténoses carotides en général plus serrées que les autres, le bénéfice de l’endartérectomie n’est pas significatif, hormis dans une population de malades à “haut risque”. Parmi les explications proposées quant à ce résultat paradoxal est notée celle du développement de la circulation collatérale parallèle au degré de la sténose (patients CMT : 25 %, patients SH : 7 %). Les auteurs suggèrent aussi que le caractère spectaculaire de la cécité monoculaire, par rapport à une ischémie hémisphérique de même mécanisme – souvent “muette” – conduit à une sur-représentation des CMT. Dans tous les cas, informer un patient à risque et son entourage de 392 la sémiologie des AIT et singulièrement de la CMT fait partie du travail de prévention. Et tant mieux s’il existe, somme toute, des AIT de meilleur pronostic ! Cette étude confirme que pour traiter une lésion carotide symptomatique, il y a bien d’autres facteurs à prendre en compte que le seul degré de sténose. J. d’Anglejan-Châtillon, Versailles. ✔ Benavente O et al. Prognosis after Transient Monocular Blindness associated with carotid artery stenosis. N Engl J Med 2001 ; 345 : 1084-90. Mismatch et infarctus cérébral aigu L’imagerie a connu depuis quelques années un essor croissant dans la prise en charge des accidents vasculaires cérébraux (AVC) à la phase aiguë. L’IRM est l’examen clé, notamment avec les imagerie de perfusion/diffusion et l’ARM. L’imagerie par diffusion témoigne de l’atteinte cellulaire et de l’œdème cytotoxique. L’hypoperfusion mise en évidence sur l’IRM de perfusion correspond à une zone potentiellement à risque d’extension de l’infarctus. Les auteurs ont pris comme hypothèse que les patients présentant dans les 24 premières heures d’un AVC une lésion artérielle en ARM (occlusion ou sténose) sont associés à un volume lésionnel en IRM de perfusion plus grand que celui mesuré en IRM de diffusion, tandis que les patients ayant une ARM sans lésion artérielle significative ont un volume lésionnel similaire entre l’IRM de perfusion et de diffusion. La deuxième hypothèse est que les patients présentant une normalisation de l’ARM entre le 2e et le 4e jour sont associés à une disparition de la différence lésionnelle entre IRM de perfusion/diffusion. Trente-cinq patients présentant un AVC ischémique ont été inclus de manière prospective : 24 (69 %) d’entre eux avaient une lésion sténotique ou occlusive dans les 24 premières heures en ARM, la majorité concernait l’artère cérébrale moyenne ; les 11 autres sujets avaient une ARM sans sténose significative. Les volumes lésionnels visibles en IRM de perfusion et en diffusion étaient statistiquement supérieurs chez les patients avec ARM pathologique que chez ceux avec ARM normale. Quatre-vingt-douze pour cent des patients avec ARM pathologique (22 sur 24) avaient un volume lésionnel supérieur en IRM de perfusion par rapport à la diffusion, versus 46 % des patients avec une ARM normale (5 sur 11). Une reperméabilisation artérielle a été observée chez 9 de ces 22 patients avec disparition de la différence lésionnelle perfusion/diffusion dans 8 cas. Parmi les 5 patients avec ARM normale et différence perfusion/diffusion initiale, 3 ont eu une disparition de cette différence. Commentaire. Cette étude est intéressante, car elle essaye de corréler l’importance du volume lésionnel visible en IRM de perfusion, les différences lésionnelles perfusion/diffusion, avec les anomalies artérielles sous-jacentes à la phase aiguë d’un AVC, ainsi que l’évolution sous traitement. Cependant, elle n’explique pas le fait que certains patients ont une ARM normale et un volume lésionnel en IRM de perfusion supérieur à celui de l’IRM de diffusion. Cette constatation pourrait être expliquée par l’occlusion d’artères distales ou lenticulostriées mal visibles en ARM. P. Labauge, CHU de Nîmes. ✔ Relationship between magnetic resonance arterial patency and perfusion-diffusion mismatch in acute ischemic stroke and its potential clinical use. Staroselskaya et al. Arch Neurol 2001 ; 58 : 1069-74. Complications osseuses des traitements antiépileptiques : un effort à faire ! On sait depuis longtemps que les traitements antiépileptiques peuvent avoir des conséquences délétères sur le squelette : infracliniques, retards de croissance, rachitisme et ostéomalacie. Leur prévalence serait supérieure à 50 %. Dans cette étude, les auteurs se sont intéressés aux pratiques de 2 226 neurologues américains sur ce sujet en leur envoyant un questionnaire. Les résultats montrent que beaucoup d’entre eux ne considèrent pas cet effet secondaire comme ayant une importance clinique. Moins d’un tiers s’enquéraient fréquemment des facteurs de risque (apport quotidien en calcium et vitamine D, exposition au soleil, exercices physiques) et signes d’une maladie osseuse. Peu proposaient un bilan biologique, voire une densitométrie osseuse, une prophylaxie (calcium et vitamine D) ou une consultation spécialisée. La revue de la littérature effectuée par les auteurs les conduit à conclure que tous les traitements antiépileptiques, même les nouveaux, sont facteurs de risque de maladie osseuse. Les quelques articles ayant montré le contraire n’utilisaient pas des tests adaptés au problème. En effet, parmi les mécanismes incriminés, l’hyperparathyroïdisme secondaire à l’hypovitaminose D, responsable d’une accélération du remodelage du tissu osseux, ne peut être détecté que par des tests orientés. Commentaire. Ce travail a le mérite de souligner la sous-évaluation du risque d’une affection qui peut favoriser des lésions osseuses dramatiques, alors qu’il existe une prévention et des traitements efficaces. L’auteur conclut à la nécessité d’études prospectives permettant La Lettre du Neurologue - n° 9 - vol. V - novembre 2001 d’établir des guidelines. Dans l’éditorial, il est même clairement préconisé un bilan préalable puis régulier du bilan phosphocalcique, ainsi qu’une densitométrie osseuse chez tous les patients sous antiépileptiques. Valmadrid insiste sur l’intérêt du dosage de la 25-OH-vitamine D3. Même si l’intérêt d’un tel screening n’est pas encore démontré en termes de santé publique, la question d’une prophylaxie par calcium et vitamine D chez les épileptiques devrait être posée plus souvent, y compris chez l’adulte. L. Martinez-Almoyna, service de neurologie, Saint-Denis. ✔ Valmadrid C, Voorhees C, Litt B, Schneyer CR. Practice patterns of neurologists regarding bone and mineral effects of antiepileptic drug therapy. Arch Neurol 2001 ; 58 : 1369-74. ✔ Heller HJ, Sakhaee K. Éditorial. Arch Neurol 2001 ; 58 : 1352-3. Commentaire. La sensibilité et la spécificité de phopsho-Tau 199 pour DTA ont été calculées par rapport à l’ensemble du groupe non DTA. La distinction des malades DTA par rapport à l’ensemble des maladies dégénératives pose un problème : 30 % des patients déments non DTA atteints de tauopathies (DFT, DCB, PSP) ont une valeur de phospho-Tau 199 supérieure à la valeur seuil utilisée. En conclusion, cette méthode semble intéressante pour suspecter une pathologie dégénérative impliquant le métabolisme anormal des protéines tau mais ne paraît pas en mesure de distinguer la maladie d’Alzheimer d’autres pathologies dégénératives impliquant la protéine Tau. De plus, le score moyen de MMS ne permet pas de savoir quelles sont la sensibilité et la spécificité de ce marqueur biologique à des stades très précoces de la maladie. L. Marichal, CHU de Rouen. Étude multicentrique de la protéine Tau phosphorylée en sérine 199 dans le LCR pour le diagnostic pré-mortem de la maladie d’Alzheimer L’utilisation de médicaments pouvant retarder la progression de la maladie d’Alzheimer (DTA) nécessite de faire un diagnostic aux stades précoces. Pour cela, plusieurs études récentes avaient pour objectif de trouver un marqueur biologique de la DTA dans le LCR qui soit assez sensible et spécifique pour permettre un diagnostic précoce de certitude. Les recherches ont porté sur la protéine A-bêta-42, diminuée et la protéine Tau, élevée dans le LCR des malades. Les méthodes précédemment utilisées n’étaient pas assez sensibles ni assez spécifiques par rapport aux taux de fiabilité des critères cliniques. Dans cette étude, 570 échantillons de LCR ont été prélevés : malades DTA (n = 236), déments non DTA (démence fronto-temporale, paralysie supranucléaire progressive, dégénérescence cortico-basale, démence à corps de Lewy, démence vasculaire, maladie de Creutzfeldt-Jacob), non-déments (n = 239) et contrôles (n = 95) pour quantifier la protéine Tau phosphorylée en sérine 199 (phospho-Tau 199) par technique ELISA. Les patients DTA étaient âgés de 71 ± 9 ans et avaient un MMS de 17 ± 5. Les niveaux de phospho-Tau 199 dans le LCR dans le groupe DTA étaient élevés de façon significative par rapport aux autres groupes. La sensibilité et la spécificité pour le groupe DTA par rapport à l’ensemble du groupe non DTA par méthode ROC étaient respectivement de 85,2 et 85 %. La concentration de phospho-Tau 199 dans le groupe DTA était indépendante de l’âge, du sexe, de la sévérité de la démence et du nombre d’allèles Apo-E4. ✔ Itoh N et al. Annals of Neurol 2001 ; 50 : 150-6. Rétinopathie et risque d’infarctus cérébral L’étude ARIC (Atherosclerosis Risk In Communities) est une étude de population où les relations entre les anomalies microvasculaires rétiniennes et le risque d’infarctus cérébral ont été analysées. Des clichés rétinographiques ont été réalisés sur une cohorte de 10 358 hommes et femmes (âgés de 51 à 72 ans), vivant aux ÉtatsUnis dans quatre communautés différentes. Après une classification sur la présence d’anomalies microvasculaires rétiniennes, une mesure des calibres des artérioles et veinules avec détermination du ratio artériole sur veinule (AVR, index de sténose artériolaire) a été effectuée. Les anomalies microvasculaires les plus fréquemment observées ont été le rétrécissement localisé artériolaire (14,9 %) et le signe du croisement (14,3 %). Sur un suivi moyen de 3,5 ans, 110 participants ont eu un infarctus cérébral. Après ajustement pour l’âge, le sexe, la race, et différents facteurs de risque vasculaire (pression artérielle, diabète, etc.), la plupart des lésions de rétinopathie ont été associées à un risque d’infarctus cérébral, avec notamment la diminution de l’AVR (indiquant une sténose importante) et la présence de microanévrysmes dont le risque relatif était le plus élevé (RR : 3,11 ; IC à 95 % : 1,71-5,65). Le risque attribuable à la population pour toute rétinopathie a été de 10,1 %, de 15,4 % chez les patients hypertendus et 28,9 % chez les diabétiques. Commentaire. L’une des grandes critiques de cette étude reste l’absence de données sur le type d’infarctus cérébral. Toutefois, le lien qui La Lettre du Neurologue - n° 9 - vol. V - novembre 2001 existe entre les lésions de rétinopathie et la pathologie vasculaire cérébrale fait entrevoir l’opportunité d’évaluer, avec des techniques simples et reproductibles, l’efficacité de certaines thérapeutiques sur la microcirculation cérébrale. M. Mazighi, service de neurologie, hôpital Bichat, Paris. ✔ WongTY et al. Retinal microvascular abnormalities and incident stroke : the Atherosclerosis Risk in Communities Study. Lancet 2001 ; 358 : 1134-40. Facteurs cliniques prédictifs de l’évolution de la maladie d’Alzheimer Peut-on prédire l’évolution de la maladie d’Alzheimer ? Utilisant les données du CERAD (Consortium to Establish a Registrery for Alzheimer’ Disease), les auteurs ont étudié le risque d’évolution vers un stade plus avancé de démence et le risque de nécessité de placement en institution après un 1 an de suivi. Ce risque a été mesuré en fonction du stade clinique initial du patient à la première visite (stade de démence légère équivalant à une échelle de la CDR = 0,5 ou 1 ; stade modéré équivalant à un CDR = 2 ; et stade sévère équivalent à une CDR = 3), de son sexe, de son âge et de la présence ou non de troubles du comportement. Il apparaît que la progression de la maladie est plus rapide chez les hommes ; que les troubles du comportement augmentent le risque d’évolution de la maladie et de placement ; que le risque de décès et de placement est plus important chez les sujets de plus de 75 ans, alors que la vitesse de progression de la maladie est plus grande, au contraire, chez les sujets de moins de 65 ans ; enfin que le risque de placement à un an augmente selon le degré initial de gravité de la maladie (3,8 % au stade léger et 26 % au stade sévère). Commentaire. Le sexe masculin, l’âge inférieur à 65 ans et l’importance des troubles du comportement constituent des facteurs de risque de gravité évolutive. Ces paramètres peuvent être utiles dans notre pratique quotidienne. L’impact des troubles du comportement sur la modalité de progression de la maladie devrait nous inciter à prendre en charge ces symptômes, d’autant plus que des agents pharmacologiques mieux tolérés sont maintenant disponibles. M. Sarazin, hôpital Bretonneau, Paris. ✔ Neumann PJ, Araki SS, Arcelus A et al. Measuring Alzheimer’s disease progression with transition probabilities. Estimates from CERAD. Neurology 2001 ; 57 : 957-64. 393