VIE PROFESSIONNELLE L’institut pour la recherche sur la moelle épinière et l’encéphale (IRME) S. Blancho, chef de projets IRME. C haque année, on déplore 150 000 nouveaux cas de traumatismes crâniens et 1 200 traumatismes médullaires, traumatismes dus, pour l’essentiel, à des accidents de la circulation, des chutes, des agressions et des accidents de sport. L’enjeu majeur de l’IRME, fondé en 1984 par Jean Delourme à la suite de l’accident qui a rendu son petit-fils tétraplégique, est de comprendre et de traiter les maladies et les traumatismes du système nerveux pour limiter le handicap. Créé il y a presque 30 ans, l’IRME a pour vocation de soutenir les chercheurs qui étudient les différentes lésions traumatiques de la moelle épinière, leur mécanisme, leur évolution et leur traitement. L’IRME a ensuite étendu son champ d’action aux lésions traumatiques du cerveau, favorisant ainsi des découvertes applicables à la moelle épinière, cerveau et moelle restant indissociables. L’IRME fédère des chercheurs fondamentalistes et des cliniciens (urgentistes, réanimateurs, chirurgiens, rééducateurs) qui travaillent sur le système nerveux central. L’objectif scientifique de l’IRME est de comprendre les mécanismes des traumatismes du système nerveux afin de proposer des traitements dans une perspective, à court terme, de limitation du handicap et des douleurs. Actions de l’IRME ➤ ➤ Susciter et organiser des programmes de recherche fondamentale et clinique (l’IRME assure la promotion de projets de recherche biomédicale). ➤ ➤ Soutenir financièrement leur réalisation (un appel d’offres est lancé chaque année et permet de financer des équipes, du matériel ou une thèse). ➤ ➤ Coordonner les travaux des équipes de recherche et faciliter la communication entre chercheurs, cliniciens et patients. ➤ ➤ Évaluer leurs résultats. ➤ ➤ Coopérer avec d’autres instituts. ➤ ➤ Organiser des journées scientifiques sur les traumatismes de la moelle épinière et du cerveau. ➤ ➤ Être à l’écoute des patients, de leur famille et de leurs amis, et leur communiquer nos avancées en organisant des conférences dans les centres et les services de rééducation fonctionnelle. Moyens employés ➤ ➤ Définir les axes de recherche ayant pour objectifs des retombées cliniques potentielles. ➤ ➤ Utiliser les outils de pointe que sont l’imagerie fonctionnelle et de tenseur de diffusion, la génétique, les greffes de cellules, les interfaces hommemachine. Organisation L’IRME est doté d’un conseil d’administration dont l’actuel président est le Pr Marc Tadie, neuro­chirurgien, qui a longtemps dirigé un laboratoire de neurochirurgie expérimentale et dont les principales recherches concernaient la moelle épinière lésée ; il a notamment réalisé la première greffe intramédullaire de nerf périphérique chez un patient blessé à la moelle. Il a également coordonné l’étude GK11 en France (neuroprotecteur injecteur en phase précoce d’un traumatisme de la moelle épinière). Cette étude a contribué à renforcer le réseau de prise en charge des blessés médullaires dans toutes les régions. La Lettre du Neurologue • Vol. XVII - no 8 - octobre 2013 | 253 VIE PROFESSIONNELLE L’institut pour la recherche sur la moelle épinière et l’encéphale (IRME) L’auteur déclare avoir des liens d’intérêts avec l’IRME. Le conseil scientifique de l’IRME est constitué de cliniciens et de chercheurs fondamentalistes, sous la direction du Dr Yves Christen (président de la fondation Ipsen). Chercheur généticien en neurosciences et auteur de nombreuses publications spécialisées, il est l’un des principaux introducteurs en France de la sociobiologie. Le rôle du conseil scientifique est de sélectionner chaque année les projets subventionnés et de rencontrer les équipes afin d’évaluer, mais également de réorienter, les axes de recherche. Depuis l’année dernière, le parrain de l’IRME est Philippe Pozzo di Borgo, devenu tétraplégique suite à un accident de parapente. Les traumatismes rachidiens surviennent principalement dans les accidents de la voie publique, les chutes et les accidents de sport. Depuis 4 ans, l’IRME est parrainé par Luc Alphand, sportif de haut niveau. Le rugbyman professionnel William Servat, très sensible aux accidents qui surviennent lors des matchs, a également décidé de soutenir l’IRME et ses actions. L’IRME édite une revue, La Lettre, qui permet de faire le point sur des thèmes de recherche particuliers et de présenter les laboratoires dont les équipes bénéficient d’un soutien financier de l’IRME. ■ Renseignements 25, rue Duranton, 75015 Paris – Tél. : 01 44 05 15 43 ; e-mail : [email protected] – Site Internet : www.irme.org À lire Jacques d’Anglejan, neurologue, Versailles S i 2013 est l’année du centenaire d’Albert Camus, c’est aussi le centenaire de son exact − et plus discret − contemporain, Claude Simon (1913-2005), également prix Nobel de littérature. J’envie ceux qui n’auraient encore rien lu de Simon, et de l’occasion qui leur est offerte de le découvrir. Car entrer dans un de ses romans (L’Acacia ou Le Tramway, par exemple, pour commencer, puis Le Jardin des plantes, tous publiés aux Éditions de Minuit et depuis peu disponibles dans la Pléiade) est une expérience qui, à mon sens, change complètement le rapport à la lecture qu’on aura par la suite. Faut-il d’ailleurs parler de roman, d’autobiographie, ou ne vaut-il pas mieux simplement admettre qu’il est, avec Proust, l’auteur français le plus important du XXe siècle, prosateur-poète si l’on veut, pionnier en tous cas dans la littérature de fragment. Simon c’est d’abord un style − dans les descriptions, dans les dialogues −, c’est une ironie, une mélancolie pleine d’humanisme, c’est une réflexion sur la mémoire et la manière dont elle associe et pétrit simultanément mots, sons, images, couleurs, dont elle rapproche en nous les périodes, les déforme, etc. Bien sûr, il y faut un peu d’effort, faire un pas avec l’autre, mais la découverte de Claude Simon, comme celle de Faulkner ou de Joyce, dont on a envie de le rapprocher, est un événement majeur dans une vie de lecteur. On pourra trouver un grand nombre de précisions et des fragments de Claude Simon (voir Progression dans un paysage enneigé, 1976) sur le site de l’Association des lecteurs de Claude Simon (ALCS) : associationclaudesimon.org. 254 | La Lettre du Neurologue • Vol. XVII - no 8 - octobre 2013