curriculum Forum Med Suisse 2008;8(9):160–165 163
évoqué ci-dessus, une valeur pronostique dans le
cancer du sein. Une surexpression est de plus un
facteur prédictif de la réponse au traitement par
Herceptin®.
Son efficacité dans le cancer mammaire métasta-
tique a été démontrée par plusieurs essais de pha-
ses III, tant en monothérapie que dans le cadre
d’un traitement adjuvant en combinaison avec des
cytostatiques, tels que la vinorelbine (Navelbine®),
le paclitaxel (Taxol®) et le docétaxel (Taxotere®).
Combiné à l’une des chimiothérapies mentionnées
précédemment, Herceptin®améliore les taux de
réponse et prolonge la durée des rémissions par
rapport à la chimiothérapie seule. Le traitement
combiné est clairement supérieur à la chimiothé-
rapie seule et à la monothérapie d’Herceptin®[5].
Quatre grandes études ont examiné les effets d’un
traitement adjuvant d’Herceptin®dans le cancer
du sein (NSABP 31, NCCTG- N 9831, BCIRG 006,
HERA). Elles indiquent toutes un allongement si-
gnificatif de la durée de l’intervalle libre sans pro-
gression de la maladie ainsi que de la survie à deux
ans. L’enregistrement d’Herceptin®comme traite-
ment adjuvant durant un an a été obtenu suite aux
résultats intermédiaires de l’étude HERA [6].
Les effets indésirables aigus d’Herceptin®in-
cluent de possibles réactions aux perfusions, par
exemple état fébrile et frissons (tab. 2). Comme
le récepteur HER-2/neu est également exprimé
sur les cellules du myocarde, la toxicité cardiaque
constitue un effet indésirable potentiel sérieux de
ce médicament. L’incidence de l’insuffisance car-
diaque sous monothérapie d’Herceptin®est de l’or-
dre de 1,4%. Une dysfonction cardiaque sympto-
matique ou asymptomatique en association avec
le paclitaxel (Taxol®) s’observe chez 13% des su-
jets. Ce chiffre passe à 27% dans les associations
avec les anthracyclines. La combinaison des an-
thracyclines cardiotoxiques avec Herceptin®est
par conséquent contre-indiquée. La cardiotoxi-
cité induite par Herceptin®est toutefois en géné-
ral réversible après l’arrêt du médicament.
CD33
Le CD33 est exprimé à la surface des cellules blas-
tiques leucémiques et des cellules normales imma-
tures de la lignée myéloïde. La fonction du CD33
n’est pas connue.
Le gemtuzumab ozogamizine (Mylotarg®) est un
anticorps recombinant humanisé, conjugué à un
cytostatique (calichéamicine), dont l’objectif est la
destruction des cellules CD33-positives.
Le gemtuzumab est utilisé dans le traitement de
la leucémie myéloïde aiguë récidivante. Une rémis-
sion complète est obtenue dans 30% des cas.
Comme certaines cellules souches hématopoïé-
tiques saines expriment également le CD33, le
traitement induit une myélosuppression sévère
(tab. 2). 15% des patients présentent une augmen-
tation des tests hépatiques et des cas de maladie
veino-occlusive du foie (VOD – veno-occlusive liver
disease) ont de plus été décrits. Comme avec tous
les anticorps recombinants, on peut être confronté
avec des radioisotopes, ce qui permet une irradia-
tion ciblée des cellules tumorales (radioimmuno-
thérapie). L’yttrium-90 (ibritumomab tiuxétan,
Zevalin®), qui émet un rayonnement bêta dont la
demi-vie est de 64 heures et qui est fixé sur l’ibri-
tumomab,un anticorpsmonoclonalmurin pur, per-
met d’obtenir de meilleurs taux de réponse chez les
patients atteints d’un lymphome CD20-positif (80
vs 56%) par rapport aux anticorps non conjugués.
La fixation d’iode 131 à l’anticorps anti-CD20 mu-
rin,letositumomab(131-I-tositumomab, Bexxar®),
constitue un autre axe de développement. La ré-
ponse est comparable à celle obtenue avec Zeva-
lin®. Les principaux inconvénients des substances
marquées à l’iode radioactif sont leur demi-vie
plus longue, puisqu’elle est d’environ huit jours,
et le fait qu’ils émettent un rayonnement gamma
délivrant une dose locale moins élevée. Kaminski
et al. [4] ont trouvé chez des patients avec un lym-
phome folliculaire non traité un taux de réponse
atteignant 95% pour le traitement avec Bexxar®.
Zevalin®peut être administré ambulatoirement,
car la proportion de radionucléotide fixé à l’anti-
corps implique que la substance n’est pratique-
ment pas éliminée dans l’urine. Un traitement de
Bexxar®(qui n’est pas enregistré en Suisse) doit
par contre être réalisé en milieu hospitalier en rai-
son de sa demi-vie relativement longue.
Vu la profondeur de pénétration des rayons bêta
émis par l’ibritumomab tiuxétan (Zevalin®), les cel-
lules tumorales antigène-négatives se trouvant à
proximité des anticorps fixés à la tumeur sont éga-
lement exposées aux radiations. Ceci peut être un
avantage dans les tumeurs hétérogènes ou les tu-
meurs volumineuses mal vascularisées. Il va sans
dire que des cellules non malignes situées au voisi-
nage sont elles aussi soumises au rayonnement ra-
dioactif.Leprincipaleffetindésirable est par consé-
quent la myélotoxicité, raison pour laquelle le trai-
tement d’un lymphome CD20+est contre-indiqué
en cas d’infiltration médullaire supérieure à 25%.
HER-2/neu /EGFR-2
L’antigène HER-2/neu est un récepteur transmem-
branaire de divers facteurs de croissance qui est
exprimé dans différents tissus, notamment le
myocarde. 25 à 35% des cancers du sein s’ac-
compagnent d’une surexpression du HER-2/neu,
surexpression qui est associée à une croissance
tumorale agressive et à un pronostic défavorable.
Le trastuzumab (Herceptin®) est un anticorps mo-
noclonalhumanisé,quibloqued’unepartlatrans-
duction de signaux vers le noyau, inhibant ainsi
l’activité du gène, et qui régule d’autre part le ré-
cepteur HER-2 vers le bas.
La condition nécessaire à l’utilisation clinique
d’Herceptin est la mise en évidence par immuno-
histochimie d’une expression accrue du HER-2/
neu à la surface des cellules tumorales (grade III).
Encasd’expression intermédiaire (grade IIàl’exa-
men immunohistochimique), on effectue en plus
une analyse FISH pour rechercher une amplifica-
tion du gène. Le status HER-2/neu a donc, comme
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