La Lettre du Cancérologue - Vol. XV - n° 6 - novembre 2006
oncosciences
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Coordonnée par S. Faivre (hôpital Beaujon, Clichy)
et C. Tournigand (hôpital Saint-Antoine, Paris)
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290
> Évaluation préclinique
d’un nouvel agent
inhibiteur de l’ADN
protéine kinase, le NU7441
D
ans cet article, les auteurs
évaluent les propriétés du
NU7441, une nouvelle molécule qui
pourrait être susceptible de potentia-
liser les traitements de radiothérapie
et de certaines chimiothérapies. Le
NU7441 est un inhibiteur de la DNA-
PKcs, protéine clé de la voie de répa-
ration de l’ADN par recombinaison
non homologue ou NHEJ (Non-
Homologous End-Joining). Cette voie
est déclenchée dans la réparation des
coupures double brin provoquées par
les radiations ionisantes (IR) ou par les
inhibiteurs de topo-isomérase II.
Ils montrent en premier lieu que le
composé NU7441 est bien un inhi-
biteur spécifique de la DNA-PKcs
en comparant la sensibilité aux IR et
à l’étoposide des cellules V3 (DNA-
PKcs déficientes) par rapport aux
cellules V3 YAC contrôles. Alors que
le NU7441 nest pas cytotoxique lors-
qu’il est utilisé seul, il sensibilise bien
les cellules contrôles V3 YAC aux IR
et à l’étoposide (de l’ordre de 2 fois), et
na aucun effet dans les cellules V3, ce
qui démontre bien que sa cible est la
DNA-PKcs. Cet effet sensibilisateur
est également observé dans d’autres
modèles de cellules en culture. En effet,
le NU7441 augmente la cytotoxicité
aux IR à l’étoposide et à la doxorubicine
dans les lignées cellulaires humaines
de cancer du côlon LoVo et SW620,
qui ont respectivement un statut p53
sauvage et muté.
Les auteurs étudient ensuite l’effet du
NU7441 sur la réparation elle-même
en évaluant la phosphorylation de
l’histone γH2AX qui sert de marqueur
précoce pour la détection de cassures
double brin de l’ADN en formant des
foci au niveau des cassures. De façon
intéressante, NU7441 naugmente pas
la phosphorylation de γH2AX, mais
accroît la persistance des foci après
traitement aux IR ou à l’étoposide.
Les effets de NU7441 sur le cycle cellu-
laire ont été étudiés en parallèle. Les
résultats montrent que, utilisé seul,
le NU7441 retarde la croissance des
cellules en induisant leur accumulation
en phase G1 du cycle, cet effet étant
plus marqué dans les cellules LoVo
(p53 sauvage) que dans les cellules
SW620 (p53 muté). C’est dans les
cellules SW620 mutées pour p53 que
l’effet de la combinaison NU7441 avec
doxorubicine, étoposide ou IR est la
plus marquée sur l’arrêt en phase G2/
M des cellules traitées.
Pour les études de pharmacocinétique
du NU7441, les voies d’administra-
tion intrapéritonéale (i.p.) et orale
ont été testées comparativement à
la voie intraveineuse chez la souris.
La voie i.p. s’est révélée être la plus
efficace (avec une biodisponibilité
de 100 %, versus 33 % pour la voie
orale) et a donc été retenue pour les
études sur souris xénogreffées avec
des cellules SW620. Ladministration
i.p. de NU7441 à la dose de 10 mg/
kg permet d’obtenir des concentra-
tions suffisantes (entre 0,5 et 1 μM)
pendant plus de 4 heures au niveau de
la tumeur pour les effets de chimio-
et radiopotentialisation. De façon
intéressante, 5 jours de traitement
des souris avec le NU7441 seul ne
montrent pas de toxicité particulière,
avec une modeste perte de poids de
8 %. Le cotraitement avec l’étoposide
naugmente pas vraiment la toxicité
(perte de poids de 12 %), mais permet
d’obtenir un effet antitumoral accru.
En effet, le délai de quadruplement de
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la taille de la tumeur, évalué à environ
6 jours pour les souris non traitées,
est porté à 8 jours pour les souris trai-
tées par l’étoposide seul et à 11 jours
pour celles traitées par l’association
NU7441 plus étoposide. Ainsi, le
NU7441 permet d’augmenter l’effi-
cacité de l’étoposide de 100 % dans
ces conditions.
En conclusion, cette étude présente
les bases précliniques d’un nouvel
agent inhibiteur de la DNA-PKcs plus
spécifique et 20 à 100 fois plus efficace
que les inhibiteurs classiques du type
wortmannine ou LY294002. Malgré sa
faible hydrosolubilité qui ne permet pas
d’envisager son administration orale, le
NU7441 est une molécule prometteuse
pour la potentialisation des effets de la
radiothérapie ou de la chimiothérapie
en clinique. O
M. Tautu,
Institut Bergonié, Bordeaux
>
Zhao Y, Thomas HD, Batey MA et al. Preclini-
cal evaluation of a potent novel DNA-dependent
proteine kinase inhibitor, NU7441. Cancer Res
2006; 66(10):5354-62.
Linhibition de la synthèse
du glutathion supprime
la résistance aux inhibiteurs
de topo-isomérases induite
par Bcl-2 et provoque
la mort cellulaire
par une voie de signalisation
indépendante
de la mitochondrie
L
a résistance des tumeurs aux
agents anticancéreux reste une
cause majeure de l’échec des traite-
ments. Ses mécanismes sont multi-
ples et font souvent intervenir des
altérations des voies de signalisation
en aval de l’interaction drogue-cible,
notamment des voies de mort cellu-
laire par apoptose. On connaît en
particulier les propriétés antiapopto-
tiques de Bcl-2, dont la surexpression
confère une résistance à divers agents
anticancéreux. L’inhibition de Bcl-2
est donc une stratégie intéressante
pour le développement de nouvelles
classes d’agents anticancéreux. Des
études antérieures avaient montré
que cette résistance pouvait être liée
aux propriétés antioxydantes de Bcl-2,
par l’intermédiaire d’une production
accrue de glutathion responsable de
la détoxication des radicaux libres
provenant de l’endommagement de
l’ADN.
Dans cet article, A. Yoshida et al.
testent cette hypothèse dans un
modèle de cellules leucémiques
humaines en culture surexprimant
environ 15 fois Bcl-2 (lignée 697-
Bcl-2) par rapport aux cellules
contrôles (697-Néo). Ils vérifient
tout d’abord que les cellules sur-
exprimant Bcl-2 sont bien résistantes
au SN-38 (un inhibiteur de topo-
isomérase I) et à l’étoposide (un inhi-
biteur de topo-isomérase II), et que
cette résistance est corrélée à une
surexpression de trois fois du niveau
de glutathion. De façon intéressante,
l’ajout d’un inhibiteur de la synthèse
du glutathion comme le BSO permet
de supprimer la résistance au SN-38 et
à l’étoposide sans affecter les niveaux
de topo-isomérases I ou II. Cepen-
dant, l’effet du BSO nest significatif
que dans les lignées surexprimant
Bcl-2, puisqu’il nest pas capable de
modifier la sensibilité des cellules
contrôles 697-néo, ou des cellules
progénitrices CD34+ aux inhibiteurs
de topo-isomérases.
Lanalyse du mécanisme de mort cellu-
laire montre que le BSO ne modifie
pas l’activation des caspases 3, 7 ou 6
en réponse aux inhibiteurs de topo-
isomérases, mais entraîne dans la
lignée 697-Bcl-2 une augmentation de
la quantité de radicaux libres prove-
nant de l’endommagement de l’ADN
par inhibition de la surproduction
de glutathion. La mesure de certains
marqueurs classiques de l’apoptose
tels que PUMA, NOXA, p53, Bax
et cytochrome c montre également
que dans les cellules surexprimant
Bcl-2, la mort cellulaire provoquée
par les deux types d’inhibiteurs de
topo-isomérases en présence de
BSO ne se fait pas par un mécanisme
d’apoptose classique. En effet, il existe
une diminution du niveau de PUMA
et de NOXA, contrairement à l’aug-
mentation du niveau de ces protéines
dans les cellules contrôles 697-néo
traitées dans les mêmes conditions. Il
nexiste pas non plus de relargage du
cytochrome c dans le cytosol, et pas
de fragmentation classique de l’ADN,
ce qui indique une mort cellulaire par
un mécanisme ne faisant pas inter-
venir la mitochondrie.
En conclusion, cette étude montre
que la réduction du niveau de gluta-
thion par le BSO restaure la sensibilité
aux inhibiteurs de topo-isomérases
dans des cellules surexprimant
Bcl-2 et révèle une nouvelle stratégie
de sensibilisation des tumeurs à ce
type d’agents. O
P. Pourquier,
Institut Bergonié, Bordeaux
>
Yoshida A, Takemura H, Inoue H et al.
Inhibition of glutathione synthesis overcomes
Bcl-2-mediated topoisomerase inhibitor resis-
tance and induces nonapoptotic cell death via
mitochondrial-independent pathway. Cancer Res
2006;66:5772-80.
.../...
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Coordonnée par S. Faivre (hôpital Beaujon, Clichy)
et C. Tournigand (hôpital Saint-Antoine, Paris)
Lépigallocatéchine-3-gallate
(EGCG) protège contre
la carcinogenèse induite
par les rayonnements
ultraviolets chez la souris via
un mécanisme de réparation
de l’ADN dépendant
de l’interleukine 12
L’
épigallocatéchine-3-gallate
(EGCG) est un constituant
majeur du thé vert. Des études anté-
rieures réalisées chez la souris avaient
démontré l’activité chimiopréven-
tive de l’EGCG. En particulier, des
travaux effectués par les auteurs de
cet article avaient mis en évidence
l’effet inhibiteur de l’EGCG sur la
carcinogenèse de la peau induite par
les rayonnements ultraviolets (UV),
dont on sait qu’ils provoquent une
immunosuppression contribuant au
développement du processus cancé-
reux. Parallèlement, cette équipe a
montré que l’EGCG était capable d’in-
duire la production d’interleukine 12
(IL-12), une cytokine intervenant dans
la régulation des processus immuni-
taires, et que cet effet était corrélé à
la réduction de l’immunosuppression
induite par les rayonnements ultra-
violets. Or, l’IL-12 est connue pour
jouer un rôle dans la réparation des
dommages de l’ADN induits par les
rayonnements UV par l’intermédiaire
du système de réparation par exci-
sion de nucléotide (système NER),
qui prend spécifiquement en charge
ce type de lésions.
Dans le présent article, les mêmes
auteurs testent l’hypothèse selon
laquelle ce serait l’induction d’IL-12
par l’EGCG qui stimulerait la répara-
tion de l’ADN par NER, contribuant
ainsi à l’effet protecteur vis-à-vis des
cancers de la peau induits par les
rayonnements UV. Ils vérifient cette
hypothèse de travail en évaluant l’effet
de l’EGCG dans différents modèles de
souris invalidées pour l’IL-12 et dans
un modèle cellulaire invalidé pour le
système NER.
Ils montrent dans une première partie
que, chez les souris normales (WT)
traitées par l’EGCG en application
locale sous forme de crème, les souris
développant des tumeurs de la peau
après irradiation UV sont moins
nombreuses que celles n’ayant pas
reçu de l’EGCG, et que le nombre
de tumeurs par souris ainsi que le
volume tumoral sont moindres. En
revanche, ils trouvent que l’EGCG ne
protège pas de l’apparition de tumeurs
de la peau UV-induites chez les souris
invalidées pour l’IL-12 (IL-12 KO).
Cela démontre que les souris défi-
cientes en IL-12 ont plus de risques de
développer un cancer de la peau après
exposition aux rayonnements UV, et
que l’effet protecteur de l’EGCG fait
bien intervenir l’IL-12. La mesure de
la quantité d’IL-12 dans les homogé-
nats tumoraux des souris contrôles
montre que les UV induisent une
modeste augmentation d’IL-12 par
rapport aux souris non irradiées, mais
que l’addition d’EGCG accentue cet
effet en multipliant par deux la quan-
tité d’IL-12.
Dans un second temps, les auteurs
ont voulu tester si l’induction d’IL-12
pouvait avoir un effet sur la capacité
de réparation des lésions de l’ADN
induites par les UV. Pour cela, une
quantification des adduits CPD
(dimères de cyclopyrimidine) formés
par irradiation UV a été réalisée à
différents temps après irradiation
dans des échantillons de peau de
souris contrôles ou invalidées pour
IL-12. Les résultats montrent une
réduction progressive du nombre
d’adduits CPD au cours du temps
chez les souris contrôles irradiées,
synonyme d’une réparation des
lésions. En revanche, ils notent que
l’addition d’EGCG aboutit à une
réparation beaucoup plus rapide des
lésions avec une disparition presque
totale au bout de 24 heures. Chez les
souris invalidées pour l’IL-12, la répa-
ration des lésions CPD est également
obsere au cours du temps, mais la
cinétique de réparation est lente et
identique, que les souris reçoivent ou
non de l’EGCG. Si de l’IL-12 est alors
administrée à ces souris, on observe
une disparition accrue des lésions
CPD uniquement lorsque l’EGCG
est présent, ce qui consolide la notion
que l’effet de l’EGCG dépend bien de
l’induction de l’IL-12.
Le même type d’expérimentation
mené dans un modèle de cellules
déficientes pour le système NER
(lignée XPA) montre également
que, dans ces cellules, les adduits
CPD générés par irradiation UV ne
sont pas réparés, même en présence
d’EGCG, contrairement aux cellules
contrôles où l’EGCG induit la répa-
ration des lésions dans la plupart des
cellules.
En conclusion, cette étude confirme
que l’EGCG possède une activité de
protection contre l’apparition des
cancers de la peau induits par les
rayonnements UV chez la souris, et
démontre que ce mécanisme passe par
la production accrue d’IL-12, qui induit
à son tour la réparation des lésions de
l’ADN par la voie du NER. O
P. Pourquier,
Institut Bergonié, Bordeaux
>
Meeran SM, Mantena SK, Elmets CA, Katiyar SK.
(-)- Epigallocatechin-3-gallate prevents photocar-
cinogenesis in mice through interleukin-12-depen-
dent DNA repair. Cancer Res 2006;66:5512-20.
.../...
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293
Les adduits de l’ADN
formés par la doxorubicine
induisent une mort
cellulaire indépendante
de la topo-isomérase II
L
a doxorubicine est un agent
anticancéreux de la famille des
anthracyclines très largement utilisée
en clinique. Elle est depuis long-
temps classée dans la catégorie des
poisons de topo-isomérase II, car elle
est capable de former des cassures
double brin de l’ADN en piégeant
cette enzyme sur son site de coupure.
Cependant, d’autres mécanismes d’ac-
tion ont été proposés, comme l’inhibi-
tion de la synthèse d’ARN et d’ADN ou
la production de radicaux libres. Dans
cette étude, L.P. Swift et al. présentent
des résultats originaux montrant que
la doxorubicine est également capable
de tuer les cellules cancéreuses en
réalisant, indépendamment de la
topo-isomérase II, des adduits avec
l’ADN par l’intermédiaire de molé-
cules de formaldéhyde générées direc-
tement dans la cellule à partir d’une
prodrogue appelée AN-9.
Les auteurs montrent tout d’abord
que le traitement de cellules leucé-
miques HL-60 avec l’association
doxorubicine et AN-9 résulte en la
formation d’un nombre significatif
d’adduits de l’ADN, ce qui nest pas
observé lorsque les cellules sont trai-
tées par la doxorubicine seule ou par
le composé AN-9 seul. Ils démon-
trent que ces adduits sont également
observés dans les cellules HL-60
MX2 dépourvues de topo-isomérase
II. Ce résultat clé est corrélé à l’aug-
mentation de l’apoptose des cellules,
qui nest elle aussi observée que dans
le cas de la combinaison doxorubi-
cine et AN-9. En revanche, lorsque
les cassures de l’ADN sont mesurées
dans les mêmes conditions par le test
de comète (que nous ne détaillerons
pas ici), les auteurs montrent qu’elles
augmentent lorsque l’on utilise des
doses croissantes de doxorubicine,
mais qu’elles restent inchangées
quand l’AN-9 est ajouté à la doxo-
rubicine. Ils observent qu’à concen-
tration constante de doxorubicine,
l’augmentation de la concentration
d’AN-9 (et donc de formaldéhyde
intracellulaire) induit logiquement
une multiplication du nombre d’ad-
duits avec un accroissement du
nombre de cellules apopto tiques,
mais que le nombre de cassures
de l’ADN est diminué. Les auteurs
avancent l’hypothèse selon laquelle
cette diminution des cassures serait
liée à une moins grande disponibi-
lité de la doxorubicine à stabiliser
les complexes ADN-topo-isomérase
II sur l’ADN, du fait qu’elle est déjà
engagée dans la formation d’adduits
par l’intermédiaire de l’AN-9.
Ces deux effets (stabilisation de
complexes ADN-topo-isomérase II
conduisant à des cassures, et formation
d’adduits de l’ADN topo-isomérase II-
indépendante par l’intermédiaire
du formaldéhyde) peuvent d’ailleurs
être dissociés par l’analyse du cycle
cellulaire dans les conditions expéri-
mentales utilisées précédemment. Les
auteurs confirment un arrêt du cycle
en phase G2 lorsque les cellules HL-60
(mais pas les cellules HL-60 MX2) sont
traitées par la doxorubicine seule, mais
décrivent un arrêt en phase S pour
les deux lignées lorsque l’AN-9 est
associé à la doxorubicine, ce que les
auteurs expliquent par un blocage de
la progression des fourches de réplica-
tion par les adduits de l’ADN formés
par la doxorubicine indépendamment
de la topo-isomérase II.
En conclusion, ce travail met en
évidence un nouveau mécanisme
d’action de la doxorubicine indépen-
dant de la topo-isomérase II, qui est
toujours considéré comme une cible
majoritaire de ce médicament. Ce
mécanisme, qui passe par la forma-
tion d’adduits sur l’ADN par réaction
avec le formaldéhyde, pourrait être
exploité pour potentialiser l’action de
la doxorubicine ou pour traiter des
tumeurs résistantes présentant un
niveau faible de topo-isomérase II,
en associant des prodrogues de type
AN-9 capables de libérer du formal-
déhyde une fois internalisées dans les
cellules cibles. O
P. Pourquier,
Institut Bergonié, Bordeaux
>
Swift LP, Rephaeli A, Nudelman A et al. Doxo-
rubicin-DNA adducts induce a non-topoisome-
rase II-mediatec form of cell death. Cancer Res
2006;66:4863-71.
Lexpression de ERCC1
dans les cancers bronchiques
non à petites cellules
L
e lien entre l’expression du gène
ERCC1 et la réponse aux dérivés
du platine est à l’étude depuis long-
temps et de nombreux travaux ont
été publiés, souvent avec des résul-
tats ambigus. Les cancers bronchiques
non à petites cellules (CBNPC) et les
cancers colorectaux sont ceux qui
bénéficieraient sans doute le plus d’une
réponse claire à la question de savoir si
l’expression de ERCC1 peut constituer
un facteur prédictif de réponse et de
survie des patients : la décision de pres-
crire ou non un sel de platine peut en
dépendre. Rappelons que ERCC1 est
une protéine impliquée dans le méca-
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nisme de la réparation de l’ADN par
excision de nucléotides (NER) ; asso-
ciée à XPF, elle permet l’excision en 5’
du brin endommagé, et assure ainsi la
dernière étape du processus, souvent
considérée comme limitante. La perte
de la fonction de réparation assurée
par ERCC1 s’accompagne en principe
d’une meilleure efficacité des agents
provoquant les lésions de l’ADN que
répare cette protéine : encore faut-il le
prouver et montrer que cela peut être
utile à la prescription.
Létude que présente le groupe de
Villejuif est le versant biologique de
la grande étude randomisée IALT
(International Adjuvant Lung Cancer
Trial), qui a récemment montré que la
chimiothérapie adjuvante des cancers
du poumon apportait un bénéfice
significatif aux patients en termes
de survie. La première force de cette
étude est qu’elle a porté sur 389 spéci-
mens tumoraux obtenus avant
chimiothérapie et sur 372 échan-
tillons de patients non traités (bras de
randomisation servant de contrôle),
chiffres qui permettent d’asseoir les
liens significatifs éventuels avec un
fort degré de probabilité. Sa seconde
force est qu’elle a porté sur l’expres-
sion protéique de ERCC1, évaluée sur
lame selon une technique immuno-
histochimique applicable dans tous les
laboratoires d’anatomopathologie : ce
nest donc pas un éclairage mécanis-
tique qu’elle propose, mais un éclai-
rage pratique permettant à tous les
cliniciens de disposer d’un outil de
prédiction réellement utile.
Les résultats de cette étude sont très
démonstratifs : l’absence de protéine
ERCC1 dans la tumeur, détectable
par immunohistochimie, est asso-
ciée, chez les seuls patients ayant reçu
une chimiothérapie adjuvante, à une
survie globale prolongée de 14 mois
par rapport au groupe nayant pas reçu
de chimiothérapie (p = 0,002). Chez
les patients dont la tumeur exprime la
protéine ERCC1, en revanche, aucun
bénéfice de la chimiothérapie napparaît
en termes de survie globale. Comme
la protéine est exprimée dans un peu
moins de 50 % des tumeurs, cest à un
patient sur deux qu’une chimiothérapie
inutile pourrait être évitée. Cette étude
ouvre donc une voie simple et crédible
de sélection des patients pouvant béné-
ficier d’une chimiothérapie adjuvante
contenant un sel de platine. Rappelons
pour mémoire que d’autres facteurs
interviennent sûrement dans le déter-
minisme de l’efficacité de la chimio-
thérapie adjuvante, que ce qui est vrai
pour le CBNPC ne l’est pas forcément
pour le cancer colorectal, et que seule
une étude prospective permettra
de quantifier le bénéfice à attendre
d’une prescription individualisée de
la chimiothérapie adjuvante. O
J. Robert,
Institut Bergonié, Bordeaux.
>
Olaussen KA, Dunant A, Fouret P et al. IALT
Bio Investigators. DNA repair by ERCC1 in non-
small-cell lung cancer and cisplatin-based adju-
vant chemotherapy. N Engl J Med 2006;355:
983-91.
Un bel exemple de synthetic
lethality” : la combinaison
entre un inhibiteur
de tyrosine kinase
et un inhibiteur de mTOR
I
l existe une mutation très spéciale
du gène du récepteur de l’EGF,
appelée EGFRvIII ; elle consiste
en une délétion des exons 2 à 7 qui
codent pour la partie extracellulaire
du récepteur. Cette mutation est plus
particulièrement rencontrée dans
les glioblastomes ; elle entraîne une
activation constitutive du récepteur
et s’accompagne d’une stimulation
de la prolifération cellulaire. Elle est
associée, de façon générale, à une résis-
tance à la chimiothérapie cytostatique,
mais, comme les mutations activatrices
du domaine tyrosine kinase intracel-
lulaire, elle s’accompagne d’une sensi-
bilité importante aux inhibiteurs de
son activité, gefitinib ou erlotinib (1).
Néanmoins, ce blocage de la voie de
signalisation gouvernée par le récep-
teur de l’EGF nest possible que si la
phosphatase PTEN, qui contrôle la
voie de la PI3 kinase, est fonction-
nelle… Comme les glioblastomes
présentent souvent une mutation de
ce gène suppresseur de tumeurs, on
peut se demander s’il existe une stra-
tégie susceptible de cibler quand même
le récepteur de l’EGF dans les tumeurs
PTEN négatives.
Les auteurs ont utilisé un modèle de
six lignées isogéniques de glioblas-
tomes. La lignée U87MG exprime à
très faible taux le récepteur de l’EGF
et possède une mutation invalidante
de PTEN : elle constitue le point de
départ idéal pour transfecter dans un
premier temps un ADNc de PTEN
fonctionnel, puis les ADNc des deux
formes, sauvage et mutée, du récep-
teur de l’EGF. Les résultats ont été
ensuite confirmés sur un deuxième
modèle : la lignée SF295, qui exprime
l’EGFR sauvage et possède une muta-
tion de PTEN. La transfection de
PTEN permet, là encore, de disposer
de lignées isogéniques capables de
répondre à la question posée.
Il est déjà bien établi que le meilleur
inhibiteur de la voie de la PI3 kinase
se situe au niveau de la protéine
mTOR, en aval de la phosphoryla-
tion activatrice du phosphatidyl
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