
La Lettre du Cancérologue - Vol. XV - n° 6 - novembre 2006
Actualités oncosciences
Actualités oncosciences
294
>Cancer Research
>Clinical Cancer Research
>Journal of the National Cancer Institute
>Nature Medicine
>Oncogene
>Science
Actualités
oncosciences
Coordonnée par S. Faivre (hôpital Beaujon, Clichy)
et C. Tournigand (hôpital Saint-Antoine, Paris)
nisme de la réparation de l’ADN par
excision de nucléotides (NER) ; asso-
ciée à XPF, elle permet l’excision en 5’
du brin endommagé, et assure ainsi la
dernière étape du processus, souvent
considérée comme limitante. La perte
de la fonction de réparation assurée
par ERCC1 s’accompagne en principe
d’une meilleure efficacité des agents
provoquant les lésions de l’ADN que
répare cette protéine : encore faut-il le
prouver et montrer que cela peut être
utile à la prescription.
L’étude que présente le groupe de
Villejuif est le versant biologique de
la grande étude randomisée IALT
(International Adjuvant Lung Cancer
Trial), qui a récemment montré que la
chimiothérapie adjuvante des cancers
du poumon apportait un bénéfice
significatif aux patients en termes
de survie. La première force de cette
étude est qu’elle a porté sur 389 spéci-
mens tumoraux obtenus avant
chimiothérapie et sur 372 échan-
tillons de patients non traités (bras de
randomisation servant de contrôle),
chiffres qui permettent d’asseoir les
liens significatifs éventuels avec un
fort degré de probabilité. Sa seconde
force est qu’elle a porté sur l’expres-
sion protéique de ERCC1, évaluée sur
lame selon une technique immuno-
histochimique applicable dans tous les
laboratoires d’anatomopathologie : ce
n’est donc pas un éclairage mécanis-
tique qu’elle propose, mais un éclai-
rage pratique permettant à tous les
cliniciens de disposer d’un outil de
prédiction réellement utile.
Les résultats de cette étude sont très
démonstratifs : l’absence de protéine
ERCC1 dans la tumeur, détectable
par immunohistochimie, est asso-
ciée, chez les seuls patients ayant reçu
une chimiothérapie adjuvante, à une
survie globale prolongée de 14 mois
par rapport au groupe n’ayant pas reçu
de chimiothérapie (p = 0,002). Chez
les patients dont la tumeur exprime la
protéine ERCC1, en revanche, aucun
bénéfice de la chimiothérapie n’apparaît
en termes de survie globale. Comme
la protéine est exprimée dans un peu
moins de 50 % des tumeurs, c’est à un
patient sur deux qu’une chimiothérapie
inutile pourrait être évitée. Cette étude
ouvre donc une voie simple et crédible
de sélection des patients pouvant béné-
ficier d’une chimiothérapie adjuvante
contenant un sel de platine. Rappelons
pour mémoire que d’autres facteurs
interviennent sûrement dans le déter-
minisme de l’efficacité de la chimio-
thérapie adjuvante, que ce qui est vrai
pour le CBNPC ne l’est pas forcément
pour le cancer colorectal, et que seule
une étude prospective permettra
de quantifier le bénéfice à attendre
d’une prescription individualisée de
la chimiothérapie adjuvante. O
J. Robert,
Institut Bergonié, Bordeaux.
>
Olaussen KA, Dunant A, Fouret P et al. IALT
Bio Investigators. DNA repair by ERCC1 in non-
small-cell lung cancer and cisplatin-based adju-
vant chemotherapy. N Engl J Med 2006;355:
983-91.
Un bel exemple de ”synthetic
lethality” : la combinaison
entre un inhibiteur
de tyrosine kinase
et un inhibiteur de mTOR
I
l existe une mutation très spéciale
du gène du récepteur de l’EGF,
appelée EGFRvIII ; elle consiste
en une délétion des exons 2 à 7 qui
codent pour la partie extracellulaire
du récepteur. Cette mutation est plus
particulièrement rencontrée dans
les glioblastomes ; elle entraîne une
activation constitutive du récepteur
et s’accompagne d’une stimulation
de la prolifération cellulaire. Elle est
associée, de façon générale, à une résis-
tance à la chimiothérapie cytostatique,
mais, comme les mutations activatrices
du domaine tyrosine kinase intracel-
lulaire, elle s’accompagne d’une sensi-
bilité importante aux inhibiteurs de
son activité, gefitinib ou erlotinib (1).
Néanmoins, ce blocage de la voie de
signalisation gouvernée par le récep-
teur de l’EGF n’est possible que si la
phosphatase PTEN, qui contrôle la
voie de la PI3 kinase, est fonction-
nelle… Comme les glioblastomes
présentent souvent une mutation de
ce gène suppresseur de tumeurs, on
peut se demander s’il existe une stra-
tégie susceptible de cibler quand même
le récepteur de l’EGF dans les tumeurs
PTEN négatives.
Les auteurs ont utilisé un modèle de
six lignées isogéniques de glioblas-
tomes. La lignée U87MG exprime à
très faible taux le récepteur de l’EGF
et possède une mutation invalidante
de PTEN : elle constitue le point de
départ idéal pour transfecter dans un
premier temps un ADNc de PTEN
fonctionnel, puis les ADNc des deux
formes, sauvage et mutée, du récep-
teur de l’EGF. Les résultats ont été
ensuite confirmés sur un deuxième
modèle : la lignée SF295, qui exprime
l’EGFR sauvage et possède une muta-
tion de PTEN. La transfection de
PTEN permet, là encore, de disposer
de lignées isogéniques capables de
répondre à la question posée.
Il est déjà bien établi que le meilleur
inhibiteur de la voie de la PI3 kinase
se situe au niveau de la protéine
mTOR, en aval de la phosphoryla-
tion activatrice du phosphatidyl