Boviteq: l’application de la dernière te chnologie en transfert embryonnaire Boviteq est la plus grande organisation de transfert d‘embryons au Canada, avec une étable de donneuses de 110 animaux d‘élite et des équipements pour s‘occuper de 1000 receveuses. Cependant, au-delà, c‘est aussi le bras scientifique et de développement de l‘Alliance Semex qui pratique l‘ensemble du sexage de la semence pour Semex. Holstein International a visité Boviteq pour en savoir plus sur les dernières évolutions sur le terrain du transfert d‘embryons. DOUG SAVAGE HAN HOPMAN A u cours des 3 ou 4 années passées, le fort domaine de croissance dans le secteur du transfert d’embryons a été la fertilisation in vitro (FIV). Alors que le nombre d’embryons fertilisés intra utero flushées selon des procédures standards a en général décliné, leur nombre produit par aspiration d’ovocytes (œufs) issus des follicules et fertilisés en éprouvette (FIV) a considérablement augmenté à l’échelle mondiale. Le Brésil est le pays où la FIV a été la plus utilisée en 2011 avec 325000 embryons. La FIV peut être pratiquée sur les donneuses gestantes, ce qui implique moins d’interruption dans le calendrier de reproduction de la donneuse, et que les follicules peuvent être aspirés toutes les semaines ou toutes les deux semaines. Cela débouche sur de grands nombres d’embryons, sans avoir à recourir aux hormones habituelles de pluri-ovulation. De récentes avancées dans les techniques de congélation permettent d’implanter sur des rece- La Royauté chez Boviteq: l’ancienne Championne du Monde Thrulane James Rose EX-97 fait partie des nombreuses dignitaires qui ont élu domicile chez Boviteq. veuses des embryons FIV immédiatement après décongélation (comme des embryons congelés de flushes). Boviteq est un des leaders mondiaux dans l’évolution et l’exécution de nouvelles techniques destinées au transfert d’embryon. GENOTYPE DES EMBRYONS Situé à St Hyacinthe au Québec, Boviteq est plus qu’un centre de transferts d’embryons, puisqu’il inclut aussi des fonctions majeures de recherche et développement. Une technologie innovatrice a récemment été mise à disposition des clients de Boviteq, c’est l’option d’une biopsie pratiquée sur des embryons in vitro ou in vivo avant im- plantation ou congélation, pour permettre le test génomique. «Nous avons pour objectif de mettre à disposition un éventail d’options afin de permettre aux sélectionneurs de mieux gérer la carrière reproductive de leurs animaux d’élite,» explique le directeur de recherche de Boviteq, le docteur Patrick Blondin. «En ayant des résultats génomiques le plus tôt possible en cours de gestation - ou dans le cas d’embryons congelés, avant même qu’ils soient implantés - un sélectionneur peut alors prendre les décisions de continuer à produire à partir du même accouplement ou de passer à un géniteur différent, ou même décider s’il souhaite implanter cet embryon. Nous avions récemment 15 embryons d’un animal dans une éprouvette qui présentaient une différence de valeurs génomiques de plus de 1800 points LPI en valeur génomique directe (VGD) entre le plus élevé et le moins élevé.» Qu’implique le processus? «Quand nous pratiquons une biopsie pour déterminer le sexe d’un embryon, nous prenons entre 5 et 10 cellules. Cependant, pour faire un test génomique vous avez besoin d’environ 10000 cellules. Nous répliquons simplement l’ADN de ces 5 ou 10 cellules avant de parvenir au nombre dont nous avons besoin. Cette technique a été développée par un jeune scientifique à Boviteq, le docteur Christian Vigneault. Maintenant, comme vous le savez, quand vous faites des photocopies de photocopies, au moment où vous arrivez à la dernière, l’image n’est pas tout à fait aussi nette. Même avec les meilleures techniques, il y a toujours quelques trous correspondant à des lettres disparues et la puce génomique ne sait pas avec quoi associer ces vides. Nous avons donc développé une technique d’identification pour savoir de quel parent provient le vide et nous les leur imputons ensuite pour remplir le vide. Cet outil a été développé par un autre scientifique avec Boviteq, le docteur Mehdi Sargolzaei. Nous validons actuellement les résultats, mais nous n’avons trouvé qu’une différence de seulement 4% entre la génomique pratiquée avec cette méthode sur des embryons et la génomique pratiquée sur le veau après sa naissance. Une fois parvenus à des validations complémentaires, nous espérons que ces résultats génomiques sur les embryons HOLSTEIN INTERNATIONAL 34 01/2013 Les directeurs de Boviteq (de gauche à droite): Dr Patrick Blondin, Directeur de recherches et du développement, Dr. Josée Belanger, Directrice des services technologiques, et André Barnabe, Directeur général. seront officiellement acceptés. Le processus de reproduction ne nécessite que deux jours, mais vous devez ensuite attendre 4 à 5 semaines pour récupérer les résultats de tests génomiques.» APPARENCE PLUS SOMBRE L’option de congeler des embryons in vitro a été mise à disposition ces 6 derniers mois. «Pendant de nombreuses années, le défi était cette cryo-sensibilité des embryons in vitro qui faisait qu’ils ne survivaient pas à la technique de congélation lente employée pour les embryons issus de transferts classiques,» expose Blondin. «Des embryons cultivés 7 jours sur un milieu de culture ont une apparence plus sombre et ne ressemblent pas aux embryons in vivo. Une technique de congélation appelée vitrification s’est montrée efficace: c’est une congélation rapide qui limite la formation de glace qui endommage les cellules. La limite de cette méthode se trouve aussi dans le fait que vous ne pouvez pas immédiatement poser l’embryon, puisqu’il vous faut aussi le décongeler rapidement sous un microscope pour le conditionner ensuite dans une paillette pour implantation. Alors, nous avons élaboré de nouveaux modes de culture qui imitent au mieux les conditions auxquelles est normalement soumis l’embryon dans l’appareil reproducteur, en produisant un embryon plus résistant au processus de congélation. Cela signifie que nous pouvons maintenant relier ces processus et que nous pouvons exporter des embryons in vitro congelés dont la valeur génomique est connue en Europe. Ceci n’est pas encore permis aux USA et en Amérique du Sud, mais nous nous attendons à y envoyer les premiers ces quelques semaines.» SEMENCE SEXEE Un des avantages offerts par le laboratoire de Boviteq est l’utilisation de semence sexée de n’importe quel taureau choisi par le client pour la production d’embryons in vitro. «Nous avons la licence pour pratiquer tout le sexage de la semence pour Semex,» explique Blondin, «et une partie de cet accord inclut l’utilisation de l’équipement pour produire de la semence sexée pour une utilisation dans le programme FIV. Le terme utilisé par l’industrie pour décrire ce processus est le sexage différé, ce qui nécessite une dose de semence congelée qui est décongelée puis sexée. Il vous reste une petite quantité de spermatozoïdes, insuffisante pour une insémination ordinaire, mais plein d’ovocytes dans une éprouvette.» FERTILISATION AMELIOREE L’amélioration de la fertilisation des ovocytes est un autre domaine de recherche. «La semence sexée issue du sexage différé fonctionne généralement dans un programme FIV pour tous les taureaux, mais certains fonctionnent mieux que d’autres. Vous arrivez normalement à environ 85 à 90% d’ovocytes fertilisé, mais pour environ un tiers des taureaux la proportion est plutôt de 60 à 65% et ce n’est nullement lié au niveau de fertilité de la semence de ce même taureau s’il est utilisé en insémination classique. Il semble simplement que vous obtenez davantage d’ovocytes non fertilisés, ou que vous obteniez plus d’ovocytes fertilisés par deux spermatozoïdes en même temps. D’une façon ou d’une autre vous n’obtenez pas d’embryon viable. Nous travaillons à imiter aussi étroitement que possible les conditions que connaîtrait le spermatozoïde qui passerait par l’utérus et les trompes de Fallope pour améliorer le taux de réussites de ces taureaux en cession FIV.» EMBRYOGENE Boviteq est membre d’un réseau de recherche canadien, impliquant université et centres de recherches de l’industrie, du nom de EmbryoGENE. Il s’agit d’un effort de collaboration pour développer des plateformes destinées à mesurer le rôle de la nutrition maternelle sur le développement de l’embryon et ses effets ultérieurs sur le produit résultant. Un autre aspect de ce travail implique l’épigénétique, une branche scientifique relativement nouvelle qui observe l’expression des gènes chez le produit. Il a été supposé que certains gènes puissent en fait être transmis à la génération suivante dans un état actif ou désactivé. «Nous venons de développer la toute première puce épigénétique,» explique Blondin. «Nous serons maintenant capables d’employer une puce génomique pour observer quels gènes ont été transmis à la descendance et une puce Nombreuses sont les plus précieuses vaches de l’industrie Holstein canadienne qui se trouvent dans le bâtiment de 110 donneuses de Boviteq à St Hyacinthe, Québec, où leurs propriétaires ont accès aux dernières techniques afin de capitaliser sur leur génétique d’élite. HOLSTEIN INTERNATIONAL 35 01/2013 épigénétique pour regarder quels gènes s’expriment en réalité chez le descendant. C’est une évolution passionnante qui doit nous donner une meilleure compréhension du fonctionnement réel de la génétique, et qui pourrait conduire à de nouvelles technologies génétiques avancées que nous pouvons proposer aux clients de Boviteq.» l L’imposante figure de Vieux Saule Allen Dragonfly EX-94 occupait l’un des box de Boviteq.