INTRODUCTION
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monde intellectuel de l’époque, la question de la souveraineté du roi à Metz
participe étroitement du renforcement du pouvoir sur des frontières qui,
bientôt, allaient se retrouver aux premières lignes d’une guerre à venir.
Cette histoire est bien connue. Une thèse majeure, La Réunion de Metz
à la France, présentée par Gaston Zeller à l’université de Strasbourg en 1926,
en a depuis longtemps retracé les péripéties de 1552 à 1648 14. En de
nombreux points, les éléments qui y sont développés sont indépassables.
L’ouvrage est même d’une telle densité que les recherches ultérieures se sont
en priorité portées sur les aspects délaissés par l’historien. Depuis les années
1920, on s’est amplement intéressé à l’amont de sa période 15, mais aussi à
l’aval, tant avec le règne de Louis XIV et de ses intendants, qu’avec le
e siècle du maréchal de Belle-Isle (1684-1761), gouverneur de Metz et
des Trois-Évêchés et secrétaire d’État de la guerre entre 1758 et 1761 16.
Surtout, d’importantes réflexions se sont inscrites dans le champ religieux,
opportunément écarté par le maître ; elles y étaient d’autant plus portées
par l’historiographie que la ville comptait trois confessions à l’époque
moderne : une catholique, une protestante et une juive. Dès lors, les travaux
des chercheurs ont considérablement enrichi la compréhension
d’un Moyen Age messin porté jusqu’en 1552 17, ainsi que celle des commu-
nautés réformées et hébraïques des e, e et e siècles 18. Quant à la
période traitée en propre par La Réunion de Metz à la France, celle allant de
l’occupation d’Henri II (1552) aux traités de Westphalie (1648), voire
jusqu’à la paix des Pyrénées (1659), et à la thématique privilégiée par
l’ouvrage, une histoire du politique, la plupart des textes écrits depuis lors
se sont presqu’exclusivement appuyés sur le grand œuvre de l’historien,
érigé comme l’alpha et l’oméga d’une compréhension historique.
14. Z G., La Réunion de Metz à la France 1552-1648, Paris, Société d’édition : les belles lettres,
1926.
15. À la suite de S J. (La Ville de Metz aux xiiie et xive siècles, Nancy, Imprimerie
Georges omas, 1950), voir plusieurs recherches majeures qui toutes font une mise au point
historiographique et politique : H A., Écrire l’histoire des évêques de Metz au Moyen Age : les Gesta
episcoporum messins de la fin du viiie siècle à la fin du xive siècle, Metz, èse de doctorat, 2009-2010
et, autour de la figure du messin André de Rineck, B J.-Chr., L’armorial d’André de
Rineck : un manuscrit messin du xve siècle (Vienne, Österreischiche Nationalebibliothek, Cod. 3336),
Nancy 2, èse de doctorat, 2003 et D H., André Voey de Ryneck : Leben und Werk eines
Patriziers im spätmittelalterlichen Metz, Saarbrücken, 1986.
16. L G., Un Air de majesté. Gouverneurs et commandants dans la France de l’Est au
xviiie siècle, Paris, CTHS, 2010. Voir aussi R-C A. , Le Maréchal de Belle Isle ou la
revanche de Foucquet, Paris, Perrin, 2005.
17. R Fl., Les Institutions de la République Messine, Metz, Éditions Serpenoise, 2007.
18. Pour les protestants, la liste est longue. Voir, à la fois pour une récente mise au point historiogra-
phique et bibliographique, mais aussi pour sa contribution majeure à l’histoire messine, L J.,
Le Ministère de Paul Ferry à Metz (1612-1669). Essai de contribution à l’étude des pasteurs réformés
français sous le régime de l’Édit de Nantes, èse de doctorat, Lyon 3, 2011. Pour les Juifs, les ouvrages
de référence sont ceux de M P.-A., La Communauté juive de Metz au xviiie siècle, Nancy-Metz,
PUN-Éditions Serpenoise, 1993 et de R G., Relations entre le gouvernement royal et les juifs du
nord-est de la France au xviie siècle, Paris, Honoré Champion Éditeur, 2000.
« L’absolutisme au miroir de la guerre », Martial Gantelet
ISBN 978-2-7535-2027-1 Presses universitaires de Rennes, 2012, www.pur-editions.fr