Un pays immense aux conditions difficiles
Immensité et diversité apparaissent d'emblée comme les deux caractéristiques principales de
l'espace chinois. Avec ses 9 561 000 km2, ses 14 000 km de côtes et ses 20 000 km de frontières
terrestres, l'actuelle République Populaire de Chine est le troisième État du monde après la Russie
et le Canada en matière de superficie mais, à l'époque de sa plus grande extension territoriale -
c'est à dire sous l'Empire mandchou des Ts'in (Qin) aux XVIIeet XVIIIesiècles - le pays
s'étendait sur près de treize millions de km2. Ces chiffres impressionnants doivent cependant être
nuancés si l'on distingue le foyer originel que constitue, à l'est, la " Chine des dix-huit provinces "
très densément peuplée depuis l'Antiquité et les territoires périphériques. Si l'on considère la "
Chine des dix-huit provinces ", celle du Sichuan - qui correspond au bassin Rouge de la haute
vallée du Yang-tseu-kiang (Yangzi) - s'étend sur 570 000 km2, c'est à dire sur une superficie
supérieure à celle de la France métropolitaine, et abrite aujourd'hui près de 120 millions
d'habitants. À l'est, la péninsule du Shandong, si convoitée au XIXesiècle par les puissances
étrangères, a une superficie de 153 350 km2et compte 90 millions d'habitants... Très vastes mais
plus ou moins vides d'habitants et peuplés d'ethnies minoritaires, ils s'étendent au sud-ouest (le
Yunnan), à l'ouest (le Tibet avec ses 1 750 000 km2, le Sin-k'iang (Xinjiang) qui compte cinq
millions et demi d'habitants sur ses 1 646 000 km2, le Ts'ing-hai (Qinghai) (720 000 km2), au nord
(la Mongolie intérieure et ses 1 183 000 km2) et, au nord-est (la Mandchourie formée des trois
provinces de Leaoning, Kilin et Heilongjiang, étendue sur 830 000 km2). L'ouest du pays
appartient à la Haute Asie centrale et comprend l'immense plateau tibétain, d'une altitude souvent
supérieure à 4000 m, encadré par la formidable chaîne himalayenne au sud et par celle des monts
Kunlun et de l'Altyntagh au nord, bordé à l'est par les Alpes du Sichuan. Au nord, la dépression du
Sin-k'iang (Xinjiang) - occupée en son centre, sur 370 000 km2, par le désert du Takla Makan
dans lequel se perdent les eaux du Tarim - est limitée à l'ouest par les hauteurs du Pamir et au nord
par celles des T'ien-chan (Tianshan). Celles-ci dominent la Porte de Dzoungarie, vaste trouée
séparant les T'ien-chan (Tianshan) de l'Altaï empruntée à de nombreuses reprises par les nomades
des steppes orientales pour gagner l'Asie centrale du lac Balkach et, plus loin, de la Transoxiane et
de la mer d'Aral, c'est-à-dire les régions qui constituèrent au XIXesiècle le Turkestan russe. Plus à
l'est, le vaste plateau pierreux correspondant au désert de Gobi s'étend du nord des monts Nanshan
au sud de la Mongolie. De ces régions au Yunnan situé au sud-ouest du pays, l'altitude demeure
élevée, souvent supérieure à 1500 m, et les monts Ts'in-ling (Qinlin) que l'on retient souvent pour
fixer, d'ouest en est, la limite séparant la Chine du Nord de celle du Sud s'élèvent encore à plus de
4000 m. D'une altitude variant de 300 à 700 m, le bassin Rouge, situé sur la haute vallée du
Yang-tseu-kiang (Yangzi), est l'un des greniers du pays. Plus au sud, les régions du Yunnan et
d'une partie du Guizhou correspondent à un gigantesque plateau calcaire très riche en formes
karstiques. On peut distinguer, à l'est du pays, les plaines du fleuve Jaune et du Yang-tseu-kiang
(Yangzi) formées par les alluvions des deux fleuves des régions de collines caractéristiques des
paysages de la Chine du Sud, mais aussi des reliefs pittoresques et accidentés des deux grandes
îles de Hainan et de Taiwan ; dénommée Formose, la " Belle Ile ", par les navigateurs portugais,
cette dernière demeure aujourd'hui sous l'autorité d'une République chinoise née de la guerre
civile conclue en 1949 par la défaite des armées nationalistes de Tchang Kaï-chek (Jiang Jieshi).
Au nord-est du pays, l'immense Mandchourie, sinisée à une époque très récente, est un grenier à
blé et est devenue, depuis l'époque de l'occupation japonaise, une grande région industrielle. La
diversité du climat a commandé la densité du peuplement et les activités des hommes. Le sud du
pays bénéficie d'un climat tropical humide de mousson - Hai-nan et Canton sont situées au sud du
Tropique du Cancer - mais, plus généralement d'un climat " subtropical chinois " caractérisé par
une forte humidité, maximale en été, et par la douceur des températures. La Chine du Nord, celle
du fleuve Jaune, connaît, à l'inverse, un climat tempéré continental relativement sec et présentant
des amplitudes thermiques importantes. Celles-ci deviennent énormes dans le " Far West chinois "
du Sin-k'iang (Xinjiang) où règne une extrême sécheresse et qui connaît jusqu'à cinquante degrés