Maîtrise du risque face à l’innovation : Martine Jager
(Roche, Neuilly-sur-Seine)
L’utilisation de nouvelles molécules sur des durées de plus en plus
longues rend nécessaire la mise en place d’une pharmacovigilance
proactive et de mesures de gestion du risque tout au long du cycle
de vie des produits. L’environnement réglementaire s’est récem-
ment renforcé dans cette optique, avec l’élaboration en 2005 de
recommandations par l’EMEA, adaptées ensuite en France par
l’Afssaps. La feuille de route 2010 mise en place par l’Afssaps
présente un certain nombre de priorités, dont la gestion du risque
fait partie intégrante, et les mesures publiées en juillet 2005
recommandent la création d’un département de surveillance du
risque, le renforcement du système de pharmacovigilance, la
mise en place de plans de gestion du risque, le développement
de la pharmacoépidémiologie et le renforcement des inspections
en pharmacovigilance. La réalisation d’un plan de gestion du
risque est exigée pour toute nouvelle demande d’autorisation de
mise sur le marché (AMM) avec deux parties : un premier volet
dans lequel les risques du médicament et leur prise en charge sont
décrits, et un deuxième volet contenant un plan de minimisation
du risque avec une description des actions mises en place pour
chaque risque.
Mesure de l’impact économique, coût de santé publique :
Pierre Anhoury (IMS Health France, Puteaux)
Les indicateurs de santé publique changent au cours du temps,
avec, en France en 2005, 10 millions de Français âgés de plus de
65 ans, une prévalence très élevée du tabagisme (28 % de la
population adulte), une consommation d’alcool très supérieure à
la moyenne des pays de l’OCDE, un taux d’obésité croissant, de
plus de 10 % dans la population adulte, une augmentation de 35 %
de l’incidence des cancers au cours des 20 dernières années, mais
aussi une réduction de 9 % de la mortalité par cancer. L’envi-
ronnement de la cancérologie en particulier sous l’influence des
nouvelles mesures du Plan cancer et de l’Institut national du can-
cer, évolue aussi (T2A, accréditation V2 et évaluation des pra-
tiques professionnelles, critères d’agrément des établissements de
soins, comités régionaux du médicament, etc.), et les attentes des
patients deviennent de plus en plus importantes. Au niveau des
traitements anticancéreux, les molécules issues de biotechnolo-
gies connaissent un formidable essor, mais au prix de coûts de
traitement de plus en plus élevés. Toutes ces évolutions vont
nécessiter la mise en place de mesures permettant d’évaluer le
coût-efficacité des traitements proposés dans la prise en charge
des cancers.
Mesure de l’impact économique, coût de santé publique :
exemple des traitements de l’anémie :
Jean-Jacques Zambrowski (hôpital Xavier-Bichat, Paris)
Corriger l’anémie des patients atteints de cancer permet d’amé-
liorer leur qualité de vie et l’observance des chimiothérapies anti-
cancéreuses. Et pourtant, cette anémie continue de faire l’objet
d’un déficit de prise en charge. Les nouvelles dispositions sur la
tarification (T2A) et la rétrocession constituent aujourd’hui un
nouvel environnement dans lequel les arguments économiques
doivent être aussi pris en compte.
ÉVALUATION DES PRATIQUES PROFESSIONNELLES
ET RECHERCHE CLINIQUE
Haute Autorité de santé : Philippe Burnel (Paris)
L’évaluation des pratiques professionnelles (EPP) est une ques-
tion d’actualité, puisque la loi du 13 août 2004 et le décret du
14 avril 2005 imposent une obligation individuelle d’EPP, et que
cette démarche est attendue dans le cadre de la certification des
établissements de santé. Pour être qualifiée d’EPP, une action
devra répondre à quatre critères : constituer un enjeu de la qua-
lité, analyser une pratique, prendre en compte des références vali-
dées et mesurer des résultats, l’objectif étant de réduire l’hétéro-
généité des pratiques. Sur le plan institutionnel, plusieurs
dispositifs sont mis en place pour l’EPP :
– une obligation individuelle d’EPP pour laquelle la commission
médicale de l’établissement joue un rôle important au niveau de
la validation ;
– et une démarche d’accréditation des établissements de santé
dans laquelle l’EPP constitue une exigence nouvelle. L’objectif
recherché est de mieux rendre compte de la qualité des soins ser-
vis aux patients et de mieux impliquer les médecins dans la dyna-
mique d’amélioration de la qualité.
Institut national du cancer : Christine Welty
(Institut national du Cancer, Paris)
Le Plan cancer lancé en mars 2003, plan de lutte global contre le
cancer qui comprenait 70 mesures, a bénéficié d’une impulsion
de haut niveau et a été repris par l’Institut national du cancer
(INCa) depuis mai 2005, celui-ci s’étant fixé quatre objectifs :
combattre la seconde cause de mortalité en France, intégrer dans
un schéma global et cohérent les connaissances sur cette maladie,
assurer l’égalité des soins à tous les patients et leur rendre leur
pleine citoyenneté pendant et après leur maladie. L’INCa, doté
d’une structure légère, privilégie les contacts avec le terrain, les
partenariats avec les différents acteurs concernés (professionnels
de santé en ville et à l’hôpital, tutelle et pouvoirs publics, asso-
ciations de patients, etc.), avec pour mission la mise en place de
la politique de soins, le regroupement et/ou la fédération des tra-
vaux de recherche et la dynamisation de la recherche. L’INCa sou-
haite aussi se positionner au plan international, que ce soit au
niveau de la recherche, de l’aide au développement ou de la coopé-
ration en matière de soins. Ses domaines d’intervention couvrent
un vaste champ d’action allant de l’information à la prévention,
au dépistage, aux soins, à l’image du cancer et à la recherche.
Organisation de la recherche clinique : Marc Buyse
(Institut national du cancer, Paris)
Le département de recherche clinique et de biostatistique a été
mis en place au sein du Plan cancer, et maintenant de l’INCa, afin
de favoriser la recherche clinique. Son objectif est d’inclure 10 %
des patients atteints de cancer dans des essais cliniques. Il est orga-
nisé avec trois grandes structures :
– 28 groupes d’études cliniques destinés à lister tous les essais cli-
niques ouverts à l’inclusion en France, à choisir ceux qui doivent
recevoir le soutien de l’InCA, à proposer un essai pour chaque indi-
cation dans laquelle aucun n’est actuellement proposé et à assurer
l’équilibre des différents types d’essais du portefeuille de l’InCA ;
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La Lettre du Cancérologue - Volume XV - n° 3 - mai-juin 2006