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Des événements clés
pour l’armée française
A la charnière des XIXe et XXe
siècles, la France connaît des
événements politiques majeurs
qui entraînent de profondes
réformes de l’armée française,
techniques et structurelles.
La période 1871-1914 est
surtout marquée par
les rapports tendus entre
la France et l’Allemagne.
Les grandes réformes
La défaite de 1870 contre la Prusse représente un énorme
traumatisme national. Ce désastre crée une forte volonté de
revanche. La dette de guerre de 5 milliards de francs - or, cautionnée par l’occupation d’une partie du Nord-Est de la France et
surtout la perte de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine hantent
la conscience nationale. Suite aux importantes déficiences de l’armée constatées à l’issue du conflit, des crédits conséquents sont
votés chaque année par l’Assemblée Nationale afin de réaliser les
réformes nécessaires.
Portrait de Bismarck
(L’Illustration, juillet 1870. BM Evreux)
La Commune de Paris. En mars 1871, la révolte du peuple de
Paris, en réaction à la crise profonde que traverse le régime,
démontre qu’un gouvernement peut être ébranlé par des mouvements sociaux incontrôlés.Tout au long de son histoire, la IIIe
République (1870-1940) entretient une profonde réflexion sur le
maintien de l’ordre.
La démolition de la Colonne Vendôme lors de la Commune de Paris
(L’Illustration, mai 1871. BM Evreux)
L’Affaire Dreyfus divise l’armée française. Le capitaine
Alfred Dreyfus (1859-1935) est accusé à tort d’espionnage au
profit de l’Allemagne. Déporté en Guyane en 1894 puis reconnu
innocent, il est réhabilité en 1906. La gauche républicaine, qui soutient la thèse de l’erreur judiciaire, s’oppose à la droite monarchiste et patriotique, qui défend l’intégrité de l’armée. L’article
d’Emile Zola paru dans le quotidien l’Aurore le 13 janvier 1898,
intitulé « J’accuse », est resté célèbre comme acte de naissance
des intellectuels français.
Dégradation du Capitaine Dreyfus (L’Illustration, janvier 1895. BM Evreux)
La crise du Boulangisme. Le Général Boulanger
(1837-1891), ministre de la Guerre en 1886, mis à la
retraite en 1888, est élu triomphalement député à Paris le
27 janvier 1889, mais refuse, à la tête de ses partisans
nationalistes et monarchistes, de marcher sur l’Elysée.
La Loi de séparation de l’Église et de l’État. Les
vives querelles religieuses à l’occasion de la séparation de
l’Église et de l’État en 1905 amènent de nombreux officiers
à démissionner, suite à la rédaction des inventaires des
biens de l’Église où il a fallu faire donner la troupe pour évacuer les religieux et les paroissiens qui s’y opposaient.
L’émergence du pacifisme est liée à la montée en
puissance du parti socialiste. Les partis de gauche
sont hostiles au projet de loi déposé en 1913 proposant
le passage à trois ans du service militaire. Les attaques les
plus violentes sont lancées par Jean Jaurès, préoccupé par
la course aux armements remettant en cause la paix en
Europe.
Portrait du Général Boulanger
(L’Illustration, janvier 1886. BM Evreux)
Jean Jaurès (L’Illustration, 1900. BM Evreux)
Cette période politiquement troublée engendre dans l’ensemble de
la société française un désir d’ordre, incarné par la discipline militaire. L’armée française, « la grande
école des générations futures »,
l’artisan de développement de
l’Empire colonial français, est l’objet de l’attention de toute la
nation. Il s’agit, pour les classes
dirigeantes, après la défaite de
1870, de reconstruire l’unité nationale et, au travers de l’armée, de
promouvoir une réforme morale
et un renouvellement de la conscience collective. Dans ce contexte, les militaires jouissent d’une
exceptionnelle sollicitude au sein
de la population.
Les modalités de recrutement
de l’armée française ont
considérablement évolué
depuis l’Ancien Régime.
Les réformes de la fin du
XIXe siècle ont trois effets
majeurs : effectifs en hausse,
matériel renouvelé et
nouvelles infrastructures.
La Révolution supprime les milices provinciales (troupes permanentes levées dans le Royaume afin
de compléter les régiments royaux en cas de guerre), créées en 1688 par Louvois, secrétaire d’État
à la guerre de Louis XIV, et les remplace par le Service National, un des grands mythes fondateurs
de la République Française.
1798 Le 5 septembre, le député Jourdan fait voter la loi qui rend le service militaire obligatoire.
L’article 1 précise : “Tout français est soldat et se doit à la défense de la patrie”. Le système de conscription moderne est la réquisition par l’Etat d’une partie de sa population masculine afin de servir ses
forces armées.
L’Empire Les Français sont astreints au service entre 20 et 25 ans. Cinq classes sont formées et,
en fonction des besoins – importants pendant les campagnes napoléoniennes – une ou plusieurs
classes sont appelées. Il peut y avoir rappel des classes libérées et anticipation de l’appel des
classes futures.Très impopulaire, la conscription est supprimée par Louis XVIII.
1818 Le nombre de volontaires étant insuffisant, le système d’appel du contingent par tirage au
sort et remplacement payé est créé. Jusqu’aux réformes de la fin du siècle, seule la durée du
service varie : 6 ans de 1818 à 1824, 8 ans de 1824 à 1832, 7 ans à partir de 1832.
1870-1871 Le gouvernement de défense nationale dirige la guerre contre la Prusse. Les soldats
sont inexpérimentés, les cadres insuffisants, les préfets chargés du recrutement manquent de compétence dans ce domaine. Les hommes politiques posent le problème de la nécessaire modernisation de l’armée. Thiers et les royalistes souhaitent une armée de métier; les républicains une
armée de citoyens, défenseurs de la Patrie et de la République.Trois lois sont votées, donnant un
nouveau cadre jusqu’en 1914 : la loi de 1872 sur le recrutement, la loi de 1873 sur l’organisation
et la loi de 1875 sur les cadres de l’armée.
Affiche d’avis de bourse départementale, 1822
(AME, 1 H 6)
1872 Pour le rapporteur de la loi du 27 juillet, le service militaire est un lieu de création de lien
social et, de ce fait, il contribue à l’unité nationale. La durée passe à 5 ans dans l’armée d’active,
puis 4 ans dans la réserve et, enfin, les conscrits appartiennent à la territoriale pendant 11 ans, soit
20 ans d’obligations militaires pour tous. Mais les exemptions demeurent, même si le remplacement est supprimé : ecclésiastiques, enseignants, soutiens de famille, élèves des grandes
écoles…Le tirage au sort est mis en place. Au final, seule 40 % d’une classe d’âge effectue 5 ans.
Le gouvernement ménage ainsi l’opinion publique – particulièrement la bourgeoisie -, pas totalement ralliée à la République…et les campagnes ont besoin de bras.
1886 Le Général Boulanger, ministre de la Guerre, met en œuvre une intense politique de rénovation et de modernisation de l’armée. Il s’intéresse d’abord à la condition du soldat (meilleur
confort, amélioration de l’ordinaire, autorisation du port de la barbe pour les conscrits), puis il
prend des mesures de fond, en ramenant la durée du service militaire obligatoire de 5 à 3 ans.
“Le Devoir avant tout”, chanson vers 1900 (Coll. Part.)
1889 L’unité républicaine triomphe dans la caserne : la loi
du 15 juillet devient plus restrictive sur les exemptions (les
dispensés et les “gagnants” du tirage au sort doivent payer une
taxe pour compenser leur régime de faveur) et le volontariat
est supprimé. La durée est passée à 3 ans, mais le tirage au sort
est maintenu.
Sonnerie “L’appel aux trompettes”, vers 1900 (Coll. Part.)
1905 La loi du 21 mars instaure le service militaire égal pour
tous (plus de privilèges de diplômes et “les curés sac au dos”)
de 2 ans. L’instruction des recrues est plus poussée, et la durée
totale de l’obligation militaire passe à 25 ans : 13 ans dans
l’armée d’active et sa réserve, 6 ans dans la territoriale et 6 ans
dans sa réserve. Soulagement général chez les conscrits, le
tirage au sort est supprimé. Désormais, la bonne santé seule
détermine – ou non – l’incorporation.
1913
La montée croissante des périls
fait redouter une guerre imminente. Le Président de la
République Raymond Poincaré
propose l’allongement de 2 à
3 ans du service militaire. La loi
votée en juillet par une majorité de centre et de droite, mobilise contre elle l’union des gauches, radicaux et socialistes,
préférant privilégier la qualité
de l’instruction reçue à la quantité d’hommes mobilisables.
La Gendarmerie Nationale
et la caserne Victor Hugo
La Garde Nationale
Les importantes réformes
de l’armée française
aboutissent à une présence
plus forte des militaires
dans les villes de garnison.
Gendarmes, fantassins,
cavaliers et, en premier
lieu, gardes nationaux, se
mêlent plus étroitement à
la population civile.
Au XIXe siècle,
la Garde Nationale,
milice de citoyens armés,
est un pilier des pouvoirs
en place. Mais sa
participation à la
Commune de Paris entraîne
sa suppression définitive
le 14 mars 1872.
Le 13 juillet 1789, les troubles proliférant dans Paris,
les électeurs de la Capitale se réunissent à l’Hôtel de
Ville afin de décider de la création d’une milice bourgeoise pour assurer le maintien de l’ordre et la défense des
droits constitutionnels. Chargée de la police intérieure
et du respect des lois, la Garde Nationale s’inscrit ainsi
dans la tradition des milices bourgeoises de l’Ancien
Régime. Emboîtant le pas de la Capitale, chaque ville de
France crée sa propre Garde Nationale. La loi du 14
octobre 1791 oblige les citoyens actifs à incorporer ses
bataillons. Les gardes nationaux conservent leurs armes
et leurs uniformes à domicile.
En sommeil sous l’Empire et la Restauration, elle est dissoute en 1827, puis reformée en 1831, et joue un grand
rôle sous la Monarchie de Juillet. Après la Révolution de
1848, elle est cantonnée par Napoléon III sous le Second
Empire dans un rôle subalterne afin de réduire son
influence libérale et républicaine.
Grâce au gouvernement de la Défense Nationale pendant la Guerre de 1870, elle retrouve un rôle de premier
plan.
La Gendarmerie Nationale
est le plus ancien corps
d’armée français.
Elle puise ses origines
chez les prévôts de la
maréchaussée du Roi,
institués au XIIe siècle.
Un arrêté de M. Lepouzé, maire d’Évreux, en date du
3 octobre 1870, sur la proposition du chef de bataillon,
porte règlement sur l’organisation du service communal
de la Garde Nationale. En 47 articles, tous les aspects de
la vie du bataillon ébroïcien sont précisément cadrés.
L’image du gendarme, déclinée sur un grand nombre de
supports, devient très
populaire à la fin du XIXe
siècle. Ce personnage est
facilement identifiable grâce
aux accessoires quotidiens
qui accompagnent sa mission : le bicorne (remplacé
en 1904 par le képi), la sacoche du revolver réglementaire modèle 1892, le sabre
court, ainsi que les poucettes et le cabriolet, ancêtres
des menottes.
Lettre des administrateurs composant le
Directoire du district d’Evreux
aux citoyens officiers municipaux
de la Commune d’Evreux, 16 octobre 1792
(AME, 2 H 29)
Évreux, le 16 octobre l’an Ier de la République,
Citoyens,
Le département vient de s’occuper de la formation d’une nouvelle gendarmerie nationale. Parmi les
citoyens qui se présentent pour la composer, plusieurs appartiennent à votre municipalité. […] Nous vous
envoyons leurs noms et vous prions de nous mander sous le plus bref delay votre opinion sur le compte
de ces citoyens. […] Vous savez que c’est en grande partie sur cette gendarmerie nationale que repose
la tranquillité intérieure de la République.
Une figure populaire
Liste des Gardes Nationaux, 1870 (AME, 3H19)
Art.1 : La Garde Nationale d’Évreux est
commandée par un chef de bataillon qui a sous ses
ordres immédiats :
Un adjudant-major du grade de capitaine
Un officier porte drapeau du grade de lieutenant
Un chirurgien aide-major
Un adjudant sous-officier
Avis aux Gardes Nationaux, 15 octobre 1870 (AME, 3H19)
Selon l’article 1 de la loi du 16 février 1791 :
“La maréchaussée portera désormais le nom de gendarmerie nationale”. Sa mission principale est précisée par la loi
du 28 germinal an VI (17 avril 1798) : « Le corps de la
Gendarmerie Nationale est une force instituée pour assurer dans
l’intérieur de la République le maintien de l’ordre et l’exécution des
lois. ».
Art.9 : La Garde Nationale fournira tous les jours
un service d’ordre et de sûreté. Ce service consistera en un poste placé à l’Hôtel de Ville […]. La garde
sera de 24 heures ; néanmoins, elle pourra être
réduite à la nuit seulement lorsque les circonstances
pourront le permettre.
En 1870, la Gendarmerie, devenue départementale, est divisée en légions sous les ordres d’un colonel. Elles sont composées de plusieurs compagnies, en principe à raison d’une par département.
Dès 1871, des projets de réorganisation de l’armée et de rationalisation de son budget ont proposé
la démilitarisation de la gendarmerie, laquelle aurait pu être confiée tantôt au Ministère de l’Intérieur,
tantôt à celui de la Justice, voire aux Conseils Généraux. Sa dissolution pure et simple “par voie
d’extinction du corps de la gendarmerie” est même envisagée.
Mais, à l’heure où un vaste redressement militaire de la France est en marche, la gendarmerie
apparaît aux yeux du Général Boulanger, ministre de la Guerre, comme la parfaite interface pour
encadrer l’ensemble du territoire, veiller sur l’exécution des prescriptions de l’autorité militaire, et
assurer la mise en route des conscrits et des rappelés. En 1886, il entreprend une profonde réforme
de la gendarmerie : nomination d’un militaire pour diriger la gendarmerie, réorganisation du réseau
des brigades, transformation des structures de commandement régional, refonte des grades de sousofficiers, renouvellement du corpus régissant le service : en dix-sept mois, c’est presque toute la
Gendarmerie Nationale qui est mise en chantier.
Art.11 : En cas d’absence ou d’insuffisance de la
garnison, la Garde Nationale concourra au service de
la place et de la prison.
Art.15 : Le service étant obligatoire et personnel,
les citoyens inscrits sur le contrôle des compagnies
ne pourront se faire remplacer ni échanger leur tour
de garde ou de ronde que dans les limites fixées par
l’article 18 de la loi de 1851.
Art.17 : Tout murmure et mauvais propos d’un
inférieur envers un supérieur en grade sont formellement interdits dans le service. Il en est de même du
supérieur envers son inférieur.
Serment des officiers, 4 septembre 1870 (AME, 3H19)
La gendarmerie Nationale, Rue Victor Hugo, vers 1900 (AME, 5 Fi 3140)
Le Journal amusant, 18 mars 1899 (BM Evreux)
La caserne Victor Hugo
Située au 17 et 19 de la rue Victor Hugo, la gendarmerie d’Évreux est inaugurée le 20 mars 1886 par
le Conseil Général. L’architecte en est Gossart, qui sera l’auteur, en 1895, de l’Hôtel de Ville d’Évreux.
La Cavalerie
L’Infanterie
L’armée française est
composée de l’armée
d’active, de l’armée
territoriale et de la réserve
des deux précédentes.
L’infanterie désigne les
troupes de soldats à pied,
appelés également
“fantassins”.
Depuis 1881, officiers et
sous-officiers reçoivent des
formations poussées dans
une des quatre écoles
d’infanterie. Les forces
armées françaises forment
ainsi une université
populaire et un moyen de
promotion sociale.
Quelques chiffres…
La France est partagée en 18 régions de corps d’armée.
Chaque région est découpée en 2 divisions de 2 brigades de
2 régiments d’infanterie. L’infanterie d’active comprend 144
régiments, l’armée territoriale 145 (Loi du 13 mars 1875). En
temps de paix, une compagnie d’infanterie se compose de 8
escouades, chacune commandée par un caporal. Deux escouades forment une section commandée par un sergent, deux
sections forment un peloton commandé par un lieutenant ou
un sous-lieutenant et deux pelotons forment une compagnie.
Le régiment possède 4 bataillons, chaque bataillon 4 compagnies, les compagnies sont numérotées de 1 à 16. L’infanterie
est réorganisée par la loi du 25 juillet 1887.
Les fantassins sont équipés d’un pesant paquetage, modèle
1893, appelé « as de carreau », auquel est fixée une paire de
godillots, du nom du fournisseur en chaussures de l’armée
depuis 1870. S’y ajoute un ceinturon de cuir, modèle 1873, à
plaque lisse de laiton, portant trois grosses cartouchières de
cuir noir. Au total, cela représente 35 kilos d’effets militaires.
On adopte le fusil Lebel en 1886, la mitrailleuse modèle 1907
et le modèle de drapeau encore en usage de nos jours.
La cavalerie est le corps
d’élite de l’armée française,
où la sélection est sévère.
Elle représente le refuge
des enfants de l’aristocratie
et de la haute bourgeoisie.
Le portrait photographique de soldat, à la pose
toujours très appliquée, devient rapidement
populaire au XIXe siècle. Immortalisant le passage sous l’uniforme, il est destiné à la famille ou
à la compagne restée au pays.
Officier d’infanterie, par Anna Palm de Rosa
(Coll. Part.)
Portrait par Berthaud, photographe à Evreux,
de Henry Blacque, du 21e Dragons
(Collection particulière).
Le 28ème R.I. en manœuvres (Coll. Part)
Infanterie de ligne en marche,
par Anna Palm de Rosa
(Coll.Part.)
L’infanterie à Évreux
Plusieurs régiments d’infanterie ont été stationnés à Évreux,
aux casernes Saint-Sauveur et des Ursulines. Chaque régiment
garde un bataillon détaché en province, comme le régiment
du 28e régiment d’infanterie, qui a un bataillon et son dépôt à
Rouen, puis à Évreux. Le 28e R.I. fait partie de la 11e brigade de
la 6e division du 3e corps d’armée. Il est logé à l’ancien
Couvent des Ursulines à partir de 1874, ainsi que sa
10e Compagnie, à l’ancien Petit séminaire.
Une fête du 28ème R.I. à la Caserne Amey (Coll. Part)
En novembre 1879, le 74e R.I.
vient relever le 28e R.I. aux
Ursulines : 39 officiers, 360 sousofficiers et soldats, commandés par
le lieutenant-colonel Suchel, s’installent à la caserne. Mais le 28e R.I. est
de retour le 21 décembre 1882,
relevant à son tour le 74e R.I.
La cavalerie se compose de :
La cavalerie lourde : les Cuirassiers, combattant à cheval et les Dragons, combattant à pied.
La cavalerie légère : les Hussards, unité d’attaque et de harcèlement, et les Chasseurs à cheval, spécialisés dans la reconnaissance.
La cavalerie comprend 12 régiments de cuirassiers (pour les hommes les plus grands, de 1,75 à
1,85 m), 26 régiments de dragons (pour les hommes entre 1,65 et 1,75 m), 20 régiments de chasseurs à cheval et 12 régiments de hussards (hommes entre 1,59 et 1,68 m), 4 régiments de chasseurs d’Afrique et 3 régiments de spahis algériens.
La Guerre de 1870 est un désastre pour la
cavalerie, qui prend conscience du décalage
avec l’infanterie et l’artillerie, bénéficiant des
progrès technologiques. Elle remplit désormais des missions plus tactiques et stratégiques.
Lettre du Maire d’Evreux aux Maires
des communes environnantes, 31 août 1872
(AME, 2 H 11)
Sortie du 6ème Dragons, vers 1900 (AME, 6 Fi 1287)
Le 21ème et le 6ème Régiments de Dragons
Le 23 août 1871, le Conseil Municipal d’Évreux envisage d’obtenir un régiment de cavalerie en garnison à Evreux. En mars 1873, la Municipalité vote un budget de 200 000 Fr. (618 250 €) pour son
établissement, somme jugée insuffisante par le Ministre de la Guerre. Une subvention supplémentaire du Conseil Général de 100 000 Fr. décide enfin le Ministre
à accepter qu’Évreux loge un régiment de cavalerie. En 1875,
Les cavaliers, élite des soldats,
le 21e Régiment de Dragons, composé de 3 escadrons, arrive
sont peu populaires. On peut lire
à Évreux. Sous les ordres du Colonel Brice, 27 officiers, 397
dans Le Figaro, au moment du
sous-officiers et cavaliers, accompagnés de 349 chevaux, prendépart du 21e Dragons : “[…]
nent leurs quartiers à la caserne. Peu de temps après,
C’est depuis plus de cinq ans que
le 21e Dragons participe aux grandes manœuvres nationales
remonte l’animosité des petites
organisées dans le département. Mais dès le
gens d’Évreux contre le
4 février 1886, la nouvelle est officielle : le 21e est remplacé
e
21e Dragons. Évreux est une petipar le 6 Dragons.
te ville bourgeoise mais dans ce
Le 21e Dragons quitte Évreux le 8 mars et le 6e Dragons
milieu bourgeois et en partie
arrive entre le 20 et le 25 du même mois. Mais les conditions
réactionnaire, il y a deux éléde casernement se détériorent : les locaux sont vétustes, de
ments qui ne peuvent pas sentir
moins en moins adaptés aux nouvelles normes
les officiers de dragons, ces
d’hygiène…Après la fièvre typhoïde et malgré la réfection de
nobles, ces faiseurs d’embarras
la caserne, une épidémie de méningite cérébro-spinale touche
[…] : les ouvriers d’une part et
durement le 6e Dragons en 1909. Il quitte finalement Évreux
les radicaux de l’autre”.
pour Vincennes le 14 avril 1914 et est remplacé par le
7e Régiment de chasseurs.
Le 3e bataillon du 28e R.I. quitte
définitivement Évreux le 7 août
1914.
Infanterie de ligne, par Anna Palm de Rosa
(Coll. Part.)
Le 28ème R.I. au pas de tir, vers 1890.
(Dessin de M. Maurice Boureau, 2007)
6e Dragons (Dessin de M. Maurice Boureau, 2007)
Dessin humoristique, vers 1900 (Coll. Part.)
Vue du quartier de cavalerie, vers 1910 (AME, 5 Fi 2310)
La caserne Saint-Sauveur
et le Quartier Tilly
Implantation des casernes
et lieux de vie des militaires
C’est avec l’installation
de la caserne Saint-Sauveur
à la fin du XVIIIe siècle
que Évreux devient
ville de garnison.
Abbaye de Saint-Sauveur, d’après un
dessin de Gaignières (1702)
En 1060, le comte Richard fonde l’abbaye Saint-Sauveur près de la cathédrale. Cette abbaye de femmes de l’ordre de Saint-Benoît, suite à un incendie en 1194, est chassée hors les murs par les bourgeois d’Évreux et s’installe au pied de la colline de Saint-Michel. Ainsi, au début du XIIIe siècle,
grâce au soutien de Simon de Montfort, Comte d’Évreux, le monastère estil réédifié, devenant une des plus riches abbayes du diocèse. En 1792, les religieuses doivent quitter leur couvent. Les bâtiments sont vendus comme
biens nationaux et transformés en caserne dès 1794, malgré leur état de
délabrement. Un décret du 5 novembre 1810 abandonne à la Ville la propriété de la caserne Saint-Sauveur.
Après une première campagne de travaux de rénovation entrepris dès
1828, une extension de la caserne en 1874 permet l’accueil d’un régiment
complet de cavalerie, soit 6 escadrons. En avril sont publiés les offres d’expropriation pour cause d’utilité publique. Les travaux avancent vite. Selon un
article du Courrier de l’Eure de 1875 : “[…] sous le rapport de la construction
[…] de l’agencement et de l’organisation, [les nouveaux bâtiments] ne laissent
absolument rien à désirer. L’installation […] est grandiose, d’un confortable et d’une
commodité remarquables”.
1886 voit le départ du 21e Dragons et l’arrivée du 6e Dragons. En 1887,
la caserne Saint-Sauveur prend le nom de quartier Tilly, en mémoire du
comte de Tilly, général d’Empire (Vernon, 1759 – Paris, 1822).
Plan parcellaire pour l’acquisition de terrains pour
l’agrandissement de la caserne Saint Sauveur,
31 octobre 1872 (AME, 2 H 13)
Quartier Tilly, entrée avant 1909 (AME, 5 Fi 771)
Quartier Tilly, entrée après 1909, (AME, 5 Fi 770)
Cependant, les relations entre la
Municipalité et le Ministère de la Guerre
restent tendues : l’état sanitaire est déplorable à cause de l’ancienneté des bâtiments, mettant en péril la santé des soldats, notamment à
cause du défaut d’alimentation en eau potable.
Au tournant du XXe siècle, la reconstruction du
quartier s’impose.
En 1908, une nouvelle adjudication des travaux
a lieu à la Mairie. Les travaux sont estimés à
1 170 000 Fr., dont 500 000 Fr. pour la Ville.
Peu à peu les édifices religieux font place à des
bâtiments plus appropriés aux contraintes militaires, la disparition complète de l’abbaye SaintSauveur intervenant en 1909, avec la démolition
de l’ancienne maison de l’abbesse.
Le quartier de cavalerie, vers 1900 (AME, 5 Fi 2299)
Vue du quartier de cavalerie, vers 1900 (AME,5 Fi 2303)
Article du Radical, octobre 1895 (AME, 2 H 13)
La caserne Varillon
et les séminaires
A la fin XIXe siècle,
la Municipalité loue les
hangars Varillon, situés rue
Passot et place de la
République (et d’autres
locaux quand nécessaire)
afin d’y loger les réservistes
du 28e Régiment
d’Infanterie et les
territoriaux durant leurs
périodes. En effet,
chaque année, 2 classes
de réservistes sont
appelées pour effectuer
une période de 28 jours
et 2 demi-classes de
territoriaux pour 13 jours.
Les baraquements de Pannette
Au début du XXe siècle,
la construction de
bâtiments neufs pour
loger les réservistes et les
territoriaux durant leurs
périodes devient une
priorité pour la
Municipalité d’Évreux.
Plan des hangars Varillon, 1892 (AME, 1 M 36)
Entrée caserne Varillon, vers 1900 (AME, 5 Fi 2544)
Les hangars Varillon sont des halles à marchandises, construites vers 1850 par la
Compagnie de l’Ouest. Ces locaux ne sont pas
adaptés au logement des réservistes : sans chauffage ni plafond, il y règne un froid insupportable,
les conditions d’hygiène y sont déplorables…
Suite aux protestations répétées de l’état-major,
la Ville envisage une nouvelle construction en
1892. Pour un montant de 70 000 Fr., il s’agit de
construire un bâtiment parallèle à l’existant. Mais
ce projet n’aboutit pas.
En attendant, faute de place, des tentes sont
montées sur le pré du Bel-Ébat pour abriter les
réservistes et territoriaux.
Le Petit séminaire
Dévolu à l’hospice d’Évreux après la loi de séparation de 1905,
l’ancien Petit séminaire de Saint Aquilin, situé rue du Chantier,
est loué en 1911 par la Ville afin d’y loger la 10e Compagnie du
28è R.I. Le 7 juillet 1914, elle franchit pour la dernière fois la
grille d’entrée. L’ancien Petit séminaire est totalement détruit
lors du bombardement de juin 1940.
Ancien petit séminaire, vers 1900 (AME, 5 Fi 1467)
Le Grand séminaire
L’ancien Grand Séminaire, situé au 1 rue Saint Taurin, sert
provisoirement d’hôpital militaire.
Affiche d’adjudication, 1906 (AME, 1 M 36)
Par une lettre au Maire d’Évreux datée du 22 février 1899, le
Général du 3e corps d’armée déplore “l’insuffisance des locaux mis à
la disposition de l’autorité militaire pour le logement des réservistes et territoriaux, au moment de la convocation. » En effet, « les 6ème Dragons
(Quartier Tilly) et 74ème d’Infanterie (Caserne Amey) vont se trouver dans
l’impossibilité de loger les 600 réservistes prévus le 27 février prochain”.
De plus, le bail de la Ville avec le loueur arrive à échéance le 31
décembre 1905. Une nouvelle construction devient indispensable.
Le projet de la rue de Pannette, déjà envisagé quelques années auparavant, est à nouveau considéré par la municipalité.
Dates
Réservistes
1895
Du 5/02 au 15/04
160
Du 8/04 au 4/05
230
Du 30/09 au 27/10
Territoriaux
Portant l’ensemble des recommandations réglementaires, le mémoire des travaux est fourni par l’autorité militaire locale. Les sept bâtiments construits, semblables, en silex et briques, couverts en tôle ondulée galvanisée, peuvent loger chacun environ 150 hommes. Placées
symétriquement, espacées les unes des autres de 7 mètres,
chaque salle possède une hauteur sous plafond de
3,50 m. et est éclairée et aérée par 21 châssis et 2 impostes ouvrants à bascule.
Février
100
15/05 au 18/06
250
24/08 au 20/09
800
A part. du 3/05
350
A part. du 23/08
550
A part. du 4/10
A part. du 28/02
300
A part. du 22/08
1000
A part. du 10/10
2950
1400
TOTAL 1897
1898
2040
1800
TOTAL 1896
Entrée du Grand Séminaire (AME, 5 Fi 1466)
Total
1650
19 au 31/10
1897
Projet de baraquements, 10 juillet 1904 (AME, 1 M 36)
Entrée et corps de garde (Coll.part.)
TOTAL 1895
1896
En 1897, elle vote la construction proposée par l’architecte municipal sur le pré du Bel-Ebat. Mais
celle-ci ne sortira pas de terre. La municipalité cherche un autre emplacement. En 1901, le prolongement de la rue de l’Ardèche est rendu possible grâce à l’achat à M. Bellais d’un terrain de 7500 m²
situé entre celle-ci et le boulevard de l’Ouest, montant vers la gare. On y adjoint en 1904 un terrain
adjacent de 1300 m², acheté à M. Nacfert, donnant sur le boulevard de la Buffardière, ce qui facilite
l’accès vers le champ de manœuvres, le pré du Bel-Ébat. La nouvelle construction est maintenant possible. La superficie permet de loger environ 1000 hommes dans de bonnes conditions. Lors de la séance du conseil municipal du 16 novembre 1904, l’architecte municipal présente les plans, inspirés des
bâtiments de la ville de Parthenay. Les travaux peuvent débuter en 1906.
Intérieur (AME, 5 Fi 2567)
Nombre de réservistes et territoriaux appelés à Évreux de 1895 à 1898
Année
Plan projet de construction pré du Bel Ebat, 1897 (AME, 1 M 36)
2300
1700
TOTAL 1898
3000
Cuisines et lavoirs (AME, 5 Fi 2558)
Intérieur d’une chambrée : les lits sont disposés en 4 rangs : 2 adossés les uns aux autres et les 2 autres
contre une cloison longitudinale. La distance réglementaire entre chaque lit est de 1 mètre.
(AME, 5 Fi 775)
La caserne Amey
Au XIXe siècle,
à Évreux comme
dans de nombreuses
autres villes de France,
les régiments s’installent
principalement
dans d’anciens
bâtiments religieux,
suite aux
confiscations
révolutionnaires.
Au XVIIe siècle, période de
renouveau religieux, le chanoine Jean Le Jau, pénitencier de la
Cathédrale, instruisant un groupe
de jeunes filles et de veuves, a
pour objectif de créer une communauté féminine destinée à
enseigner. En 1622, il obtient du
Pape Grégoire XV l’officialisation
de cette communauté. Les travaux de construction débutent
après les lettres patentes de
Louis XIII et une nouvelle bulle
du Pape. L’église, dédiée à SaintJean Baptiste, est bénie en 1626.
A la Révolution, comme c’est le
cas pour toutes les communautés
religieuses d’Évreux, le Couvent
des Ursulines devient Bien
National, ce qui conduit à l’expulsion des religieuses en 1792.
L’Etat y loge le tribunal civil, le bureau de la marque de l’or et la
caserne de la Garde départementale, qui s’installe dans les bâtiments de la cour du cloître. Dès 1803, d’importants travaux
sont entrepris afin d’y installer des militaires, suivis d’un projet de
casernement en 1825. Une partie des bâtiments demeure sans
affectation particulière, et abrite même un temps les collections du
Musée municipal.
L’appel aux armes
Caserne Amey, vue intérieure, vers 1900 (Coll. Part)
Plan de la Caserne des Ursulines, 1857 (2 H 9)
Une seconde campagne de travaux est entreprise par la
Municipalité en 1857, suite aux plaintes répétées de l’état-major sur
l’état d’insalubrité des locaux. Il semble que toute la caserne, remise
à l’Etat en 1874 pour y loger le 28e régiment d’infanterie, ait été réhabilitée à cette occasion. En 1886, le Général Boulanger, Ministre de la
Guerre, décide de donner à chaque caserne le nom d’un général
s’étant illustré pendant la Révolution. C’est ainsi que le Couvent des
Ursulines est rebaptisé Caserne Amey, en hommage au général,
Baron d’Empire, qui prit part à la guerre de Vendée. Choix étonnant,
car selon un rapport de la Convention du 4 germinal an II (24 mars
1794),Amey fut accusé d’avoir perpétré de nombreux massacres.
Après la Loi de séparation de l’église et de l’Etat en 1905,
la chapelle tombe progressivement en ruines et certains vieux
bâtiments sont rasés.
Le passage sous les
drapeaux devient obligé
dans un contexte de fort
patriotisme. Ne pas faire
son régiment est mal vu,
surtout dans les campagnes. Le prestige de l’uniforme est à son apogée. Les
réformes militaires donnent
à la France une armée de
500 000 hommes plus
4 classes de réservistes soit
1 million d’hommes,
auxquels s’ajoutent les
900 000 hommes de
l’armée territoriale.
Depuis la loi de 1889, le recensement a lieu tous les ans au
mois de décembre. La classe comprend les jeunes hommes nés
ou domiciliés dans la commune qui auront atteint l’âge de 20 ans
le 31 décembre de l’année en cours. Ils doivent faire leur déclaration en mairie.
Les tableaux de recensement. Les maires y inscrivent les
jeunes gens soumis à la loi militaire. Ils y notent la profession des
conscrits, leurs aptitudes physiques, ainsi que les demandes
d’exemptions (enseignants, membres du clergé…) et de dispenses (orphelins, soutiens de familles..), fort nombreuses. Les
tableaux sont ensuite affichés les premier et deuxième dimanches de janvier, afin que les intéressés puissent vérifier s’ils n’ont
pas été oubliés.
Trompette de garde de cavalerie, vers 1900 (Coll.part.)
Le tirage au sort a lieu en janvier, après la publication des tableaux de recensement.
L’autorité civile l’effectue en séance publique. Les conscrits sont appelés dans l’ordre de leur
inscription. Inscrits sur des bulletins, les numéros les moins élevés sont d’office attribués aux
omis. Les numéros restants sont placés dans l’urne. Chaque inscrit est appelé, et, après avoir
décliné son identité, il tire un bulletin. Les numéros les plus élevés sont les plus favorisés, les
plus faibles désignant ceux qui partent pour les régiments de l’Est, à la discipline plus dure. Le
tirage au sort donne lieu à des rituels spécifiques selon les régions : le plus élevé porte le drapeau de la classe, le n°11 est surnommé “mes deux jambes”, le n°22 “les deux cocottes”, le
n°33 “les deux bossus”…
Les omis. Il existe 3 catégories d’omis :
> par fraude, punis d’un mois à un an d’emprisonnement.
> par négligence, affectés d’office à la marine.
> les excusés, qui conservent le droit au tirage au sort, mais perdent le droit à la dispense.
Les mutilés volontaires et les simulateurs sont déférés aux tribunaux, et, à leur sortie de
prison, incorporés aux fusiliers marins.
Registre de recensement des classes, 1890 (AME, 1 H 18)
Le conseil de révision. Chaque conscrit reçoit 8 jours avant un ordre de convocation. Dans une salle
voisine à celles des séances, l’appelé se déshabille, puis, à l’appel de son nom, se présente devant le
conseil, qui le fait examiner par un médecin. Le conseil contrôle la régularité du tirage au sort et la validité des inscriptions, statue sur les exemptions et les dispenses pour raison de santé…La décision du
conseil de révision, définitive, est prononcée à la majorité des voix.
L’appel de la classe : L’incorporation se fait en octobre - novembre pour une libération en été.
Caserne Amey, entrée principale, vers 1900 (AME, 5 Fi 420)
Les engagements
conditionnels
2 jeunes recrues entourant un officier, vers 1900
(AME, 6 Fi 1300)
Caserne Amey, vers 1900 (AME, 5 Fi 1640)
Caserne Amey, entrée vue de la Place Dupont de l’Eure, vers 1900 (Coll. Part)
Engagement conditionnel d’un an,
1874 (AME, 1 H 148)
Les engagés conditionnels sont
volontaires pour un an. Deux
conditions sont requises afin
d’éviter la promiscuité de la
caserne : posséder un diplôme
universitaire ou passer un
examen très simple et payer son
équipement (1500 Fr., soit
environ 4500 €) : ce privilège
n’est donc réservé qu’aux
classes aisées.
« Garde à vous ! »
Discipline, obéissance,
honneur, courage, bravoure,
dévouement, amour du
drapeau, camaraderie,
héroïsme représentent
les neuf vertus militaires
décrites dans le “Manuel
d’infanterie à l’usage des
sous-officiers” de 1895.
L’instruction
Très réglementée, l’instruction
militaire ne laisse aucun aspect
de la vie du soldat, individuelle
ou collective, au hasard : de
l’assouplissement au maniement des armes, du mouvement des troupes à l’utilisation du terrain… Une aide à la
mémorisation est fournie par
les différents mouchoirs d’instruction.
La discipline
Particulièrement dure dans un contexte de redressement moral de l’ensemble de la société, elle est le
pivot de l’organisation militaire.
“Le soldat désobéissant est non seulement un mauvais soldat, mais aussi un mauvais citoyen, car, sans discipline, il n’y a pas d’armée, et, sans armée, un peuple perd son indépendance. Qu’entend-on exactement par discipline ? Ce mot résume deux qualités essentiellement militaires : l’obéissance et la soumission. Il ne suffit pas
en effet d’obéir à ses chefs, il faut encore exécuter les ordres sans hésitation ni murmure, et c’est là ce qui constitue la soumission”
Le mouchoir d’instruction
Fabriqué entre 1875 et 1888 à la
manufacture de cotons filés Renault à
Rouen, le mouchoir d’instruction militaire est très à la mode chez les soldats. Il se présente sous la forme d’un
mouchoir de 65 X 75 cm en moyenne, imprimé en noir sur fond bis, avec
Mouchoir du fusil Gras (Coll. Part.)
une bordure rouge. Fourni au conscrit
avec son paquetage (ou bien acheté au foyer du soldat), chaque
corps d’arme possède le sien. Il existe également des mouchoirs
illustrés de scènes humoristiques de la vie à la caserne.
L’armement
Avis de tir du 28è R.I., 1912 (AME 2H16)
Une journée réglementaire
Les réformes voulues par le Général Boulanger en 1886 ont modernisé l’armement et l’équipement : l’adoption du fusil Lebel en est
l’exemple le plus emblématique. Il porte le nom de son inventeur, un
des officiers de la commission qui, en 1886, mit au point le premier
fusil à répétition de l’infanterie française. Adopté en 1887, il connaît
une première modification en 1893. Il équipera les fantassins lors de
la Grande Guerre. Les régiments stationnés à Évreux effectuent leurs
exercices au champ de tir situé à Arnières-sur-Iton.
La vie quotidienne
des soldats
s’organise
essentiellement
autour du
rassemblement
du matin, des repas,
des corvées
et des manœuvres.
L’entraînement physique
Les exercices physiques,
essentiellement collectifs,
sont au cœur de l’entraînement militaire.
Parmi ceux-ci, la marche au
pas occupe une place privilégiée. Destinée à inscrire dans
le mouvement même des
corps la discipline militaire,
elle est l’objet d’une description extrêmement précise :
“Au commandement de “En
avant !”, le soldat porte le
poids du corps en avant et sur
la jambe droite, les jarrets tendus. Au commandement de
“Marche !”, il porte le pied
gauche en avant, la pointe légèrement tournée en dehors, le
pose à 75 cm du droit, le talon
droit levé, tout le poids du corps
portant sur le pied qui pose à
terre”.
Le petit déjeuner ou petit lever. Au cri d’ “au jus
là d’dans”, la chambrée se lève. Le chef de chambre
allume la lampe à pétrole. Les quarts de fer blanc
sont décrochés de leur clou et disposés sur la table
afin de recevoir le café.
Le réveil. Au son du clairon ou de la trompette, le
chef de chambre secoue les retardataires. Une rapide toilette aux lavabos collectifs précède l’habillage.
Le grand lever. Les chambres sont aérées. Il faut
rapidement endosser la tenue d’exercice ou de corvée – en fonction de l’emploi du temps prévu - avant
de descendre dans la cour pour l’appel.
Quartier de cavalerie, séance au lavoir, vers 1900 (AME, 5 Fi 461)
Caserne Amey, corvée de pommes de terre du 28ème R.I. , vers 1900 (Coll.Part.)
Les citations en italique sont extraites
du Manuel d’infanterie à l’usage
des sous-officiers.
Paris : éd. Charles-Lavauzelle, 1895
La soupe à la caserne Varillon, vers 1900 (AME, 5 Fi 1457)
Les fêtes
Moments de détente et de mise en scène du quotidien, mais aussi véritable exutoire des frustrations
accumulées, les fêtes sont fréquentes, associant
musiques, chansons et déguisements.
Fusil modèle 1886.
Vue du mécanisme au moment de l’extraction
“Arme à l’épaule”
“Présentez arme”
Fête du 28e R.I., vers 1900 (Coll.part)
Fête au 6e Dragons, vers 1900 (Coll.part.)
Exercices d’assouplissement (Coll.part.)
Exercices de boxe (Coll.part.)
L’appel du matin, vers 1900 (Coll.part.)
Les exercices
Suivent, pendant deux heures, des exercices de
marche au pas. Si la météo est trop défavorable, des séances de montage, démontage et
entretien des fusils sont organisées.
Les corvées
Parmi celles-ci, l’incontournable corvée de
pommes de terre interrompt toute autre activité. Le cercle se forme à proximité des cuisines, où la séance dure en moyenne un quart
d’heure.
Les repas
L’ordinaire du soldat n’offre pas toujours une
nourriture très variée, bien que le règlement du
23 octobre 1887 sur la gestion des ordinaires
de la troupe, confiée à un caporal, ait apporté
une réelle amélioration dans l’alimentation. Le
régime soupe et bœuf, pommes au gras et haricots règne. L’eau est la boisson réglementaire,
mais, dans les grandes occasions, du vin peut
être servi, offert par les économies des soldats
eux-mêmes.
La correspondance
La rédaction (pour ceux qui savent écrire) des
lettres et cartes à un proche représente un des
rares moments d’intimité accordé au conscrit.
Évreux, ce 20 janvier 1908
“ A l’heure où je t’écris il est exactement 6 h 22 du soir.
Je déguste un bouillant café au café de l’Union un des
susdits les plus connus de la ville fréquenté par les plus
hautes notabilités de l’endroit […] nous exhibons à nos
lèvres un majestueux havane à 05 centimes la vie idéale quoi de ton respectueux Pitou […] La présente te
donnera une idée de l’allure martiale et dégagée que possèdent le 3e Bataillon du 28e R.I. et de très loin après
le 6e Dragons et admire en même temps cette place rêvée pour l’instruction du ½ tour et de la marche oblique.”
Louis CHATELAIN, en villégiature à Évreux-les-Bains
« Un esprit sain
dans un corps sain »
Dans son souci de
renforcer moralement
et physiquement
la jeunesse française,
l’armée a fortement
contribué au
développement de
la pratique sportive
dans notre pays.
Entre 1880 et 1914,
on peut parler à propos
des sociétés de tir et de
gymnastique de véritable
passion nationale.
Outre ces sociétés,
les écoles normales
d’instituteurs,
les amicales laïques,
les patronages
catholiques organisent des
séances de tir.
Les Sociétés de tir et de gymnastique
Créées après la défaite de 1870,
elles sont constituées afin de faire
naître parmi la jeunesse un esprit
de défense de la nation. Ce sont
des sociétés mixtes composées de
civils, de militaires, de réservistes et
de pupilles âgés de 17 à 21 ans.
Elles sont constituées au sein des
régiments, qui fournissent les
stands, les armes (fusil modèle
1886, le LEBEL) et les munitions.
(A Évreux, les exercices se déroulent au champ de tir d’Arnièressur-Iton, sur des cibles placées à
250, 350, 400 et 500 mètres).
Déjà décidé en 1903, le Brevet
Diplôme du Grand Concours de gymnastique, 1886. ( AME, 3 R 4)
d’Aptitude Militaire est l’objet
d’une instruction du 7 novembre 1908 précisant ses conditions de préparation.Toutes les associations
doivent intégrer dans leurs buts la préparation à ce brevet. A Évreux, les deux principales sociétés de
tir et de gymnastique sont l’Avenir Ébroïcien et la société de tir du 18ème régiment territorial d’infanterie. Pour leur fonctionnement, elles perçoivent des subventions de la Ville d’Évreux et du Conseil
Général.
L’Avenir Ébroïcien
Fondée le 14 juillet 1883, cette “Société de gymnastique, de tir et d’instruction militaire”, dont l’encadrement
est assuré, comme son nom l’indique, par des instructeurs militaires, “[…] a pour but de donner une éducation
physique aux jeunes gens, en développant leurs forces par les exercices du corps et en leur enseignant l’art du
tir, en un mot elle prépare ses membres à accomplir leur service militaire”, selon un courrier adressé par son
Président au maire d’Évreux en date du 1er mars 1905. Il poursuit ainsi : “La société récompensera par des
prix annuels les plus méritants des gymnastes, des marches militaires périodiques ainsi que la participation aux
concours de gymnastique et de tir agrémentent le travail des jeunes gens et les stimulent en même temps.”
Etat des sociétés civiles de tir et des sociétés de tir
mixtes, 7 novembre 1907 (AME, 3 R 2)
Le 18ème territorial
Fondée en 1878, cette société de
tir compte à son origine exclusivement des militaires. En 1909, elle
est composée de 45 officiers
(dont 15 appartiennent à la réserve et 30 à la territoriale), 438 sous
- officiers et soldats et 122 pupilles
(membres de sociétés sportives et
du Lycée), soit 605 hommes. Une
cotisation annuelle de 10 Francs
est versée par les officiers et sousofficiers, les autres bénéficient de
la gratuité des tirs.
Obligations civiles
La loi du 3 juillet 1877
organise
les réquisitions
des véhicules et
des animaux qui
doivent accompagner
une éventuelle
mobilisation.
Affiche de ravitaillement de l’armée, vers 1900
(AME, 1 Fi P 4510)
Questionnaire du Ministère de la guerre, 1908
(AME, 2 H 41)
Les réquisitions
Armes, grains, fourrages, voitures et
chevaux peuvent être réquisitionnés.
En effet, les chevaux sont en nombre
insuffisant pour répondre aux besoins
de l’attelage de l’artillerie, mais surtout
des trains et convois, d’où l’importance des opérations de réquisitions. Ils
sont mobilisables à 6 ans, les mulets à
4 ans…et ils peuvent aussi être réformés, ajournés, exemptés ou dispensés
provisoirement…
Les membres des commissions chargées des réquisitions sont désignés par
l’autorité militaire sur proposition du
maire.
Le ravitaillement
En vue de pourvoir à la subsistance des armées en campagne et de la population civile des places fortes en cas de
mobilisation, le Ministère de la guerre doit posséder des
renseignements complets sur l’ensemble des ressources
disponibles sur le territoire. Des commissions de ravitaillement sont constituées afin d’effectuer ce travail de recensement. Tout type de marchandises et produits sont
concernés : farines, bestiaux, fil de fer, etc…
Dans cet objectif, le Préfet adresse au Maire des questionnaires destinés aux propriétaires ou exploitants afin d’évaluer très précisément les ressources mobilisables. Pour les
propriétaires de moulins à blé par exemple, il est recommandé de passer une convention “valable pour le cas de
mobilisation en vue de l’utilisation de leur moulin à ce moment ;
faute de convention ou de contrat, les dits propriétaires s’exposeraient à voir leur usine requise par le service du ravitaillement,
c’est-à-dire utilisée par ce service sans opposition possible avec
paiement reculé à une époque pouvant être éloignée jusqu’à la
fin de la guerre”.
(Lettre du Préfet de l’Eure au maire d’Évreux, 9 juillet 1909)
Liste des membres des commissions
de réquisition, 1911
(AME, 2 H 41)
L’obligation d’accueil
Société de tir du 18e Régiment territorial d’infanterie, 1er juin 1893 (AME, 3 R 1)
Les bataillons scolaires
Les instituteurs (surnommés les “Hussards noirs de la République”) souhaitent une refonte de l’esprit national. Une loi du 28
mars 1882 met la gymnastique et le tir au nombre des matières d’enseignement des écoles publiques de garçons. Les activités
paramilitaires se développent. Après le passage du service militaire obligatoire de 3 à 2 ans, une instruction du Ministère de
l’Instruction Publique de 1907 crée des sociétés de tir scolaires dans tous les établissements publics du pays.
Aristide Briand, qui tient, avec l’Instruction Publique, son premier portefeuille ministériel, déclare :“ Au moment où la réduction du
service militaire exige plus que jamais des jeunes soldats des aptitudes et des qualités d’adresse préalablement acquises, il est de l’intérêt
du pays que se multiplient les sociétés scolaires et post-scolaires de tir à courte distance […] mais aussi à l’arme de guerre, qui sera donnée par les soins de l’autorité militaire locale, dans toutes les écoles normales dont le siège est une ville possédant une garnison.”
Contrat de location, 1895 (AME, 2 H 28)
Dans les villes de garnison où les bâtiments militaires n’ont pas les capacités
d’accueil suffisantes, les troupes de passage, de stationnement ou de cantonnement sont logées chez l’habitant. La
répartition des hommes incombe à la
municipalité qui loue des logements.
Un arrêté des administrateurs municipaux du 10 décembre 1850 précise
l’ensemble des dispositions concernant le logement des troupes, comme
les circonstances dans lesquelles il est
dû chez l’habitant, les personnes assujetties, la répartition des logements, les
fournitures pour les hommes…
Le logement chez l’habitant est réglé
en vue des grandes manœuvres de
septembre prévues par l’article 28 de
la loi du 24 juillet 1873. Les indemnités
perçues se montent à 1 Fr. (1,99 €) par
officier, 0,20 Fr. (0,40 €) pour un sousofficier, 0,05 Fr. (0,10 €) pour un soldat
en cantonnement en bivouac.
Contrat de location des hangars Varillon, 1904 (AME, 2 H 28)
L’obligation de logement s’apparente à un impôt déguisé, irrégulièrement réparti. Les mécontentements sont
nombreux, car cela représente une charge souvent
onéreuse pour les habitants.
« 0 au jus ! »
Fanfares, défilés et cavalcades
Le prestige de
l’uniforme, prenant
ses racines sous
l’Ancien Régime,
est plus que jamais
présent.
Les fêtes populaires voient
la population
acclamer les soldats
et communier avec eux
dans une même ferveur
patriotique.
Les défilés
Grands moments de rencontre
attendus de tous, soldats et civils, les
défilés et revues attirent généralement une foule nombreuse d’Ébroïciens. Les traditionnels défilés et
retraites aux flambeaux du 14 juillet
sont l’occasion pour les régiments
d’Évreux de s’associer pleinement
aux réjouissances de la population,
dont le programme est souvent très
fourni.
…Phrase rituelle
prononcée par
le soldat lorsqu’il est
rendu à la vie civile.
Le « père 100 »
Moment tant attendu – mais parfois aussi redouté – par les conscrits, la fin du service militaire donne
naissance à un ensemble de rituels liés au décompte précis du nombre de jours restant avant ce que l’on
appellera après la Première Guerre Mondiale la “Quille” . Le “Père 100”, personnage mythique,
incarne le soldat libérable, qui entre dans ses cent derniers jours de service. Les cartes postales, très
populaires parmi les militaires, rivalisent d’imagination dans l’illustration de ce compte à rebours.
La revue du 14 juillet au Bel Ebat, vers 1900 (AME, 5 Fi 2576)
La Musique Militaire
Le Quartier Tilly et la caserne Amey possèdent leurs fanfares. Outre la participation aux défilés, elles
donnent des concerts de bienfaisance au théâtre, jouent souvent au jardin public ou place de la mairie et se produisent à l’occasion de manifestations particulières organisées par la municipalité, comme
les fêtes de quartiers. Les musiciens accompagnent également régulièrement la Musique Municipale ou
l’Orphéon d’Évreux.
Carte postale “Le baromètre de la classe”, début XXe s. (Coll.part.)
La libération
La libération intervient fin juillet – début août, afin de permettre
aux libérés, dans une France encore essentiellement rurale, de participer aux travaux des champs. Les hommes sont généralement
renvoyés dans leurs foyers au retour des grandes manœuvres. Les
non gradés sont obligés de retourner leur tenue par colis postal.
Les gradés conservent leur uniforme qu’ils rapportent lors de
leurs périodes de réservistes.
Programme de la fanfare du 6e Dragons, 1904
(AME, 2 R 51)
Fanfare du 6e Dragons, début XXe siècle (Coll. Part)
Afin d’obtenir le concours des
fanfares, le Préfet ou le Maire
adresse leur demande aux autorités
militaires pour autorisation, comme,
par exemple, en juin 1898, où la participation de la fanfare du 6ème
Dragons est requise pour le bal de
bienfaisance au profit des habitants
du quartier Saint Léger dont les propriétés ont été sinistrées par un
orage le 5 du mois.
Lettre du Maire d’Evreux au Général commandant
à Evreux, 1880 (AME, 1 J 24)
Fanfare du 28e R.I., vers 1900 (Coll.part.)
Deux dragons et un habitant d’Evreux à la fin du XIXe siècle (dessin de M. Boureau, 2007)
“Avis de libération”, vers 1900 (Coll.Part.)
Les Français sont réservistes de l’armée d’active pendant 4 ou
8 ans puis ils forment les effectifs de l’armée territoriale qui
comprend cinq classes d’âge.
Les cavalcades
Les fanfares militaires s’associent également aux cavalcades. Une
des plus importantes organisée par la municipalité en ce début de
XXe siècle est la cavalcade de bienfaisance du 5 mai 1907. Outre
les fanfares du 6e Dragons et du 28e Régiment d’infanterie, les
Ébroïciens voient défiler celles des gendarmes et des sergents de
ville, ainsi qu’un héraut d’armes et deux porte étendards à cheval,
un groupe de pierrots, une gardeuse d’oies avec ses volailles, des
mexicains et des peaux-rouges…
Affiche de la cavalcade de bienfaisance, 5 mai 1907 (AME, 2 Q 13)
Carte postale “Le thermomètre” de la classe, début XXe s. (Coll.part.)
Entre 1870 et 1914, le service militaire, profondément réformé, est très souvent vécu par les conscrits comme une
contrainte particulièrement pénible, brisant les projets individuels pour de longues années. Mais malgré la dureté de la discipline, le rôle social du service s’affirme totalement : initiation
à la modernité pour des millions de jeunes ruraux, découverte de la ville, développement de l’hygiène, qualité de la nourriture, rapport différent au temps et à l’espace… Le service
devient un rite national, marquant le passage à l’âge adulte. La
caserne joue un rôle décisif dans le recul de l’illettrisme et des
particularismes locaux. La population profite pleinement de la
présence des soldats, animant commerces, cafés, bals et fêtes
populaires… Bien que les militaires se distinguent toujours
des civils par leurs uniformes, durant cette période ils se
mêlent à la population comme ils ne l’ont jamais fait auparavant. Mais notre “ami Bidasse”, ce beau militaire à la fière
moustache et à l’uniforme coloré, présent sur les champs de
manœuvres et dans les rues d’Évreux, disparaît dans les bombardements de la Grande Guerre.Avec lui, un chapitre important de l’histoire de l’armée française se clôt. C’est la fin de la
“Belle Epoque” des casernes.
Avec l’ami Bidasse.
Les militaires à Evreux de 1870 à la Grande Guerre.
Les Archives Municipales d’Evreux tiennent à exprimer leurs plus vifs remerciements
à tous ceux qui ont permis la réalisation de cette exposition.
Soldats Place Dupont de l’Eure, vers 1900 (AME)
Remerciements
Sources
Souvenir du 6e Dragons, 1910 (AME, 5 Fi 1460)
Notre reconnaissance va tout particulièrement à M. Jean-Louis MARTIN, sans qui la réalisation de cette
exposition n’aurait pas été possible. Nous tenons à le remercier pour sa disponibilité, ses conseils avisés
et la mise à disposition de son abondante documentation. Nos remerciements vont également à son
épouse, pour la gentillesse de son accueil.
* M. Maurice BOURREAU, pour la réalisation de trois dessins originaux pour cette exposition.
* M. Michel HOUA, pour son prêt d’ouvrages.
* M.André SANCHEZ, Directeur du Cadran, pour la mise à disposition du Hall du Palais des Congrès.
* Le Service Communication de la Ville d’Évreux
* La Médiathèque et le Fonds ancien de la Ville d’Évreux
* Le SCIAL de la Ville d’Évreux
Archives Municipales d’Evreux
Série H :Affaires militaires
Série J : Police locale
Série M : Bâtiments communaux
Série R : Culture, sport
Fonds ancien de la Médiathèque d’Evreux
Journaux : le Courrier de l’Eure, l’Illustration, le
Journal Amusant.
Ouvrages généraux
Orientations
bibliographiques
La Belle Epoque des uniformes (1880-1900).
Musée de l’Armée. Paris : éditions de l’Albaron et Musée de l’Armée, 1991.
Manuel d’Infanterie à l’usage des sous-officiers.
Paris et Limoges : édition Henri Charles-Lavauzelle, 1895.
ANDRE, Roland. Nos beaux militaires ! De la Belle Epoque à la Grande Guerre.
Saint-Cyr-sur-Loire : éditions Alain Sutton, 2005.
MARTIN, Jean-Louis. Evreux. Grandes et petites heures du quartier Tilly.
Tome 1 : de la Révolution à 1913. Louviers :Ysec éditions, 2002.
RIBOUILLAULT, Claude. Le service militaire.
Rodez : Editions du Rouergue, 1988.
Sites internet
www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/
Site du service historique du Ministère de la Défense.
Ville d’Évreux
www.defense.gouv.fr/defense/enjeux_defense/patrimoine
Pages historiques du site du Ministère de la Défense.
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