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Des événements clés
pour l’armée française
La défaite de 1870 contre la Prusse représente un énorme
traumatisme national. Ce désastre crée une forte volonté de
revanche. La dette de guerre de 5 milliards de francs - or,caution-
née par l’occupation d’une partie du Nord-Est de la France et
surtout la perte de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine hantent
la conscience nationale. Suite aux importantes déficiences de l’ar-
mée constatées à l’issue du conflit, des crédits conséquents sont
votés chaque année par l’Assemblée Nationale afin de réaliser les
réformes nécessaires.
La Commune de Paris. En mars 1871, lavolte du peuple de
Paris, en réaction à la crise profonde que traverse le régime,
démontre qu’un gouvernement peut être ébranlé par des mou-
vements sociaux incontrôlés.Tout au long de son histoire, la IIIe
République (1870-1940) entretient une profonde réflexion sur le
maintien de l’ordre.
L’Affaire Dreyfus divise l’armée française. Le capitaine
Alfred Dreyfus (1859-1935) est accusé à tort d’espionnage au
profit de l’Allemagne. Déporté en Guyane en 1894 puis reconnu
innocent,il est habilité en 1906.La gauche républicaine,qui sou-
tient la thèse de l’erreur judiciaire, s’oppose à la droite monar-
chiste et patriotique, qui fend l’intégrité de l’armée. Larticle
d’Emile Zola paru dans le quotidien l’Aurore le 13 janvier 1898,
intitulé « J’accuse », est resté célèbre comme acte de naissance
des intellectuels français.
La crise du Boulangisme. Le Général Boulanger
(1837-1891), ministre de la Guerre en 1886, mis à la
retraite en 1888, est élu triomphalement dépuà Paris le
27 janvier 1889, mais refuse, à la tête de ses partisans
nationalistes et monarchistes, de marcher sur l’Elysée.
La Loi de paration de l’Église et de l’État.
Les
vives querelles religieuses à l’occasion de la séparation de
l’Église et de l’État en 1905 amènent de nombreux officiers
à démissionner, suite à la rédaction des inventaires des
biens de l’Église il a fallu faire donner la troupe pour éva-
cuer les religieux et les paroissiens qui s’y opposaient.
L’émergence du pacifisme est liée à la mone en
puissance du parti socialiste. Les partis de gauche
sont hostiles au projet de loi déposé en 1913 proposant
le passage à trois ans du service militaire. Les attaques les
plus violentes sont lanes par Jean Jaurès, préoccupé par
la course aux armements remettant en cause la paix en
Europe.
Cette période politiquement trou-
blée engendre dans l’ensemble de
la société française un désir d’ord-
re, incarné par la discipline militai-
re. Larmée française, « la grande
école des générations futures »,
l’artisan de développement de
l’Empire colonial français, est l’ob-
jet de l’attention de toute la
nation. Il s’agit, pour les classes
dirigeantes, après la défaite de
1870,de reconstruire l’unité natio-
nale et, au travers de l’armée, de
promouvoir une réforme morale
et un renouvellement de la cons-
cience collective. Dans ce contex-
te, les militaires jouissent d’une
exceptionnelle sollicitude au sein
de la population.
A la charnre des XIXeet XXe
siècles, la France connt des
événements politiques majeurs
qui entrnent de profondes
formes de l’armée française,
techniques et structurelles.
La période 1871-1914 est
surtout marquée par
les rapports tendus entre
la France et l’Allemagne.
Jean Jaurès (L’Illustration, 1900. BM Evreux)
Dégradation du Capitaine Dreyfus (L’Illustration, janvier 1895. BM Evreux)
La démolition de la Colonne Vendôme lors de la Commune de Paris
(L’Illustration, mai 1871. BM Evreux)
Portrait du Général Boulanger
(L’Illustration, janvier 1886. BM Evreux)
Portrait de Bismarck
(L’Illustration, juillet 1870. BM Evreux)
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Les grandes réformes
Les modalités de recrutement
de l’are française ont
consirablement évolué
depuis l’Ancien Régime.
Les réformes de la fin du
XIXesiècle ont trois effets
majeurs : effectifs en hausse,
matériel renouvelé et
nouvelles infrastructures.
La Révolution supprime les milices provinciales (troupes permanentes levées dans le Royaume afin
de compléter les régiments royaux en cas de guerre), créées en 1688 par Louvois, secrétaire d’État
à la guerre de Louis XIV, et les remplace par le Service National, un des grands mythes fondateurs
de la République Française.
1798 Le 5 septembre, le député Jourdan fait voter la loi qui rend le service militaire obligatoire.
L’article 1 précise :“Tout français est soldat et se doit à la fense de la patrie”. Le système de conscrip-
tion moderne est la quisition par l’Etat d’une partie de sa population masculine afin de servir ses
forces armées.
L’Empire Les Français sont astreints au service entre 20 et 25 ans. Cinq classes sont formées et,
en fonction des besoins – importants pendant les campagnes napoléoniennes une ou plusieurs
classes sont appees. Il peut y avoir rappel des classes libérées et anticipation de l’appel des
classes futures.Très impopulaire, la conscription est supprimée par Louis XVIII.
1818 Le nombre de volontaires étant insuffisant, le système d’appel du contingent par tirage au
sort et remplacement paest créé. Jusqu’aux réformes de la fin du siècle, seule la durée du
service varie : 6 ans de 1818 à 1824, 8 ans de 1824 à 1832, 7 ans à partir de 1832.
1870-1871 Le gouvernement de défense nationale dirige la guerre contre la Prusse. Les soldats
sont inexrimentés,les cadres insuffisants,les préfets chargés du recrutement manquent de com-
pétence dans ce domaine. Les hommes politiques posent le problème de la nécessaire moderni-
sation de l’armée.Thiers et les royalistes souhaitent une armée de tier; les républicains une
armée de citoyens, défenseurs de la Patrie et de la République.Trois lois sont voes, donnant un
nouveau cadre jusqu’en 1914 : la loi de 1872 sur le recrutement, la loi de 1873 sur l’organisation
et la loi de 1875 sur les cadres de l’are.
1872 Pour le rapporteur de la loi du 27 juillet, le service militaire est un lieu de création de lien
social et, de ce fait, il contribue à l’unité nationale. La durée passe à 5 ans dans l’armée d’active,
puis 4 ans dans la réserve et,enfin,les conscrits appartiennent à la territoriale pendant 11 ans, soit
20 ans d’obligations militaires pour tous. Mais les exemptions demeurent, même si le remplace-
ment est supprimé : ecclésiastiques, enseignants, soutiens de famille, élèves des grandes
écoles…Le tirage au sort est mis en place.Au final, seule 40 % d’une classe d’âge effectue 5 ans.
Le gouvernement ménage ainsi l’opinion publique – particulièrement la bourgeoisie -, pas totale-
ment ralliée à la République…et les campagnes ont besoin de bras.
1886 Le Général Boulanger, ministre de la Guerre, met en œuvre une intense politique de réno-
vation et de modernisation de l’armée. Il s’intéresse d’abord à la condition du soldat (meilleur
confort, amélioration de l’ordinaire, autorisation du port de la barbe pour les conscrits), puis il
prend des mesures de fond, en ramenant la durée du service militaire obligatoire de 5 à 3 ans.
1889 L’uni républicaine triomphe dans la caserne : la loi
du 15 juillet devient plus restrictive sur les exemptions (les
dispensés et les “gagnants” du tirage au sort doivent payer une
taxe pour compenser leur gime de faveur) et le volontariat
est supprimé.La durée est passée à 3 ans,mais le tirage au sort
est maintenu.
1905 La loi du 21 mars instaure le service militaire égal pour
tous (plus de privilèges de dipmes et “les curés sac au dos”)
de 2 ans.L’instruction des recrues est plus poussée, et la durée
totale de l’obligation militaire passe à 25 ans : 13 ans dans
l’armée d’active et sa serve, 6 ans dans la territoriale et 6 ans
dans sa réserve. Soulagement général chez les conscrits, le
tirage au sort est suppri. Désormais, la bonne sanseule
détermine – ou non – l’incorporation.
1913
La montée croissante des périls
fait redouter une guerre immi-
nente. Le Président de la
République Raymond Poinca
propose l’allongement de 2 à
3 ans du service militaire. La loi
votée en juillet par une majori-
de centre et de droite, mobi-
lise contre elle l’union des gau-
ches, radicaux et socialistes,
prérant privilégier la quali
de l’instruction reçue à la quan-
tité d’hommes mobilisables.
Affiche d’avis de bourse départementale, 1822
(AME, 1 H 6)
“Le Devoir avant tout”, chanson vers 1900 (Coll. Part.)
Sonnerie “L’appel aux trompettes”, vers 1900 (Coll. Part.)
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La Garde Nationale
Le 13 juillet 1789, les troubles proliférant dans Paris,
les électeurs de la Capitale se unissent à l’Hôtel de
Ville afin de décider de la création d’une milice bourgeoi-
se pour assurer le maintien de l’ordre et la défense des
droits constitutionnels. Chare de la police intérieure
et du respect des lois, la Garde Nationale s’inscrit ainsi
dans la tradition des milices bourgeoises de l’Ancien
Régime. Emboîtant le pas de la Capitale, chaque ville de
France crée sa propre Garde Nationale. La loi du 14
octobre 1791 oblige les citoyens actifs à incorporer ses
bataillons. Les gardes nationaux conservent leurs armes
et leurs uniformes à domicile.
En sommeil sous l’Empire et la Restauration, elle est dis-
soute en 1827, puis reformée en 1831, et joue un grand
rôle sous la Monarchie de Juillet. Après la volution de
1848,elle est cantone par Napoon III sous le Second
Empire dans un rôle subalterne afin de réduire son
influence libérale et républicaine.
Grâce au gouvernement de la Défense Nationale pen-
dant la Guerre de 1870,elle retrouve un le de premier
plan.
Un arrêté de M. Lepou, maire d’Évreux, en date du
3 octobre 1870, sur la proposition du chef de bataillon,
porteglement sur l’organisation du service communal
de la Garde Nationale. En 47 articles, tous les aspects de
la vie du bataillon ébroïcien sont précisément cadrés.
Les importantes réformes
de l’are française
aboutissent à une présence
plus forte des militaires
dans les villes de garnison.
Gendarmes, fantassins,
cavaliers et, en premier
lieu, gardes nationaux, se
lent plus étroitement à
la population civile.
Au XIXe siècle,
la Garde Nationale,
milice de citoyens armés,
est un pilier des pouvoirs
en place. Mais sa
participation à la
Commune de Paris entraîne
sa suppression définitive
le 14 mars 1872.
Liste des Gardes Nationaux, 1870 (AME, 3H19)
Avis aux Gardes Nationaux, 15 octobre 1870 (AME, 3H19)
Serment des officiers, 4 septembre 1870 (AME, 3H19)
Art.1 : La Garde Nationale d’Évreux est
commandée par un chef de bataillon qui a sous ses
ordres immédiats :
Un adjudant-major du grade de capitaine
Un officier porte drapeau du grade de lieutenant
Un chirurgien aide-major
Un adjudant sous-officier
Art.9 : La Garde Nationale fournira tous les jours
un service d’ordre et de sûreté. Ce service consiste-
ra en un poste placé à l’Hôtel de Ville […]. La garde
sera de 24 heures ; néanmoins, elle pourra être
réduite à la nuit seulement lorsque les circonstances
pourront le permettre.
Art.11 : En cas d’absence ou d’insuffisance de la
garnison,la Garde Nationale concourra au service de
la place et de la prison.
Art.15 : Le service étant obligatoire et personnel,
les citoyens inscrits sur le contle des compagnies
ne pourront se faire remplacer ni échanger leur tour
de garde ou de ronde que dans les limites fixées par
l’article 18 de la loi de 1851.
Art.17 : Tout murmure et mauvais propos d’un
inférieur envers un supérieur en grade sont formel-
lement interdits dans le service.Il en est de même du
supérieur envers son inférieur.
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Lettre des administrateurs composant le
Directoire du district d’Evreux
aux citoyens officiers municipaux
de la Commune d’Evreux, 16 octobre 1792
(AME, 2 H 29)
Le Journal amusant, 18 mars 1899 (BM Evreux)
La gendarmerie Nationale, Rue Victor Hugo, vers 1900 (AME, 5 Fi 3140)
La Gendarmerie Nationale
et la caserne Victor Hugo
Selon l’article 1 de la loi du 16 février 1791 :
“La machause portera désormais le nom de gendar-
merie nationale”.Sa mission principale est précisée par la loi
du 28 germinal an VI (17 avril 1798) : « Le corps de la
Gendarmerie Nationale est une force instituée pour assurer dans
l’intérieur de la publique le maintien de l’ordre et l’exécution des
lois. ».
Évreux, le 16 octobre l’an Ier de la République,
Citoyens,
Le département vient de s’occuper de la formation d’une nouvelle gendarmerie nationale. Parmi les
citoyens qui se présentent pour la composer,plusieurs appartiennent à votre municipalité.[…] Nous vous
envoyons leurs noms et vous prions de nous mander sous le plus bref delay votre opinion sur le compte
de ces citoyens. […] Vous savez que c’est en grande partie sur cette gendarmerie nationale que repose
la tranquillité intérieure de la République.
En 1870, la Gendarmerie, devenue départementale, est divisée en légions sous les ordres d’un colo-
nel. Elles sont composées de plusieurs compagnies, en principe à raison d’une par département.
Dès 1871, des projets de réorganisation de l’armée et de rationalisation de son budget ont proposé
la démilitarisation de la gendarmerie, laquelle aurait pu être confiée tantôt au Ministère de l’Intérieur,
tant à celui de la Justice, voire aux Conseils Généraux. Sa dissolution pure et simple “par voie
d’extinction du corps de la gendarmerie” est même envisagée.
Mais, à l’heure un vaste redressement militaire de la France est en marche, la gendarmerie
apparaît aux yeux du néral Boulanger, ministre de la Guerre, comme la parfaite interface pour
encadrer l’ensemble du territoire, veiller sur l’exécution des prescriptions de l’autorité militaire, et
assurer la mise en route des conscrits et des rappelés. En 1886, il entreprend une profonde réforme
de la gendarmerie : nomination d’un militaire pour diriger la gendarmerie, réorganisation du réseau
des brigades,transformation des structures de commandement régional, refonte des grades de sous-
officiers, renouvellement du corpus régissant le service : en dix-sept mois, c’est presque toute la
Gendarmerie Nationale qui est mise en chantier.
Une figure populaire
L’image du gendarme, décli-
née sur un grand nombre de
supports, devient très
populaire à la fin du XIXe
siècle. Ce personnage est
facilement identifiable grâce
aux accessoires quotidiens
qui accompagnent sa mis-
sion : le bicorne (remplacé
en 1904 par le képi),la saco-
che du revolver réglemen-
taire modèle 1892, le sabre
court, ainsi que les poucet-
tes et le cabriolet, ancêtres
des menottes.
La caserne Victor Hugo
Site au 17 et 19 de la rue Victor Hugo, la gendarmerie d’Évreux est inaugurée le 20 mars 1886 par
le Conseil néral.L’architecte en est Gossart,qui sera l’auteur, en 1895,de l’Hôtel de Ville d’Évreux.
La Gendarmerie Nationale
est le plus ancien corps
d’armée français.
Elle puise ses origines
chez les préts de la
maréchause du Roi,
institués au XIIescle.
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L’Infanterie
Infanterie de ligne, par Anna Palm de Rosa
(Coll. Part.)
Infanterie de ligne en marche,
par Anna Palm de Rosa
(Coll.Part.)
Officier d’infanterie, par Anna Palm de Rosa
(Coll. Part.)
Le 28ème R.I. en manœuvres (Coll. Part) Une fête du 28ème R.I. à la Caserne Amey (Coll. Part)
Le 28ème R.I. au pas de tir, vers 1890.
(Dessin de M. Maurice Boureau, 2007)
L’armée française est
compoe de l’armée
d’active, de l’armée
territoriale et de la réserve
des deux prédentes.
L’infanterie désigne les
troupes de soldats à pied,
appelés également
“fantassins”.
Depuis 1881, officiers et
sous-officiers reçoivent des
formations poussées dans
une des quatre écoles
d’infanterie. Les forces
armées françaises forment
ainsi une université
populaire et un moyen de
promotion sociale.
Quelques chiffres…
La France est partagée en 18 régions de corps d’armée.
Chaque région est découpée en 2 divisions de 2 brigades de
2 régiments d’infanterie. L’infanterie d’active comprend 144
régiments, l’armée territoriale 145 (Loi du 13 mars 1875). En
temps de paix, une compagnie d’infanterie se compose de 8
escouades,chacune commandée par un caporal.Deux escoua-
des forment une section commandée par un sergent, deux
sections forment un peloton comman par un lieutenant ou
un sous-lieutenant et deux pelotons forment une compagnie.
Le régiment possède 4 bataillons, chaque bataillon 4 compa-
gnies, les compagnies sont numérotées de 1 à 16. L’infanterie
est réorganisée par la loi du 25 juillet 1887.
Les fantassins sont équipés d’un pesant paquetage, modèle
1893, appelé « as de carreau », auquel est fixée une paire de
godillots, du nom du fournisseur en chaussures de l’armée
depuis 1870. S’y ajoute un ceinturon de cuir, modèle 1873, à
plaque lisse de laiton, portant trois grosses cartouchières de
cuir noir.Au total, cela représente 35 kilos d’effets militaires.
On adopte le fusil Lebel en 1886, la mitrailleuse modèle 1907
et le modèle de drapeau encore en usage de nos jours.
L’infanterie à Évreux
Plusieurs régiments d’infanterie ont été stationnés à Évreux,
aux casernes Saint-Sauveur et des Ursulines.Chaque régiment
garde un bataillon détaché en province, comme le régiment
du 28erégiment d’infanterie, qui a un bataillon et son dépôt à
Rouen, puis à Évreux.Le 28eR.I.fait partie de la 11ebrigade de
la 6edivision du 3ecorps d’armée. Il est logé à l’ancien
Couvent des Ursulines à partir de 1874, ainsi que sa
10e Compagnie, à l’ancien Petit séminaire.
En novembre 1879, le 74eR.I.
vient relever le 28eR.I. aux
Ursulines : 39 officiers, 360 sous-
officiers et soldats, commandés par
le lieutenant-colonel Suchel, s’instal-
lent à la caserne. Mais le 28eR.I. est
de retour le 21 décembre 1882,
relevant à son tour le 74eR.I.
Le 3ebataillon du 28eR.I. quitte
définitivement Évreux le 7 août
1914.
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La cavalerie se compose de :
La cavalerie lourde : les Cuirassiers, combattant à cheval et les Dragons, combattant à pied.
La cavalerie légère : les Hussards, unité d’attaque et de harcèlement, et les Chasseurs à cheval, spé-
cialisés dans la reconnaissance.
La cavalerie comprend 12 régiments de cuirassiers (pour les hommes les plus grands, de 1,75 à
1,85 m), 26 régiments de dragons (pour les hommes entre 1,65 et 1,75 m), 20 régiments de chas-
seurs à cheval et 12 régiments de hussards (hommes entre 1,59 et 1,68 m), 4 régiments de chas-
seurs d’Afrique et 3 régiments de spahis algé-
riens.
La Guerre de 1870 est un désastre pour la
cavalerie, qui prend conscience du décalage
avec l’infanterie et l’artillerie, bénéficiant des
progrès technologiques. Elle remplit désor-
mais des missions plus tactiques et straté-
giques.
Le 21ème et le 6ème Régiments de Dragons
Le 23 août 1871, le Conseil Municipal d’Évreux envisage d’obtenir un régiment de cavalerie en gar-
nison à Evreux. En mars 1873, la Municipalité vote un budget de 200 000 Fr. (618 250 ) pour son
établissement, somme jugée insuffisante par le Ministre de la Guerre. Une subvention supplémentai-
re du Conseil Général de 100 000 Fr. décide enfin le Ministre
à accepter qu’Évreux loge un régiment de cavalerie. En 1875,
le 21eRégiment de Dragons, composé de 3 escadrons, arrive
à Évreux. Sous les ordres du Colonel Brice, 27 officiers, 397
sous-officiers et cavaliers, accompagnés de 349 chevaux, pren-
nent leurs quartiers à la caserne. Peu de temps après,
le 21eDragons participe aux grandes manœuvres nationales
organisées dans le département. Mais dès le
4 février 1886, la nouvelle est officielle : le 21eest remplacé
par le 6eDragons.
La Cavalerie
Dessin humoristique, vers 1900 (Coll. Part.)
Lettre du Maire d’Evreux aux Maires
des communes environnantes, 31 août 1872
(AME, 2 H 11)
Portrait par Berthaud, photographe à Evreux,
de Henry Blacque, du 21eDragons
(Collection particulière).
Vue du quartier de cavalerie, vers 1910 (AME, 5 Fi 2310)
6e Dragons (Dessin de M. Maurice Boureau, 2007)
La cavalerie est le corps
d’élite de l’armée française,
la sélection est sévère.
Elle représente le refuge
des enfants de l’aristocratie
et de la haute bourgeoisie.
Le 21eDragons quitte Évreux le 8 mars et le 6eDragons
arrive entre le 20 et le 25 du même mois. Mais les conditions
de casernement se tériorent : les locaux sont tustes, de
moins en moins adaptés aux nouvelles normes
d’hygiène…Après la fièvre typhoïde et malgré la fection de
la caserne, une épidémie de méningite rébro-spinale touche
durement le 6eDragons en 1909. Il quitte finalement Évreux
pour Vincennes le 14 avril 1914 et est remplacé par le
7egiment de chasseurs.
Les cavaliers, élite des soldats,
sont peu populaires. On peut lire
dans Le Figaro, au moment du
départ du 21eDragons : “[…]
C’est depuis plus de cinq ans que
remonte l’animosi des petites
gens d’Évreux contre le
21eDragons. Évreux est une peti-
te ville bourgeoise mais dans ce
milieu bourgeois et en partie
réactionnaire, il y a deux élé-
ments qui ne peuvent pas sentir
les officiers de dragons, ces
nobles, ces faiseurs d’embarras
[…] : les ouvriers d’une part et
les radicaux de l’autre”.
Sortie du 6ème Dragons, vers 1900 (AME, 6 Fi 1287)
Le portrait photographique de soldat, à la pose
toujours très appliquée, devient rapidement
populaire au XIXe siècle. Immortalisant le pas-
sage sous l’uniforme,il est destià la famille ou
à la compagne restée au pays.
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Implantation des casernes
et lieux de vie des militaires
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En 1060,le comte Richard fonde l’abbaye Saint-Sauveur près de la cathé-
drale. Cette abbaye de femmes de l’ordre de Saint-Benoît, suite à un incen-
die en 1194, est chassée hors les murs par les bourgeois d’Évreux et s’ins-
talle au pied de la colline de Saint-Michel. Ainsi, au début du XIIIe siècle,
grâce au soutien de Simon de Montfort, Comte d’Évreux, le monastère est-
il réédifié,devenant une des plus riches abbayes du diocèse.En 1792,les reli-
gieuses doivent quitter leur couvent. Les bâtiments sont vendus comme
biens nationaux et transformés en caserne dès 1794, malgré leur état de
délabrement. Un décret du 5 novembre 1810 abandonne à la Ville la pro-
priété de la caserne Saint-Sauveur.
La caserne Saint-Sauveur
et le Quartier Tilly
Abbaye de Saint-Sauveur, d’après un
dessin de Gaignières (1702)
Plan parcellaire pour l’acquisition de terrains pour
l’agrandissement de la caserne Saint Sauveur,
31 octobre 1872 (AME, 2 H 13)
Quartier Tilly, entrée avant 1909 (AME, 5 Fi 771)
Le quartier de cavalerie, vers 1900 (AME, 5 Fi 2299) Vue du quartier de cavalerie, vers 1900 (AME,5 Fi 2303)
Quartier Tilly, entrée après 1909, (AME, 5 Fi 770)
Article du Radical, octobre 1895 (AME, 2 H 13)
C’est avec l’installation
de la caserne Saint-Sauveur
à la fin du XVIIIesiècle
que Évreux devient
ville de garnison.
Après une première campagne de travaux de rénovation entrepris dès
1828, une extension de la caserne en 1874 permet l’accueil d’un régiment
complet de cavalerie, soit 6 escadrons. En avril sont publiés les offres d’ex-
propriation pour cause d’utilité publique. Les travaux avancent vite. Selon un
article du Courrier de l’Eure de 1875 : “[…] sous le rapport de la construction
[…] de l’agencement et de l’organisation, [les nouveaux bâtiments] ne laissent
absolument rien à désirer.L’installation […] est grandiose,d’un confortable et d’une
commodité remarquables”.
1886 voit le départ du 21eDragons et l’arrivée du 6eDragons. En 1887,
la caserne Saint-Sauveur prend le nom de quartier Tilly, en mémoire du
comte de Tilly, général d’Empire (Vernon, 1759 – Paris, 1822).
Cependant, les relations entre la
Municipali et le Ministère de la Guerre
restent tendues : l’état sanitaire est plora-
ble à cause de l’anciennedes bâtiments, met-
tant en péril la santé des soldats, notamment à
cause du défaut d’alimentation en eau potable.
Au tournant du XXesiècle, la reconstruction du
quartier s’impose.
En 1908, une nouvelle adjudication des travaux
a lieu à la Mairie. Les travaux sont estimés à
1 170 000 Fr., dont 500 000 Fr. pour la Ville.
Peu à peu les édifices religieux font place à des
bâtiments plus appropriés aux contraintes mili-
taires, la disparition complète de l’abbaye Saint-
Sauveur intervenant en 1909, avec la démolition
de l’ancienne maison de l’abbesse.
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