Des événements clés pour l’armée française A la charnière des XIXe et XXe siècles, la France connaît des événements politiques majeurs qui entraînent de profondes réformes de l’armée française, techniques et structurelles. La période 1871-1914 est surtout marquée par les rapports tendus entre la France et l’Allemagne. Les grandes réformes La défaite de 1870 contre la Prusse représente un énorme traumatisme national. Ce désastre crée une forte volonté de revanche. La dette de guerre de 5 milliards de francs - or, cautionnée par l’occupation d’une partie du Nord-Est de la France et surtout la perte de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine hantent la conscience nationale. Suite aux importantes déficiences de l’armée constatées à l’issue du conflit, des crédits conséquents sont votés chaque année par l’Assemblée Nationale afin de réaliser les réformes nécessaires. Portrait de Bismarck (L’Illustration, juillet 1870. BM Evreux) La Commune de Paris. En mars 1871, la révolte du peuple de Paris, en réaction à la crise profonde que traverse le régime, démontre qu’un gouvernement peut être ébranlé par des mouvements sociaux incontrôlés.Tout au long de son histoire, la IIIe République (1870-1940) entretient une profonde réflexion sur le maintien de l’ordre. La démolition de la Colonne Vendôme lors de la Commune de Paris (L’Illustration, mai 1871. BM Evreux) L’Affaire Dreyfus divise l’armée française. Le capitaine Alfred Dreyfus (1859-1935) est accusé à tort d’espionnage au profit de l’Allemagne. Déporté en Guyane en 1894 puis reconnu innocent, il est réhabilité en 1906. La gauche républicaine, qui soutient la thèse de l’erreur judiciaire, s’oppose à la droite monarchiste et patriotique, qui défend l’intégrité de l’armée. L’article d’Emile Zola paru dans le quotidien l’Aurore le 13 janvier 1898, intitulé « J’accuse », est resté célèbre comme acte de naissance des intellectuels français. Dégradation du Capitaine Dreyfus (L’Illustration, janvier 1895. BM Evreux) La crise du Boulangisme. Le Général Boulanger (1837-1891), ministre de la Guerre en 1886, mis à la retraite en 1888, est élu triomphalement député à Paris le 27 janvier 1889, mais refuse, à la tête de ses partisans nationalistes et monarchistes, de marcher sur l’Elysée. La Loi de séparation de l’Église et de l’État. Les vives querelles religieuses à l’occasion de la séparation de l’Église et de l’État en 1905 amènent de nombreux officiers à démissionner, suite à la rédaction des inventaires des biens de l’Église où il a fallu faire donner la troupe pour évacuer les religieux et les paroissiens qui s’y opposaient. L’émergence du pacifisme est liée à la montée en puissance du parti socialiste. Les partis de gauche sont hostiles au projet de loi déposé en 1913 proposant le passage à trois ans du service militaire. Les attaques les plus violentes sont lancées par Jean Jaurès, préoccupé par la course aux armements remettant en cause la paix en Europe. Portrait du Général Boulanger (L’Illustration, janvier 1886. BM Evreux) Jean Jaurès (L’Illustration, 1900. BM Evreux) Cette période politiquement troublée engendre dans l’ensemble de la société française un désir d’ordre, incarné par la discipline militaire. L’armée française, « la grande école des générations futures », l’artisan de développement de l’Empire colonial français, est l’objet de l’attention de toute la nation. Il s’agit, pour les classes dirigeantes, après la défaite de 1870, de reconstruire l’unité nationale et, au travers de l’armée, de promouvoir une réforme morale et un renouvellement de la conscience collective. Dans ce contexte, les militaires jouissent d’une exceptionnelle sollicitude au sein de la population. Les modalités de recrutement de l’armée française ont considérablement évolué depuis l’Ancien Régime. Les réformes de la fin du XIXe siècle ont trois effets majeurs : effectifs en hausse, matériel renouvelé et nouvelles infrastructures. La Révolution supprime les milices provinciales (troupes permanentes levées dans le Royaume afin de compléter les régiments royaux en cas de guerre), créées en 1688 par Louvois, secrétaire d’État à la guerre de Louis XIV, et les remplace par le Service National, un des grands mythes fondateurs de la République Française. 1798 Le 5 septembre, le député Jourdan fait voter la loi qui rend le service militaire obligatoire. L’article 1 précise : “Tout français est soldat et se doit à la défense de la patrie”. Le système de conscription moderne est la réquisition par l’Etat d’une partie de sa population masculine afin de servir ses forces armées. L’Empire Les Français sont astreints au service entre 20 et 25 ans. Cinq classes sont formées et, en fonction des besoins – importants pendant les campagnes napoléoniennes – une ou plusieurs classes sont appelées. Il peut y avoir rappel des classes libérées et anticipation de l’appel des classes futures.Très impopulaire, la conscription est supprimée par Louis XVIII. 1818 Le nombre de volontaires étant insuffisant, le système d’appel du contingent par tirage au sort et remplacement payé est créé. Jusqu’aux réformes de la fin du siècle, seule la durée du service varie : 6 ans de 1818 à 1824, 8 ans de 1824 à 1832, 7 ans à partir de 1832. 1870-1871 Le gouvernement de défense nationale dirige la guerre contre la Prusse. Les soldats sont inexpérimentés, les cadres insuffisants, les préfets chargés du recrutement manquent de compétence dans ce domaine. Les hommes politiques posent le problème de la nécessaire modernisation de l’armée. Thiers et les royalistes souhaitent une armée de métier; les républicains une armée de citoyens, défenseurs de la Patrie et de la République.Trois lois sont votées, donnant un nouveau cadre jusqu’en 1914 : la loi de 1872 sur le recrutement, la loi de 1873 sur l’organisation et la loi de 1875 sur les cadres de l’armée. Affiche d’avis de bourse départementale, 1822 (AME, 1 H 6) 1872 Pour le rapporteur de la loi du 27 juillet, le service militaire est un lieu de création de lien social et, de ce fait, il contribue à l’unité nationale. La durée passe à 5 ans dans l’armée d’active, puis 4 ans dans la réserve et, enfin, les conscrits appartiennent à la territoriale pendant 11 ans, soit 20 ans d’obligations militaires pour tous. Mais les exemptions demeurent, même si le remplacement est supprimé : ecclésiastiques, enseignants, soutiens de famille, élèves des grandes écoles…Le tirage au sort est mis en place. Au final, seule 40 % d’une classe d’âge effectue 5 ans. Le gouvernement ménage ainsi l’opinion publique – particulièrement la bourgeoisie -, pas totalement ralliée à la République…et les campagnes ont besoin de bras. 1886 Le Général Boulanger, ministre de la Guerre, met en œuvre une intense politique de rénovation et de modernisation de l’armée. Il s’intéresse d’abord à la condition du soldat (meilleur confort, amélioration de l’ordinaire, autorisation du port de la barbe pour les conscrits), puis il prend des mesures de fond, en ramenant la durée du service militaire obligatoire de 5 à 3 ans. “Le Devoir avant tout”, chanson vers 1900 (Coll. Part.) 1889 L’unité républicaine triomphe dans la caserne : la loi du 15 juillet devient plus restrictive sur les exemptions (les dispensés et les “gagnants” du tirage au sort doivent payer une taxe pour compenser leur régime de faveur) et le volontariat est supprimé. La durée est passée à 3 ans, mais le tirage au sort est maintenu. Sonnerie “L’appel aux trompettes”, vers 1900 (Coll. Part.) 1905 La loi du 21 mars instaure le service militaire égal pour tous (plus de privilèges de diplômes et “les curés sac au dos”) de 2 ans. L’instruction des recrues est plus poussée, et la durée totale de l’obligation militaire passe à 25 ans : 13 ans dans l’armée d’active et sa réserve, 6 ans dans la territoriale et 6 ans dans sa réserve. Soulagement général chez les conscrits, le tirage au sort est supprimé. Désormais, la bonne santé seule détermine – ou non – l’incorporation. 1913 La montée croissante des périls fait redouter une guerre imminente. Le Président de la République Raymond Poincaré propose l’allongement de 2 à 3 ans du service militaire. La loi votée en juillet par une majorité de centre et de droite, mobilise contre elle l’union des gauches, radicaux et socialistes, préférant privilégier la qualité de l’instruction reçue à la quantité d’hommes mobilisables. La Gendarmerie Nationale et la caserne Victor Hugo La Garde Nationale Les importantes réformes de l’armée française aboutissent à une présence plus forte des militaires dans les villes de garnison. Gendarmes, fantassins, cavaliers et, en premier lieu, gardes nationaux, se mêlent plus étroitement à la population civile. Au XIXe siècle, la Garde Nationale, milice de citoyens armés, est un pilier des pouvoirs en place. Mais sa participation à la Commune de Paris entraîne sa suppression définitive le 14 mars 1872. Le 13 juillet 1789, les troubles proliférant dans Paris, les électeurs de la Capitale se réunissent à l’Hôtel de Ville afin de décider de la création d’une milice bourgeoise pour assurer le maintien de l’ordre et la défense des droits constitutionnels. Chargée de la police intérieure et du respect des lois, la Garde Nationale s’inscrit ainsi dans la tradition des milices bourgeoises de l’Ancien Régime. Emboîtant le pas de la Capitale, chaque ville de France crée sa propre Garde Nationale. La loi du 14 octobre 1791 oblige les citoyens actifs à incorporer ses bataillons. Les gardes nationaux conservent leurs armes et leurs uniformes à domicile. En sommeil sous l’Empire et la Restauration, elle est dissoute en 1827, puis reformée en 1831, et joue un grand rôle sous la Monarchie de Juillet. Après la Révolution de 1848, elle est cantonnée par Napoléon III sous le Second Empire dans un rôle subalterne afin de réduire son influence libérale et républicaine. Grâce au gouvernement de la Défense Nationale pendant la Guerre de 1870, elle retrouve un rôle de premier plan. La Gendarmerie Nationale est le plus ancien corps d’armée français. Elle puise ses origines chez les prévôts de la maréchaussée du Roi, institués au XIIe siècle. Un arrêté de M. Lepouzé, maire d’Évreux, en date du 3 octobre 1870, sur la proposition du chef de bataillon, porte règlement sur l’organisation du service communal de la Garde Nationale. En 47 articles, tous les aspects de la vie du bataillon ébroïcien sont précisément cadrés. L’image du gendarme, déclinée sur un grand nombre de supports, devient très populaire à la fin du XIXe siècle. Ce personnage est facilement identifiable grâce aux accessoires quotidiens qui accompagnent sa mission : le bicorne (remplacé en 1904 par le képi), la sacoche du revolver réglementaire modèle 1892, le sabre court, ainsi que les poucettes et le cabriolet, ancêtres des menottes. Lettre des administrateurs composant le Directoire du district d’Evreux aux citoyens officiers municipaux de la Commune d’Evreux, 16 octobre 1792 (AME, 2 H 29) Évreux, le 16 octobre l’an Ier de la République, Citoyens, Le département vient de s’occuper de la formation d’une nouvelle gendarmerie nationale. Parmi les citoyens qui se présentent pour la composer, plusieurs appartiennent à votre municipalité. […] Nous vous envoyons leurs noms et vous prions de nous mander sous le plus bref delay votre opinion sur le compte de ces citoyens. […] Vous savez que c’est en grande partie sur cette gendarmerie nationale que repose la tranquillité intérieure de la République. Une figure populaire Liste des Gardes Nationaux, 1870 (AME, 3H19) Art.1 : La Garde Nationale d’Évreux est commandée par un chef de bataillon qui a sous ses ordres immédiats : Un adjudant-major du grade de capitaine Un officier porte drapeau du grade de lieutenant Un chirurgien aide-major Un adjudant sous-officier Avis aux Gardes Nationaux, 15 octobre 1870 (AME, 3H19) Selon l’article 1 de la loi du 16 février 1791 : “La maréchaussée portera désormais le nom de gendarmerie nationale”. Sa mission principale est précisée par la loi du 28 germinal an VI (17 avril 1798) : « Le corps de la Gendarmerie Nationale est une force instituée pour assurer dans l’intérieur de la République le maintien de l’ordre et l’exécution des lois. ». Art.9 : La Garde Nationale fournira tous les jours un service d’ordre et de sûreté. Ce service consistera en un poste placé à l’Hôtel de Ville […]. La garde sera de 24 heures ; néanmoins, elle pourra être réduite à la nuit seulement lorsque les circonstances pourront le permettre. En 1870, la Gendarmerie, devenue départementale, est divisée en légions sous les ordres d’un colonel. Elles sont composées de plusieurs compagnies, en principe à raison d’une par département. Dès 1871, des projets de réorganisation de l’armée et de rationalisation de son budget ont proposé la démilitarisation de la gendarmerie, laquelle aurait pu être confiée tantôt au Ministère de l’Intérieur, tantôt à celui de la Justice, voire aux Conseils Généraux. Sa dissolution pure et simple “par voie d’extinction du corps de la gendarmerie” est même envisagée. Mais, à l’heure où un vaste redressement militaire de la France est en marche, la gendarmerie apparaît aux yeux du Général Boulanger, ministre de la Guerre, comme la parfaite interface pour encadrer l’ensemble du territoire, veiller sur l’exécution des prescriptions de l’autorité militaire, et assurer la mise en route des conscrits et des rappelés. En 1886, il entreprend une profonde réforme de la gendarmerie : nomination d’un militaire pour diriger la gendarmerie, réorganisation du réseau des brigades, transformation des structures de commandement régional, refonte des grades de sousofficiers, renouvellement du corpus régissant le service : en dix-sept mois, c’est presque toute la Gendarmerie Nationale qui est mise en chantier. Art.11 : En cas d’absence ou d’insuffisance de la garnison, la Garde Nationale concourra au service de la place et de la prison. Art.15 : Le service étant obligatoire et personnel, les citoyens inscrits sur le contrôle des compagnies ne pourront se faire remplacer ni échanger leur tour de garde ou de ronde que dans les limites fixées par l’article 18 de la loi de 1851. Art.17 : Tout murmure et mauvais propos d’un inférieur envers un supérieur en grade sont formellement interdits dans le service. Il en est de même du supérieur envers son inférieur. Serment des officiers, 4 septembre 1870 (AME, 3H19) La gendarmerie Nationale, Rue Victor Hugo, vers 1900 (AME, 5 Fi 3140) Le Journal amusant, 18 mars 1899 (BM Evreux) La caserne Victor Hugo Située au 17 et 19 de la rue Victor Hugo, la gendarmerie d’Évreux est inaugurée le 20 mars 1886 par le Conseil Général. L’architecte en est Gossart, qui sera l’auteur, en 1895, de l’Hôtel de Ville d’Évreux. La Cavalerie L’Infanterie L’armée française est composée de l’armée d’active, de l’armée territoriale et de la réserve des deux précédentes. L’infanterie désigne les troupes de soldats à pied, appelés également “fantassins”. Depuis 1881, officiers et sous-officiers reçoivent des formations poussées dans une des quatre écoles d’infanterie. Les forces armées françaises forment ainsi une université populaire et un moyen de promotion sociale. Quelques chiffres… La France est partagée en 18 régions de corps d’armée. Chaque région est découpée en 2 divisions de 2 brigades de 2 régiments d’infanterie. L’infanterie d’active comprend 144 régiments, l’armée territoriale 145 (Loi du 13 mars 1875). En temps de paix, une compagnie d’infanterie se compose de 8 escouades, chacune commandée par un caporal. Deux escouades forment une section commandée par un sergent, deux sections forment un peloton commandé par un lieutenant ou un sous-lieutenant et deux pelotons forment une compagnie. Le régiment possède 4 bataillons, chaque bataillon 4 compagnies, les compagnies sont numérotées de 1 à 16. L’infanterie est réorganisée par la loi du 25 juillet 1887. Les fantassins sont équipés d’un pesant paquetage, modèle 1893, appelé « as de carreau », auquel est fixée une paire de godillots, du nom du fournisseur en chaussures de l’armée depuis 1870. S’y ajoute un ceinturon de cuir, modèle 1873, à plaque lisse de laiton, portant trois grosses cartouchières de cuir noir. Au total, cela représente 35 kilos d’effets militaires. On adopte le fusil Lebel en 1886, la mitrailleuse modèle 1907 et le modèle de drapeau encore en usage de nos jours. La cavalerie est le corps d’élite de l’armée française, où la sélection est sévère. Elle représente le refuge des enfants de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie. Le portrait photographique de soldat, à la pose toujours très appliquée, devient rapidement populaire au XIXe siècle. Immortalisant le passage sous l’uniforme, il est destiné à la famille ou à la compagne restée au pays. Officier d’infanterie, par Anna Palm de Rosa (Coll. Part.) Portrait par Berthaud, photographe à Evreux, de Henry Blacque, du 21e Dragons (Collection particulière). Le 28ème R.I. en manœuvres (Coll. Part) Infanterie de ligne en marche, par Anna Palm de Rosa (Coll.Part.) L’infanterie à Évreux Plusieurs régiments d’infanterie ont été stationnés à Évreux, aux casernes Saint-Sauveur et des Ursulines. Chaque régiment garde un bataillon détaché en province, comme le régiment du 28e régiment d’infanterie, qui a un bataillon et son dépôt à Rouen, puis à Évreux. Le 28e R.I. fait partie de la 11e brigade de la 6e division du 3e corps d’armée. Il est logé à l’ancien Couvent des Ursulines à partir de 1874, ainsi que sa 10e Compagnie, à l’ancien Petit séminaire. Une fête du 28ème R.I. à la Caserne Amey (Coll. Part) En novembre 1879, le 74e R.I. vient relever le 28e R.I. aux Ursulines : 39 officiers, 360 sousofficiers et soldats, commandés par le lieutenant-colonel Suchel, s’installent à la caserne. Mais le 28e R.I. est de retour le 21 décembre 1882, relevant à son tour le 74e R.I. La cavalerie se compose de : La cavalerie lourde : les Cuirassiers, combattant à cheval et les Dragons, combattant à pied. La cavalerie légère : les Hussards, unité d’attaque et de harcèlement, et les Chasseurs à cheval, spécialisés dans la reconnaissance. La cavalerie comprend 12 régiments de cuirassiers (pour les hommes les plus grands, de 1,75 à 1,85 m), 26 régiments de dragons (pour les hommes entre 1,65 et 1,75 m), 20 régiments de chasseurs à cheval et 12 régiments de hussards (hommes entre 1,59 et 1,68 m), 4 régiments de chasseurs d’Afrique et 3 régiments de spahis algériens. La Guerre de 1870 est un désastre pour la cavalerie, qui prend conscience du décalage avec l’infanterie et l’artillerie, bénéficiant des progrès technologiques. Elle remplit désormais des missions plus tactiques et stratégiques. Lettre du Maire d’Evreux aux Maires des communes environnantes, 31 août 1872 (AME, 2 H 11) Sortie du 6ème Dragons, vers 1900 (AME, 6 Fi 1287) Le 21ème et le 6ème Régiments de Dragons Le 23 août 1871, le Conseil Municipal d’Évreux envisage d’obtenir un régiment de cavalerie en garnison à Evreux. En mars 1873, la Municipalité vote un budget de 200 000 Fr. (618 250 €) pour son établissement, somme jugée insuffisante par le Ministre de la Guerre. Une subvention supplémentaire du Conseil Général de 100 000 Fr. décide enfin le Ministre à accepter qu’Évreux loge un régiment de cavalerie. En 1875, Les cavaliers, élite des soldats, le 21e Régiment de Dragons, composé de 3 escadrons, arrive sont peu populaires. On peut lire à Évreux. Sous les ordres du Colonel Brice, 27 officiers, 397 dans Le Figaro, au moment du sous-officiers et cavaliers, accompagnés de 349 chevaux, prendépart du 21e Dragons : “[…] nent leurs quartiers à la caserne. Peu de temps après, C’est depuis plus de cinq ans que le 21e Dragons participe aux grandes manœuvres nationales remonte l’animosité des petites organisées dans le département. Mais dès le gens d’Évreux contre le 4 février 1886, la nouvelle est officielle : le 21e est remplacé e 21e Dragons. Évreux est une petipar le 6 Dragons. te ville bourgeoise mais dans ce Le 21e Dragons quitte Évreux le 8 mars et le 6e Dragons milieu bourgeois et en partie arrive entre le 20 et le 25 du même mois. Mais les conditions réactionnaire, il y a deux éléde casernement se détériorent : les locaux sont vétustes, de ments qui ne peuvent pas sentir moins en moins adaptés aux nouvelles normes les officiers de dragons, ces d’hygiène…Après la fièvre typhoïde et malgré la réfection de nobles, ces faiseurs d’embarras la caserne, une épidémie de méningite cérébro-spinale touche […] : les ouvriers d’une part et durement le 6e Dragons en 1909. Il quitte finalement Évreux les radicaux de l’autre”. pour Vincennes le 14 avril 1914 et est remplacé par le 7e Régiment de chasseurs. Le 3e bataillon du 28e R.I. quitte définitivement Évreux le 7 août 1914. Infanterie de ligne, par Anna Palm de Rosa (Coll. Part.) Le 28ème R.I. au pas de tir, vers 1890. (Dessin de M. Maurice Boureau, 2007) 6e Dragons (Dessin de M. Maurice Boureau, 2007) Dessin humoristique, vers 1900 (Coll. Part.) Vue du quartier de cavalerie, vers 1910 (AME, 5 Fi 2310) La caserne Saint-Sauveur et le Quartier Tilly Implantation des casernes et lieux de vie des militaires C’est avec l’installation de la caserne Saint-Sauveur à la fin du XVIIIe siècle que Évreux devient ville de garnison. Abbaye de Saint-Sauveur, d’après un dessin de Gaignières (1702) En 1060, le comte Richard fonde l’abbaye Saint-Sauveur près de la cathédrale. Cette abbaye de femmes de l’ordre de Saint-Benoît, suite à un incendie en 1194, est chassée hors les murs par les bourgeois d’Évreux et s’installe au pied de la colline de Saint-Michel. Ainsi, au début du XIIIe siècle, grâce au soutien de Simon de Montfort, Comte d’Évreux, le monastère estil réédifié, devenant une des plus riches abbayes du diocèse. En 1792, les religieuses doivent quitter leur couvent. Les bâtiments sont vendus comme biens nationaux et transformés en caserne dès 1794, malgré leur état de délabrement. Un décret du 5 novembre 1810 abandonne à la Ville la propriété de la caserne Saint-Sauveur. Après une première campagne de travaux de rénovation entrepris dès 1828, une extension de la caserne en 1874 permet l’accueil d’un régiment complet de cavalerie, soit 6 escadrons. En avril sont publiés les offres d’expropriation pour cause d’utilité publique. Les travaux avancent vite. Selon un article du Courrier de l’Eure de 1875 : “[…] sous le rapport de la construction […] de l’agencement et de l’organisation, [les nouveaux bâtiments] ne laissent absolument rien à désirer. L’installation […] est grandiose, d’un confortable et d’une commodité remarquables”. 1886 voit le départ du 21e Dragons et l’arrivée du 6e Dragons. En 1887, la caserne Saint-Sauveur prend le nom de quartier Tilly, en mémoire du comte de Tilly, général d’Empire (Vernon, 1759 – Paris, 1822). Plan parcellaire pour l’acquisition de terrains pour l’agrandissement de la caserne Saint Sauveur, 31 octobre 1872 (AME, 2 H 13) Quartier Tilly, entrée avant 1909 (AME, 5 Fi 771) Quartier Tilly, entrée après 1909, (AME, 5 Fi 770) Cependant, les relations entre la Municipalité et le Ministère de la Guerre restent tendues : l’état sanitaire est déplorable à cause de l’ancienneté des bâtiments, mettant en péril la santé des soldats, notamment à cause du défaut d’alimentation en eau potable. Au tournant du XXe siècle, la reconstruction du quartier s’impose. En 1908, une nouvelle adjudication des travaux a lieu à la Mairie. Les travaux sont estimés à 1 170 000 Fr., dont 500 000 Fr. pour la Ville. Peu à peu les édifices religieux font place à des bâtiments plus appropriés aux contraintes militaires, la disparition complète de l’abbaye SaintSauveur intervenant en 1909, avec la démolition de l’ancienne maison de l’abbesse. Le quartier de cavalerie, vers 1900 (AME, 5 Fi 2299) Vue du quartier de cavalerie, vers 1900 (AME,5 Fi 2303) Article du Radical, octobre 1895 (AME, 2 H 13) La caserne Varillon et les séminaires A la fin XIXe siècle, la Municipalité loue les hangars Varillon, situés rue Passot et place de la République (et d’autres locaux quand nécessaire) afin d’y loger les réservistes du 28e Régiment d’Infanterie et les territoriaux durant leurs périodes. En effet, chaque année, 2 classes de réservistes sont appelées pour effectuer une période de 28 jours et 2 demi-classes de territoriaux pour 13 jours. Les baraquements de Pannette Au début du XXe siècle, la construction de bâtiments neufs pour loger les réservistes et les territoriaux durant leurs périodes devient une priorité pour la Municipalité d’Évreux. Plan des hangars Varillon, 1892 (AME, 1 M 36) Entrée caserne Varillon, vers 1900 (AME, 5 Fi 2544) Les hangars Varillon sont des halles à marchandises, construites vers 1850 par la Compagnie de l’Ouest. Ces locaux ne sont pas adaptés au logement des réservistes : sans chauffage ni plafond, il y règne un froid insupportable, les conditions d’hygiène y sont déplorables… Suite aux protestations répétées de l’état-major, la Ville envisage une nouvelle construction en 1892. Pour un montant de 70 000 Fr., il s’agit de construire un bâtiment parallèle à l’existant. Mais ce projet n’aboutit pas. En attendant, faute de place, des tentes sont montées sur le pré du Bel-Ébat pour abriter les réservistes et territoriaux. Le Petit séminaire Dévolu à l’hospice d’Évreux après la loi de séparation de 1905, l’ancien Petit séminaire de Saint Aquilin, situé rue du Chantier, est loué en 1911 par la Ville afin d’y loger la 10e Compagnie du 28è R.I. Le 7 juillet 1914, elle franchit pour la dernière fois la grille d’entrée. L’ancien Petit séminaire est totalement détruit lors du bombardement de juin 1940. Ancien petit séminaire, vers 1900 (AME, 5 Fi 1467) Le Grand séminaire L’ancien Grand Séminaire, situé au 1 rue Saint Taurin, sert provisoirement d’hôpital militaire. Affiche d’adjudication, 1906 (AME, 1 M 36) Par une lettre au Maire d’Évreux datée du 22 février 1899, le Général du 3e corps d’armée déplore “l’insuffisance des locaux mis à la disposition de l’autorité militaire pour le logement des réservistes et territoriaux, au moment de la convocation. » En effet, « les 6ème Dragons (Quartier Tilly) et 74ème d’Infanterie (Caserne Amey) vont se trouver dans l’impossibilité de loger les 600 réservistes prévus le 27 février prochain”. De plus, le bail de la Ville avec le loueur arrive à échéance le 31 décembre 1905. Une nouvelle construction devient indispensable. Le projet de la rue de Pannette, déjà envisagé quelques années auparavant, est à nouveau considéré par la municipalité. Dates Réservistes 1895 Du 5/02 au 15/04 160 Du 8/04 au 4/05 230 Du 30/09 au 27/10 Territoriaux Portant l’ensemble des recommandations réglementaires, le mémoire des travaux est fourni par l’autorité militaire locale. Les sept bâtiments construits, semblables, en silex et briques, couverts en tôle ondulée galvanisée, peuvent loger chacun environ 150 hommes. Placées symétriquement, espacées les unes des autres de 7 mètres, chaque salle possède une hauteur sous plafond de 3,50 m. et est éclairée et aérée par 21 châssis et 2 impostes ouvrants à bascule. Février 100 15/05 au 18/06 250 24/08 au 20/09 800 A part. du 3/05 350 A part. du 23/08 550 A part. du 4/10 A part. du 28/02 300 A part. du 22/08 1000 A part. du 10/10 2950 1400 TOTAL 1897 1898 2040 1800 TOTAL 1896 Entrée du Grand Séminaire (AME, 5 Fi 1466) Total 1650 19 au 31/10 1897 Projet de baraquements, 10 juillet 1904 (AME, 1 M 36) Entrée et corps de garde (Coll.part.) TOTAL 1895 1896 En 1897, elle vote la construction proposée par l’architecte municipal sur le pré du Bel-Ebat. Mais celle-ci ne sortira pas de terre. La municipalité cherche un autre emplacement. En 1901, le prolongement de la rue de l’Ardèche est rendu possible grâce à l’achat à M. Bellais d’un terrain de 7500 m² situé entre celle-ci et le boulevard de l’Ouest, montant vers la gare. On y adjoint en 1904 un terrain adjacent de 1300 m², acheté à M. Nacfert, donnant sur le boulevard de la Buffardière, ce qui facilite l’accès vers le champ de manœuvres, le pré du Bel-Ébat. La nouvelle construction est maintenant possible. La superficie permet de loger environ 1000 hommes dans de bonnes conditions. Lors de la séance du conseil municipal du 16 novembre 1904, l’architecte municipal présente les plans, inspirés des bâtiments de la ville de Parthenay. Les travaux peuvent débuter en 1906. Intérieur (AME, 5 Fi 2567) Nombre de réservistes et territoriaux appelés à Évreux de 1895 à 1898 Année Plan projet de construction pré du Bel Ebat, 1897 (AME, 1 M 36) 2300 1700 TOTAL 1898 3000 Cuisines et lavoirs (AME, 5 Fi 2558) Intérieur d’une chambrée : les lits sont disposés en 4 rangs : 2 adossés les uns aux autres et les 2 autres contre une cloison longitudinale. La distance réglementaire entre chaque lit est de 1 mètre. (AME, 5 Fi 775) La caserne Amey Au XIXe siècle, à Évreux comme dans de nombreuses autres villes de France, les régiments s’installent principalement dans d’anciens bâtiments religieux, suite aux confiscations révolutionnaires. Au XVIIe siècle, période de renouveau religieux, le chanoine Jean Le Jau, pénitencier de la Cathédrale, instruisant un groupe de jeunes filles et de veuves, a pour objectif de créer une communauté féminine destinée à enseigner. En 1622, il obtient du Pape Grégoire XV l’officialisation de cette communauté. Les travaux de construction débutent après les lettres patentes de Louis XIII et une nouvelle bulle du Pape. L’église, dédiée à SaintJean Baptiste, est bénie en 1626. A la Révolution, comme c’est le cas pour toutes les communautés religieuses d’Évreux, le Couvent des Ursulines devient Bien National, ce qui conduit à l’expulsion des religieuses en 1792. L’Etat y loge le tribunal civil, le bureau de la marque de l’or et la caserne de la Garde départementale, qui s’installe dans les bâtiments de la cour du cloître. Dès 1803, d’importants travaux sont entrepris afin d’y installer des militaires, suivis d’un projet de casernement en 1825. Une partie des bâtiments demeure sans affectation particulière, et abrite même un temps les collections du Musée municipal. L’appel aux armes Caserne Amey, vue intérieure, vers 1900 (Coll. Part) Plan de la Caserne des Ursulines, 1857 (2 H 9) Une seconde campagne de travaux est entreprise par la Municipalité en 1857, suite aux plaintes répétées de l’état-major sur l’état d’insalubrité des locaux. Il semble que toute la caserne, remise à l’Etat en 1874 pour y loger le 28e régiment d’infanterie, ait été réhabilitée à cette occasion. En 1886, le Général Boulanger, Ministre de la Guerre, décide de donner à chaque caserne le nom d’un général s’étant illustré pendant la Révolution. C’est ainsi que le Couvent des Ursulines est rebaptisé Caserne Amey, en hommage au général, Baron d’Empire, qui prit part à la guerre de Vendée. Choix étonnant, car selon un rapport de la Convention du 4 germinal an II (24 mars 1794),Amey fut accusé d’avoir perpétré de nombreux massacres. Après la Loi de séparation de l’église et de l’Etat en 1905, la chapelle tombe progressivement en ruines et certains vieux bâtiments sont rasés. Le passage sous les drapeaux devient obligé dans un contexte de fort patriotisme. Ne pas faire son régiment est mal vu, surtout dans les campagnes. Le prestige de l’uniforme est à son apogée. Les réformes militaires donnent à la France une armée de 500 000 hommes plus 4 classes de réservistes soit 1 million d’hommes, auxquels s’ajoutent les 900 000 hommes de l’armée territoriale. Depuis la loi de 1889, le recensement a lieu tous les ans au mois de décembre. La classe comprend les jeunes hommes nés ou domiciliés dans la commune qui auront atteint l’âge de 20 ans le 31 décembre de l’année en cours. Ils doivent faire leur déclaration en mairie. Les tableaux de recensement. Les maires y inscrivent les jeunes gens soumis à la loi militaire. Ils y notent la profession des conscrits, leurs aptitudes physiques, ainsi que les demandes d’exemptions (enseignants, membres du clergé…) et de dispenses (orphelins, soutiens de familles..), fort nombreuses. Les tableaux sont ensuite affichés les premier et deuxième dimanches de janvier, afin que les intéressés puissent vérifier s’ils n’ont pas été oubliés. Trompette de garde de cavalerie, vers 1900 (Coll.part.) Le tirage au sort a lieu en janvier, après la publication des tableaux de recensement. L’autorité civile l’effectue en séance publique. Les conscrits sont appelés dans l’ordre de leur inscription. Inscrits sur des bulletins, les numéros les moins élevés sont d’office attribués aux omis. Les numéros restants sont placés dans l’urne. Chaque inscrit est appelé, et, après avoir décliné son identité, il tire un bulletin. Les numéros les plus élevés sont les plus favorisés, les plus faibles désignant ceux qui partent pour les régiments de l’Est, à la discipline plus dure. Le tirage au sort donne lieu à des rituels spécifiques selon les régions : le plus élevé porte le drapeau de la classe, le n°11 est surnommé “mes deux jambes”, le n°22 “les deux cocottes”, le n°33 “les deux bossus”… Les omis. Il existe 3 catégories d’omis : > par fraude, punis d’un mois à un an d’emprisonnement. > par négligence, affectés d’office à la marine. > les excusés, qui conservent le droit au tirage au sort, mais perdent le droit à la dispense. Les mutilés volontaires et les simulateurs sont déférés aux tribunaux, et, à leur sortie de prison, incorporés aux fusiliers marins. Registre de recensement des classes, 1890 (AME, 1 H 18) Le conseil de révision. Chaque conscrit reçoit 8 jours avant un ordre de convocation. Dans une salle voisine à celles des séances, l’appelé se déshabille, puis, à l’appel de son nom, se présente devant le conseil, qui le fait examiner par un médecin. Le conseil contrôle la régularité du tirage au sort et la validité des inscriptions, statue sur les exemptions et les dispenses pour raison de santé…La décision du conseil de révision, définitive, est prononcée à la majorité des voix. L’appel de la classe : L’incorporation se fait en octobre - novembre pour une libération en été. Caserne Amey, entrée principale, vers 1900 (AME, 5 Fi 420) Les engagements conditionnels 2 jeunes recrues entourant un officier, vers 1900 (AME, 6 Fi 1300) Caserne Amey, vers 1900 (AME, 5 Fi 1640) Caserne Amey, entrée vue de la Place Dupont de l’Eure, vers 1900 (Coll. Part) Engagement conditionnel d’un an, 1874 (AME, 1 H 148) Les engagés conditionnels sont volontaires pour un an. Deux conditions sont requises afin d’éviter la promiscuité de la caserne : posséder un diplôme universitaire ou passer un examen très simple et payer son équipement (1500 Fr., soit environ 4500 €) : ce privilège n’est donc réservé qu’aux classes aisées. « Garde à vous ! » Discipline, obéissance, honneur, courage, bravoure, dévouement, amour du drapeau, camaraderie, héroïsme représentent les neuf vertus militaires décrites dans le “Manuel d’infanterie à l’usage des sous-officiers” de 1895. L’instruction Très réglementée, l’instruction militaire ne laisse aucun aspect de la vie du soldat, individuelle ou collective, au hasard : de l’assouplissement au maniement des armes, du mouvement des troupes à l’utilisation du terrain… Une aide à la mémorisation est fournie par les différents mouchoirs d’instruction. La discipline Particulièrement dure dans un contexte de redressement moral de l’ensemble de la société, elle est le pivot de l’organisation militaire. “Le soldat désobéissant est non seulement un mauvais soldat, mais aussi un mauvais citoyen, car, sans discipline, il n’y a pas d’armée, et, sans armée, un peuple perd son indépendance. Qu’entend-on exactement par discipline ? Ce mot résume deux qualités essentiellement militaires : l’obéissance et la soumission. Il ne suffit pas en effet d’obéir à ses chefs, il faut encore exécuter les ordres sans hésitation ni murmure, et c’est là ce qui constitue la soumission” Le mouchoir d’instruction Fabriqué entre 1875 et 1888 à la manufacture de cotons filés Renault à Rouen, le mouchoir d’instruction militaire est très à la mode chez les soldats. Il se présente sous la forme d’un mouchoir de 65 X 75 cm en moyenne, imprimé en noir sur fond bis, avec Mouchoir du fusil Gras (Coll. Part.) une bordure rouge. Fourni au conscrit avec son paquetage (ou bien acheté au foyer du soldat), chaque corps d’arme possède le sien. Il existe également des mouchoirs illustrés de scènes humoristiques de la vie à la caserne. L’armement Avis de tir du 28è R.I., 1912 (AME 2H16) Une journée réglementaire Les réformes voulues par le Général Boulanger en 1886 ont modernisé l’armement et l’équipement : l’adoption du fusil Lebel en est l’exemple le plus emblématique. Il porte le nom de son inventeur, un des officiers de la commission qui, en 1886, mit au point le premier fusil à répétition de l’infanterie française. Adopté en 1887, il connaît une première modification en 1893. Il équipera les fantassins lors de la Grande Guerre. Les régiments stationnés à Évreux effectuent leurs exercices au champ de tir situé à Arnières-sur-Iton. La vie quotidienne des soldats s’organise essentiellement autour du rassemblement du matin, des repas, des corvées et des manœuvres. L’entraînement physique Les exercices physiques, essentiellement collectifs, sont au cœur de l’entraînement militaire. Parmi ceux-ci, la marche au pas occupe une place privilégiée. Destinée à inscrire dans le mouvement même des corps la discipline militaire, elle est l’objet d’une description extrêmement précise : “Au commandement de “En avant !”, le soldat porte le poids du corps en avant et sur la jambe droite, les jarrets tendus. Au commandement de “Marche !”, il porte le pied gauche en avant, la pointe légèrement tournée en dehors, le pose à 75 cm du droit, le talon droit levé, tout le poids du corps portant sur le pied qui pose à terre”. Le petit déjeuner ou petit lever. Au cri d’ “au jus là d’dans”, la chambrée se lève. Le chef de chambre allume la lampe à pétrole. Les quarts de fer blanc sont décrochés de leur clou et disposés sur la table afin de recevoir le café. Le réveil. Au son du clairon ou de la trompette, le chef de chambre secoue les retardataires. Une rapide toilette aux lavabos collectifs précède l’habillage. Le grand lever. Les chambres sont aérées. Il faut rapidement endosser la tenue d’exercice ou de corvée – en fonction de l’emploi du temps prévu - avant de descendre dans la cour pour l’appel. Quartier de cavalerie, séance au lavoir, vers 1900 (AME, 5 Fi 461) Caserne Amey, corvée de pommes de terre du 28ème R.I. , vers 1900 (Coll.Part.) Les citations en italique sont extraites du Manuel d’infanterie à l’usage des sous-officiers. Paris : éd. Charles-Lavauzelle, 1895 La soupe à la caserne Varillon, vers 1900 (AME, 5 Fi 1457) Les fêtes Moments de détente et de mise en scène du quotidien, mais aussi véritable exutoire des frustrations accumulées, les fêtes sont fréquentes, associant musiques, chansons et déguisements. Fusil modèle 1886. Vue du mécanisme au moment de l’extraction “Arme à l’épaule” “Présentez arme” Fête du 28e R.I., vers 1900 (Coll.part) Fête au 6e Dragons, vers 1900 (Coll.part.) Exercices d’assouplissement (Coll.part.) Exercices de boxe (Coll.part.) L’appel du matin, vers 1900 (Coll.part.) Les exercices Suivent, pendant deux heures, des exercices de marche au pas. Si la météo est trop défavorable, des séances de montage, démontage et entretien des fusils sont organisées. Les corvées Parmi celles-ci, l’incontournable corvée de pommes de terre interrompt toute autre activité. Le cercle se forme à proximité des cuisines, où la séance dure en moyenne un quart d’heure. Les repas L’ordinaire du soldat n’offre pas toujours une nourriture très variée, bien que le règlement du 23 octobre 1887 sur la gestion des ordinaires de la troupe, confiée à un caporal, ait apporté une réelle amélioration dans l’alimentation. Le régime soupe et bœuf, pommes au gras et haricots règne. L’eau est la boisson réglementaire, mais, dans les grandes occasions, du vin peut être servi, offert par les économies des soldats eux-mêmes. La correspondance La rédaction (pour ceux qui savent écrire) des lettres et cartes à un proche représente un des rares moments d’intimité accordé au conscrit. Évreux, ce 20 janvier 1908 “ A l’heure où je t’écris il est exactement 6 h 22 du soir. Je déguste un bouillant café au café de l’Union un des susdits les plus connus de la ville fréquenté par les plus hautes notabilités de l’endroit […] nous exhibons à nos lèvres un majestueux havane à 05 centimes la vie idéale quoi de ton respectueux Pitou […] La présente te donnera une idée de l’allure martiale et dégagée que possèdent le 3e Bataillon du 28e R.I. et de très loin après le 6e Dragons et admire en même temps cette place rêvée pour l’instruction du ½ tour et de la marche oblique.” Louis CHATELAIN, en villégiature à Évreux-les-Bains « Un esprit sain dans un corps sain » Dans son souci de renforcer moralement et physiquement la jeunesse française, l’armée a fortement contribué au développement de la pratique sportive dans notre pays. Entre 1880 et 1914, on peut parler à propos des sociétés de tir et de gymnastique de véritable passion nationale. Outre ces sociétés, les écoles normales d’instituteurs, les amicales laïques, les patronages catholiques organisent des séances de tir. Les Sociétés de tir et de gymnastique Créées après la défaite de 1870, elles sont constituées afin de faire naître parmi la jeunesse un esprit de défense de la nation. Ce sont des sociétés mixtes composées de civils, de militaires, de réservistes et de pupilles âgés de 17 à 21 ans. Elles sont constituées au sein des régiments, qui fournissent les stands, les armes (fusil modèle 1886, le LEBEL) et les munitions. (A Évreux, les exercices se déroulent au champ de tir d’Arnièressur-Iton, sur des cibles placées à 250, 350, 400 et 500 mètres). Déjà décidé en 1903, le Brevet Diplôme du Grand Concours de gymnastique, 1886. ( AME, 3 R 4) d’Aptitude Militaire est l’objet d’une instruction du 7 novembre 1908 précisant ses conditions de préparation.Toutes les associations doivent intégrer dans leurs buts la préparation à ce brevet. A Évreux, les deux principales sociétés de tir et de gymnastique sont l’Avenir Ébroïcien et la société de tir du 18ème régiment territorial d’infanterie. Pour leur fonctionnement, elles perçoivent des subventions de la Ville d’Évreux et du Conseil Général. L’Avenir Ébroïcien Fondée le 14 juillet 1883, cette “Société de gymnastique, de tir et d’instruction militaire”, dont l’encadrement est assuré, comme son nom l’indique, par des instructeurs militaires, “[…] a pour but de donner une éducation physique aux jeunes gens, en développant leurs forces par les exercices du corps et en leur enseignant l’art du tir, en un mot elle prépare ses membres à accomplir leur service militaire”, selon un courrier adressé par son Président au maire d’Évreux en date du 1er mars 1905. Il poursuit ainsi : “La société récompensera par des prix annuels les plus méritants des gymnastes, des marches militaires périodiques ainsi que la participation aux concours de gymnastique et de tir agrémentent le travail des jeunes gens et les stimulent en même temps.” Etat des sociétés civiles de tir et des sociétés de tir mixtes, 7 novembre 1907 (AME, 3 R 2) Le 18ème territorial Fondée en 1878, cette société de tir compte à son origine exclusivement des militaires. En 1909, elle est composée de 45 officiers (dont 15 appartiennent à la réserve et 30 à la territoriale), 438 sous - officiers et soldats et 122 pupilles (membres de sociétés sportives et du Lycée), soit 605 hommes. Une cotisation annuelle de 10 Francs est versée par les officiers et sousofficiers, les autres bénéficient de la gratuité des tirs. Obligations civiles La loi du 3 juillet 1877 organise les réquisitions des véhicules et des animaux qui doivent accompagner une éventuelle mobilisation. Affiche de ravitaillement de l’armée, vers 1900 (AME, 1 Fi P 4510) Questionnaire du Ministère de la guerre, 1908 (AME, 2 H 41) Les réquisitions Armes, grains, fourrages, voitures et chevaux peuvent être réquisitionnés. En effet, les chevaux sont en nombre insuffisant pour répondre aux besoins de l’attelage de l’artillerie, mais surtout des trains et convois, d’où l’importance des opérations de réquisitions. Ils sont mobilisables à 6 ans, les mulets à 4 ans…et ils peuvent aussi être réformés, ajournés, exemptés ou dispensés provisoirement… Les membres des commissions chargées des réquisitions sont désignés par l’autorité militaire sur proposition du maire. Le ravitaillement En vue de pourvoir à la subsistance des armées en campagne et de la population civile des places fortes en cas de mobilisation, le Ministère de la guerre doit posséder des renseignements complets sur l’ensemble des ressources disponibles sur le territoire. Des commissions de ravitaillement sont constituées afin d’effectuer ce travail de recensement. Tout type de marchandises et produits sont concernés : farines, bestiaux, fil de fer, etc… Dans cet objectif, le Préfet adresse au Maire des questionnaires destinés aux propriétaires ou exploitants afin d’évaluer très précisément les ressources mobilisables. Pour les propriétaires de moulins à blé par exemple, il est recommandé de passer une convention “valable pour le cas de mobilisation en vue de l’utilisation de leur moulin à ce moment ; faute de convention ou de contrat, les dits propriétaires s’exposeraient à voir leur usine requise par le service du ravitaillement, c’est-à-dire utilisée par ce service sans opposition possible avec paiement reculé à une époque pouvant être éloignée jusqu’à la fin de la guerre”. (Lettre du Préfet de l’Eure au maire d’Évreux, 9 juillet 1909) Liste des membres des commissions de réquisition, 1911 (AME, 2 H 41) L’obligation d’accueil Société de tir du 18e Régiment territorial d’infanterie, 1er juin 1893 (AME, 3 R 1) Les bataillons scolaires Les instituteurs (surnommés les “Hussards noirs de la République”) souhaitent une refonte de l’esprit national. Une loi du 28 mars 1882 met la gymnastique et le tir au nombre des matières d’enseignement des écoles publiques de garçons. Les activités paramilitaires se développent. Après le passage du service militaire obligatoire de 3 à 2 ans, une instruction du Ministère de l’Instruction Publique de 1907 crée des sociétés de tir scolaires dans tous les établissements publics du pays. Aristide Briand, qui tient, avec l’Instruction Publique, son premier portefeuille ministériel, déclare :“ Au moment où la réduction du service militaire exige plus que jamais des jeunes soldats des aptitudes et des qualités d’adresse préalablement acquises, il est de l’intérêt du pays que se multiplient les sociétés scolaires et post-scolaires de tir à courte distance […] mais aussi à l’arme de guerre, qui sera donnée par les soins de l’autorité militaire locale, dans toutes les écoles normales dont le siège est une ville possédant une garnison.” Contrat de location, 1895 (AME, 2 H 28) Dans les villes de garnison où les bâtiments militaires n’ont pas les capacités d’accueil suffisantes, les troupes de passage, de stationnement ou de cantonnement sont logées chez l’habitant. La répartition des hommes incombe à la municipalité qui loue des logements. Un arrêté des administrateurs municipaux du 10 décembre 1850 précise l’ensemble des dispositions concernant le logement des troupes, comme les circonstances dans lesquelles il est dû chez l’habitant, les personnes assujetties, la répartition des logements, les fournitures pour les hommes… Le logement chez l’habitant est réglé en vue des grandes manœuvres de septembre prévues par l’article 28 de la loi du 24 juillet 1873. Les indemnités perçues se montent à 1 Fr. (1,99 €) par officier, 0,20 Fr. (0,40 €) pour un sousofficier, 0,05 Fr. (0,10 €) pour un soldat en cantonnement en bivouac. Contrat de location des hangars Varillon, 1904 (AME, 2 H 28) L’obligation de logement s’apparente à un impôt déguisé, irrégulièrement réparti. Les mécontentements sont nombreux, car cela représente une charge souvent onéreuse pour les habitants. « 0 au jus ! » Fanfares, défilés et cavalcades Le prestige de l’uniforme, prenant ses racines sous l’Ancien Régime, est plus que jamais présent. Les fêtes populaires voient la population acclamer les soldats et communier avec eux dans une même ferveur patriotique. Les défilés Grands moments de rencontre attendus de tous, soldats et civils, les défilés et revues attirent généralement une foule nombreuse d’Ébroïciens. Les traditionnels défilés et retraites aux flambeaux du 14 juillet sont l’occasion pour les régiments d’Évreux de s’associer pleinement aux réjouissances de la population, dont le programme est souvent très fourni. …Phrase rituelle prononcée par le soldat lorsqu’il est rendu à la vie civile. Le « père 100 » Moment tant attendu – mais parfois aussi redouté – par les conscrits, la fin du service militaire donne naissance à un ensemble de rituels liés au décompte précis du nombre de jours restant avant ce que l’on appellera après la Première Guerre Mondiale la “Quille” . Le “Père 100”, personnage mythique, incarne le soldat libérable, qui entre dans ses cent derniers jours de service. Les cartes postales, très populaires parmi les militaires, rivalisent d’imagination dans l’illustration de ce compte à rebours. La revue du 14 juillet au Bel Ebat, vers 1900 (AME, 5 Fi 2576) La Musique Militaire Le Quartier Tilly et la caserne Amey possèdent leurs fanfares. Outre la participation aux défilés, elles donnent des concerts de bienfaisance au théâtre, jouent souvent au jardin public ou place de la mairie et se produisent à l’occasion de manifestations particulières organisées par la municipalité, comme les fêtes de quartiers. Les musiciens accompagnent également régulièrement la Musique Municipale ou l’Orphéon d’Évreux. Carte postale “Le baromètre de la classe”, début XXe s. (Coll.part.) La libération La libération intervient fin juillet – début août, afin de permettre aux libérés, dans une France encore essentiellement rurale, de participer aux travaux des champs. Les hommes sont généralement renvoyés dans leurs foyers au retour des grandes manœuvres. Les non gradés sont obligés de retourner leur tenue par colis postal. Les gradés conservent leur uniforme qu’ils rapportent lors de leurs périodes de réservistes. Programme de la fanfare du 6e Dragons, 1904 (AME, 2 R 51) Fanfare du 6e Dragons, début XXe siècle (Coll. Part) Afin d’obtenir le concours des fanfares, le Préfet ou le Maire adresse leur demande aux autorités militaires pour autorisation, comme, par exemple, en juin 1898, où la participation de la fanfare du 6ème Dragons est requise pour le bal de bienfaisance au profit des habitants du quartier Saint Léger dont les propriétés ont été sinistrées par un orage le 5 du mois. Lettre du Maire d’Evreux au Général commandant à Evreux, 1880 (AME, 1 J 24) Fanfare du 28e R.I., vers 1900 (Coll.part.) Deux dragons et un habitant d’Evreux à la fin du XIXe siècle (dessin de M. Boureau, 2007) “Avis de libération”, vers 1900 (Coll.Part.) Les Français sont réservistes de l’armée d’active pendant 4 ou 8 ans puis ils forment les effectifs de l’armée territoriale qui comprend cinq classes d’âge. Les cavalcades Les fanfares militaires s’associent également aux cavalcades. Une des plus importantes organisée par la municipalité en ce début de XXe siècle est la cavalcade de bienfaisance du 5 mai 1907. Outre les fanfares du 6e Dragons et du 28e Régiment d’infanterie, les Ébroïciens voient défiler celles des gendarmes et des sergents de ville, ainsi qu’un héraut d’armes et deux porte étendards à cheval, un groupe de pierrots, une gardeuse d’oies avec ses volailles, des mexicains et des peaux-rouges… Affiche de la cavalcade de bienfaisance, 5 mai 1907 (AME, 2 Q 13) Carte postale “Le thermomètre” de la classe, début XXe s. (Coll.part.) Entre 1870 et 1914, le service militaire, profondément réformé, est très souvent vécu par les conscrits comme une contrainte particulièrement pénible, brisant les projets individuels pour de longues années. Mais malgré la dureté de la discipline, le rôle social du service s’affirme totalement : initiation à la modernité pour des millions de jeunes ruraux, découverte de la ville, développement de l’hygiène, qualité de la nourriture, rapport différent au temps et à l’espace… Le service devient un rite national, marquant le passage à l’âge adulte. La caserne joue un rôle décisif dans le recul de l’illettrisme et des particularismes locaux. La population profite pleinement de la présence des soldats, animant commerces, cafés, bals et fêtes populaires… Bien que les militaires se distinguent toujours des civils par leurs uniformes, durant cette période ils se mêlent à la population comme ils ne l’ont jamais fait auparavant. Mais notre “ami Bidasse”, ce beau militaire à la fière moustache et à l’uniforme coloré, présent sur les champs de manœuvres et dans les rues d’Évreux, disparaît dans les bombardements de la Grande Guerre.Avec lui, un chapitre important de l’histoire de l’armée française se clôt. C’est la fin de la “Belle Epoque” des casernes. Avec l’ami Bidasse. Les militaires à Evreux de 1870 à la Grande Guerre. Les Archives Municipales d’Evreux tiennent à exprimer leurs plus vifs remerciements à tous ceux qui ont permis la réalisation de cette exposition. Soldats Place Dupont de l’Eure, vers 1900 (AME) Remerciements Sources Souvenir du 6e Dragons, 1910 (AME, 5 Fi 1460) Notre reconnaissance va tout particulièrement à M. Jean-Louis MARTIN, sans qui la réalisation de cette exposition n’aurait pas été possible. Nous tenons à le remercier pour sa disponibilité, ses conseils avisés et la mise à disposition de son abondante documentation. Nos remerciements vont également à son épouse, pour la gentillesse de son accueil. * M. Maurice BOURREAU, pour la réalisation de trois dessins originaux pour cette exposition. * M. Michel HOUA, pour son prêt d’ouvrages. * M.André SANCHEZ, Directeur du Cadran, pour la mise à disposition du Hall du Palais des Congrès. * Le Service Communication de la Ville d’Évreux * La Médiathèque et le Fonds ancien de la Ville d’Évreux * Le SCIAL de la Ville d’Évreux Archives Municipales d’Evreux Série H :Affaires militaires Série J : Police locale Série M : Bâtiments communaux Série R : Culture, sport Fonds ancien de la Médiathèque d’Evreux Journaux : le Courrier de l’Eure, l’Illustration, le Journal Amusant. Ouvrages généraux Orientations bibliographiques La Belle Epoque des uniformes (1880-1900). Musée de l’Armée. Paris : éditions de l’Albaron et Musée de l’Armée, 1991. Manuel d’Infanterie à l’usage des sous-officiers. Paris et Limoges : édition Henri Charles-Lavauzelle, 1895. ANDRE, Roland. Nos beaux militaires ! De la Belle Epoque à la Grande Guerre. Saint-Cyr-sur-Loire : éditions Alain Sutton, 2005. MARTIN, Jean-Louis. Evreux. Grandes et petites heures du quartier Tilly. Tome 1 : de la Révolution à 1913. Louviers :Ysec éditions, 2002. RIBOUILLAULT, Claude. Le service militaire. Rodez : Editions du Rouergue, 1988. Sites internet www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/ Site du service historique du Ministère de la Défense. Ville d’Évreux www.defense.gouv.fr/defense/enjeux_defense/patrimoine Pages historiques du site du Ministère de la Défense.