La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 1 - vol. VII - janvier-février 2004
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DOSSIER PHARMACOLOGIQUE ADÉFOVIR
La région C est composée du gène C qui code pour une protéine
de capside HBc et d’une région pré-C impliquée dans la synthèse
de l’Ag (antigène) HBe circulant.
La région P recouvre 80 % du génome et code pour une protéine
d’environ 90 kDa, l’ADN polymérase virale.
La région S code pour les protéines d’enveloppe. Elle est com-
posée du gène S, de la région pré-S1 et de la région pré-S2. Le
gène S code pour l’Ag de surface HBs, et les régions pré-S et S
pour les antigènes de surface pré-S2 et pré-S1.
La région X code pour une protéine de 17 kDa dont le rôle est
peu connu.
Une séquence directement répétée (DR1 et DR2) de onze nucléo-
tides est située de part et d’autre de la région cohésive. DR1 est
localisée à l’extrémité 5’ du brin (-) (ainsi que dans la séquence
redondante en 3’) et DR2 à l’extrémité 5’ du brin (+). Ces
séquences jouent un rôle majeur dans l’initiation de la synthèse
de chacun des brins d’ADN viral.
LE CYCLE VIRAL DU VIRUS DE L’HÉPATITE B HUMAIN
(FIGURE 2)
Le VHB, après interaction avec son récepteur, pénètre dans le
cytoplasme de l’hépatocyte où il subit un déshabillage (4, 9).
Le génome viral est transporté vers le noyau où il est transformé
en ADN superenroulé. L’ADN superenroulé, correspondant à une
forme circulaire close de façon covalente (ccc ADN), n’intègre
généralement pas le génome de l’hôte (10). Il s’accumule dans
le noyau sous la forme de minichromosomes circulaires (11).
L’intégration du génome viral dans celui de l’hôte n’est pas néces-
saire à la réplication virale mais elle représente l’un des méca-
nismes impliqués dans l’oncogenèse viro-induite.
Cet ADN viral extrachromosomique est la matrice de transcrip-
tion des acides ribonucléiques (ARN), messagers viraux qui sont
traduits en protéines virales (10).
L’un de ces ARN messagers, l’ARN prégénomique est mis en cap-
sides dans le cytoplasme avec la polymérase virale (9). Il s’ensuit
une étape de transcription inverse de l’ARN en ADN de polarité
négative, puis une activité polymérase ADN-dépendante permet
la synthèse de polarité positive (9). Les capsides, une fois arri-
vées à maturation, peuvent suivre deux voies différentes :
– soit un recyclage vers le noyau pour amplifier la formation ini-
tiale d’ADN superenroulé (12, 13) ;
– soit un enveloppement et une sécrétion sous forme de virions
infectieux qui pourront alors infecter de nouveaux hépatocytes (9).
L’ADN SUPERENROULÉ
ET LA QUESTION DE L’ÉRADICATION VIRALE
L’action concertée de plusieurs mécanismes est nécessaire pour
obtenir l’élimination virale (figure 2) :
– la lyse des cellules infectées par les lymphocytes T cytotoxiques
CD8+ (14) ;
– l’activité antivirale des cytokines de type TH1 (interféron
gamma, TNF-alpha et interleukine 12) (15) ;
– le renouvellement hépatocytaire, la division des hépatocytes
entraînant probablement la désintégration des nucléocapsides et
de l’ADN superenroulé lors de la mitose (16). Ainsi, durant la réso-
lution d’une infection virale transitoire par un hépadnavirus animal,
une fraction importante de la population hépatocytaire infectée est
tirée et remplacée par une population hépatocytaire en division (17).
La combinaison de ces processus devrait aboutir à une clairance
virale complète. Il est à noter que les mécanismes antiviraux non
cytolytiques contribuent puissamment à la clairance virale (18).
Cependant, si un équilibre se constitue entre la réplication virale,
permettant d’entretenir l’infection de nouvelles cellules, et les méca-
nismes immunitaires et cellulaires impliqués dans l’élimination
virale, des lésions hépatocytaires chroniques se développent pour
aboutir au développement de l’hépatite chronique (9).
Par ailleurs, la réplication virale n’étant pas associée à un effet cyto-
pathogène et si l’hépatocyte infecté n’est pas la cible de l’agression
des cellules immunitaires, sa demi-vie physiologique d’environ
100 jours assure la persistance de l’ADN superenroulé et une pro-
duction durable de particules infectieuses (16). La demi-vie de l’ADN
superenroulé a été estimée à plus de 30 jours en culture cellulaire.
Tous ces éléments expliquent pourquoi l’ADN superenroulé
représente à la fois une structure extraordinairement difficile à
éradiquer et le tremplin des résistances et des réactivations (1).
ADÉFOVIR DIPIVOXIL, RÉPLICATION VIRALE
ET ADN SUPERENROULÉ
L’adéfovir dipivoxil est un inhibiteur nucléotidique compétitif,
sélectif et puissant des polymérases de l’ADN du VHB (19, 20).
Deux études de phase III ont montré que l’adéfovir dipivoxil
entraîne une diminution significative des taux sériques médians
d’ADN-VHB chez les patients AgHBe+ (-3,91 log10 copies/ml
dans le groupe adéfovir dipivoxil versus -1,35 log10 copie/ml dans
le groupe placebo ; p < 0,001) et chez les patients AgHBe-
(-3,52 log10 copies/ml dans le groupe adéfovir dipivoxil versus
-0,55 log10 copie/ml dans le groupe placebo ; p < 0,001) (21, 22).
Plusieurs études ont alors été menées afin de déterminer l’impact
de l’adéfovir dipivoxil sur l’ADN superenroulé.
Figure 2. Cycle de réplication du virus de l’hépatite B et cibles des anti-
viraux (9).