A une époque glorieuse, l`épopée Napoléonienne, il faut des

A une époque
glorieuse,
l’épopée
N
apoléonienne,
il faut
des ouvrages
de
grand prestige.
EDITIONS QUATUOR
Collection 2016
C
onsidéré comme le plus doué,
et le plus grand des peintres
d’uniformes de son époque, à la
fois par sa précision uniformolo-
gique et par sa qualité artistique,
Lucien Rousselot a véritablement
réalisé son chef d’œuvre avec cette
suite d’une centaine de planches
où est mise en scène la cavalerie
d’élite de Napoléon. Ces quatre
vingt onze planches colorées, puis-
santes, comme prises sur le vif et
toujours extrêmement bien do-
cumentées, tant dans l’exactitude
uniformologique que dans les ré-
férences à telle ou telle campagne,
sont toutes accompagnées d’un
texte de l’historien militaire améri-
cain Edward Ryan, situant la scène
en question et détaillant les uni-
formes des cavaliers représentés,
distinguant les uniformes de pa-
rade, de ville, de garnison ou ceux
portés en campagne. Cet ensemble
est précédé d’un historique sur la
cavalerie de la Garde et son évolu-
tion, et suivi d’une annexe consa-
crée à quelques-uns de ces grands
cavaliers.
D
ans le dernier tiers de ce tome
I nous abordons, la partie or-
ganisationnelle de la cavalerie sous
le Consulat et l’Empire (y com-
pris celle de la Garde): la cavalerie
d’état-major, la cavalerie de réserve,
la cavalerie de ligne, la cavalerie
légère, avec chaque fois une des-
cription détaillée des uniformes, et
illustrée de planches elles aussi iné-
dites, de Fort, Benigni, Boisselier,
etc. Cette seconde partie enjambe
le tome II, qui, ensuite, accueille le
troisième volet de cet ensemble.
C
ette troisième partie, est consa-
crée aux faits héroïques de cer-
tains de ces cavaliers d’exception,
la cavalerie étant alors, et devant le
une iconographie inconnue (dont
encore huit magniques peintures
de Rousselot : Lasalle, Kellermann,
Franceschi, Murat, Fournier-Sar-
lovèze, Caulaincourt...), soit, pour
l’ensemble des deux tomes plus de
deux cent documents inédits, en cou-
leurs, toujours en grand format, en
provenance, tous, d’une collection
étrangère.
D
eux tomes de 240 pages
chacun sous coret de
fort grammage, reliés en soie
d’Orient ou en cuir rouge, papier
150 grammes semi mat, tirage
rigoureusement limité à 150
exemplaires tous numérotés, dos
rond, tranchel, signet en soie, et
gardes en couleur.
T
ome I : 91 planches de
Rousselot, en pleine page,
avec commentaires, introduction,
et annexes. Puis première partie
sur l’organisation de la cavalerie,
avec des illustrations inédites.
T
ome II : Suite de cette
deuxième partie ; puis
troisième partie : récits de
quelques exploits particuliers de
cette cavalerie, toujours avec des
illustrations inédites (dont huit
encore de Rousselot).
1805 & LA CAVALERIE D’EL ITE DE NAPOLEON & 1815
rester encore pendant un bon siècle,
une arme d’élite, comme le témoi-
gnage de l’audace individuelle.
Ainsi seront évoqués les exploits de
Lasalle à Vicence, de Kellermann
à Marengo, de Montbrun à So-
mo-Sierra, de Murat à Heilsberg,
de toute la cavalerie au Mont Saint
Jean, parmi d’autres charges éga-
lement évoquées. Enn ajoutons
que cet ensemble est souligné par
C
ette œuvre comporte deux tomes
très diérents : le premier est consa-
cré à une étude d’ensemble basée sur
les quelques 2300 généraux qui ont traversé
l’époque, notamment au sujet du passé mili-
taire de ces futurs généraux, qu’ils aient déjà
entamé une carrière dans l’armée d’Ancien
Régime ou non, tome dans lequel sont aus-
si passées au crible le courage, la discipline,
l’intelligence stratégique, la délité envers le
chef suprême, et l’envers de toutes ces qua-
lités, puis où est abordé l’aspect uniformo-
logique, et structurel, (grades, avancements,
nominations, destitutions.)
L
e second tome est, lui, sous la forme
d’un dictionnaire, un point de vue
sur les cent plus emblématiques géné-
raux qui, de Valmy à Waterloo, ont com-
mandé les armées. Dans cette période de
guerre quasi continue, guerres de défense,
préventives, ou de conquête, il est normal
de voir entrer avec fracas sur le devant de la
scène, à l’ombre du plus prestigieux d’entre
eux, Napoléon Bonaparte, avec lui et parfois
contre lui, un nombre assez considérable de
talents.
C’est pourquoi, parmi ces 2300 généraux,
nous avons choisi les cent généraux qui
nous ont paru les plus grands, qu’ils aient
été maréchaux, généraux de corps d’armée,
généraux de division, ou de brigade.
Nous nous intéressons donc à eux seulement
en tant que généraux, et, naturellement, pas
au-delà de 1815, sans égrainer la liste trop
mécanique et fastidieuse de leurs états de
service, mais au contraire en insistant sur ce
qui les caractérise fortement, et en focalisant
sur leurs « moments forts ».
LA RÉVOLUTION & DE L’EMPIRE
&
18151792
&
LES PLUS GRANDS GÉNÉRAUX DE
6 7
Castiglione et maréchal d’Empire en 1804, on pourrait dire que cet ennoblissement lui ôta
tout talent pour la suite car s’il fit la plupart des campagnes de l’Empire, on ne retrouvera
jamais l’homme de 1796.
En 1814, pendant la campagne de France, Napoléon lui demande de rechausser ses bottes de
93: il a pour mission d’arrêter l’invasion des Alliés dans le Sud-Est. Mais il est battu à Saint-
Georges le 18 mars puis à Limonest le 20 et doit évacuer Lyon. Déjà, son comportement en
Allemagne avait été loin d’être brillant et il apparaît désormais indécis, découragé. A-t-il trahi?
Il a eu des contacts avec le prince de Hesse-Hombourg et il a lancé le 16 avril une proclamation
prescrivant à ses soldats «la couleur vraiment française» de la cocarde blanche des Bourbons,
dénonçant en Napoléon le tyran qui a «immolé des millions de victimes à sa cruelle ambition».
Napoléon, qui le rencontra sur la route de l’Ile d’Elbe, devait observer: «Depuis longtemps,
chez lui, le maréchal n’était plus le soldat; son courage, ses vertus premières l’avaient élevé
très haut hors de la foule ; les honneurs, les dignités, la fortune l’y avaient replongé. Le
défectionnaire de Lyon fit oublier le vainqueur de Castiglione.»
Arrivé à Paris, il s’empressa d’aller présenter sa soumission au Roi, qui le récompensa en le
nommant pair de France.
De lui, Napoléon dicte à Las Cases un portrait peu flatteur: «Sa taille, ses manières, ses paroles,
lui donnaient l’air d’un bravache, ce qu’il était bien loin d’être du reste, quand une fois il se
trouva gorgé d’honneurs et de richesses, lesquelles d’ailleurs il s’adjugeait de toutes mains et de toutes
manières.» Las Cases ajoute que Napoléon remarquait pourtant, à la décharge du maréchal:
«C’est Augereau surtout qui décida de la journée de Castiglione, et, quelques torts que l’Empereur
eût à lui reprocher par la suite, le souvenir de ce grand service national lui demeura constamment
présent et triompha de tout.»
Ayant conservé son titre de pair de France, Augereau est appelé à prendre part au procès du
maréchal Ney. Dignement, il refuse de siéger, répugnant à juger un frère d’armes.
Rejeté par tous, désavoué, le téméraire soldat se retira alors dans son château de la Houssaye. Il
ne rêvait plus que de jouir en paix de l’immense fortune qu’il avait accumulée par ses pillages
et ses revenus, mais il ne pourra pas en profiter longtemps. Le 12 juin 1816, «le fier brigand»
mourut sans héritier entre son beau-père et sa jeune femme.
Louis-Albert-Guislain BACLER D’ALBE (1761-1824)
A Sallanches où il passe sa jeunesse, il réalise de splendides peintures, très colorées, notamment
sur la région du Mont-Blanc; il est ainsi un des premiers peintres à représenter la nature telle
qu’il la voit; et, en ce sens, il est bien le contemporain de Rousseau. Bien que vivant dans
le duché de Savoie, il est enthousiasmé par la Révolution et s’enrôle comme volontaire en
1793 pour défendre la République; il sert comme capitaine d’artillerie au siège de Lyon et
de Toulon. Nommé à l’Armée des Alpes, il y rencontre Bonaparte en 1795, qui le nomme
adjoint à l’adjudant major du parc d’artillerie. Lui et le futur général en chef ne se quitteront
plus. Le 3 septembre 1796, il est promu officier géographe, car Bonaparte, impressionné par
la qualité de ses dessins et de ses relevés, lui demande de réaliser les plans de la côte, de Nice à
Savone, et d’enseigner le dessin pour effectuer des tracés et les plans des fortifications.
En 1797, il réalise une carte de la péninsule (30 feuilles) qu’il finance lui-même, l’armée n’ayant
pas de budgetpour cela; ces cartes sont dérobées par l’armée autrichienne, rendues après le trai-
té de paix de Campoformio. L’ouvrage parait en 1802 en 52 feuillessous cet intitulé : «Carte
du théâtre de la guerre en Italie lors des premières campagnes de Bonaparte». Plus qu’utile dans
l’élaboration de plans topographiques, il se distingue aussi par son courage au cours de la ba-
taille du pont d’Arcole, bataille qu’il reproduit dans une œuvre ambitieuse. De cette campagne,
il immortalise aussi les batailles de Rivoli, de Lodi, et le passage du Pô à Plaisance, dans de
Bonaparte et son état-major à la bataille d’Arcole.
(Peintue de Bacler d’Albe).
50 51
Joseph Marie DESSAIX (1764-1834)
Médecin à Thonon puis Turin, il vient exercer à Paris à la veille de la Révolution; et dès
1789, il prend partie pour les idées nouvelles, entre dans la Garde nationale et retourne à
Thonon en 1791, pour y faire germer les nouvelles idées. Il repart à Paris en 1792, pour éviter
une condamnation en Savoie, puis devient capitaine de la Légion des Allobroges. Quelques
jours plus tard, il participe à l’attaque des Tuileries, le 10 août et devient chef de bataillon de
la Légion des Allobroges.
De 1793 à 1797, il participe aux principales guerres de cette époque, sans mérite particulier
mais non sans enthousiasme, et il est fait prisonnier à Rivoli, ce qui lui vaudra sept mois d’exil
en Hongrie, avant d’être échangé.
A sa libération, il retourne en Italie en tant que chef de brigade de la 27ème légère. En 1798, il
est élu au Conseil des 500, comme député du Mont Blanc.
Opposé au 18 brumaire, Dessaix se retrouve exclu de la représentation nationale, mais reçoit
un nouveau commandement dans l’armée en Suisse, puis à l’armée Gallo-Batave; il se retrouve
à Hanovre en 1803, où il obtient sa promotion de général de brigade.
L’année suivante, au camp d’Utrecht, il prend le commandement de la 1ère brigade de la 1ère
division du général Marmont. Quand la guerre éclate en 1805, son unité est devenue une
partie du 2ème corps de la Grande Armée et combat devant Ulm.
Il passe ensuite à l’armée d’Italie, dans la division Broussier, où on lui donne le commandement
de la 2ème brigade, en avril 1809, avec laquelle il fera toute cette campagne d’Italie, sous l’autorité
du Vice Roi; campagne d’abord difficile puis victorieuse, réussissant à, une fois de plus, bouter
hors de la péninsule, cette Autriche qui ne fut jamais acceptée par la population; commandant
l’avant-garde de l’Armée, Dessaix est blessé de 2 coups de feu au combat de Venzone sur le
Tagliamento. Il commande de nouveau l’avant-garde reformée le 7 mai, combat à la bataille
de la Piave, est vainqueur sur la Livenza, et combat avec fougue à Villanova, Venzone, Tarvis,
San Michele, toujours sous les ordres de la division du général Broussier.
Blessé à Wagram, il est promu général de division, en juillet 1809.
Nommé commandant de la 2ème division du 4ème corps sous Masséna à l’armée d’Allemagne,
ensuite de la 1ère division sous Oudinot à l’armée de Brabant, puis chef d’une division au corps
d’observation de Hollande jusqu’en 1811, enfin commandant de la 4ème division de l’armée
d’Allemagne sous Davout, période où il est récompensé du titre de grand officier de la Légion
d’Honneur.
Il participe à la campagne de Russie où il est blessé à Mohilev et il a le bras fracassé par un
biscaïen à la Moskowa. Il commande encore, cependant, une division en Prusse jusqu’en
1813, mais malade il rentre dans ses foyers. Pourtant sa carrière militaire n’est pas terminée,
car, patriote, et ne se sentant en rien piémontais (rappelons que la Savoie n’était pas française
avant 1790), il est nommé commandant de la Garde nationale du Mont Blanc, début 1814,
et il force les troupes de la coalition à évacuer une très grande partie de la Savoie, gagnant par
son courage le surnom de Bayard du Mont Blanc.
En 1815, il commande la 19ème division militaire à Lyon, puis le 6ème corps d’observation à
Chambéry; il s’empare de Carouge, mais est contraint de signer l’armistice.
Arrêté en mai 1816, relâché en septembre de la même année, il se retire à Fernay-Voltaire, et
meurt à Marclaz, en 1834.
Le général Desaix à la bataille de Tarvisio
en 1809 ; derrière lui un dragon
de la Garde royale italienne
tenant un drapeau autrichien,
un officier d’état-major,
un prisonnier autrichien,
un officier d’ordonnance.
Et chevau-légers polonais
du 7ème régiment, 1813
(Anne SK Brown military collection).
76 77
Lazare HOCHE (1768-1797)
Déjà dans l’armée depuis 1784 dans les Gardes Françaises, dès la Révolution il est donc très
vite remarqué par ses chefs, à la fois par son expérience militaire et sa culture. En 1793 il
reçoit le commandement de Dunkerque qu’il défend brillamment contre les Anglais. Il est
rapidement promu général de brigade, puis général de division la même année.
En 1793, général en chef de l’armée de Moselle, il est confronté aux Prussiens de Brunswick
et aux Autrichiens de Wurmser, lorsqu’ils envahissent l’Alsace. Avec une armée inférieure
en nombre, Hoche lance une contre-offensive en attaquant le général autrichien Hotze à
Wœrth et Frœschwiller. Hoche harangue et stimule ses soldats et, à la baïonnette, vétérans et
volontaires, tous s’élancent et s’emparent des redoutes. Le corps de Hotze est mis en déroute
et pendant trois jours, du 22 au 25 décembre, ses lieutenants chassent les Prussiens, obligés
de se retirer.
Les cuirassiers d’Hautpoul à Eylau. Hoche s’apprêtant à traverser le Rhin en 1793.
160 161
104 105
1791, il quitte Epinay, pour s’engager en août 1792 au 9ème bataillon des Fédérés Nationaux,
où il participe aux premières guerres de la Révolution.
Il s’y distingue notamment à Jemappes, où il reprend à l’ennemi le drapeau du bataillon.
Dénoncé, destitué, comme tant d’autres - donc à tort -, puis réintégré à l’armée du Nord, il
participe à la bataille de Fleurus; puis il est blessé à Maubeuge et laissé pour mort à Mons; il
s’empare du pont de Limbourg, où il est de nouveau blessé.
Nommé chef de bataillon en 1796, il commande alors un bataillon de grenadiers pendant la
campagne d’Allemagne; et il est encore blessé à Wurtzbourg, en Bavière.
Il est ensuite intégré à la division Bernadotte, dont il sera l’aide de camp jusqu’en 1802. Il
participe à la campagne d’Italie en 1796-1797; puis en 1800, il est sévèrement blessé au
village de Schout (Hollande), en repoussant un corps d’Anglo-Russes.
Il est sous-chef d’état-major de Bernadotte, lors de la bataille d’Austerlitz et il peut y cueillir
sa part de lauriers.
Promu général de brigade le 10 février 1806, il prend le commandement d’une brigade de la
1ère division du 1er corps lors de la campagne de Prusse. Il prend une part active à la bataille
d’Iéna, puis, à la poursuite de l’armée prussienne, il est le premier à traverser la Saale où il
culbute l’armée du prince de Wurtemberg; et finalement il pénètre en vainqueur dans Lübeck.
Nommé chef d’état-major général du 1er corps par Bernadotte, celui-ci est blessé le 6 juin
1807, dans une escarmouche; il est remplacé par le général Victor et c’est sous ses ordres que
le 1er corps remporte la victoire de Friedland, ce qui permet à Victor de recevoir son bâton de
maréchal.
Ainsi, en janvier 1808, le 1er corps, toujours commandé par Victor, est désigné pour
l’expédition d’Espagne et le général Maison se voit confier le commandement d’une brigade
de la 2ème division. Au cours de cette campagne, il se distingue, en novembre 1808, à la
bataille d’Espinosa puis il est blessé à l’attaque de Madrid, où une balle lui fracasse le pied et
le contraint à rentrer en France.
En 1809, remis de sa blessure, Maison retrouve le maréchal Bernadotte qui commande l’armée
de l’Escaut, alliée aux Hollandais pour repousser les Anglais, qui ont envahi l’île de Walcheren.
Après la reconquête de l’île, il exerce plusieurs commandements civils et militaires, dont celui
du département de la Lippe issu de l’ex-duché de Berg et celui du camp d’Utrecht.
Il revient à la Grande Armée et il est promu général de division en août 1812. Il prend le
commandement de la 16ème division du 5ème corps jusqu’en décembre 1813. Il participe à la
bataille de Lützen, où après une journée de combats intenses, les forces prussiennes et russes
battent en retraite, permettant ainsi à la Grande Armée de conserver les ponts franchissant
l’Elster, que l’ennemi voulait détruire.
Les 20 et 21 mai, il repousse à Bautzen la charge de six colonnes de la cavalerie prussienne.
Enfin, bien que blessé aux combats de Wachau qui précèdent la bataille de Leipzig, il est présent
à son poste et de nouveau blessé dans la plus grande de toutes les batailles napoléoniennes.
Maison reçoit en janvier 1814 le commandement du 1er corps de l’armée du Nord, chargé de
couvrir la Belgique et le port d’Anvers. L’infériorité numérique dans laquelle il se trouve ne lui
permet pas de résister à la pression des coalisés et il décide de rentrer sur Paris à marche forcée.
A Quiévrain, il est informé de l’abdication de l’Empereur. Il conclut un armistice et gagne
Lille, où prend fin sa carrière de soldat napoléonien. En effet, au retour de l’île d’Elbe, Maison
reste fidèle au roi; mais à la seconde Restauration, chargé avec d’autres, de juger le maréchal
Ney, il se déclarera incompétent, sauvant ainsi son honneur.
François Séverin MARCEAU-DESGRAVIERS (1769-1796)
Fils de procureur, il est destiné à une carrière d’avocat; mais sa vocation pour l’armée est plus
forte et il s’engage dans un régiment d’infanterie à 16 ans. Officier en 1791 dans le bataillon
des volontaires d’Eure-et-Loir, il obtient en 1792 son intégration dans l’armée régulière
comme lieutenant de cavalerie.
Le général Marceau
(Anne SK Brown
military collection).
120 121
Georges MOUTON (1770-1838)
Les premières années de sa vie, c’est du Victor Hugo: famille pauvre et pléthorique, caractère
ambitieux, puissance athlétique, patriotisme, etc… C’est ainsi qu’à 26 ans, alors qu’il n’avait
reçu que l’instruction de la rue et des champs de bataille - ce qui, certes, peut être valorisant
en 1796 - il est colonel sous Meynier à l’armée d’Italie.
Affecté à la 60ème demi-brigade, il participe aux opérations autour de la forteresse de Mantoue.
En mai 1797, Joubert le prend comme aide de camp. En tant que chef de la 99ème demi-
brigade, il est affecté à l’armée de Rome; puis de décembre 1799 à avril 1800, il se bat
pour la défense de Gênes, dans un combat qui semble à tous désespéré, mais qui, avec Soult
et Masséna, s’avère finalement vainqueur. Gravement blessé par deux fois, il est rapatrié en
France. Soult écrit de lui à Bonaparte: «Il n’est pas possible d’être plus brave.»
En 1805, nommé général de brigade, Napoléon le prend comme aide de camp et il le restera
jusqu’à la fin de l’Empire, malgré le refus qu’il avait opposé l’année d’avant, un peu révulsé pas
les fastes du Sacre. Il se montre toujours franc et direct. «Celui-là n’est pas un flatteur» dira
l’Empereur à Caulaincourt. Mais il est également discipliné et loyal, organisateur remarquable
et méticuleux.
A la fin de 1807, il obtient le grade de général de division et le rang d’inspecteur général.
En 1808, en Espagne, sa division remporte les batailles de Rio-Secco et de Burgos, mettant la
main sur cinquante neuf canons.
En 1809, en Autriche, après la manœuvre savante d’Abensbergq et la victoire d’Eckmühl,
Mouton va se distinguer à Aspern, avec deux bataillons de l’infanterie de la Jeune Garde: il
s’empare du village et se retrouve immédiatement encerclé; il reçoit le renfort de deux autres
bataillons, ceux de Rapp, autre aide de camp de l’Empereur; et tous deux repoussent les
Autrichiens de Rosenberg. Ce qui vaudra à Mouton le titre de comte de Lobau.
Ensuite, Mouton participera à toutes les campagnes; mais le plus souvent comme aide major
général, c’est-à-dire occupé à l’organisation de l’armée, tâche obscure mais indispensable, où
il saura montrer tout son talent.
Régis-Barthélemy MOUTON DUVERNET (1770-1816)
Né au Puy en Velay, il s’engage à 15 ans comme soldat dans le régiment de la Guadeloupe
et il sert encore dans ce régiment en 1791. Puis il s’engage comme volontaire en décembre
1791, à l’armée du Gard et il se trouve capitaine adjudant-major au siège de Toulon en 1793.
Capitaine à la 117ème demi-brigade de bataille en 1794, unité incorporée dans la 70ème de ligne,
en 1796. Il y fait les campagnes d’Italie et il se distingue à Arcole, en novembre 1796, où il est
blessé d’un coup de feu qui lui fracture la jambe droite.
Aide de camp du général Chambarlhac en 1797, il est ensuite adjoint aux adjudants généraux
et employé auprès de l’adjudant général Gareau en 1799; puis il est nommé par le général
Moreau chef de bataillon à la suite de la 75ème, en 1799. Confirmé chef de bataillon, aide de
camp du général Gareau en 1800, il est envoyé avec lui à Malte: il y est fait prisonnier par les
Anglais au début de 1800.
Il sert à nouveau en Italie, en 1801; puis il devient aide de camp du général Lesuire en
novembre 1802; chef de bataillon à la 3ème de ligne en 1803, il est successivement aux camps
de Bayonne, de Compiègne, puis à Boulogne jusqu’en 1805; enfin, à la Grande Armée, il est
major du 64ème de ligne en avril 1806.
Il se retrouve colonel du 63ème de ligne à la place de Lacuée; puis il part servir en Espagne,
où il est nommé général de brigade en 1811; il en revient général de division en 1813, pour
faire avec courage et distinction la campagnes de 1813 en Saxe. Prisonnier de guerre à la
capitulation de Dresde, il rentre de captivité en 1814, pour commander à Valence la 2ème
subdivision de la 7ème division militaire.
Il se joint à Napoléon au retour de l’île d’Elbe; il est envoyé en mission extraordinaire dans
son département de la Haute-Loire et il accompagne Grouchy à Lyon. Il est ensuite chargé par
Suchet du commandement des départements de l’Ardèche, du Cantal, de la Haute-Loire, de
la Loire et du Puy de Dôme. Il est nommé représentant de la Haute-Loire pendant les Cent-
Jours en mai 1815, où il appuie toutes les mesures qui ont pour but de sauver l’indépendance
nationale. Gouverneur de Lyon en juillet 1815, il y montre beaucoup de vigueur, mais aussi
de prudence et de modération. Il s’oppose au retour des Bourbons, même après Waterloo, où
il est présent et aurait dû soutenir l’offensive du maréchal Ney.
L’ordonnance du 24 juillet 1815 en fait un traître au roi, passible du conseil de guerre. Il se
cache alors chez un ami royaliste; puis pensant les esprits apaisés, il réapparaît et se constitue
prisonnier auprès du préfet de la Loire. Le conseil de guerre le condamne à mort le 15 juillet
1816. Sa femme essaie en vain d’obtenir sa grâce auprès du roi; mais il est fusillé le 27 juillet
1816, chemin des Etroits, à Lyon.
Deuxième régiment de
chevau-légers napolitains,
sous Murat.
(Anne SK Brown
military collection).
T
irage limité à 150 exemplaires
tous numérotés
C
oret de fort grammage
I
llustrations inédites
G
rand format 240 x 320 mm
D
eux tomes de 240 pages chacun
P
apier couché 150 gr. semi-mat
R
eliure en soie d’Orient, signet, tranche l,
gardes en couleur, étiquette dans bossage
Personne ne pourrait oublier la valeur, l’hé-
roïsme des cavaliers du régiment de chevau-lé-
gers polonais de la Garde Impériale, qui de
1807 à 1814, luttèrent jusqu’à l’abnégation au
service exclusif de l’Empire. Mais la participa-
tion de la Pologne comme alliée de la France, ne
se limita pas à ce prestigieux régiment : nombre
de cavaliers ou de fantassins, furent engagés, dès
1796 en Italie, sous le nom de légion polonaise.
La proximité de cette alliance, soudée par un
profond sentiment anti-allemand (prussien et
autrichien) et anti-russe, et par le démembre-
ment de la Pologne, se renforça dès 1806, avec
l’écrasement de la Prusse à Iena et Auerstaedt,
le soulèvement des polonais encouragés par la
France, et enn la libération de Varsovie par les
troupes françaises.
Dès lors, outre ce régiment intégré à la Garde
Impériale, commandé par le colonel Krasinski,
un corps entier, dit « Armée du Duché de Varso-
vie », se constitua de façon autonome, sous l’au-
torité de Poniatowski, seul maréchal de France
d’origine étrangère, constitué de pas moins de
trois divisions, sous les ordres de Poniatowski,
Zajonczek et Dombrowski, et qui comptait au
début 6000 cavaliers et 31 000 fantassins, puis
s’augmenta de plusieurs divisions, doublant ain-
si le nombre de polonais au service de l’Empire.
Tous ces hommes prouvèrent leur courage dans
nombre de campagnes, particulièrement en Es-
pagne de 1807 à 1813, où ils se couvrirent de
gloire à la bataille de Somosierra, puis en Russie,
en Saxe, et pendant les campagnes de France.
Cette histoire tumultueuse, riche en épopée,
nous l’avons reconstituée grâce aux témoignages
des acteurs eux-mêmes, les généraux Soltyk,
Mrozinski, Grabowski et Tanski, sur l’ensemble
de la période, et Zaluski spéciquement sur les
chevau-légers lanciers de la Garde.
A de très nombreuses illustrations inédites sur
la guerre en Espagne, et d’autres venant direc-
tement de Pologne, vienrent s’ajouter les pein-
tures de Chelminski et les très nombreux do-
cuments sur les uniformes également recueillis
pour la plupart en Pologne.
ARMÉE NAPOLÉONIENNE & 18141796 & LES POLONAIS DANS L
6 7
Ci dessus et ci-contre : Légion polonaise entre 1797 et 1802 (Anne SK Brown military collection) Double page suivante :
carte générale de l’Europe en 1807, après la naissance du Grand Duché de Varsovie.
10 11
Légion polonaise entre 1797 et 1802 (Anne SK Brown military collection) Légion polonaise entre 1797 et 1802 (Anne SK Brown military collection)
40 41
90 91
100 101
Somosierra SAN JUAN
BATAILLE DE SOMOSIERRA
Le 30 novembre 1808
4
4
4
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2
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3- chevau-légers polonais
4- 9e régt léger
5- chasseurs à cheval de la Garde
1- 24e régt de ligne
2- 95e régt de ligne
NAPOLEON
3
110 111
T
irage limité à 150 exemplaires
tous numérotés
C
oret de fort grammage
I
llustrations rares ou inédites
C
artographie des batailles avec présence des
troupes polonaises
G
rand format 240 x 320 mm
D
eux tomes de 240 pages chacun
P
apier couché 150 gr. semi-mat
R
eliure en soie d’Orient, signet, tranche l,
gardes en couleur, étiquette dans bossage
DE FRANCE & 18141814 & LA CAMPAGNE
F
ace aux 400 000 soldats de la coalition,
autrichiens, prussiens, russes, suédois,
(auxquels il faut ajouter les 100 000 anglo-es-
pagnols au Sud, et les 20 000 napolitains de
l’ultime et stupide trahison de Murat) les
généraux restés debout après Leipzig, se te-
naient prêts à affronter la foudre. Augereau et
Mortier dans le Lyonnais et le Morvan, pour
faire face à l’armée russe de Bellegarde en
train de franchir les Alpes ; Ney, Marmont,
Macdonald et Maison sur le Rhin, face aux
armées de Schwartzenberg, de Blücher et de
Bernadotte, n’eurent à opposer qu’un peu
moins de 100 000 hommes. Alors, en prin-
cipe, la partie était jouée, et le mat rapide-
ment prévisible. Eh bien non, ce ne fut pas
une blitz-krieg. Au contraire, depuis le 1er
janvier 1814, date à laquelle Blücher franchit
le Rhin, jusqu’à la capitulation du 4 avril, ce
fut une quasi succession, pour les français,
de combats victorieux, et paradoxaux, car, in
ne, face au nombre, il y a toujours un 4 avril
et des adieux à Fontainebleau.
Voici donc, ces combats, ultimes feux d’arti-
ce et moments de gloire d’une armée dont
l’inventivité, le génie tactique et le courage
furent manifestes, et où la rapidité d’exécu-
tion et de déplacement, l’inspiration, comme
se porter en des lieux où on n’était pas néces-
sairement attendu, jouèrent un rôle essentiel.
E
n publiant ce livre, nous voulons
montrer ce courage, cette inexibi-
lité, cette légende encore à l’œuvre. Les
nombreux textes qui ont été écrits sur
telle ou telle bataille, ou sur la campagne
entière, nous ont permis d’englober ce
monde là dans son ensemble, de le com-
prendre et de le détailler. C’est pour-
quoi il nous a paru très utile de publier,
notamment, des cartes géographiques
d’époque, pour bien visualiser ces lieux
de l’Est de la France, et, en sus des cartes
habituelles de Serge Baudouard, des
cartes des batailles levées peu de temps
après, en double page également, pour
apprécier au mieux les positions des
troupes et la qualité graphique de ces
cartes anciennes. L’iconographie nous a
permis de nous faire plaisir en mettant en
valeur sur deux voire parfois sur quatre
pages, que ce soit les tableaux « topogra-
phiques » de Jung ou de Fort, que ceux
des peintres de bataille proprement dits.
Ces quatre mois de campagne méritaient
donc un traitement de valeur à la hauteur
de ces évènements. C’est pourquoi, l’ico-
nographie est très libéralement dispen-
sée, en veillant, comme par le passé, à
privilégier nos choix selon ces deux seuls
axes : la valeur historique et/ou la valeur
esthétique.
L
a présentation est en tous points
identiques à nos précédents ou-
vrages napoléoniens : deux tomes de 260
pages tirés à 250 exemplaires seulement,
tous numérotés, grand format, illustra-
tions en pleine ou pleine double page,
beau papier 150 grammes semi mat, cof-
fret de fort grammage tout en couleurs.
30 31
Le plan des Alliés étant de chercher immédiatement une rencontre décisive afin d’arriver
le plus tôt possible à une solution définitive, la prise de quelques places ne pouvait être, au
premier abord, qu’une chose secondaire. On n’avait pas à s’en préoccuper avant d’avoir li-
vré la grande bataille ou avant d’avoir constaté que, contrairement aux prévisions, la guerre
allait traîner en longueur. Il s’agissait donc de paralyser l’action des places françaises avec
le moins de monde possible.
Dans ces conditions, il n’y avait à s’occuper, surtout au début et jusqu’à l’arrivée des réserves
attendues, que des seules places pouvant commander directement les routes d’invasion. Et
encore fallait-il distinguer parmi celles-là: masquer simplement celles qui, par elles-mêmes
ou par leur position n’avaient pas grande importance, et bloquer rigoureusement les autres.
Dans la première catégorie nous pouvons ranger Erfurt, Würzbourg, les petites places de
l’Alsace et Strasbourg; dans la seconde, il fallait compter Mayence, Landau, Sarrelouis,
Thionville, Metz, Luxembourg, Longwy et éventuellement Verdun. Or, contre ces places,
il suffisait de 65000 hommes.
Quant à Paris lui-même, on ne devait guère s’attendre à le trouver en état de défense et
réellement défendu; et cependant, cette éventualité était à prévoir. En tout cas, on ne pou-
vait se heurter là qu’à des retranchements appuyés aux barrières de la capitale et défendus
soit par la masse principale des forces françaises avec le concours de nombreuses milices
nationales, soit exclusivement par les milices elles-mêmes, avec le seul soutien d’un corps
d’armée. Dans le premier cas, c’était la bataille sous les murs de Paris; dans le second cas,
la masse principale des forces françaises se trouvant alors au sud de Paris, c’était un fort
détachement à envoyer contre la capitale.
Or, s’emparer ainsi de Paris avant de livrer la bataille décisive n’était pas chose indiffé-
rente, car la perte de la capitale aurait probablement exercé une influence prépondérante
sur les événements militaires. Ce n’aurait donc pas été une faute de le tenter, et, pourtant,
constituer un détachement de cette importance était encore une entreprise fort risquée. En
effet, à moins d’avoir une supériorité numérique écrasante, l’armée principale n’était pas
absolument sûre de la victoire, et l’on avait dès lors à redouter de la priver ainsi d’une trop
grande partie de ses forces.
En somme, Paris ne devait pas entrer en ligne de compte tant qu’une grande bataille n’au-
rait pas décidé du sort de la lutte, à moins toutefois que, les débris de l’armée française se
retirant tout d’abord sur cette ville pour se reporter de là sur la Loire, la direction naturelle
de la poursuite n’amène les Alliés sous les murs de Paris et ne leur permette de consacrer le
gros même de leurs forces à la conquête de la capitale.
6) Entreprises secondaires.
D’après notre théorie, le partage des forces n’est admissible, dans l’offensive, que s’il doit en
résulter un avantage absolument exceptionnel. C’était presque le cas dans cette campagne.
Le théâtre des opérations se trouvant transporté au centre même de la France, la Belgique
et la Hollande étaient, par le fait, comme des membres séparés du tronc dont elles n’avaient
plus désormais aucun secours à attendre. Les habitants de ces contrées, surtout les Hollan-
dais, étaient las de la domination française, et l’on avait tout lieu de croire qu’ils feraient
leur possible pour soutenir la cause des Alliés; rien d’étonnant à ce qu’il en résulte même
une révolution en règle. Le pays était, il est vrai, couvert de places fortes, mais les garni-
sons ne pouvaient être que fort réduites, et, avec le concours des habitants, il fallait peu de
temps pour en venir à bout. Nul doute, dès lors, qu’on ne puisse, avec des troupes relative-
Chasseur à cheval de la Jeune Garde,
lieutenant en second, 1814.
Elève gendarme de la gendarmerie
d’ élite de la Jeune Garde, 1814 (Knötel).
38 39
en a montré un exemple. La ténacité ne fait donc pas à elle toute seule qu’on soit grand
dans le malheur, et quelque admiration même qu’elle éveille chez ceux qui réfléchissent
et qui savent ce que c’est que d’être ferme, elle ne peut pas plus être considérée comme la
preuve infaillible de la grandeur d’âme que le fait de se plier aux circonstances ne doit être
toujours pris pour le signe de la faiblesse.
Le caractère de Napoléon était déjà naturellement opiniâtre et inflexible; il semble, en
outre, qu’il ait attribué, de propos délibéré, une trop grande valeur à la ténacité.
2) But auquel la défensive devait tendre.
Il fallait d’abord battre l’ennemi pour l’éloigner des frontières de la France et, en attendant ce
résultat, couvrir constamment la capitale pour empêcher les partis politiques de tirer profit
des embarras de la situation militaire. Pour atteindre ce résultat, il fallait absolument que Na-
poléon puisse se mettre de nouveau à la tête d’une armée qui ne soit pas par trop inférieure en
nombre aux forces des Alliés, et que la position occupée par cette armée empêche la capitale,
d’ailleurs plus ou moins fortifiée ou défendue, de tomber aux mains de l’ennemi.
Toutes les dispositions devaient être prises en vue de ce double but.
3) Moyens d’action dont disposait la défense.
On pouvait estimer à 60000 hommes les forces françaises qui avaient repassé le Rhin,
sans compter la garnison de Mayence. Napoléon, comme le voit par la suite, aura 100000
soldats, à la fin du mois de janvier; mais il aurait difficilement pu disposer de ces forces
dès le commencement de décembre. Or il savait par expérience qu’il est, dorénavant, im-
possible de lutter contre un ennemi deux fois plus nombreux, est-on même Napoléon.
Tous ses efforts devaient donc tendre à augmenter son armée de manière à pouvoir livrer
la bataille décisive avec 150 ou 160000 hommes. Dans ces conditions, sa supériorité per-
sonnelle devait lui assurer la victoire sur la principale armée alliée. À cet effet, il lui fallait,
indépendamment des garnisons qu’il était forcé de laisser dans les places fortes, 100000
hommes de renforts qu’il ne pouvait tirer que de l’Espagne, de l’Italie, de l’intérieur du
pays où les plus petits dépôts étaient à utiliser, et même des garnisons des places du Nord.
À ces moyens directs, il fallait encore joindre les moyens indirects de résistance: les forte-
resses, le soulèvement national, la rigueur de la saison.
Grâce à tout cela, on pouvait espérer affaiblir l’ennemi de plus en plus et finir par atteindre
le premier résultat qu’on doit avoir en vue: l’équilibre relatif des forces en présence.
Pour créer et diriger cette résistance indirecte, il fallait:
- armer les places qui commandent les routes allant du Rhin moyen sur Paris;
- mettre Paris lui-même à l’abri d’un coup de main, et peut-être même aussi mettre
en état de défense les villes ouvertes qui, placées sur les routes précitées, pouvaient se prêter
à une semblable organisation (ce qui est si souvent le cas en France);
- convoquer les milices et les gardes nationales;
- organiser des corps de partisans résolus.
4) Considérations de temps.
Pour pouvoir mettre en œuvre ces divers moyens de résistance, il importait avant tout de
gagner du temps dès le principe, de retarder le plus possible d’abord l’invasion du territoire,
Ci contre :
Après la bataille
de Laon.
Tableau de Meissonnier,
détail.
L’Etat major.
On reconnaît à gauche,
au premier plan,
le maréchal Ney.
126 127
grand acharnement, a perdu Petit-Mesnil, après La Giberie; il se débat, en se retirant sur
la ferme de Beugné, contre l’ennemi qui pousse toujours audacieusement de l’avant.
Les ailes sont moins violemment engagées:
- À droite, Gérard se maintien, cramponné avec succès à Dienville.
- À gauche, Marmont chicane contre les Austro-Bavarois, à la lisière du bois d’Ajou.
C’est donc le centre qu’il importe de retirer de la lutte, sans que les Alliés, débouchant en
masses à sa suite, puissent marcher sur Brienne et écarteler définitivement l’armée battue,
mais non écrasée.
Le village de La Rothière qui commande pour ainsi dire la chaussée de Bar-sur-Aube à
Brienne, préoccupe l’Empereur au plus haut point. L’ennemi a pris possession des maisons,
mais sans pouvoir déboucher, jusqu’alors tenu en respect par une poignée de vieux braves
qui luttent désespérément à la lisière nord. Si l’on peut cadenasser cette issue nord de La
Rothière, une retraite des corps français décimés devient possible, et cette retraite peut
donner le loisir de se compter et d’agir.
Pour empêcher les Russes de surgir de La Rothière, comme ils cherchent à le faire depuis
plusieurs heures, Napoléon confie à ses dernières forces disponibles une mission de dé-
vouement et de sacrifice: Nansouty, avec la cavalerie de la Garde, reçoit l’ordre de préparer
le chemin à Oudinot qui, avec la division de tirailleurs de Rottembourg, va chercher à
reprendre La Rothière; sur une réoccupation effective et définitive l’Empereur ne compte
par outre mesure, mais il sait trop la guerre pour ne pas pousser à fond un retour offensif
destiné à gagner du temps.
La cavalerie déblaie les abords de la Rothière en refoulant les tirailleurs russes qui com-
mencent à en déboucher. La division Rottembourg se lance à l’attaque, comme si elle
devait réellement réoccuper le village et s’y maintenir, coûte que coûte. Elle s’engage vi-
goureusement sur 3 colonnes:
- celles des ailes (généraux Marguet et Trapier) ne peuvent pénétrer et se replient
en combattant dans la plaine;
- celle du centre parvient jusqu’à l’église, mais, accueillies par un feu nourri, nos
recrues tirent en l’air et se groupent en paquets sans avancer ni reculer. Un officier russe
s’avance, pensant que nos soldats vont se rendre; le général Rottembourg, comptant sur les
succès des ailes, croit à son tour que les Russes sont tournés et déposent leurs armes. Il marche
presque seul au devant de l’ennemi. Revenus de leur erreur, les deux officiers engagent un
combat singulier pendant lequel les nôtres se ressaisissent et reprennent la lutte; mais ils sont
contraints de se retirer sous la pression de troupes fraîches qui accourent à la rescousse; ils
effectuent honorablement cette retraite, protégés par les colonnes des ailes qui ont pris, dans
la plaine, de bonnes positions défensives. Toute la division Rottembourg, à nouveau groupée,
se maintient à 400 pas [250 mètres] de La Rothière qu’elle n’a pu arracher à l’ennemi.
Pendant ce temps, à notre gauche, la série des revers se poursuit:
- La cavalerie de Wrède enlève par surprise quelques pièces de Marmont établies
en batterie au sud du bois d’Ajou.
- Une des divisions de Milhaud, chargée de flanc dans l’obscurité, au nord-ouest
de Chaumesnil, se débande vers la ferme de Beugné. Il convient peut-être d’attribuer cette
surprise de notre cavalerie à l’ignorance de l’évacuation du Petit-Mesnil par les troupes de
Victor, évacuation effectuée la nuit déjà tombée. Cependant, Victor paraît bien s’être mis
alors en liaison avec Marmont qui ne pouvait ignorer la présence, à sa droite, de la cavale-
rie Milhaud. Il semble que l’attaque, menée à fond, aurait pu atteindre Brienne. 6 pièces
légères tombent aux mains de l’ennemi.
Carte ancienne de la bataille de la Rothière (les français sont en bleu).
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A une époque glorieuse, l`épopée Napoléonienne, il faut des

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