Le deuxième point de mon intervention portera sur la
dégradation du déficit. J’insiste sur le fait qu’il n’y a pas de
dégradation structurelle du déficit en 2009. La dégradation
des déficits qui est visible dans les comptes de l’Etat est en
effet, pour une très large part, liée à la crise.
Les comptes de l’Etat pour 2009 traduisent de façon prévi-
sible les effets de la crise économique. Ils reflètent aussi notre
engagement pour soutenir la croissance.
Le résultat budgétaire montre pour 2009 un déficit de
138 milliards d’euros, soit une dégradation de plus de
80 milliards d’euros par rapport à l’année dernière. Il s’agit
d’une légère amélioration, d’environ 3 milliards d’euros, par
rapport à ce qui était prévu dans la dernière loi de finances
rectificative pour 2009. Cette amélioration s’explique par le
décalage de certaines dépenses, ainsi que par une légère
augmentation des recettes fiscales constatées par rapport au
résultat prévisionnel.
Mais la tendance générale de l’année 2009 ne s’en trouve
pas pour autant modifiée. Elle se caractérise par une baisse
sans précédent des recettes fiscales. Je rappelle à la Haute
Assemblée qu’il y a eu une chute de 60 % des recettes liées
à l’impôt sur les sociétés, une chute de plus de 30 % des
recettes liées aux droits de mutation, consécutive à la baisse du
marché de l’immobilier. La TVA s’est également effondrée,
preuve du ralentissement de la consommation.
Néanmoins, nous n’avons pas dévié de notre objectif en
matière de dépenses ordinaires de l’État. La norme de
dépenses a été respectée, hors plan de relance, malgré la
situation très difficile liée à la crise, preuve, s’il en fallait
une, que notre volonté de contrôler les dépenses est intacte.
Au-delà, nous avons voulu clarifier les relations entre l’État
et la sécurité sociale. Pour ce faire, nous avons réalisé un
apurement exceptionnel des dettes anciennes de l’État à
l’égard des organismes sociaux, pour près de 3 milliards
d’euros.
Le résultat comptable montre un déficit de 97,7 milliards
d’euros, qui témoigne de l’effort de l’État en matière d’inves-
tissements.
Ce déficit reflète lui aussi, de façon prévisible, les consé-
quences de la crise sur les recettes –une perte de 35 milliards
d’euros, que l’État a acceptée –et sur les dépenses, notam-
ment les transferts opérés vers les ménages, les entreprises et
les collectivités pour 13 milliards d’euros. Mais le résultat
comptable est moins dégradé que le déficit budgétaire
d’environ 40 milliards d’euros.
La raison en est que l’effort de l’État face à la crise s’est
concrétisé, pour une très large part, par des investissements et
par des opérations financières comme des prêts automobiles
ou le fonds stratégique d’investissement. Ces investissements
constituent à proprement parler la colonne vertébrale de notre
plan de relance.
Ces dépenses entraînent, à terme, un enrichissement de
l’actif de l’État. Elles n’ont donc pas d’impact sur le résultat
comptable, alors que les décaissements correspondants ont
une conséquence sur le résultat budgétaire.
Le troisième point de mon intervention portera sur les
résultats de la révision générale des politiques publiques, la
RGPP, qui ont fait l’objet d’une analyse spécifique.
Nous avons créé une annexe spécifique consacrée au bilan
de la RGPP afin de répondre à la demande du Parlement en la
matière. Nous allons là encore dans le sens d’un renforcement
de la transmission des informations, afin que le Parlement soit
pleinement informé, avec le même niveau de précision que le
Gouvernement et en temps réel. Seules les mesures entière-
ment achevées en 2009 font l’objet d’une présentation
complète. Au total, cinquante-huit mesures vous sont présen-
tées, soit 15 % d’entre elles.
Parmi ces mesures, la réduction des effectifs de l’État est
évaluée à 24 592 équivalents temps plein travaillé, ou ETPT,
en 2009. Ce résultat est inférieur de 2 878 ETPT au schéma
d’emploi prévu en loi de finances initiale. Je vous rappelle que,
en 2008, les suppressions d’effectifs avaient été supérieures de
5 300 ETPT aux prévisions de la loi de finances initiale. Par
conséquent, sur deux ans, nous avons dépassé nos objectifs de
2 400 ETPT.
Je précise que la plupart des mesures de la RGPP s’étendent
sur plusieurs années et généreront progressivement des écono-
mies. C’est la raison pour laquelle elles ne figurent pas dans le
rapport.
Le rapport rappelle toutefois les principales économies
d’ores et déjà réalisées grâce à la RGPP. Vous pouvez ainsi
constater que nous avons réalisé en loi de finances initiale
pour 2010 près d’un milliard d’euros d’économies sur les
politiques d’intervention et environ cinq cents millions
d’euros sur les dépenses de fonctionnement. Ce dernier
résultat témoigne des premiers effets de la réduction en
cours des fonctions support de l’État, comme, par exemple,
la rationalisation de la politique des achats de l’État. À cela
s’ajoutent les économies liées à la réduction du nombre
d’emplois, que l’on peut estimer à environ 800 millions
d’euros.
Monsieur le président, monsieur le président de la commis-
sion des finances, monsieur le rapporteur général, mesdames
et messieurs les sénateurs, tels sont les points que je souhaitais
vous présenter. Le détail de l’ensemble des comptes se trouve
dans les documents budgétaires.
Notre économie est aujourd’hui en convalescence. Cepen-
dant, certaines menaces récentes ont récemment pesé sur les
pays de la zone euro dont les finances publiques étaient
déséquilibrées. C’est pourquoi les exigences qui s’imposent
à nous aujourd’hui sont tout aussi impérieuses qu’en 2009,
bien que distinctes.
En 2009, l’État a agi de façon responsable pour limiter
l’impact de la crise sur notre pays. Dès 2011, il devra faire
preuve de responsabilité afin de réduire son déficit en maîtri-
sant non seulement ses dépenses, mais aussi l’ensemble des
sources de dépenses publiques, tout en prenant soin d’accom-
pagner la reprise de l’activité. Ce sera l’objet de mon propos
de cet après-midi, lors du débat d’orientation des finances
publiques. (Bravo ! et applaudissements sur les travées de
l’UMP.)
M. le président. La parole est à M. Philippe Marini, rappor-
teur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des
finances. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes
chers collègues, nous allons aujourd’hui, tout en tirant les
conséquences de la gestion de l’année 2009, nous tourner
vers l’avenir grâce au débat sur l’orientation des finances
publiques qui nous occupera cet après-midi. Cela nous
permettra assurément de réaliser une heureuse synthèse des
enjeux essentiels auxquels nous sommes confrontés.
SÉNAT –SÉANCE DU 8 JUILLET 2010 6069