
SÉNAT – SÉANCE DU 12 NOVEMBRE 2008 6685
Nous procéderons également dans les semaines à venir à
une actualisation du rapport économique, social et fi nan-
cier, afi n de tenir compte de ces nouvelles prévisions.
Les dépenses n’ont pas été modifi ées au-delà de l’inci-
dence mécanique d’une telle révision. Elles traduisent
donc toujours notre volonté de maîtriser dans la durée les
dépenses publiques. Pour autant, nous ne compensons pas
le manque à gagner « à l’aveuglette ». Il en va de même du
projet de loi de fi nances, pour lequel nous appliquons un
raisonnement économique similaire.
Par conséquent, nous sommes amenés à affi cher, et de
manière totalement transparente, des défi cits plus impor-
tants. Simplement, le supplément de défi cit est conjoncturel
et lié aux circonstances exceptionnelles que nous connais-
sons aujourd’hui. Nous n’abandonnons pas la maîtrise
structurelle des dépenses. Le retour à l’équilibre demeure
plus que jamais notre objectif.
Pour l’année 2008, et compte tenu de la révision de nos
prévisions de recettes, le défi cit du régime général devrait
s’élever à 9,3 milliards d’euros, soit un niveau comparable
à celui de 2007. L’année dernière, vous aviez voté une
disposition prévoyant une réduction du défi cit, à moins
de 9 milliards d’euros. Jusqu’à ces dernières semaines, nous
étions en phase avec cet objectif.
La révision à laquelle nous avons dû procéder s’explique
intégralement par la nouvelle prévision de recettes, que j’ai
essayé de vous présenter de la manière la plus claire et la
plus honnête possible.
Nous prévoyons une progression de la masse salariale de
4,25 %, avec une évolution des salaires de 3,3 %. C’est une
baisse de 0,25 point de masse salariale par rapport à notre
prévision de septembre, soit environ 500 millions d’euros
de recettes de moins pour le régime général. Nous avons
aussi intégré une moindre rentrée de la taxe sur les salaires
acquittée par le secteur des banques et des assurances,
à hauteur de 200 millions d’euros. Nous prenons ici en
compte les secteurs qui connaissent a priori le plus grand
nombre d’ajustements fi nanciers.
Il n’y a pas de modifi cation concernant les dépenses, pour
lesquelles nous maintenons nos efforts. Cette année, l’objectif
national de dépenses d’assurance maladie, l’ONDAM, sera
mieux respecté, car ma collègue Roselyne Bachelot-Narquin
et moi-même avons su prendre les mesures nécessaires pour
limiter le dépassement.
Le défi cit de l’assurance maladie s’établirait ainsi à
4,2 milliards d’euros en 2008, soit son plus bas niveau
depuis 2001. À titre d’exemple, je vous rappelle qu’il s’éle-
vait à 11,6 milliards d’euros en 2004.
M. Nicolas About, président de la commission des affaires
sociales. Eh oui !
M. Éric Wœrth, ministre. Cependant, le défi cit de l’assu-
rance vieillesse s’accroît à 5,8 milliards d’euros, ce qui rend
d’autant plus nécessaires les mesures que le projet de loi
de fi nancement de la sécurité sociale met en place pour
apporter des recettes à l’assurance vieillesse et pour lever les
entraves à l’emploi des seniors.
En 2009, la révision de nos prévisions conduit à anticiper
une perte de recettes de près de 3 milliards d’euros. La masse
salariale, sur laquelle 65 % des recettes de la sécurité sociale
sont assis, progresserait à 2,75 %, au lieu de 3,5 %. Par
ailleurs, nous anticipons de moindres rentrées de taxe sur les
salaires, comme pour 2008, ainsi qu’un moindre rendement
des prélèvements sociaux sur les revenus du capital.
Face à cette dégradation de notre environnement, nous
maintenons notre effort sur la dépense.
Je le répète, nous ne chercherons pas à compenser le
manque de recettes par un surcroît de prélèvements ou par
des coupes claires dans les dépenses. Notre projet de loi de
fi nancement de la sécurité sociale est fondé sur un effort
de redressement à la fois vigoureux – il s’élève à 6 milliards
d’euros – et équilibré, avec 3 milliards d’euros d’économies
sur les dépenses, 1,7 milliard d’euros de redéploiement de
ressources et 1,4 milliard d’euros de recettes nouvelles. Je
vous confi rme que nous maintenons cette action.
Moins de recettes, c’est donc une dégradation conjonc-
turelle supplémentaire du défi cit. Nous réalisons le même
effort en termes de maîtrise de la dépense et de redéploie-
ment des ressources et, en même temps, nous percevons
moins de recettes.
Par conséquent, nous acceptons que le défi cit du régime
général pour 2009 s’élève non pas à 8,6 milliards d’euros,
comme je l’espérais, mais à 10,5 milliards d’euros. Ce
décalage tient à des raisons strictement conjoncturelles, en
l’occurrence le ralentissement économique.
Même si elles ne sont pas agréables, les révisions de nos
prévisions de recettes étaient nécessaires pour la clarté de
nos débats et pour la crédibilité de notre projet de loi de
fi nancement de la sécurité sociale. D’ailleurs, elles illus-
trent bien notre démarche. Nous faisons un effort d’effi ca-
cité sur la dépense, ce qui se justifi e indépendamment de
la conjoncture, et nous ne cherchons pas à compenser les
plus-values ou les moins-values de recettes liées à l’évolution
de l’économie.
Encore une fois, nous devons faire preuve de beaucoup
de constance dans la maîtrise de la dépense. C’est d’ailleurs
la seule voie à suivre pour le retour à l’équilibre de notre
système de protection sociale. Il faut sans cesse modifi er les
curseurs pour revenir sur ce chemin.
Mesdames, messieurs les sénateurs, dans le contexte
actuel, nous poursuivons le redressement structurel de la
sécurité sociale sans pénaliser les ménages, en limitant les
prélèvements nouveaux sur les entreprises. Aucune mesure
ne pèsera sur le pouvoir d’achat des ménages. Au contraire,
nous tiendrons nos engagements en faveur des retraités
les plus modestes. Et ce n’est pas non plus en période de
crise que nous devons remettre en cause les exonérations de
cotisations qui soutiennent l’emploi.
Il est vrai, les allégements généraux représentent
23 milliards d’euros, qui sont intégralement compensés à
la sécurité sociale, mais ils ont une véritable effi cacité en
termes de baisse du coût du travail et de soutien à l’emploi
peu qualifi é.
Vous le voyez bien, la voie est très étroite. Notre stratégie,
ce n’est pas la rigueur, ni le rationnement. D’ailleurs,
comment pourrait-on prétendre l’inverse, alors que nous
apportons près de 5 milliards d’euros supplémentaires au
système de santé, avec une progression de l’ONDAM de
3,3 %, dont 700 millions d’euros de prestations familiales
nouvelles et, avec les revalorisations, près de 4 milliards
d’euros de prestations vieillesse ?
Notre stratégie, c’est la dépense utile, effi ciente, la chasse
aux gaspillages, la mise sous tension du système, ainsi que
la clarifi cation des rôles et des responsabilités de l’ensemble
des acteurs.