SÉNAT – SÉANCE DU 30 JUIN 2008 3597
fournissent pas une preuve absolue du succès de nos politi-
ques, mais elles constituent trois signes supplémentaires
qui ne peuvent que nous encourager dans notre volonté de
poursuivre plus avant les réformes voulues par le Président
de la République.
Première bonne nouvelle, le nombre de créations d’emplois
salariés des secteurs marchand et non marchand au premier
trimestre 2008 a été sensiblement revu à la hausse voilà une
dizaine de jours, ce qui porte le nombre total de créations
d’emplois à plus de 70 000 pour ce trimestre et confi rme la
tendance observée aux troisième et quatrième trimestres de
2007.
Deuxième bonne nouvelle, apprise la semaine dernière, la
consommation de produits manufacturés par les ménages a
augmenté de 2 % au mois de mai.
Troisième bonne nouvelle, le crédit aux entreprises
demeure très dynamique. Sur les douze derniers mois, il
augmente de 15,5 % en avril, après une hausse de 15,4 %
en mars. Les établissements bancaires continuent ainsi à
prêter aux petites et moyennes entreprises, alors que nous
craignions tant un resserrement des conditions du crédit.
Timidement, le cercle vertueux de l’activité et de la
consommation s’est mis en marche. Naturellement, nous ne
saurions nous satisfaire de ces seuls résultats. La politique
économique a toute sa place quand des vents contraires
se lèvent : elle doit faire en sorte que, quand le vent de la
croissance souffl era de manière un peu plus soutenue, grâce
à une conjoncture internationale que nous espérons plus
favorable, notre vaisseau national soit prêt à prendre le vent
afi n d’améliorer la situation de nos concitoyens.
Tel est exactement le sens de ce projet de loi de moder-
nisation de l’économie. Il répond à la lettre de mission
que m’ont adressée le Président de la République et le
Premier ministre, demandant de lever « les contraintes qui
empêchent certains secteurs économiques de se développer,
de créer des emplois et de faire baisser les prix ». Ce projet
contient des mesures de fond, structurelles, courageuses
– nous le verrons au cours du débat à venir – mais relati-
vement peu coûteuses : selon nos dernières estimations,
ce texte, après son passage à l’Assemblée nationale, engage
450 millions d’euros de dépenses annuelles.
M. Philippe Marini, rapporteur de la commission spéciale.
On va essayer de réduire un peu cette somme !
Mme Christine Lagarde, ministre. Il vise deux objectifs
essentiels, plus d’entreprises et plus de concurrence, pour
trois résultats concrets, à savoir plus de croissance, plus
d’emplois et plus de pouvoir d’achat.
Plus d’entreprises, plus de concurrence : tels sont nos
objectifs. Avec le Président de la République, avec le Premier
ministre, avec les secrétaires d’État qui sont à mes côtés,
Luc Chatel, Hervé Novelli et Éric Besson, nous sommes
déterminés à faire souffl er un peu plus de liberté sur notre
économie.
La liberté est une idée qui a été souvent défendue au sein
de cette Haute Assemblée, à droite comme à gauche : je sais
que je peux vous faire confi ance, mesdames, messieurs les
sénateurs, pour donner à ce texte la portée qu’il mérite !
Plus de concurrence et moins de blocages, cela signifi e
aussi moins de surcoûts pesant in fi ne sur le consommateur.
Pouvons-nous en particulier accepter que notre système de
distribution soit organisé de telle manière que les yaourts,
les boissons gazeuses ou les pâtes à tartiner, pour ne prendre
que quelques exemples, coûtent plus cher à un Français
qu’à un Allemand, un Espagnol ou un Néerlandais ? Je ne
le pense pas.
Mme Nicole Bricq. Les pâtes à tartiner, c’est mauvais pour
la santé !
Mme Christine Lagarde, ministre. Notre projet de loi
s’articule autour de trois principes : la croissance, la liberté
et l’équilibre. Il ne saurait y avoir de croissance durable sans
la liberté pour chacun de créer et d’entreprendre, et il n’y a
pas de liberté acceptable sans un minimum de régulation
permettant d’établir l’équilibre entre les droits et les devoirs
des différents acteurs de l’économie.
L’équilibre, il se situe entre le titre II, consacré à la concur-
rence et à l’occasion duquel des efforts seront demandés
aux uns et aux autres, et le titre Ier, dédié aux entreprises et
prévoyant de nouveaux moyens pour avancer.
Il se situe également au sein de chacun des titres, entre
liberté de négociation et transparence, entre une implanta-
tion plus aisée et le renforcement de l’autorité de la concur-
rence.
Il se situe enfi n entre les titres III et IV consacrés à
l’attractivité et au fi nancement de l’économie et permettant
d’assurer l’équilibre des différentes forces économiques, sur
le plan tant international que territorial.
Moderniser l’économie, ce qu’il vous appartiendra de
décider au sein de la Haute Assemblée, ce sera tout simple-
ment, en un sens, rendre l’économie à ceux qui la font.
L’ambition qui nous mobilise tous depuis plus de dix mois
autour de ce projet de loi s’incarne en quatre temps.
Il y eut le premier temps, celui des experts. Il y eut le
deuxième temps, celui du débat, et vous avez su prouver que
la coproduction se concilie fort bien avec le bicamérisme. Je
tiens ici à remercier profondément Gérard Larcher d’avoir
su mener nos discussions avec tant d’énergie, d’habileté et
de bonne humeur.
M. Gérard Longuet. C’est vrai !
Mme Christine Lagarde, ministre. J’espère que la bonne
humeur sera toujours au rendez-vous !
Il y a maintenant le troisième temps, celui de la décision :
après l’examen de 1 600 amendements, deux semaines de
débats et huit nuits passées dans l’hémicycle, les députés ont
fi nalement voté ce projet de loi à une très large majorité,
puisque ce dernier a remporté 323 voix. Ils l’ont considéra-
blement enrichi, le nombre d’articles ayant presque triplé !
Cela rend d’autant plus nécessaire votre examen, mesdames,
messieurs les sénateurs, car je suis persuadée, contrairement
à l’adage, que le mieux peut être l’ami du bien !
Mme Isabelle Debré. Très bien !
Mme Christine Lagarde, ministre. Je compte sur la sagesse
et la rigueur auxquelles vous nous avez habitués pour
améliorer autant que possible ce texte au service de la crois-
sance, de l’emploi et du pouvoir d’achat.
Mme Isabelle Debré. Comptez sur nous !
Mme Christine Lagarde, ministre. Sachez, en tout état
de cause, que le Gouvernement est très sensible au fait
qu’une commission spéciale réunissant des sensibilités et
des spécialités variées ait été créée pour l’occasion, et qu’elle
ait travaillé à un rythme soutenu en menant 93 auditions
depuis le 26 mars dernier. Je sais quelle énergie les trois
rapporteurs, Laurent Béteille, Elisabeth Lamure et Philippe
Marini, ont consacré à l’examen de ce projet de loi, et je les