La Lettre de l’Infectiologue • Tome XXVII - n° 3 - mai-juin 2012 | 131
Points forts
»
L’extraction mécanique des bactéries contenues dans le prélèvement est primordiale. L’utilisation de
systèmes mécaniques à billes permet d’améliorer la sensibilité et de diminuer le temps de traitement.
»
La sonication des implants est un élément diagnostique permettant d’améliorer la sensibilité, surtout
pour les patients ayant reçu des antibiotiques.
»
L’identification au niveau de l’espèce des commensaux, notamment par spectrométrie de masse
MALDI-TOF, améliore la reconnaissance des contaminations.
»
L’incubation des cultures en milieu liquide dans des automates d’hémoculture permet de prolonger
la durée d’incubation des prélèvements et d’éviter les repiquages terminaux.
»Les tests moléculaires peuvent être utilisés en seconde intention si les cultures restent stériles.
Mots-clés
Infection
ostéoarticulaire
Diagnostic
bactériologique
Techniques
delaboratoire
Highlights
»
Technical improvements in
the microbiological diagnosis
of bone and joint infections
can alter patient outcome.
»
Multiple periprosthetic
samples(5 to 6) are still
required for diagnosis of
implant related infections.
»
Mechanical extraction
of the bacteria from the
tissue samples in bead mills
improves both workflow and
performance.
»
The automated monitoring
of broth enrichments by blood
culture systems improves
sensitivity, allows early detec-
tion and makes extended
cultures easier.
»
The recovery of biofilm
from removed implants by
ultrasound or other chemical
methods increases diagnostic
yield, most dramatically in
patients who received anti-
biotics prior to surgery.
»
Species level identification
with MALDI-TOF mass spec-
trometry of isolates allows
faster identification and the
recognition of contaminants
that cannot be differentiated
by susceptibility profile.
»
Rapide molecular testing
allows S. aureus and mecA
detection prior to culture and
array technologies can identify
a wide array of pathogens.
Keywords
Bone and joint infection
Bacteriological diagnosis
Laboratory techniques
d’un type de fl acon à un autre au laboratoire étant
dommageable car source potentielle de contamina-
tion. Les flacons doivent être garantis sans DNases
ni ADN pour permettre la réalisation éventuelle de
techniques moléculaires en aval (2).
Si du matériel volumineux tel que des prothèses
est transmis au laboratoire pour analyse, des réci-
pients hermétiques et stériles doivent être proposés.
L’usage d’emballages souples plastiques a été associé
à un taux de contamination important (5), mais l’uti-
lisation de plastiques spécifi ques pourrait à l’avenir
pallier ces problèmes. Dans le cas de contenants
aux multiples usages, il convient de procéder à une
stérilisation conforme aux normes chirurgicales et
de vérifier l’étanchéité des couvercles du fait des
déformations induites par les cycles d’autoclavage.
L’usage d’ancillaires de chirurgie serait souhaitable
mais le coût s’avère prohibitif. Le développement
de systèmes à usage unique radiostérilisés serait
souhaitable si le traitement de ces matériels se
généralisait.
Transport des prélèvements
Le transport et la conservation des prélèvements
contenant volontiers des micro-organismes ana érobies
ou fragiles se complexifient d’autant plus que les
centres chirurgicaux et les plateaux techniques de
microbiologie sont susceptibles d’être séparés lors des
réorganisations des plateaux techniques des hôpitaux.
Pour un transfert entre un bloc opératoire et un labo-
ratoire proches, et pendant les heures d’ouverture
du laboratoire, le prélèvement sera placé dans un
support sec, à température ambiante. Si le délai
de traitement attendu doit dépasser 2 heures (2),
il est conseillé d’utiliser un milieu de transport
type Amies pour préserver les chances d’isoler
des bactéries anaérobies. Là encore, les milieux de
transport doivent être garantis sans DNases ni ADN
afin d’assurer l’utilisation éventuelle des approches
moléculaires en aval.
Dans le cadre de chirurgies programmées de reprises
de prothèses, l’usage fait souvent placer les cas
septiques en fin de planning opératoire, ce qui peut
conduire à réaliser les prélèvements hors de la plage
horaire du laboratoire. Il est conseillé de discuter sur
chaque site de ces habitudes fondées sur un risque
de contamination interpatients au bloc opératoire,
mais qui, à l’heure actuelle, ne sont corroborées par
aucune donnée objective.
Étape analytique
Traitement des prélèvements :
broyage et sonication
Les prélèvements ostéoarticulaires solides doivent
faire l’objet d’un broyage pour permettre leur
ensemencement. Les techniques de broyage avec
mortier sont sujettes à des contaminations, des
disparités en fonction de la nature des pièces
opératoires et sont consommatrices de temps
technique. Le passage au broyage mécanique est
vivement conseillé. L’avantage du broyeur à billes
est son fonctionnement dans un environnement
clos protégeant le prélèvement, comme l’opé-
rateur, des aérosols, et l’utilisation d’éléments à
usage unique qui allègent la chaîne logistique et les
contrôles de stérilité. L’usage d’un broyeur méca-
nique permet par ailleurs un gain de sensibilité et
de spécificité (4). Les réactifs seront sans DNases
et sans ADN afin de rendre possibles tous les traite-
ments moléculaires en aval. Le produit du broyage
est alors traité comme une suspension pour les
opérations d’ensemencement sur milieux solides
et liquides et pourra faire l’objet d’une extraction
et d’une amplification dans le cadre de diagnostics
moléculaires (6).
Les matériels explantés de petite taille pourront
être traités au broyeur à billes. La prise en charge
des prothèses articulaires entières fait l’objet d’un
traitement particulier. La sonication des implants
est décrite dans la littérature et sa réalisation
est semi-quantitative, un seuil de bactéries non
significatif étant admis (3). La sonication est
réalisée dans un bain à ultrasons particulier (ultra-
sons à basse puissance n’altérant pas la viabilité
bactérienne, les bacs à ultrasons classiques ne
convenant pas), dans un support scellé conte-
nant le liquide de sonication ainsi que l’implant
étudié. Le liquide de sonification est ensuite soumis
à culture et/ou PCR (figure 1, p. 132) [7]. D’autres