N° 71
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès verbal de la séance du 16 novembre 1999.
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la délégation du Sénat pour la planification (1)
sur les perspectives macroéconomiques à moyen terme (1999-2004),
Par M. Joël BOURDIN,
Sénateur.
(1) Cette délégation est composée de : MM. Joël Bourdin, président ; Serge Lepeltier, Marcel Lesbros, Georges
Mouly, Jean-Pierre Plancade, vice-présidents ; M. Roger Husson, Mme Odette Terrade, secrétaires ; M. Pierre André,
Mme Janine Bardou, MM. Michel Charzat, Patrick Lassourd, Henri Le Breton, Daniel Percheron, Roger Rinchet, Alain
Vasselle.
Prévisions et projections économiques - Chômage - Consommation - Croissance potentielle - Déficit public -
Dépenses de santé - Dette publique - Dollar - Echanges extérieurs - Economie mondiale - Emploi - Etats-Unis -
Finances sociales - Fonction publique - Inflation - Investissement - Modèles macroéconomiques - Nouvelles
technologies - Politique budgétaire - Population active - Productivité - Réduction de la durée du travail - Taux de
change - Taux dintérêt.
PRESENTATION
A PROPOS DES MODELES ET DES PROJECTIONS
MACROECONOMIQUES
Considérant quune assemblée parlementaire ne saurait négliger les
moyens modernes danalyse et de prévision -par ailleurs largement utilisés par
le Gouvernement- le Sénat a souhaité, dès le début des années 1980, compléter
son information par lutilisation de modèles macroéconomiques.
Pour ce faire, il a confié à son Service des Etudes la tâche de
commander des projections réalisées à partir de modèles à des organismes
publics - Direction de la Prévision et Institut national de la statistique et des
études économiques (INSEE) - dans un premier temps ; puis, prenant acte des
difficultés croissantes de collaboration avec ceux-ci, à des instituts
« indépendants » tels que le Centre dObservation Economique (COE) de la
Chambre de Commerce et dIndustrie de Paris, ou à lObservatoire français
des conjonctures économiques (OFCE).
Le choix de passer commande à un organisme extérieur, de préférence
à lutilisation et lexploitation directes dun modèle par le Sénat, obéit à la fois
à des considérations de bonne gestion des deniers publics et au souci de
garantir lindépendance scientifique de ces travaux.
Depuis quelle a été créée par la loi du 29 juillet 1982 portant réforme
de la planification, il est revenu à la Délégation pour la Planification, eu égard
à sa vocation prospective, de présenter la synthèse de ces travaux de projection
et de simulation et de les soumettre chaque année au Sénat, au moment de la
discussion budgétaire.
Il convient de souligner que, ce faisant, le Sénat a contribué de
manière remarquée à lanimation du débat public en macroéconomie.
Certes, lutilisation de modèles macroéconomiques ne fournit quun
éclairage parcellaire des discussions de politique économique auxquelles
donne lieu le vote dune loi de finances. De même, linstabilité croissante des
comportements économiques, accentuée par la globalisation financière, altère
profondément la probabilité de réalisation des scénarios décrits par des
projections macroéconomiques.
Ainsi la Délégation pour la Planification ne prétend-elle pas, en
présentant ces travaux, fournir une prévision et, encore moins, une évolution
probable de léconomie française.
Une projection ne constitue en effet quune prolongation du passé
et, de ce fait, quune extrapolation des tendances en cours.
Ø Mais cest précisément dans lanalyse de ces tendances que réside
lintérêt dune projection, car elle permet ainsi de mettre en lumière les
questions et les choix de politique économique. Par exemple, deux questions
fondamentales se posent, aujourdhui, à léconomie française : le redressement
de la demande interne est-il solide et traduit-il une réelle inflexion de la
tendance à loeuvre au cours de la première moitié des années 1990, marquée
par latonie de la demande interne ? Les conditions de loffre permettent-elles
de répondre sans tensions à un redressement durable de la demande ? Ces
questions sont notamment évoquées dans le deuxième chapitre et lannexe n°
1, qui présentent les perspectives macroéconomiques à moyen terme pour
léconomie française.
Ø Par ailleurs, une projection décrit un scénario dont la cohérence
globale est garantie. Par exemple, lévolution de lemploi et du chômage
affichée en projection, ou encore celle des comptes publics, est cohérente avec
le rythme de la croissance. Cela permet ainsi dapporter des éléments de
réponse à des questions qui sont fréquemment posées aujourdhui :
laccélération en cours de lactivité, si elle est durable, garantit-elle le retour
au « plein-emploi » ? (cf. page 44). Ou encore, permet-elle de relâcher les
contraintes budgétaires et de dégager des « marges de manoeuvre
budgétaires » ? (cf. chapitre III).
Ø Enfin, lutilisation des modèles en « variante » permet dapprécier
dans quelle mesure léconomie peut sécarter de son cheminement tendanciel,
suite à un « choc » de politique économique ou portant sur lenvironnement
international. Lannée dernière, votre Délégation avait ainsi présenté des
exercices permettant dévaluer les conséquences, pour lUnion européenne, de
la crise asiatique et des fluctuations du dollar. Un an après, on peut considérer
que le ralentissement intervenu en Europe en 1999 correspond bien aux
évaluations présentées alors1.
La question que se posent aujourdhui le plus fréquemment les
économistes porte sur léconomie américaine : quelles seraient les
conséquences dun « atterrissage brutal » et dune crise financière aux Etats-
Unis ?
On trouvera des éléments de réponse à cette question dans le premier
chapitre et lannexe n° 2.
En favorisant ainsi la diffusion de travaux dont le degré de technicité
ne facilite guère lutilisation, votre Délégation souhaite contribuer à la
compréhension des mécanismes économiques et mettre en lumière les enjeux
de politique économique pour le moyen terme.
1 Voir Rapport dinformation, Sénat n° 63, 1998-1999
CHAPITRE I
LENVIRONNEMENT INTERNATIONAL A MOYEN TERME
Votre rapporteur propose dans ce chapitre quelques éléments de
réflexion sur lévolution de lenvironnement international à moyen terme, dont
chacun sait quil détermine largement les perspectives de croissance en Europe
et en France.
La première partie est consacrée à lanalyse des prévisions de la
croissance mondiale à court et moyen terme : elle sefforce de mettre en
évidence la contradiction entre les opportunités de croissance pour
léconomie mondiale et les risques de crise financière que fait peser
lendettement extérieur des Etats-Unis, autrement dit, lopposition qui se
dessine aujourdhui entre léconomie réelle et la sphère financière.
A lappui de cette analyse sont présentées les simulations dune crise
financière aux Etats-Unis, élaborées à la demande de votre Délégation par le
Centre dObservation Economique (COE) à laide du modèle multinational
Oxford Economic Forecasting (OEF).
La deuxième partie sinterroge sur les perspectives de croissance en
Europe. La prolongation des tendances longues suffit-elle pour analyser les
perspectives de croissance à moyen terme en Europe ? Quels enseignements
peut-on tirer, pour lEurope, de la forte croissance des Etats-Unis au cours des
quatre dernières années ?
La troisième partie, enfin, sinterroge sur la possibilité de limiter les
mouvements internationaux de capitaux. Cette réflexion est suscitée par les
propositions récentes en faveur dune taxation des mouvements de capitaux,
ou « Taxe TOBIN » », dont votre rapporteur considère quelles méritent une
analyse plus approfondie que les débats caricaturaux auxquels elles ont donné
lieu jusquà présent.
1 / 212 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !