Une projection ne constitue en effet qu’une prolongation du passé
et, de ce fait, qu’une extrapolation des tendances en cours.
Ø Mais c’est précisément dans l’analyse de ces tendances que réside
l’intérêt d’une projection, car elle permet ainsi de mettre en lumière les
questions et les choix de politique économique. Par exemple, deux questions
fondamentales se posent, aujourd’hui, à l’économie française : le redressement
de la demande interne est-il solide et traduit-il une réelle inflexion de la
tendance à l’oeuvre au cours de la première moitié des années 1990, marquée
par l’atonie de la demande interne ? Les conditions de l’offre permettent-elles
de répondre sans tensions à un redressement durable de la demande ? Ces
questions sont notamment évoquées dans le deuxième chapitre et l’annexe n°
1, qui présentent les perspectives macroéconomiques à moyen terme pour
l’économie française.
Ø Par ailleurs, une projection décrit un scénario dont la cohérence
globale est garantie. Par exemple, l’évolution de l’emploi et du chômage
affichée en projection, ou encore celle des comptes publics, est cohérente avec
le rythme de la croissance. Cela permet ainsi d’apporter des éléments de
réponse à des questions qui sont fréquemment posées aujourd’hui :
l’accélération en cours de l’activité, si elle est durable, garantit-elle le retour
au « plein-emploi » ? (cf. page 44). Ou encore, permet-elle de relâcher les
contraintes budgétaires et de dégager des « marges de manoeuvre
budgétaires » ? (cf. chapitre III).
Ø Enfin, l’utilisation des modèles en « variante » permet d’apprécier
dans quelle mesure l’économie peut s’écarter de son cheminement tendanciel,
suite à un « choc » de politique économique ou portant sur l’environnement
international. L’année dernière, votre Délégation avait ainsi présenté des
exercices permettant d’évaluer les conséquences, pour l’Union européenne, de
la crise asiatique et des fluctuations du dollar. Un an après, on peut considérer
que le ralentissement intervenu en Europe en 1999 correspond bien aux
évaluations présentées alors1.
La question que se posent aujourd’hui le plus fréquemment les
économistes porte sur l’économie américaine : quelles seraient les
conséquences d’un « atterrissage brutal » et d’une crise financière aux Etats-
Unis ?
On trouvera des éléments de réponse à cette question dans le premier
chapitre et l’annexe n° 2.
En favorisant ainsi la diffusion de travaux dont le degré de technicité
ne facilite guère l’utilisation, votre Délégation souhaite contribuer à la
compréhension des mécanismes économiques et mettre en lumière les enjeux
de politique économique pour le moyen terme.
1 Voir Rapport d’information, Sénat n° 63, 1998-1999