La Lettre du Sénologue • n° 48 - avril-mai-juin 2010 | 19
Résumé
Prenant l’exemple des États-Unis où 180 000 cancers
du sein sont diagnostiqués chaque année, V. Beral
évalue une “économie” de 40 000 cancers (soit 22 %)
si on supprimait l’obésité, l’alcool et le THS (figure 2).
Alcool et cancer du sein :
étude prospective (LACE)
M.L. Kwan, L.H. Kushi, E. Welzien, A. Castillo, B.J. Caan
(Californie)
Les concepteurs de l’étude LACE se sont appuyés sur
une synthèse de 60 études et 5 méta-analyses qui
montrent que la consommation d’alcool est associée
à une augmentation du risque de cancer du sein.
Hebert (BCRT, 1998) retrouve un risque relatif (RR)
de récidive de 1,4 lors de la prise quotidienne de
bière, qui n’est pas retrouvé par Saxe (BCRT, 1999).
Mais ces études cumulent peu d’événements et,
surtout, n’ont pas d’ajustement avec les facteurs
de pronostic connus.
LACE est une étude prospective analysant le mode
de vie de femmes au moins 2 ans après un cancer
du sein. Elle examine la corrélation de la survie sans
récidive (SSR) et de la survie globale (SG) avec la
consommation d’alcool et le type de boisson.
Elle détermine si la variation du risque est fonction de
l’état ménopausique, de l’indice de masse corporelle
(IMC) ou des récepteurs aux estrogènes.
Elle enregistre la consommation d’alcool (fréquence
et quantité), bière, vin et liqueurs étant enregis-
trés séparément. Une dose est définie comme une
canette, un verre moyen ou une rasade (13,7 g).
Résultats
Dans le registre des cancers de Californie du Nord,
1 898 patientes diagnostiquées entre 1999 et 2000
ont été incluses, avec un suivi moyen de 6 ans, un
suivi moyen avant la récidive de 3,17 ans et un suivi
moyen avant le décès de 4,2 ans. Les auteurs ont
observé 349 récidives (18 %) et 332 décès (17 %),
dont 57 % de cancers du sein et 43 % d’autres causes
(tableau I). Les consommatrices d’alcool (> 0,5 g par
jour) boivent du vin dans 90 % des cas, de la bière
pour 36 % et des liqueurs pour 43 %.
La comparaison entre les deux groupes (consomma-
trices d’alcool : 958 patientes (ou non-consomma-
trices : 939 patientes) montre que les premières sont
plus jeunes, essentiellement de race blanche, mieux
éduqués et fumeuses ou anciennes fumeuses, plus
souvent consommatrices de folates (compléments
alimentaires de la famille des vitamines B) et de poids
normal dans la moitié des cas. Tous ces facteurs, sauf
le tabac, seraient plutôt liés à une meilleure survie.
Il n’a pas été retrouvé de différence sur le statut
ménopausique, l’envahissement ganglionnaire ou
l’utilisation de tamoxifène.
Tableau I. Consommation d’alcool et risque de cancer.
Alcool et
récidive
Alcool et
décès
Alcool et décès
par cancer
0-6 g/j RR : 1,03 RR : 0,97 RR 1,11
> 6 g/j RR : 1,34
(p = 0,04)
RR 1,19
(p = 0,22)
RR : 1,51
(p = 0,05)
Concernant les récidives, ces chiffres sont signifi-
catifs uniquement chez les femmes ménopausées
(p = 0,03) ou obèses (p = 0,03).
Pour le sous-groupe des consommatrices de vin, on
retrouve seulement une tendance à la significativité
pour les récidives (p = 0,07).
On peut conclure que la consommation d’alcool
altère le pronostic du cancer du sein mais qu’une
consommation modérée est possible.
Effets de l’obésité
sur le pronostic
après cancer du sein localisé
M. Ewertz, M.B. Jensen, K. Gunnarsdottir, S. Cold (Danish
Breast Cancer Cooperative Group)
Il a déjà été dit que le risque de décès par cancer du
sein est en relation directe avec l’IMC (1) : le RR passe
de 1,34 pour un IMC inférieur à 25 à 2,12 pour un IMC
supérieur à 40. Il est possible que le diagnostic soit
plus tardif et le traitement moins efficace.
L’étude de l’équipe danoise est réalisée sur la base
Le congrès de San Antonio nous montre des trésors cachés dans quelques règles d’hygiène de vie et dans des
médecines utilisées de longue date pour d’autres pathologies. Seront rapportés successivement l’influence
sur le pronostic de l’alcool, de l’obésité, de l’exercice physique, de l’insulinorésistance et du syndrome
métabolique.
Mots-clés
Cancer du sein
Facteurs de risque
Épidémiologie
Keywords
Breast cancer
Risk factors
Epidemiology
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