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Les industriels américains accusent leurs homologues chinois de contourner les mesures
antidumping en vigueur sur l’aluminium « primaire » en exportant de l’aluminium
transformé ou semi-transformé qui est ensuite fondu dans un pays tiers (cf. annexe 3) pour
être exporté aux Etats-Unis sous forme de lingots.
En 2005, la Chine a instauré une taxe sur les exports d’aluminium primaire de 15%, afin d’éviter
qu’une industrie très polluante et consommatrice en énergie ne se développe trop rapidement et
que ses producteurs n’inondent le marché mondial. Cependant, le gouvernement chinois offre
un dégrèvement de TVA de 13% pour les exports de produits en aluminium transformé.
Certains exportateurs transforment leur aluminium afin d’éviter de payer la taxe et de bénéficier
du dégrèvement, pour ensuite le refondre. La refonte a lieu dans des pays comme le Vietnam,
la Malaisie et le Mexique, ce qui permet de modifier le pays d’origine de l’aluminium et d’éviter
les mesures antidumping américaines.
Les exports d’aluminium chinois semi-transformé ont ralenti lors des premiers mois de 2016,
mais contribuent toujours largement au surplus mondial. De plus, les pays du Golfe augmentent
leur production de ce métal, alors même que le prix de la tonne dépasse à peine les 1432$ (point
le plus bas depuis 6 ans atteint en Novembre 2015 – cf annexe 2). Les producteurs américains
sont d’autant plus affectés par la chute des prix que le dollar est fort.
L’AA insiste également sur l’impact environnemental de la surproduction chinoise, les
fonderies chinoises étant très consommatrices de charbon.
4. Les recours
Le secteur de l’aluminium a fait appel à l’US Trade Representative et à l’U.S. International
Trade Commission pour qu’ils lancent une enquête anti-contournement sur l’aluminium
primaire.
En octobre 2015, l’U.S. Aluminum Extruders Council (AEC) a déposé une requête auprès du
Department of Commerce afin que ce dernier détermine si les palettes et les alliages
d’aluminium sont soumis aux droits antidumping instaurés par les Etats-Unis en 2011. Le
périmètre d’application des droits antidumping (AD) et des mesures compensatoires
(countervailing duties) adoptés en 2011, pose question car elles ne s’appliquent qu’à un nombre
limité de produits (produits extrudés en aluminium). Ce recours vise notamment le chinois
Zhongwang, deuxième producteur mondial.
L’International Trade Commission, après avoir plusieurs fois repoussé la publication de sa
réponse à la requête de l’AEC, a décidé en février 2016 d’ouvrir une procédure pour déterminer
si les industriels chinois ont contourné les mesures antidumping et compensatoires en place.
5. Les réactions
Les producteurs américains d’aluminium estiment que la très forte croissance de la production
chinoise de ce métal s’explique en partie par des subventions gouvernementales. Century
Aluminum, qui est particulièrement affectée par la crise de l’aluminium, a créé la « China Trade
Task Force », une organisation dont l’objectif est de convaincre les pouvoirs publics américains
de prendre des mesures contre les importations d’aluminium chinois. Par ailleurs, les industriels
américains de l’aluminium ont rejoint les aciéristes et les industriels du textile dans leur
opposition à l’octroi à la Chine du statut d’économie de marché.
L’United Steelworkers (USW), le plus grand syndicat industriel en Amérique du Nord avec
850 000 membres, soutient l’Aluminum association dans ses efforts pour mettre en place des
mesures visant à contrer la concurrence – supposée - déloyale des importations d’aluminium
chinois.