Politis
p o l i t i s . f r
P o l i t i s
I Semaine du 17 au 23 s e p t e m b r e 2 0 0 9 I n ° 1 0 6 8 I
POLITIQUE
Le Front de gauche,
jusquoù ?
EUROPE
José Bové
au Parlement
FRANCE TÉCOM
Floués
jusquau désespoir
SOCIÉTÉ
Paroles
de prisonniers
NORD-SUD
Laccaparement
des terres
LARMÉE DU CRIME
Vivre
et résister
3:HIKNOG=VUXUUZ:?l@a@g@i@k;
M 03461
- 1068 -
F: 3,00 E
Undossier
autourdufilm
deRobert
Guédiguian
2
I
POLITIS
I
17 septembre 2009
SOMMAIRE
CCUULLTTUURREE
TTHHÉÉÂÂTTRREE.. Charleville-Mézres,
la ville de pantins.
Pages 24 et 25
LLIITTTTÉÉRRAATTUURREE.. « La Véri sur
Marie », de Jean-Philippe
Toussaint Page 25
BBAANNDDEEDDEESSSSIINNÉÉEE.. Aktion Mix
Comix Commando. Page 26
HHOOMMMMAAGGEE.. Willy Ronis,
l’homme qui fixait le hasard.
Page 26
MMÉÉDDIIAASS
TTÉÉLLÉÉVVIISSIIOONN.. « Justice
à Vegas », de my Burkel.
Page 27
TTRROOIISSEESSSSAAIISS
sur la guerre
d’Alrie et les
premres
anes de
l’Inpendance. Pages 28 et 29
TTRRIIBBUUNNEE.. « 577 dépus
et 367 burqas », par Sylvie
Tissot. Page 30
DDEEBBOONNNNEEHHUUMMEEUURR.. Chronique
de Sébastien Fontenelle.
Page 31
RRÉÉSSIISSTTAANNCCEESS
AAGGRRIICCUULLTTUURREE.. Les marcs,
pas le marché ! Page 32
LLEE PPOOIINNTT DDEE VVUUEE
DDEESS LLEECCTTEEUURRSS
Pages 34 et 35
LÉVÉNEMENT
IDÉES/DÉBATS
DOSSIER
LLAARRMMÉÉEE
DDUUCCRRIIMMEE
Vivre et résister.
Entretien
avec Robert
Guédiguian.
Pages18 à 22
AFP
EEUURROOPPEE
« Jo Bové,
à Bruxelles,
ils vont lui
mettre une
cravate
Pages 4 et 5
PPOOLLIITTIIQQUUEE
GGAAUUCCHHEE.. Le Front de gauche,
jusqu’ ? Pages 6 et 7
ÉÉCCOONNOOMMIIEE
EENNTTRREETTIIEENNavec le sociologue
Vincent deGaulejac.Page 8
ÀÀCCOONNTTRREE--CCOOUURRAANNTT.. « Sarko-
show à la Sorbonne », par
Jean Gadrey. Page 9
AAGGRRIICCUULLTTUURREE.. Faut-il revenir
aux quotas laitiers ? Page 10
RREETTRRAAIITTEESS.. Drôle d’égalité
hommes-femmes… Page 11
SSOOCCIIÉÉTTÉÉ
PPRRIISSOONN.. « Je commeais
une longue apnée ».
Docuradio. Pages 12 et 13
ÉÉCCOOLLOOGGIIEE
NNOORRDD--SSUUDD.. La course aux
terres ne faiblit pas. Page 14
CCHHAANNGGEERRDDÈÈRREE.. « Marées
vertes : fermer le robinet
à nitrates ! », par Bernard
Rousseau. Page 15
MMOONNDDEE
IIRRAANN.. Le trouble jeu de
la France. Page 16 Couverture : Pierre Milon
Valentine Guédiguian
LA SEMAINE PROCHAINE DANS POLITIS
LLAAPPRRIIVVAATTIISSAATTIIOONNDDEELLAAPPOOSSTTEE
FAGET/AFP
STEPHANIE BRAUNSCHWEIG
17 septembre 2009
I
POLITIS
I
3
PAR DENIS SIEFFERT
O
n me pardonnera l’audacieuse
taphore qui suit, mais en
contemplant le paysage à
gauche, je ne peux
mempêcher de penser à ces
dilemmes cornéliens qui ont fait les lices
de nos études. Un certain romantisme en
moins puisque, dans notre petit théâtre, la
froide raison politique a tendance à
remplacer les passions amoureuses. Mais,
au fond, la tragédie est la même.
Et, comme chez Corneille, c’est le
personnage le plus fragile qui est le plus
convoité. En l’occurrence, un parti
communiste chancelant, qui aurait le rôle
de Chine au milieu de deux
prétendants jaloux : le Parti de gauche et
le Parti socialiste. Ou, si vous préférez,
Rodrigue et Don Sanche (et tant pis si la
distribution laisse poindre de ma part une
préférence…). Une âme accommodante
envisagerait bien un ménage à trois ; notre
Chimène, elle-même, n’y verrait
apparemment aucun inconvénient. Mais
ce serait compter sans l’intransigeance des
prétendants. Et puis ce scénario nous
ferait franchement sortir de l’univers
cornélien pour nous plonger dans le
vaudeville. Il est donc temps de redevenir
rieux et de dépasser les apparences pour
tenter de comprendre cette raison
politique à l’instant évoquée.
En vérité, l’appel
lancé vendredi par
Marie-George Buffet à un « front de
gauche élargi au Parti socialiste » n’est pas
aussi unitaire que les mots le laissent
supposer. Les dirigeants communistes
savent très bien que Jean-Luc Mélenchon
et ses amis n’ont pas l’intention de
retourner dans le giron de ce PS qu’ils
viennent de quitter. Ce serait contredire
l’acte courageux de rupture qu’ils ont
accompli il y a moins d’un an.
Les communistes n’ignorent pas non plus
qu’en faisant les yeux de Chimène au PS,
ils brisent toute possibilid’alliance avec
le Nouveau Parti anticapitaliste d’Olivier
Besancenot. Et ils mettent en fâcheuse
posture la toute jeune Fédération, qui
regroupe les Communistes unitaires
(partisans, eux, du « pôle de radicalité »),
les Alternatifs et les collectifs antilibéraux.
C’est en fait l’idée même d’un pôle
antilibéral qui vacille, puisque celle-ci se
fonde sur une analyse critique du
glissement libéral du PS. On aperçoit bien
les raisons évidentes de la direction du
PCF. Les quelque 185 conseillers
gionaux communistes pèsent de tout
leur poids dans cette offre de rabibochage
avec le parti de Martine Aubry. Ceux-là
vent d’un accord avec le PS dès le
premier tour des régionales de mars
prochain qui, espèrent-ils, faciliterait leur
élection. Mais on voit aussi les limites
de ce calcul. Il ne s’agit pas seulement de
conservatisme pour l’appareil du PC,
mais d’une réaffirmation d’allégeance de
toute la gauche au PS. C’est sacrifier au
court terme la perspective d’une
recomposition. L’ennui, en politique, c’est
qu’il y a toujours un « court terme ».
Voilà donc le choix cornélien qui s’offre
aux dirigeants du PCF : un calcul
électoral à la petite semaine, ou l’Histoire,
me avec une petite majuscule. La
question est politique au plus haut point.
À quoi sert un conseiller régional
ultraminoritaire ? Au compte de quelle
politique se feraient de telles alliances ? Et
quel espoir avons-nous de faire bouger les
lignes si toute recomposition est soumise
à l’élection qui vient ?
Il ne s’agit donc pas seulement des
régionales, mais d’un choix stratégique sur
le long terme. À cet égard, le score du
Front de gauche aux européennes est
prometteur. C’est assurément de ce côté, et
dans ce cadre, qu’une histoire différente
peut s’écrire aujourd’hui. La Fédération
semble prête à faire le bon choix. D’autant
plus que les anathèmes qui pesaient sur
elle à la veille des européennes sont
aujourd’hui à peu près levés. Cette
recomposition, synonyme à nos yeux de
constitution d’une autre gauche, n’a
évidemment rien à voir avec un nouveau
Meccano politique. Il ne s’agit pas d’un
jeu d’alliances. Il est question ici de doter
durablement nos concitoyens
d’instruments politiques nouveaux au
moment ils en ont le plus besoin.
Une offre qui peut aussi permettre
aux
Verts d’avoir un autre choix que de suivre
l’entremetteur Cohn-Bendit dans son
opération MoDem. Et tenter, demain, de
nombreux militants socialistes. Les
enjeux, politiques, sociaux,
environnementaux, sont donc
considérables. Les communistes ont eu
sous les yeux ce week-end un sondage en
grandeur nature. Six cent mille personnes,
dit-on, à la Fête de l’Humanité. Un
record ! Et un regain d’espoir pour un
parti qui, avec la stratégie du Front de
gauche aux européennes, a arrêté une
longue hémorragie électorale. Il ne nous a
pas semblé, au fil des bats, que cette
population, souvent jeune, était venue
pour consacrer un retour aux vieilles
lunes. Face à un choix réellement
cornélien, la direction du PCF ne doit pas
cevoir l’espoir qu’elle a elle-me
suscité. Un retour en arrière serait bien
dramatique, sinon « tragique ».
P.-S. : Nos Assises commencent à prendre forme. Voir page 7.
En politique,
il y a toujours
un « court
terme ». Voilà
donc le choix
cornélien qui
s’offre aux
dirigeants
du PCF :
un calcul
électoral à la
petite
semaine,
ou l’Histoire.
ÉDITORIAL
Cornélien
Retrouvez l’édito en vidéo sur www.politis.fr
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POLITIS
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17 septembre 2009
.Ce mercredi, les eurodéputés devaient se prononcer sur la reconduction de Barroso à la tête de la Commission européenne.
.Cette semaine marque aussi la rentrée pour les petits nouveaux du Parlement européen.
.Comme José Bové, bien décidé à faire entendre ses valeurs dans une institution si libérale.
LÉVÉNEMENT EUROPE
est possible de vivre toute l’année
« dans un trou pareil », et demande
« si c’est pour la télé » que Bové et
deux de ses amis s’enfument autour
du barbecue. On leur explique que
la télé n’est pas là et que ce sont des
paysans qui orga-
nisent leur fête.
Pour eux « et
pour vivre ».
« La preuve,
glisse Bové, que
le territoire fran-
çais peut et doit
être reconquis
par une autre
agriculture pour
et par des paysans. » Les visiteurs
d’un jour, comme Joël, mon de Mil-
lau, insistent sur l’avenir : « Et Mon-
tredon dans tout ça ?»«Pas de pro-
blème, explique Bové, je reviendrai
chaque semaine, j’habite toujours
ici. » « Il y a longtemps que nous
et le hameau existons par nous-
mêmes, le moustachu n’est que l’un
d’entre nous», commente un voisin,
légèrement irrité.
Le journal Gardarem lou Larzac
continuera donc de partre ; la
librairie, de vendre des bouquins
militants et d’annoncer les manifs ;
et les paysans, d’élever leurs brebis,
me s’ils n’alimentent plus les caves
de Roquefort. Parce que, comme les
autres sur le plateau, ils ont conquis
leur indépendance, appris à se pas-
ser des intermédiaires et à vendre
directement leurs produits.
Léon Maillé, paysan militant
voisin
de Montredon, partie prenante de
toutes les luttes (qui lui ont valu deux
fois la prison), confirme avec le sou-
rire que la vie continue, que tout va
bien dans le meilleur des mondes et
que les traditions d’entraide se per-
tuent. Il le prouve en venant de
chez lui, étrennant sa récente retraite,
pourparer la serrure de la mai-
son de Marie, qui gère le gîte rural
du hameau. sont entreposées
les archives du journal du Larzac.
Mieux ! Montredon va devenir
« hameau de l’Europe ».
Plutôt que de s’installer à la ville,
Béziers ou Montpellier, José Bové et
son équipe, deux anciens de la Confé-
dération paysanne, ont décidé sym-
boliquement de faire fonctionner leur
permanence euroenne ici. Dans
une vieille maison en cours de réno-
vation. Pendant cinq ans, Anne
Lacouture, troisième assistante du
puté, travaillera depuis le hameau.
« Ce n’est pas Montredon qui part
à Bruxelles, mais l’Europe qui s’ins-
talle chez nous, commentent ses
habitants, plutôt satisfaits. Les visi-
teurs de José, les délégations, pour-
ront voir ce qu’est la réalité rurale et
paysanne française. Surtout en hiver.
Et on pourra leur expliquer com-
ment fonctionne la Sociécivile des
terres du Larzac, qui a également ses
bureaux ici. »
Le dernier marché de l’été s’achève
comme d’habitude par un concert,
près de ces maisons de pierres aux
toits de lauze qui ont résisté à tant
d’épreuves.
_Claude-Marie Vadrot
José Bové et son
équipe ont décidé
symboliquement
de faire
fonctionner leur
permanence
européenne à
Montredon.
«José, à Bruxelles, ils vont lui mettre une cravate ! »
On n’avait jamais vu autant
de monde au marché pay-
san de Montredon ! Pour
le dernier de l’ane, en
cette fin août, il y a bien
là deux mille visiteurs, dont beau-
coup sont aussi des acheteurs. Deux
mille dans ce hameau de 19 habi-
tants perché sur le vaste causse du
Larzac. Pour la plupart, des paysans
et des amis, plus quelques touristes,
cherchant la bonne chère et venus
voir le « ros » local. Car voilà l’é-
nement ! José Bové, l’homme de
Montredon, s’apprête à quitter, au
moins le temps d’un mandat, son
exploitation pour entamer une autre
vie au Parlement européen. En atten-
dant de partir pour Bruxelles, il fait
griller à la demande, comme chaque
année depuis vingt ans, les saucisses
et les côtes de mouton du plateau,
vendues directement du producteur
au consommateur. La règle du mar-
ché paysan, bio et équitable, évi-
demment. Dans les groupes grigno-
tant et achetant, beaucoup soupèsent
les chances du militant de résister à
la pression et à l’inertie bruxelloises.
Entre doute, espoir, scepticisme, pro-
pos amicaux et questions inquiètes.
C’est un peu la chanson de Barbara :
« Dis, quand reviendras-tu ? »
Venue de Limoges
pour le fromage
et pour l’ambiance, comme à chaque
fin d’é, Yvette, postière, se demande
« ce qu’il va faire là-bas. Ils vont le
broyer, le casser, lui faire accepter
n’importe quoi, lui faire oublier qu’il
est un militant, lui mettre une cra-
vate ! ». La cravate. Ou la métaphore
de la cravate, symbole de récupéra-
tion. Des inquiétudes que ne partage
pas le mari d’Yvette, instituteur, qui
explique à leurs fils, dont c’est la pre-
mière visite, quelles fermes ont été
restaues et quelles maisons promises
aux tirs de l’armée par les projets d’ex-
tension du camp militaire des
années 1970 ont échappé à la des-
truction annoncée. Lui veut croire
que « la force des vieilles pierres sera
avec lui ». Tout en admettant que son
objection n’est pas vraiment politique
mais affective et subjective : « Mais,
bon, quand on regarde ce groupe de
maisons que j’ai connues encore
presque en ruines, on a tendance à
croire que la lutte politique peut dépla-
cer des montagnes,et que les gens d’ici
sauront le rappeler à la raison s’il
ségare en chemin. » Autour des visi-
teurs, sous un soleil qui fait oublier
combien l’hiver peut-être rude sur
cette butte, tous les habitants cha-
cun à sa tâche s’affairent comme si
rien ne changeait. « D’ailleurs, vous
nous emmerdez avec vos questions, il
n’y a aucune raison pour qu’ici la vie
change. Tout le monde doit se sou-
venir que Montredon, quand nous
nous sommes progressivement ins-
tallés, n’était plus qu’un hameau aban-
donné, tant les habitants y étaient pau-
vres, tant la vie y était dure. Nous
lui avons donné un élan paysan et poli-
tique qui survivra à Bové, qui nous
survivra. Parce que nous regardons
toujours loin du Larzac. »
Dans la foule, un couple anglais
cherche à comprendre comment il
José Bové s’apprête à quitter son exploitation de Montredon pour le
Parlement européen.
C.-M. VADROT
17 septembre 2009
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POLITIS
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Nous avons retenu ces trois extraits significatifs
des «Orientations politiques pour la prochaine
Commission», véritable programme de José
Manuel Barroso, président sortant de la
Commission européenne, candidat à sa propre
succession.
« Pour l’Europe, l’heure de vérité a sonné. Elle
doit répondre à une question cisive. Voulons-
nous diriger, façonner la mondialisation en nous
fondant sur nos valeurs et nos intérêts ou
allons-nous laisser l’initiative à dautres et
accepter qu’ils orientent le cours des
choses? […] L’Union européenne étant depuis
près de 60 années un laboratoire pour la
coopération supranationale transfrontalière,
c’est tout naturellement qu’elle se pose en
champion de la gouvernance mondiale […].
Les politiques européennes doivent produire des
sultats pour les citoyens. C’est ainsi que nous
comblerons le fosentre la alité de
l’intégration européenne et les perceptions de la
population. […] Par le passé, les institutions et
les États membres de l’UE ont souvent échoà
faire comprendre ce que l’action européenne
signifiait concrètement pour les citoyens: quels
avantages les Européens tirent-ils du marché
unique, de l’ouverture des marchés et de la
gulation dans les secteurs de l’énergie ou des
lécommunications, de la politique de la
concurrence ou des fonds structurels? […]
La Commission continuera de se montrer
implacable dans sa défense du marché unique
en tant que clé de voûte des traités et fera tout
ce qui est en son pouvoir pour le défendre car il
offre la meilleure garantie d’une prospérité à
long terme. Lexpérience de l’année dernière a
montré une fois de plus que le marché unique est
le roc sur lequel est tie la croissance
européenne. Mais il faut aussi le moderniser
pour lui permettre de répondre aux exigences de
l’économie de demain. […] Je veux que la
prochaine Commission adopte une approche
plus systématique et intégrée, par exemple au
moyen de son initiative de surveillance du
marché, le but étant de donner une nouvelle
impulsion au marcintérieur et d’en faire, une
fois encore, le moteur de l’économie
européenne. Nous pouvons faire davantage pour
ouvrir le marcaux services financiers,
notamment aux services financiers detail, au
commerce électronique, aux services
environnementaux et aux services aux
entreprises. […]»
Document complet:
http://ec.europa.eu/commission_barroso/
president/index_fr.htm
LE PROGRAMME DE BARROSO
Verbatim
Ouvrir le marché
Lors de la première session du Parlement européen après les élections européennes, le 14 juillet.
FAGET/AFP
Les députés européens devaient reconduire mercredi le très libéral José Manuel
Barroso à la présidence de la Commission européenne.
A
près une première session en juillet,
qui tenait plus de la prise de fonction,
José Bové a retrouvé, comme ses
nouveaux collègues, l’hémicycle strasbourgeois
lundi. C’est que se tiennent, une fois par mois, les
sessions plénières du Parlement européen (PE). Les
groupes politiques sont désormais constitués et les
commissions pourvues. Au sein de celles-ci, le travail
parlementaire, fait d’examens, de discussions et
d’amendements sur les directives et règlements proposés
par la Commission a déjà commencé. Mais, pour l’heure, ce
n’est pas à ces travaux législatifs qu’était consacrée la
session plénière de ce mois.
Avant de se consacrer à « l’ordinaire » de leur mandat, les
eurodéputés devaient dire s’ils acceptaient ou non de
reconduire José Manuel Barroso à la présidence de la
Commission européenne. Ce vote, prévu le 16 septembre, est
l’un les plus importants de la mandature pour laquelle les
citoyens des 27 pays membres de l’Union européenne ont
élu, le 7 juin, 736 putés. Les gles institutionnelles
inscrites dans les traités font en effet du président de la
Commission européenne l’homme le plus influent de l’Union.
Le collège qu’il préside cumule des pouvoirs
gislatifs, exécutifs et judiciaires puisque la
Commission est à l’initiative des lois, exécute les
budgets et est en charge de la surveillance et de
l’application du droit. Son élection constitue aussi un peu le
second tour des européennes puisque c’est au lendemain de
celles-ci, et en tenant compte de leur résultat, que les chefs
d’État et de gouvernement des Vingt-Sept choisissent un
candidat. M. Barroso était celui des libéraux conservateurs,
qui forment le groupe le plus important du PE. Mais pour
obtenir une majorité, il devait aller chercher des voix au-
dede sa famille politique. Avant d’être auditionné par tous
les groupes politiques, il leur a présenté, dans un document
d’une cinquantaine de pages, des
« orientations »
capables
de «
gager un consensus parmi l’ensemble des forces
pro-européennes ».
Chacun peut juger, à la lecture des
extraits publiés ci-contre de la nature olirale de ce
consensus. Et de la responsabilité des élus qui apportent
leur suffrage à un tel programme. Parmi eux, combien de
« socialistes » européens ? C’était, lundi, la principale
inconnue d’une élection donnée pour acquise.
_Michel Soudais
DÉCRYPTAGE
Le second tour des européennes
.Ce mercredi, les eurodéputés devaient se prononcer sur la reconduction de Barroso à la tête de la Commission européenne.
.Cette semaine marque aussi la rentrée pour les petits nouveaux du Parlement européen.
.Comme José Bové, bien décidé à faire entendre ses valeurs dans une institution si libérale.
«José, à Bruxelles, ils vont lui mettre une cravate ! »
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