Au risque de l’eau
L’Amazonie connaît
de nombreux
problèmes
de santé,
étroitement liés à
la présence d’eau.
C’est le cas
du paludisme,
causé par un
parasite et transmis
par certains
moustiques,
et de la
contamination
au mercure.
Le climat et
l’environnement
en général jouent
un rôle essentiel
dans leur diffusion.
En Amazonie, environ 300 000 cas
de paludisme sont recensés chaque année.
Dans certaines régions, les moustiques
qui transmettent la maladie sont plus
abondants de juin à septembre, pendant
la saison « sèche ».
À cette période, les rivières ne sont plus
en hautes eaux, et découvrent des zones
où restent piégés des lacs d’eaux stagnantes,
potentiellement favorables à une forte densité
de moustiques. La transmission peut aussi
se produire toute l’année, là où les conditions
de l’environnement sont favorables.
Le mercure, présent naturellement
dans les sols, constitue, dans certains sites,
un problème de santé publique sous
le double effet des activités humaines
et du climat.
Mines, agriculture, orpaillage
et déboisement déstabilisent et mettent
à nu les sols, ce qui favorise leur lessivage,
accru par les pluies, de plus en plus
abondantes dans certaines régions.
Le mercure est alors rejeté dans les cours
d’eau, contaminant les poissons ainsi
que les populations qui les consomment.
En Guyane française, contrairement au
bassin amazonien, une part non négligeable
de la contamination au mercure est due
aux activités d’orpaillage, qui l’utilisent
pour séparer l’or des alluvions.
La chair des poissons piscivores est beaucoup plus
contaminée par le mercure que celle des poissons
herbivores, jusqu’à 5 fois la valeur limite, fixée
par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Le mercure, est transformé en méthylmercure,
une des formes chimiques les plus toxiques, par les
bactéries présentes dans les sédiments des plaines
inondées et les biofilms des plantes aquatiques.
Prélèvement de cheveux pour des analyses.
Les populations peuvent présenter des taux de mercure
bien supérieurs aux seuils fixés par l’OMS. Cela entraine
des retards de développement du fœtus et du jeune
enfant, ainsi que des atteintes neurologiques
chez l’adulte.
bassin de l’Amazone
Le principal vecteur du paludisme
en Amazonie est le moustique
Anopheles darlingi.
RECHERCHE
Parmi ses activités, l’UMR ESPACE-DEV développe des re-
cherches sur le thème « Environnement, Sociétés et Risques
sanitaires » (ESoR). Ces recherches visent à caractériser les
inégalités spatiales de santé, à les expliquer et à les modéliser.
Les trois équipes de l’UMR assurent également des formations aux
chercheurs des pays du Sud. Une équipe de l’UMR GET développe
un nouvel outil géochimique permettant de tracer et quantifier la part
des sources de mercure liées à l’orpaillage dans l’environnement,
depuis les rivières et fleuves jusqu’aux populations amérindiennes
exposées à ce neurotoxique (ANR RIMNES).
Habitation sur pilotis en Amazonie
brésilienne lors d’une crue. L’habitation
est cernée par les eaux qui peuvent être
des lieux où prolifèrent les moustiques.
Formation de lacs
après le retrait des eaux
d’inondations près
de Manaus, lieux idéaux
pour la reproduction
des moustiques.
La proximité d’une
ville aggrave
la propagation
du paludisme.
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Les sols amazoniens contiennent
des taux de mercure 10 fois supérieurs
à ceux des sols tempérés