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Francis Malherbe www.comptanat.fr 1
Après avoir vu son influence
décliner avec le triomphe du
libéralisme, la théorie
keynésienne retrouve une
nouvelle jeunesse avec la crise
L'égalité entre l'épargne et
l'investissement est à la base de
la théorie keynésienne
La théorie keynésienne
Une influence fondamentale sur les politiques économiques
L'essentiel de sa théorie a été présentée par John
Maynard Keynes en 1936 dans son ouvrage :
"Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et la
monnaie", elle a connu un succès considérable après
la guerre puisqu'elle a constitué la base théorique des
politiques économiques mises en place dans de
nombreux pays. Son influence a ensuite
progressivement décliné avec le triomphe du
libéralisme, la mondialisation et la financiarisation de
l'économie.
La crise actuelle donne à la théorie keynésienne une nouvelle jeunesse et on peut espérer,
qu'une fois encore, elle permettra de jeter les bases des politiques économiques qui permettront
de sortir le monde de la crise. Il faut cependant pour cela ne pas considérer la théorie keynésienne
comme un dogme et savoir l'adapter aux réalités d'aujourd'hui, il faut surtout ne pas la confondre
avec les politiques de soutien de l'activité par des déficits publics.
L'égalité entre l'épargne et l'investissement
Keynes montre d'une manière indiscutable que,
dans une économie fermée, c'est-à-dire sans
relations avec l'extérieur, l'épargne globale est
nécessairement égale à l'investissement global.
Cette égalité qui constitue l'un des piliers de la
théorie keynésienne apparaissait révolutionnaire en
1936. En effet, elle n'était auparavant généralement interprétée que comme l'expression d'un
équilibre économique, c'est-à-dire comme une relation tendancielle. Le marché était alors
supposé assurer équilibre entre l'épargne et l'investissement grâce aux fluctuations des taux
d'intérêt.
Avec Keynes la relation entre l'épargne et l'investissement change de nature. Étant vérifiée
pour toute période et quelles que soient les conditions du marché, c'est-à-dire, en particulier, quel
que soit le niveau des taux d'intérêt, elle peut difficilement être interprétée comme une relation
d'équilibre. À elle seule, cette égalité remet ainsi en cause la théorie classique en réfutant la
détermination des taux d'intérêt par la confrontation de l'épargne et de l'investissement.
L'égalité entre l'épargne et l'investissement trouve sa source dans la définition du revenu.
Keynes propose sa propre définition qui se traduit, au niveau global, par l'égalité entre le revenu
et la valeur de la production. En comptabilité nationale, il s'agit plus précisément de l'égalité
entre le revenu et la valeur ajoutée nette. Rappelons que cela n'est vrai que dans une économie
fermée, sans relations avec l'extérieur, ce qui peut paraître réduire considérablement la portée de
la théorie keynésienne dans une économie mondialisée. On peut, au contraire, penser que la
mondialisation redonne une nouvelle jeunesse à cette théorie car l'économie mondiale prise dans
son ensemble n'est rien d'autre qu'une économie fermée.