HISTOIRE DE LA SEYNE 736
Parfois, ces sociétés d’armateurs étaient l’objet de modifications, voire de
dissolutions si les circonstances l’exigeaient (décès, vente de bateau, événement de
mer, transfert sous un autre pavillon).
Evidemment, les très grands ports tels que celui de Marseille ou de Bordeaux,
par exemple, avaient déjà, au XVIIIe siècle, d’authentiques compagnies maritimes
possédant de véritables flottes marchandes 114.
Pour ce qui concerne La Seyne, nous avons rencontré, dans les archives, des
spécimens de telles exploitations. Nous en citons, ci-après, quelques-unes :
— Déclaration de participation touchant une association maritime, faite le 17
juillet 1752 devant l’amirauté de Marseille ; les intéressés sont le capitaine Jean-
Antoine Agarrat et la demoiselle Isabeau Aube, tous deux du lieu de La Seyne, et ce,
pour un capital de 4.677 livres, 5 sols, 4 deniers versés comptant.
Les moyens d’exploitation déclarés étaient un vaisseau de 2.500 quintaux,
construit à La Seyne depuis deux ans et demi et commandé par le sieur J.-B. Brun,
natif d’Hyères en Provence (Arch. départ. des B.-du-Rh., série B).
— Association maritime composée des armateurs, en copropriété : Magdeleine
Lanffran, mère du commandant du navire, Pierre Pourquier, capitaine marin ; François
et Pierre Sénès, François Décugis, négociant en blé.
Moyens d’exploitation : vaisseau La Marie-Magdeleine, de 125 tonneaux, deux
mâts, deux ponts, de 53 pieds, 4 pouces 19 pieds, 2 pouces ; hauteur entre les
ponts : 11 pieds, 6 pouces. Construit à La Seyne en 1784.
— Constitution d’union d’armateurs : Jeansolenq, de La Seyne, Fournier, de
Toulon ; capital-navire : la Vierge-de-Grâce, senault de 100 tonneaux, construit à La
Seyne en 1767.
— Cession de parts du brigantin le Nouvel-Auguste, faite par Claire Denans, de
La Seyne, veuve de F.-A. Eyffren, capitaine de vaisseau, à son beau-frère Pierre
Eyffren, eapitaine de vaisseau marchand, au prix de 3.225 livres payables en assignats
sur la Caisse des Comptes des Biens nationaux (acte du 13 septembre 1790, notaire
Cousinéry, de Marseille).
Les équipages :
Les ports français de la Méditerranée offraient au XVIIIe siècle de grandes
ressources pour les armements des navires. Les hommes ne faisaient nullement défaut
pour servir aussi bien sur les navires de guerre que sur ceux du commerce et, comme
nous l’avons dit, notre port de La Seyne ne faisait, en ce domaine, pas d’exception à la
règle. Les hommes de mer qu’il fournissait étaient valeureux et expérimentés, hardis et
vaillants ; pourtant le métier était rude et les dangers certains. Avec les tempêtes, il y
avait l’insécurité de la guerre navale, en temps d’hostilités ; celle due aux pirates et
aux corsaires ennemis.
114. C’est en avril 1717 que fut fondée la Compagnie des Indes, société française comptant 14 à
20 navires de 700 tx, de 155 hommes d’équipage chacun.