
DOSSIER A DECOUVRIR 
Les mouchoirs illustrés de l’atelier Buquet 
L’histoire de France en image 
 
 
Introduction 
Le Musée des Traditions et Arts Normands - château de Martainville possède une importante collection de 
mouchoirs de cou qu’il doit à la générosité de la famille Buquet, qui en 2001, fit don au musée de l’intégralité 
des archives de l’entreprise familiale. Des dessins préparatoires, des calques, coupures de presse, 
lithographies et gravures, échantillons textiles, journaux d’atelier et  mouchoirs de cou composent cette 
exceptionnelle donation qui offre une vue d’ensemble sur la vie d’un atelier artisanal au XIXe siècle.  
 
Le mouchoir de cou est un carré de tissu de coton d’environ 65 cm sur 80 cm, constitué d’une scène centrale 
rehaussée d’un entourage rouge. Le mouchoir illustré fait partie du costume populaire des Normands. Il se 
porte en fichu pour les femmes et en cravate nouée autour du cou pour les hommes.  
 
Grâce à quelques années d’’expérience acquises chez son oncle Louis-Nicolas Goutan, indienneur à Lyons-la-
Forêt, Alexandre Buquet  (1801-1846) fonde à Rouen vers 1840 un atelier de gravure sur cuivre. L’atelier se 
spécialise dans la gravure de rouleaux et de planches de cuivre pour l’impression des toiles imprimées et des 
mouchoirs de cou. L’atelier travaille pour des imprimeurs aussi appelés indienneurs comme Bataille, Lamy-
Godard et Renault qui passent commande des motifs auprès de l’atelier. Le graveur travaille ensuite à 
l’élaboration d’un dessin, qui une fois validé par l’indienneur est gravé sur des plaques de cuivre pour les 
mouchoirs et sur des rouleaux pour les toiles imprimées.  
L’organisation du travail dans l’atelier est particulièrement bien connue à partir de 1855 grâce à une source 
d’informations exceptionnelle : les carnets d’atelier. Ces carnets, tenus quotidiennement par Narcisse-
Alexandre (fils d’Alexandre Buquet) de 1855 à 1885, donne l’emploi du temps de chaque employé, le nom des 
mouchoirs commandés, les sommes réglées par les indienneurs pour les gravures.  
 
Les motifs des mouchoirs illustrés sont très variés : militaire, humoristique, moraliste, ou historique. Leur point 
commun est de révéler les mentalités de l’époque. Le choix du mouchoir porté autour du cou par les hommes 
donne à voir ses opinions politiques ou son attachement à un régime. Le mouchoir a  une vocation décorative 
mais également éducative. Comme les images d’Epinal, il peut être épinglé au mur et alors dévoiler toutes les 
subtilités du dessin et tout le sens des textes qui l’accompagne.  
 
Ce dossier s’arrête plus particulièrement sur une série de ces mouchoirs illustrés, ceux consacrés aux 
événements historiques. Evénements d’actualité pour la plupart, puisque les mouchoirs sont publiés quelques 
mois après l’événement, ces mouchoirs donnent une vision de l’histoire du XIXe siècle de 1840 à 1890. Flaubert 
lui-même dans les brouillons de son manuscrit de Madame Bovary fait mention du port de ces mouchoirs 
historiés. Dans un passage parlant de Félicité, la servante de madame Bovary, il écrit : "Elle entra dans la 
chambre en poussant des exclamations de joie. Elle portait aux épaules un beau foulard en cotonnade dont 
monsieur Lheureux tout à l’heure venait de lui faire cadeau. Cette œuvre d’un génie rouennais et qui était sur 
fond rouge, bariolée de foudre noire et avec personnages eut pendant (…) jours un immense succès grâce à sa 
portée politique. On y voyait au milieu agréablement représentés Monsieur Guizot en habit noir avec Pritchard 
et la reine Pomaré, toute nue, qui autour d’une table buvaient un verre de bière ». Ce passage fait son doute 
allusion au mouchoir de cou gravé par l’atelier Buquet et imprimé chez Bataille en 1847 et mettant en scène le 
protectorat établi par la France sur Tahiti en 1843.  
  Photo 1 : Mouchoir illustré « La rencontre de Pritchard et de 
la reine Pomaré » imprimé chez Bataille en 1847. Coll. MTAN 
2001.1.02.  
 
 
 
 
 
 
 
Ce dossier a été réalisé par Mylène Doré, attachée de 
conservation au musée des Traditions et Arts Normands grâce 
aux recherches menées par Jean-Luc Lesaffre, chercheur et 
collectionneur.