iii. gene, code genetique et synthese des proteines

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le caryotype. De nouvelles techniques de marquage
des chromosomes directement sur coupes tissulaires
(FISH) ou in vitro (CGH) (Fig. 14) ont été développées ces dernières années et permettent d’étudier des
remaniements chromosomiques sur des populations
cellulaires hétérogènes comme le sont les tumeurs.
assuré par une étape intermédiaire: la transcription
où l’acide ribonucléique dit “ messager ”
(ARNm) est synthétisé. La molécule d’ARNm est
formée de ribonucléotides corre spondant à la
séquenc e en nucléotides d’un des deux brins
d’ADN. A la différence de l’ADN, dans l’ARN,
l’Uracile remplace la Thymidine comme base complémentaire de l’Adénine. Sous l’action d’enzymes,
la molécule d’ADN s’ouvre et par complémentarité
des bases (Adénine-Uracile et Guanine-Cytosine),
des nucléotides s’associent en une séquence identique à celle du brin d’ADN informatif. Ainsi une
molécule d’ARNm simple brin est formée et transmet l’information génétique pour la synthèse protéique. L’ARNm est fabriqué dans le noyau puis
transféré dans le cytoplasme avant l’étape de synthèse proprement dite de la protéine ou traduction.
Les séquences d’ADN constituant le génome
humain sont hétérogènes. Cette séquence est structurée à 30% en unités fonctionnelles appelées gènes et
à 70% en séquences extragéniques dont la fonction
n’est pas connue au moins pour une partie d’entre
elles. Elles ne sont pas vitales car elles ont été éliminées du génome de certaines espèces animales ou
végétales (espèces à génome condensé). Cet ADN
“non fonctionnel” extragénique est constitué à environ 20% de séquences répétitives, comme l’ADN
satellite, riches en paires G-C ou en paires A-T. Cet
ADN répétitif contient des séquences variables
(polymorphiques) et spécifiques de régions chromosomiques qui peuvent servir de marqueurs pour établir des cartes génétiques (Fig. 15).
La synthèse des protéines repose sur la correspondance, dans un système appelé code génétique, (Fig.
17) entre un ensemble de 3 bases (codon) et un acide
aminé : ce code génétique est tout aussi universel
que l’ADN lui-même. Au cours de la traduction, la
séquence de l’ARNm est convertie en une séquence
d’acides aminés pour former une chaîne polypeptidique. Cette étape utilise un code dont l’unité est le
codon : triplets de bases dont l’ordre est traduit en
une succession d’acides aminés correspondants
(polypeptides) au niveau des ribosomes. Les acides
aminés sont ordonnés dans la séquence déterminée
par la succession de codons de l’ARNm. Chaque
ARN de transfert (ARNt) transporte un acide aminé
différent en fonction du motif de 3 nucléotides (anticodon) qu’il présente. Les ARNt s’ordonnent par
leur anticodon en fonction des codons présentés par
l’ARNm. Ainsi les protéines sont constituées d’une
chaîne linéaire d’acides aminés: ceux-ci sont, dans
tout le règne animal, au nombre d’une vingtaine.
Le gène peut être défini comme un segment de
l’ADN correspondant à une unité de l’information
génétique dont la séquence correspond à une protéine qui en assurera la fonction. Récemment, J.
Weissenbach a suggéré que le génome humain
contiendrait vraisemblablement environ 56000
gènes et non 100000 comme les premières estimations le laissaient penser. Au total, l’ADN intragénique codant (exonique) pour des protéines ne
représenterait que moins de 10% du génome
total. L’importance de l’ADN non codant ne doit
cependant pas être sous estimé car il joue probablement un rôle essentiel dans le régulation de
l’expression de l’ADN codant.
III. GENE, CODE GENETIQUE ET
SYNTHESE DES PROTEINES
Certains acides aminés peuvent être codés par plusieurs triplets, c’est pourquoi le code génétique est
dit dégénéré. En effet, il y a 64 codons différents :
61 pour les 20 acides aminés et 3 (UAA, UAG et
UGA) pour des signaux qui contrôlent la traduction
et qui sont qualifiés de codons “ non sens ”. En fait,
ces codons, contrairement à leur qualification de
non-sens, ont un sens bien particulier puisqu’ils arrêtent la traduction. Le codon ATG, quant à lui, agit
comme point de départ. Il code pour la méthionine et
correspond au site d’initiation de la traduction.
Chaque gène est donc caractérisé par des séquences
La spécificité de l’information génétique repose sur
la particularité structurelle des gènes et se traduit in
fine par la synthèse d’une protéine dont la fonction
est définie par une structure tridimensionnelle précise. C’est de la qualité physico-chimique de la
séquence linéaire (extrémités NH2 & COOH)
d’acides aminés que résultent la structure tridimensionnelle et la fonction de la protéine (Fig. 16).
Le transfert de l’information génétique de l’ADN est
716
Figure 14 : Techniques de marquage des chromosomes par hybridation génomique comparative (C.G.H.) et hybridation in
situ fluorescente (F.I.S.H).
717
Figure 15 : différentes dénominations de l’ADN selon ses séquences et fonctions
Structure primaire
Structure secondaire
Structure quaternaire
(assemblage de sous unités)
Structure tertiaire
Figure 16 : Structure des protéines
718
Figure 16 : Suite Structure des protéines
719
ALANINE
Ala
A
ARGININE
Arg
R
ASPARAGINE
Asn
N
ACIDE ASPARTIQUE
CYSTINE
ACIDE GLUTAMIQUE
GLUTAMINE
Asp
Cys
Glu
Gln
D
C
E
Q
GLYCINE
Gly
G
HISTIDINE
His
H
ISOLEUCINE
Ile
I
LEUCINE
Leu
L
LYSINE
METHIONINE
PHENYLALANINE
Lys
Met
Phe
K
M
F
PROLINE
Pro
P
SERINE
Ser
S
THREONINE
Thr
T
TRYTOPHANE
TYRONINE
VALINE
Trp
Tyr
Val
W
Y
V
STOP
Figure 17 : Code génétique
720
GCU
GCC
CGU
CGC
AAU
AAC
GAU
UGU
GAA
CAA
CAG
GGU
GGC
CAU
CAC
AUU
AUC
AUA
UUA
UUG
AUA
AAA
AUG (Depart)
UUU
UUC
CCU
CCC
UCU
UCC
ACU
ACC
UGG
UAU
GUU
GUC
UAA
GCA
GCG
CGA
GGG
AGA
AGG
GAC
UGC
GAG
GGA
GGG
CUU
CUC
CUA
AAG
CUG
CUU
CUC
CUA
CCA
CCG
UCA
UCG
ACA
ACG
CUG
UAC
GUA
GUG
UAG
AGU
AGC
UGA
spécifiques de paires de bases, alternant avec des
séquences transcrites (exons) et non transcrites
(introns) en ARNm. Cela ne veut pas dire qu’un
exon correspond stricto sensu à une partie codante
du gène. En effet, des séquences exoniques non
codantes peuvent exister en amont du codon d’initiation ATG et en aval du codon d’arrêt (Fig. 18).
initient ou répriment l’expression du gène (Fig. 22,
régulation de l’expression). L’activation spécifique
de certains gènes dans des types cellulaires définis
(comme le PSA dans les cellules épithéliales prostatiques différenciées) sous le contrôle de la région du
promoteur de ces gènes a été utilisée en thérapie
génique. En clonant la région promotrice et en la
recombinant en amont d’une séquence codante pour
une protéine cytotoxique, seules les cellules qui activent la région promotrice sont aptes à exprimer le
séquence cytotoxique. C’est ainsi que l’on utilise le
promoteur du gène du PSA dans un virus pour
contrôler l’expression du gène suicide de la thymidine kinase afin que seules les cellules prostatiques
expriment cette enzyme et soient la cible de l’effet
thérapeutique. L’identification des facteurs de transcription spécifiques et des gènes qu’ils contrôlent
dans certaines pathologies constitue une voie de
recherche importante en pharmacologie pour développer des molécules analogues ou antagonistes de
ces facteurs.
Il est possible d’extraire des cellules ou des tissus les
ARNm et de synthétiser la séquence d’ADN qui leur
correspond (ADN cellulaire en ADNc) par la technique de Reverse-Transcriptase puis d’amplifier par
PCR ses séquences spécifiques (RT-PCR) (Fig. 19).
Cette méthode, grâce à l’étape d’amplification, est
très sensible et très spécifique pour détecter l’expression d’un gène particulier grâce à l’étape de reverse
transcriptase qui définit sa séquence transcrite. Cette
technique de RT-PCR est utilisée pour détecter des
cellules circulantes tumorales d’origine prostatiques
en identifiant l’ ARNm du PSA ou du PSMA ou pour
étudier simultanément sur des microplaques (microarrays) l’expression de plusieurs centaines de gène
pour un échantillon tissulaire dont on a extrait
l’ARNm (Fig. 20). Cette technique peut également
être utilisée sur des coupes tissulaires pour caractériser l’expression génique en microscopie. C’est l’hybridation in situ. Les différentes techniques d’analyses moléculaires à partir de tissus ou de cellules sont
présentées en figure 21.
En thérapeutique, des séquences nucléotidiques complémentaires de la séquence de l’ARNm (codant pour
des protéines clef du métabolisme ou du cycle cellulaire) ont été utilisées pour bloquer la traduction de
ces ARNm en protéines fonctionnelles. Cette stratégie, appelée “ antisens ”, s’inscrit dans de nouvelles
approches thérapeutiques, où l’ADN devient médicament.
Si toutes les cellules somatiques diploïdes possèdent
les mêmes 46 chromosomes et la même information
génétique, la différenciation cellulaire est cependant
caractéristique de la spécialisation tissulaire et
implique une régulation dans la synthèse des protéines. Le modèle d’opéron de Jacob et Monod
(1961), établi chez la bactérie Escherichia Coli, sert
encore actuellement d’idée de base dans l’explication des mécanismes de régulation de la synthèse des
protéines. Le gène comporte des séquences signal
non transcrites mais qui régulent l’expression. C’est
le cas, entre autre, de la région dite du promoteur.
Cette séquence régulatrice contient des sites de fixation pour des protéines (facteurs de transcription) qui
A coté du génome nucléaire, il existe un génome
mitochondrial (16,6kb) qui contient 37 gènes.
Certaines protéines mitochondriales sont formées de
sous unités synthétisées à partir de gènes nucléaires
et transportées secondairement dans les mitochondries pour s’associer aux sous unités synthétisées à
partir de l’ADN mitochondrial (Fig. 23). L’ADN
mitochondrial, évolue beaucoup plus vite que
l’ADN nucléaire avec un taux de mutation 10 fois
plus élevé. Il en résulte d’importants polymorphismes et fait de l’ADN mitochondrial un matériel
privilégié pour étudier l’évolution moléculaire et
pour retracer les filiations.
IV. DIVISION CELLULAIRE
SOMATIQUE ET GAMETIQUE
L’organisme se forme et renouvelle ses tissus par
divisions cellulaires successives. Ces divisions sont
équationnelles et qualifiées de mitotiques. Elles
constituent la mitose (Fig. 24) et assurent aux deux
cellules filles le même ensemble de chromosomes
que la cellule mère.
La mitose correspond à un cycle de condensation et
de décondensation des chromosomes, la condensation maximale étant observée en métaphase. Au
cours de la mitose, des structures protéiques particu721
Figure 18: Synthèse des protéines
722
Rein
Prostate
Extraction et purification des ARN messagers
Synthèse du premier brin d’ADNc
1. Hybridation avec des oligonucléotides spécifiques pour le gène A
2. Amplification par PCR
3. Analyse sur gel d’électrophorèse
Le gène A est exprimé
dans le rein, mais pas
dans la prostate
Figure 19: RT/PCR
723
Après recopiage de l’ARN en ADN complémentaire, la PCR peut parfaitement être appliquée.
Population hétérogène d’ARNm à queue poly A
amorce 1
Transcriptase réverse
ARNm
amorce poly T
Amorce 2
ADNc simple brin
Hydrolyse d’ARNm
et
synthèse du 2eme brin extension de l’amorce 2
Amorce 1
Amorce 2
ADNc double brin
X 2n
Figure 19 Bis : RT/PCR : la technique
724
Vert = N > T
Jaune = N T
Rouge = T > N
Figure 20: Microarrays. pour un même organe on isole des cellules normales (N) et tumorales (T). Leurs ARNm sont extraits et
amplifiés en RT-PCR pour obtenir de l’ADN complémentaire (ADNc) pour plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de gènes
différents. L’ADNc correspondant aux cellules normales est marqué par un fluorochrome vert, celuui correspondant aux cellules
tumorales par un fluorochrome rouge. Les ADNc nouvellement marqués sont mélangés dans les micropuits qui correspondent
chacun à un gène. Lorsque l’ARNm des cellules normales est plus exprimé que celui des cellules tumorales, les puits sont verts.
Si c’est l’inverse (T>N), les puits sont rouges. Si les deux sont exprimés en quantité égale (N=T), les puits sont jaunes.
725
Figure 21 : Technique d’analyse des altérations moléculaires à partir de tissus ou de cellules
726
CAAT - BOX : Séquence régulatrice fixznt les facteurs de transcription
Figure 22: Régulation de l’expression des gènes
Figure 23 : ADN Mitochondrial
tRNA = ARN de transfert
ex: tRNA-Lys : ARN de transfert de la lysine
727
Fuseau
Centrioles
Noyau et
chromatine
PROMETAPHASE
PROPHASE
INTERPHASE
Cellule 2N
diploïde
Chromosomes et
chromatides
Cellule 2N
diploïde
TELOPHASE
ANAPHASE
Figure 24 : La mitose
728
METAPHASE
lières (microtubules) permettent l’agencement des
chromosomes sur un fuseau et contrôlent leur migration dans chaque cellule fille. Cette étape peut être
bloquée par certains médicaments anticancéreux qui
agissent sur le système microtubulaire (poisons du
fuseau, famille des taxoides, extraits de la colchique,
de la pervenche ou de l’if) entraînant une polyploïdie létale pour la cellule en division.
mosome peut être établie. La distance relative entre
deux gènes (locus) est corrélée à la fréquence de
recombinaison entre les deux gènes : 1% de recombinaison entre deux locus correspond sur une carte
génétique de liaison à une distance de 1
centiMorgan : 1cM. Ces fréquences peuvent être
considérées comme additives pour des distances peu
élevées, elles ne le sont plus totalement pour des distances plus élevées. La fréquence maximale de
recombinaison sera de 50 % (Fig. 26).
Les cellules diploïdes (à 2n chromosomes) proviennent du zygote par division mitotique. Elles trouvent
leur origine dans la fusion (fécondation) de deux
gamètes haploïdes (à n chromosomes : l’ovule et le
spermatozoïde ne possèdent qu’un seul chromosome
de chaque paire). La formation de ces cellules
haploïdes à partir des cellules sexuelles primaires
diploïdes (ovogonie et spermatogonie) se déroule
lors de deux divisions particulières appelées méiose
(Fig. 25). Le matériel chromosomique se distribue
d’une façon différente de celle caractérisant la mitose. Deux divisions successives auront lieu : la première est qualifiée de réductionnelle et la seconde
d’équationnelle. La première division méïotique est
caractérisée par un appariement des chromosomes
homologues, à savoir des chromosomes d’une paire,
l’un de provenance paternelle et l’autre maternelle.
Cet appariement engendre deux sortes de recombinaison :
C. LES ALTERATIONS DU
GENOME ET LEURS MODES
DE TRANSMISSION
Les variations inter-individuelles des populations
humaines ainsi que les variations entre populations
trouvent leurs origines non seulement dans la recombinaison génique et chromosomique mais aussi dans
des modifications brusques du matériel génétique,
appelées dès 1901 par Hugo de Vries mutations. Les
altérations de la structure de l’ ADN peuvent être
consécutives à des erreurs de réplication spontanées
ou induites par des radiations ou des composés chimiques, échappant aux mécanismes de réparation de
l’ADN et de contrôle du cycle cellulaire (apoptose)
(Fig. 27) (tableau : gènes réparation & conséquences).
- Une recombinaison des chromosomes, résultat de
la séparation aléatoire au sein d’une paire de chromosomes homologues des chromosomes d’origine
paternelle ou maternelle.
I. MUTAGENESE ET
ANTI-MUTAGENESE
Un exemple particulier de cette séparation aléatoire
des chromosomes d’une paire est celui des chromosomes sexuels. La femme (46, XX) formera des
ovules (23, X) comportant 23 chromosomes dont un
seul chromosome X; l’homme (46, XY) formera
deux sortes de spermatozoïdes : les uns possédant le
chromosome X (23, X), les autres le chromosome Y
(23, Y) : cette particularité explique à la fois le sexratio théorique de 1/1 et l’hérédité des caractères liés
au sexe.
1. ERREUR DE RÉPLICATION
Pendant la réplication, les ADN polymérases catalysent l’appariement des nucléotides complémentaires
avec une grande fidélité. Cependant, des erreurs surviennent avec une fréquence d’environ une pour un
million de paires de bases répliquées. Le taux de
mutation est toutefois 1000 à 10000 fois plus faible
car il existe un mécanisme de contrôle et de réparation des erreurs de réplication. Un des systèmes de
réparation connu sous le nom de “ Methyl-Directed
Mismatch Repair System ” comprend plusieurs protéines et donc plusieurs gènes (caretaker genes).
Leur déficience est à l’origine de cancers caractérisés par une importante instabilité génétique (phéno-
- Une recombinaison des gènes au sein d’un chromosome se déroule également pendant la première
division méiotique. Les gènes liés au même chromosome (linkage) peuvent être échangés entre chromosomes homologues (crossing-over ou recombinaison
génique). C’est en fonction de la fréquence de ces
échanges géniques qu’une carte génétique du chro-
729
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