FORMATION CONTINUE EN ENVIRONNEMENT MODULE ENVIRONNEMENT RURAL TRAVAIL DE CERTIFICAT Présenté par : Virginie Favre Partie I : Etapes de la phase initiale de la réalisation d’un réseau écologique selon l’OQE Acteurs de la démarche et problématiques inhérentes à un réseau écologique : Le cas du réseau écologique d’Essertines-sur-Rolle Partie II : Bandes culturales extensives : Etude exploratoire et évaluation de leurs potentialités dans le cadre du développement des réseaux écologiques en zone d’agriculture intensive Direction d’ECOFOC : Dr. Elena Havlicek, directrice, Université de Neuchâtel, Institut de botanique Daniele Oppizzi, adjoint, Fondation suisse d'éducation pour l'environnement Photos : Virginie Favre Cadre du présent travail Ce travail est réalisé pour l’obtention d’un certificat de formation continue en « environnement rural », module faisant partie de la formation postgrade en environnement dispensée par l’Université de Neuchâtel : ECOFOC (abréviation d’ECOlogie, FOrmation, Continue). Pour l’obtention de ce certificat, les candidats doivent avoir suivi le module d’introduction (semestre d’hiver, un vendredi par semaine) ainsi que le module « environnement rural » (semestre d’été, un vendredi par semaine ; incluant 3 jours de séminaires avec la réalisation d’un projet de groupe et un examen oral sur un des cours du module « environnement rural »). Les candidats doivent ensuite présenter un travail de certificat dont le thème est à définir par eux-mêmes, avec l’accord de la direction d’ECOFOC. Il est prévu un temps de travail d’une vingtaine de jours pour la réalisation de ce certificat. Très intéressée par la problématique des réseaux écologiques, j’ai choisi de suivre la mise en place d’un réseau écologique afin de mieux comprendre comment réaliser un tel projet. Au printemps 2006, j’ai alors pris contact avec le service de la nature du canton de Vaud pour savoir si des projets de réseaux écologiques étaient en cours. M. Philippe Gmür, responsable du service, m’a alors orientée vers M. Alexandre Maillefer (biologiste indépendant au sein du bureau d’étude en environnement Maillefer & Hunziker), vers lequel des exploitants de Montsur-Rolle et d’Essertines-sur-Rolle venaient de s’adresser afin de mettre sur pied un réseau écologique. Suite à ma demande, M. Maillefer a eu la gentillesse de me laisser prendre part aux premières étapes du projet à ses côtés : étude de la zone du projet, réalisation de l’avantprojet, définition des mesures à prendre en faveur des espèces cibles du projet et discussions avec les exploitants souhaitant entrer dans une démarche de réseau écologique. Prendre part à ces étapes m’a permis d’observer les procédures aboutissant à la mise en place d’un réseau écologique. Des problématiques inhérentes à l’initiation d’un réseau écologique ont pu être soulevées. Le projet a également fait ressortir la difficulté de la mise en place d’un réseau écologique dans des zones d’agriculture intensive. Cette problématique m’a amenée à me demander si des moyens spécifiques pouvaient être développés dans le cadre de la mise en réseau afin de promouvoir la diversité en zone d’agriculture intensive. Virginie Favre, septembre 2007 1 Résumé Entrée en vigueur en 2001, l’Ordonnance sur la qualité écologique encourage la mise en réseau écologique en milieu agricole. Les projets de mise en réseau exigent une étroite collaboration entre agriculteurs afin de mettre en place un réseau sur leurs terres. D’autres acteurs tels que spécialistes en environnement ou collaborateurs des services de la nature et de l’agriculture sont également impliqués. Les étapes de l’initiation d’un tel projet et les acteurs impliqués sont présentés dans la première partie de ce rapport avec l’exemple du projet de réseau écologique d’Essertines-sur-Rolle, soumis pour inscription en 2007. La présentation des étapes de l’initiation de ce projet montre quelles difficultés peuvent être rencontrées dans la mise en place d’un projet de réseau écologique et quelles solutions peuvent être trouvées pour le faire avancer. La problématique majeure du projet réseau d’Essertines-sur-Rolle consiste en la difficulté de développer le réseau dans une zone d’agriculture intensive de la région. La seconde partie de ce rapport s’intéresse aux surfaces de compensation écologiques (SCE) de type bandes culturales extensives comme outil pour développer les réseaux écologiques dans les zones d’agriculture intensive. Menée sous forme de recherche exploratoire, cette partie recense quelques connaissances actuelles sur les bandes culturales extensives et notamment sur la perception des agriculteurs par rapport à ce type de SCE. La mise en place de bandes culturales extensives comme moyen pour développer les réseaux écologiques en zones d’agriculture intensive est discutée. Virginie Favre, septembre 2007 2 Remerciements Mes remerciements s’adressent à : M. Philippe Gmür, du service des forêts, de la faune et de la nature du canton de Vaud (SFFN), pour m’avoir reçue au SFFN afin de me donner des renseignements sur les projets actuels de réseaux écologiques du canton de Vaud et pour avoir répondu à mes questions. Mme Anne-Laure Vanolli, du service de l’agriculture du canton de Vaud, pour les données sur les réseaux écologiques dans le canton de Vaud qu’elle m’a fournies. M. Olivier Jean-Petit-Matile pour les informations sur l’avifaune de la Côte. M. Peter Sonderegger pour les précisions sur l’écologie du papillon Brintesia cirse et l’évolution de ses populations en Suisse. Mme Irene Vonlanthen de la « Schweizerische Hochschule für Landwirtschaft » de Zollikofen pour les données fournies sur les études réalisées à l’école d’Ingénieurs en agronomie de Zollikofen sur les bandes culturales extensives. Mme Lisa Eggenschwiller, de la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon, pour les nombreux documents issus des recherches récentes d’Agroscope Reckenholz-Tänikon qu’elle a eu l’amabilité de me fournir. M. Etienne Coigny, agriculteur à Champtauroz, pour le temps qu’il a consacré à me présenter les bandes culturales extensives qu’il exploite et pour avoir répondu à mes questions au sujet de ce type de SCE. Enfin, je remercie tout particulièrement Alexandre Maillefer, du bureau d’étude en environnement Maillefer & Hunziker, pour m’avoir laissée prendre part aux différentes séances concernant le projet de réseau écologique d’Essertines-sur-Rolle. J’ai eu beaucoup de plaisir à rechercher avec lui, dans la phase initiale du projet, les espèces cibles potentielles sur le terrain. Je lui suis aussi très reconnaissante de m’avoir laissée collaborer à la rédaction des mesures du projet, pour avoir répondu à mes questions dans le domaine « nature-agriculture » et pour les documents qu’il m’a suggérés. Virginie Favre, septembre 2007 3 Table des matières Partie I Etapes de la phase initiale de la réalisation d’un réseau écologique selon l’OQE : acteurs de la démarche et problématiques inhérentes à un réseau écologique, le cas du projet de réseau écologique d’Essertines-sur-Rolle 1 INTRODUCTION 1.1 1.2 1.2.1 1.2.2 1.2.3 1.2.4 1.3 1.3.1 1.3.2 1.4 6 BUT DU PRESENT TRAVAIL RAPPEL DES BASES LÉGALES EN MATIÈRE DE RÉSEAUX ÉCOLOGIQUES BREF RAPPEL DE L’EVOLUTION DE L’AGRICULTURE ET SES EFFETS SUR LA BIODIVERSITE L’ORDONNANCE SUR LES PAIEMENTS DIRECTS EFFET DES SCE : PREMIÈRES OBSERVATIONS L’ORDONNANCE SUR LA QUALITÉ ÉCOLOGIQUE, OQE MISE EN PLACE D’UN RÉSEAU ÉCOLOGIQUE : DÉMARCHES GÉNÉRALES INITIATION D’UN PROJET DE RÉSEAU ÉCOLOGIQUE MARCHE À SUIVRE POUR LA CONCEPTION D’UN PROJET RÉSEAU LES RESEAUX ECOLOGIQUES EN SUISSE ROMANDE ET DANS LE CANTON DE VAUD : BILAN 6 7 7 8 8 9 11 11 11 13 2 MÉTHODOLOGIE 14 3 RÉSULTATS 15 3.1 PRÉSENTATION DU PROJET DE RÉSEAU ÉCOLOGIQUE D'ESSERTINES-SUR-ROLLE 15 3.1.1 PÉRIMÈTRE D’ÉTUDE 15 3.1.2 BILAN DE LA SITUATION 18 3.2 DÉROULEMENT DE LA MISE EN PLACE DU PROJET DE RÉSEAU ÉCOLOGIQUE D’ESSERTINESSUR-ROLLE 18 3.3 FINANCEMENT DE LA PLANIFICATION DU PROJET DE RESEAU 25 4 DISCUSSION 26 5 CONCLUSION 29 Partie II Bandes culturales extensives : étude exploratoire et évaluation de leurs potentialités dans le cadre du développement des réseaux écologiques en zone d’agriculture intensive 6 INTRODUCTION 31 MÉTHODOLOGIE 33 7 34 7.1 7.2 7.3 RÉSULTATS LES BANDES CULTURALES EXTENSIVES: ASPECTS GÉNÉRAUX LES BANDES CULTURALES EXTENSIVES COMME MESURE ÉCOLOGIQUE BANDES CULTURALES EXTENSIVES : INCONVÉNIENTS ET AVANTAGES POUR LES 36 AGRICULTEURS Virginie Favre, septembre 2007 34 35 4 7.3.1 INCONVÉNIENTS DES BANDES CULTURALES EXTENSIVES 7.3.2 AVANTAGES DES BANDES CULTURALES EXTENSIVES 7.4 RENCONTRE AVEC UN AGRICULTEUR AYANT MIS EN PLACE DES BANDES CULTURALES 36 37 EXTENSIVES 7.4.1 RAPPORT DE L'ENTRETIEN SUR LE THÈME DES BANDES CULTURALES EXTENSIVES 38 38 8 45 DISCUSSION 8.1 SCEPTICISME DU MONDE AGRICOLE PAR RAPPORT AUX BANDES CULTURALES EXTENSIVES 45 8.2 POTENTIALITÉS D'AUGMENTATION DES BANDES CULTURALES EXTENSIVES EN SUISSE 45 8.3 MISE EN PLACE DE BANDES CULTURALES EXTENSIVES DANS LE CADRE DE LA MISE EN 46 RESEAU 8.4 POTENTIALITÉS DE DÉVELOPPER LE RÉSEAU ÉCOLOGIQUE D’ESSERTINES-SUR-ROLLE PAR 47 LA MISE EN PLACE DE BANDES CULTURALES EXTENSIVES 9 CONCLUSION 49 10 ABREVIATIONS 50 11 GLOSSAIRE 51 12 BIBLIOGRAPHIE 53 13 ANNEXES 56 Les abréviations munies d’un astérisque sont définies dans le chapitre « abréviations ». Les mots ou expressions soulignés et munis d’un astérisque sont définis dans le « glossaire ». Les astérisques et le soulignage ne sont indiqués en règle générale qu’à la première apparition de l’abréviation ou du mot en question. Virginie Favre, septembre 2007 5 Partie I Etapes de la phase initiale de la réalisation d’un réseau écologique selon l’OQE : acteurs de la démarche et problématiques inhérentes à un réseau écologique, le cas du projet de réseau écologique d’Essertines-sur-Rolle 1 1.1 Introduction But du présent travail La mise en place d’un réseau écologique en milieu rural est une démarche complexe qui requiert une étroite collaboration entre exploitants agricoles, services de la nature et de l’agriculture mais aussi spécialistes de l’environnement, médiateurs ou autres acteurs concernés par la mise en place d’un tel projet. Pour se persuader de la complexité d’un tel projet, il suffit de lire les marches à suivre fédérale et cantonales pour la mise en place d’un projet de réseau écologique. Par exemple, la marche à suivre pour le canton de Vaud (annexe 2) montre que l’élaboration d’un tel projet requiert un grand investissement de la part de ses initiateurs. Comment ces projets complexes voient-ils le jour ? Comment les groupes d’agriculteurs s’organisent-ils pour réaliser leur projet de réseau écologique ? Ces questions trouvent en partie réponse dans l’ouvrage « les réseaux écologiques à portée de tous » de Jenny et al. (2002), mais les exemples fictifs donnés pour illustrer la phase d’initiation du projet sont des cas idéals et il n’est pas fait question des difficultés rencontrées dans de tels projets. Pourtant, plusieurs difficultés peuvent se rencontrer dans le cadre de la mise en place de réseaux écologiques : - - Difficultés à motiver suffisamment d’agriculteurs. Temps de latence pour effectivement mettre en place le projet (par exemple discussions entre agriculteurs et le spécialiste en environnement dans le but d’élaborer les documents du projet à l’attention des services de la nature et de l’agriculture, nécessaire pour constituer le projet). Dans le périmètre du projet de réseau, des exploitants ayant des terrains dans des zones stratégiques peuvent ne pas vouloir prendre part au projet. Des corrections de l’avant-projet peuvent être exigées par les services de la nature et de l’agriculture. Etc. BUT 1 : Ce rapport présentera, en première partie, les étapes de l’initiation d’un projet réel de mise en réseau jusqu’à la phase de l’inscription du réseau. Par phase initiale, il faut comprendre toute la procédure d’organisation et de conceptualisation du réseau jusqu’à ce qu’il puisse être inscrit officiellement comme réseau écologique du canton. Nous verrons ainsi un exemple qui illustre quelles difficultés peuvent apparaître dans la phase initiale de la mise en place d’un réseau écologique. Comment ces difficultés peuvent-elles être surmontées? Nous tenterons d'y répondre pour le cas du projet de réseau écologique d'Essertines-sur-Rolle. Le but de ce travail n’est pas de présenter les aspects techniques du projet, c’est-à-dire type de surfaces de compensation écologique (SCE*) mises en place pour le projet réseau et mesures prévues en faveur de la nature, aspects qui sont d’ores et déjà traités dans de nombreux travaux de diplômes d’ingénieurs en gestion de la nature par exemple. Il s’agit ici de présenter les étapes de l’initiation du réseau au niveau organisationnel : premiers contacts entre les agriculteurs et le service de la nature du canton, séances de travail, difficultés rencontrées et Virginie Favre, septembre 2007 6 requêtes spécifiques au projet de par le service de la nature, etc. Le rapport donne également les informations nécessaires à la mise en place d’un réseau écologique dans le canton de Vaud. Nous présenterons le cas de mise en place du projet de réseau écologique dans les communes de Mont-sur-Rolle et d’Essertines-sur-Rolle, dans le canton de Vaud. Nous verrons que ce projet soulève la problématique de l’aménagement de réseaux écologiques dans des zones d’agriculture intensive*. En milieu rural, c’est pourtant bien dans ces zones que la biodiversité subit une forte pression et qu’il faudrait développer les réseaux écologiques pour favoriser la faune et la flore. Ces zones d’agriculture intensive sont difficilement franchissables pour certaines espèces, elles ont un effet barrière et rendent difficiles les échanges entre populations (Jenny et al., 2002). Mais quelles solutions sont-elles envisageables pour permettre le développement des réseaux écologiques dans ces zones d’agriculture intensive? A titre d’exemple, les solutions avancées dans le cadre du projet de réseau de Mont-sur-Rolle et Essertines-sur-Rolle, pour y développer le réseau dans une zone d’agriculture intensive, seront présentées. Dans la 2ème partie de ce rapport, nous tenterons d’évaluer la possibilité de développer les réseaux écologiques dans les zones de grandes cultures par l’aménagement de bandes culturales extensives (SCE définie dans la 2ème partie du rapport). 1.2 1.2.1 Rappel des bases légales en matière de réseaux écologiques Bref rappel de l’évolution de l’agriculture et ses effets sur la biodiversité Pour mieux comprendre l’émergence des réseaux écologiques au sein de l’agriculture suisse, il faut tout d’abord rappeler brièvement l’évolution de notre agriculture et ses conséquences sur la biodiversité. Dans ses débuts, l’agriculture a eu un rôle positif sur la nature. En effet, créatrice de milieux ouverts, et conduite de manière extensive, elle a profité à un large cortège de plantes et animaux, cantonnés autrefois dans les rares milieux ouverts, et qui ont ainsi vu leurs effectifs augmenter. Jusque dans les débuts du XXe siècle, les activités de l’agriculture en Suisse permettaient donc à une flore et une faune encore diversifiées de se maintenir (OFEFP, 2004). Durant la seconde moitié du XXe siècle, le territoire de la Suisse a subi une très forte pression de par l’urbanisation (Di Giulio, 2007) et l’intensification de l’agriculture. Cette évolution a eu comme effet une forte érosion de la biodiversité puisque conduisant à la diminution des habitats de haute valeur écologique et au morcellement des populations animales et végétales (FNCE, 2005). Environ 90% des zones alluviales, zones humides et prairies sèches (milieux naturels de grande valeur écologique) ont disparu depuis le XIXe siècle (OFEFP, 2004). Aujourd’hui, les populations animales et végétales restent alors cantonnées dans les rares biotopes favorables et les échanges entre populations deviennent difficiles, ce qui explique en grande partie le déclin des espèces. Les Liste Rouges (Duelli P., 1994 ; Moser et al., 2002) indiquent des chiffres alarmants : en 1991, un tiers des fougères et plantes à fleur de Suisse était inscrit sur la Liste Rouge. Aujourd’hui, cette proportion est passée à un quart. Concernant les espèces animales, 41% sont considérées comme menacées. Virginie Favre, septembre 2007 7 De par ce constat, des bases légales visant entre autres à enrayer l’érosion de la biodiversité en milieu rural ont été élaborées. Parmi ces bases légales, l’Ordonnance sur les paiements directs est entrée en vigueur en 1998. En 2001, elle a été suivie par l’Ordonnance sur la qualité écologique, OQE*, base légale de la mise en réseau écologique en milieu rural. 1.2.2 L’Ordonnance sur les paiements directs L’ordonnance sur les paiements directs, OPD*, (CF* Art. 910.13) est entrée en vigueur en 1998. Avant l’entrée en vigueur de l’OPD, la Suisse subventionnait l’agriculture en assurant le prix des produits et leur écoulement. Depuis l’entrée en vigueur de l’OPD, les agriculteurs doivent fournir des prestations écologiques, PER*, selon l’OPD, pour toucher les paiements directs. Parmi les PER, celle qui nous intéresse plus particulièrement dans le cadre de cette étude est celle de l’article 7 de l’OPD1 : « Les surfaces de compensation écologique doivent représenter au moins 3,5 % de la surface agricole utile de l’exploitation vouée aux cultures spéciales et 7 % de la surface agricole utile exploitée sous d’autres formes ». L’OPD admet 16 types de surfaces de compensation écologique (tableau 1). Parmi ces SCE, certaines donnent le droit à des contributions supplémentaires. Tableau 1. Les 16 types de SCE en Suisse. Les types surlignés en bleu peuvent donner droit à des contributions financières. Type 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7a. 7b. 8. Prairies extensives Pâturages extensifs Pâturages boisés Prairies peu intensives Surfaces à litière Bandes culturales extensives Jachères florales Jachères tournantes Arbres fruitiers haute-tige 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. Arbres isolés indigènes adaptés au site - allées d’arbres Haies, bosquets champêtres et berges boisées Fossés humides, mares, étangs Surfaces rudérales, tas d’épierrage et affleurement rocheux Murs de pierres sèches Chemins naturels non stabilisés Surfaces viticoles à haute diversité biologique Autres surfaces de compensation écologique = milieux naturels de haute valeur écologique mais ne correspondant pas aux types 1 à 15 Les exigences concernant les 16 types de SCE sont décrites dans le document « Compensation écologique dans l’exploitation agricole ; Conditions – contributions - … » (Koller et al., 2001). Aujourd’hui, la plupart des exploitations en Suisse fonctionnent selon le mode PER. En 2004, on comptabilisait 97 % de la surface agricole utile* (SAU*) totale de la Suisse fonctionnant selon ces normes (Herzog et al., 2006). 1.2.3 Effet des SCE : premières observations Quelques années après l’entrée en vigueur des PER, plusieurs études ont été réalisées quant à l’effet de la mise en place de SCE en milieu rural (Pozzi et al., 2005 ; Herzog et al., 2005 ; Herzog et al., 2006 ; …). Certains effets positifs des SCE ont pu être vérifiés. Parmi ceux-ci, il a été montré que les SCE abritent plus d’espèces que les surfaces témoins exploitées 1 Dans cette introduction, seule la PER concernant les SCE est développée. Pour des informations sur les autres PER, se référer au texte de loi concernant l’OPD, CF Art. 910.13. Virginie Favre, septembre 2007 8 intensivement et des espèces plus exigeantes (Jeanneret et al., 2003 ; Herzog et al., 2005). Les SCE contribuent de ce fait à la diversité régionale. Cependant, la mise en place des SCE n’a pas eu les effets escomptés en ce qui concerne la qualité écologique attendue. Notamment, peu d’espèces menacées en Suisse y sont relevées (Herzog et al., 2005). Les SCE sont souvent positionnées sur les parcelles de la SAU les moins favorables à la culture, là où le rendement est le plus faible ou encore là où les conditions d’exploitation sont les plus difficiles. En général, le choix de l’emplacement des SCE n’est pas fait selon des critères de valeur pour la conservation des espèces, mais en premier lieu selon des critères de facilité d’exploitation (Jenny et al., 2002). En plus, la connexion entre les SCE entre elles et avec d’autres biotopes s’est révélée insuffisante (Koller, 2004). De ce fait, la mise en place de SCE n’a pas beaucoup favorisé la mobilité des espèces. Le but visant à favoriser la colonisation de nouveaux habitats par les espèces ainsi que les populations, n’a pas été atteint. Pour les espèces animales, le fait que les SCE et/ou milieux naturels soient insuffisamment connectés entre eux implique que leurs possibilités de dispersion, migration et mobilité journalière deviennent fortement réduites. Pour les espèces végétales, la dispersion des cellules germinatives est également touchée (Jenny et al., 2002). Suite à ces différents constats, un nouvel outil législatif a été mis en place, afin de promouvoir la qualité écologique des SCE et la connexion des SCE entre elles et avec les différents milieux naturels. Il s’agit de l’Ordonnance sur la qualité écologique, OQE* (Koller et al., 2005), qui est décrite dans le chapitre suivant. 1.2.4 L’Ordonnance sur la qualité écologique, OQE L’Ordonnance sur la qualité écologique est entrée en vigueur en 2001 (CF Art.910.14). Cette ordonnance a pour but de contribuer à la sauvegarde et à la promotion de la biodiversité naturelle au niveau régional (www.oqe.ch). Les objectifs de l’OQE sont : 1) Améliorer la qualité biologique des SCE : La qualité biologique des surfaces est estimée à partir de listes d’espèces et critères spécifiques à chaque type de SCE. Une certaine qualité écologique peut donner droit à des contributions pour la qualité biologique selon l’OQE (Koller et Pearson, 2001). 2) Encourager la mise en réseau des SCE : Le terme « mise en réseau » au sens de l’OQE signifie « la création de liens spatiaux entre différents milieux naturels de valeur au sein d’un paysage cultivé » (Jenny et al., 2002, illustrations en annexe 1). Par la création de ces liens spatiaux, la mise en réseau vise à favoriser les déplacements de la faune et la dispersion de la flore au sein du paysage cultivé. La mise en réseau de SCE au sein d’un paysage cultivé requiert en général la coordination de plusieurs exploitations agricoles sur un territoire. Les démarches pour la mise en place d’un réseau écologique au sein d’un paysage cultivé sont assez complexes et seront expliquées en détail pour le canton de Vaud dans ce rapport. Virginie Favre, septembre 2007 9 L’OQE a été mise sur pied afin d’optimiser l’effet des SCE sur la biodiversité en encourageant les exploitants à mettre en réseau les SCE et également à promouvoir leur qualité écologique. Elle est un complément du système de contributions selon l’OPD. Ainsi, les exploitants peuvent toucher des contributions supplémentaires pour des SCE de qualité écologique particulière ou pour la mise en réseau des SCE (Koller et al., 2001). Pour donner droit à des contributions selon l’OQE, les surfaces doivent être inscrites en SCE, être contenues dans la SAU et : - avoir la qualité biologique requise et/ou répondre aux exigences de la mise en réseau. Les exigences en matière de qualité biologique et de mise en réseau sont définies par les cantons et doivent être au moins équivalentes aux exigences de la Confédération. Seuls 5 types de SCE peuvent donner droit à des contributions pour la qualité biologique et 11 types peuvent donner droit à une contribution réseau. Le tableau 2, repris de la fiche technique du SRVA* « Qualité et réseaux dans les régions : nouveautés en compensation écologique » (Koller et al., 2001), fait état des types de SCE donnant droit aux contributions selon l’OQE, ainsi qu’aux contributions selon l’OPD. Les cases colorées indiquent à quelles contributions peut donner droit chaque type de SCE. Tableau 2. Surfaces imputables et donnant droit à des contributions pour la compensation écologique. Les surfaces imputables selon l’OPD sont indiquées en jaune. Les SCE indiquées en vert peuvent toucher des contributions pour la mise en réseau et celles indiquées en bleu peuvent toucher des contributions pour la qualité écologique. Type 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. OPD Contribution OQE Contribution Réseau OQE Contribution Qualité Prairies extensives Pâturages extensifs Pâturages boisés Prairies peu intensives Surfaces à litière Bandes culturales extensives Jachères florales/ tournantes Arbres fruitiers haute-tige Arbres, allées d’arbres Haies, bosquets champêtres et berges boisées Fossés humides, mares, étangs Surfaces rudérales, tas d’épierrage, etc. Murs de pierres sèches Chemins naturels non stabilisés Surfaces viticoles à haute diversité biologique Les contributions de l’OQE sont cumulables avec celles de l’OPD. Les montants des contributions de l’OQE peuvent varier en fonction du pouvoir financier des cantons : - Au maximum 500.-/ha/an et au maximum 20.- par arbre fruitier haute tige par an pour les SCE remplissant les critères de qualité biologique. Au maximum 500.-/ha/an pour les SCE remplissant les critères de mise en réseau. Virginie Favre, septembre 2007 10 L’OQE a un objectif double, comme vu précédemment, à savoir promouvoir la qualité écologique ainsi que la mise en réseau. Ce travail de certificat concernant essentiellement la mise en réseau, c’est cet aspect de l’OQE qui est développé dans ce rapport. 1.3 Mise en place d’un réseau écologique : démarches générales Sur le plan fédéral, des exigences minimales ont été établies pour la mise en réseau selon l’OQE (« Ordonnance sur la qualité écologique – Exigences minimales de la Confédération », Jenny et al., 2002). A partir de ces directives, chaque canton établit ses propres directives cantonales en matière de réseau écologique. Le projet de réseau écologique d’Essertines-sur-Rolle, duquel il sera question dans ce travail, étant soumis aux règlements du canton de Vaud, ce sont les exigences de ce canton qui sont présentées ici. Le document officiel faisant état de ces exigences se trouve en annexe 2. Dans les paragraphes suivants, les étapes principales du déroulement d’un projet de mise en réseau écologique sont reprises. Bien que concernant le canton de Vaud, elles sont souvent similaires dans les autres cantons. 1.3.1 Initiation d’un projet de réseau écologique L’initiative d’un projet de réseau écologique peut être prise par des agriculteurs motivés par la mise en place d’un réseau écologique dans leur région. Dans d’autres cas, l’initiative peut aussi venir des autorités, d’associations de protection de la nature ou encore de la vulgarisation agricole, organismes qui doivent alors motiver suffisamment d’agriculteurs dans la région concernée pour entrer dans une optique de mise en place de réseau écologique. La politique du canton de Vaud encourage surtout une initiative des agriculteurs. Dans le cas où un groupe d’agriculteurs souhaite mettre sur pied un réseau écologique, il doit en général avoir recours aux services d’un spécialiste de l’environnement qualifié dans la mise en place des réseaux écologiques. En effet, la procédure de mise en place d’un réseau écologique est complexe et nécessite de bonnes connaissances au niveau de l’écologie de la région (notamment au niveau des espèces animales et végétales présentes ou potentiellement présentes dans la région). De plus, l’expérience dans la conception d’un projet de réseau aide à mener à terme un projet réseau pour le soumettre auprès des services cantonaux de la nature et de l’agriculture. Le ou les initiateurs d’un projet réseau doivent prendre contact avec le service compétent de leur canton, soit le service de la conservation de la nature et/ou le service de l’agriculture dans le canton de Vaud. Ces services fournissent en plus des informations relatives à la mise en place d’un réseau écologique, et peuvent notamment recommander les services d’un spécialiste en environnement si nécessaire. Le document « critères de reconnaissance des projets de mise en réseau écologique selon l’OQE applicables dans le canton de Vaud » (annexe 2) peut être remis par le service de conservation de la nature du canton de Vaud. Ce document est aussi disponible sur le site internet de la législation vaudoise (www.rsv.vd.ch). On y trouve une marche à suivre résumée pour la mise en place d’un projet de réseau écologique. 1.3.2 Marche à suivre pour la conception d’un projet réseau La marche à suivre qui suit a été reprise du document précité. Des indications supplémentaires ont été ajoutées à certaines étapes pour une meilleure compréhension. Virginie Favre, septembre 2007 11 1) Définition d’un périmètre provisoire Il s’agit de définir un périmètre provisoire à l’intérieur duquel s’inscrit le réseau écologique. Le canton a défini une surface minimale de 100 ha d’exploitation agricole pour un projet de réseau ou au minimum 5 exploitations. 2) Consultation des données de base et des spécialistes Il s’agit de relever les éventuels inventaires régionaux ou nationaux dans la région du projet (inventaires à consulter listés dans le document de l’annexe 2) et de rechercher des données de base sur la nature dans la région en question. Ces données permettront de définir des espèces caractéristiques* et/ou prioritaires* (= espèces cibles*) choisies spécifiquement, et qui sont la base d’un projet de réseau puisque les objectifs définis dans un réseau écologique visent à favoriser ces espèces. Il faut également rechercher des données sur tout autre projet ou intérêt en présence dans le périmètre du projet. 3) Définition du périmètre et des objectifs préalables du projet Les objectifs du réseau écologique sont définis de manière générale et par rapport aux espèces cibles retenues. 4) Consultation préalable du Centre de conservation de la faune et de la nature et du Service de l’agriculture Un dossier d’avant-projet doit être soumis au service de la nature et au service de l’agriculture, il contient : – – – la définition d’un périmètre de projet, un plan de l’état initial où figurent les SCE en place, les inventaires en vigueur et les éléments naturels existants, les objectifs préalables du projet, à savoir la définition des espèces cibles choisies pour le projet et les mesures générales envisagées pour favoriser ces espèces cibles. 5) Accord préalable du Centre de conservation de la faune et de la nature et du Service de l’agriculture sur le périmètre et les objectifs 6) Définition des mesures Pour chaque SCE, des mesures de gestion sont définies afin de favoriser les espèces cibles du projet. D’autres mesures visant à favoriser les espèces cibles, comme par exemple la mise en place de nouvelles SCE, sont également définies. 7) Etablissement du projet de réseau 8) Définition de l’évaluation et du suivi du projet 9) Dépôt du projet Pour démarrer officiellement, le projet doit encore attendre la décision finale du Centre de conservation de la faune et de la nature et du Service de l’agriculture. Au bout de 3 ans de mise en œuvre, une première évaluation partielle du projet est réalisée ; puis en 6ème année de projet avec une éventuelle modification pour sa poursuite. Virginie Favre, septembre 2007 12 1.4 Les réseaux écologiques en Suisse romande et dans le canton de Vaud : bilan Malgré la complexité des projets de mise en réseau, plusieurs projets ont vu le jour en Suisse. Depuis l’entrée en vigueur de l’OQE en 2001, une quarantaine de projets de réseaux écologiques ont été initiés en Suisse romande et une soixantaine sont en cours de réalisation (Shani & Pearson, 2007). Dans le canton de Vaud, 5 projets de réseau sont officiellement inscrits (données sur les réseaux écologiques dans le canton de Vaud en annexe 8). Il s’agit des réseaux suivants : - Les Moulins. Les Hauts de Moudon. Puidoux Nord. Montaubion-Chardonney. Grandcour. Le tableau 3, réalisé à partir de données fournies par Mme Vanolli, du service de l’agriculture, montre quels types de SCE sont principalement inscrits dans ces réseaux. Tableau 3. Types de SCE inscrits en réseau dans le canton de Vaud, proportion pour les types 1 à 7 et 15 et nombre d’arbres pour les types 8 et 9. Les SCE ne donnant pas le droit aux contributions réseau représentent moins de 1% dans les périmètres de ces réseaux du canton de Vaud. No 1 2 3 4 5 6 7a 7b 8 9 10 15 Type de SCE Prairies extensives Pâturages extensifs Pâturages boisés Prairies peu intensives Surfaces à litière Bandes culturales extensives Jachères florales Jachères tournantes Arbres fruitiers haute-tige Arbres, allées d’arbres Haies, bosquets champêtres et berges boisées Surfaces viticoles à haute diversité biologique Quantité pour Vaud 56% 12% 0 17% 4% 1% 6% <1% 996 arbres 0 3 0 Les prairies extensives, les prairies peu intensives et les pâturages extensifs représentent la majorité des SCE inscrites en réseau, totalisant 85%. Virginie Favre, septembre 2007 13 2 Méthodologie Dans le cadre de ce travail et pour présenter un cas de mise en place de réseau écologique en phase initiale, le projet de réseau écologique de Mont-sur-Rolle et d’Essertines-sur-Rolle a été étudié. Ce choix est dû au fait que l’initiation de ce projet a commencé en même temps que la présente étude, permettant de suivre les différentes étapes, notamment en participant aux discussions qui ont eu lieu entre les agriculteurs et le spécialiste en environnement chargé de la conception du projet. Etapes de la phase d’initiation du projet de réseau écologique d’Essertines-sur-Rolle: - 2004 : Premiers contacts entre M. Hofer (agriculteur et porteur du projet de réseau d’Essertines-sur-Rolle et Mont-sur-Rolle), le service de la nature et M. Maillefer (spécialiste en environnement mandaté sur ce projet) concernant le projet réseau. - Début 2006 : présentation du projet à Essertines-sur-Rolle avec tous les agriculteurs de la région intéressés par le projet. - 9 mars 2006 : réalisation d’un avant-projet (Alexandre Maillefer et Virginie Favre) et envoi pour pré-approbation au service de la nature. - 25 avril 2006 : acceptation du service sous certaines conditions. - Mai-juillet 2006 : étude de la zone du projet de réseau écologique de Mont-sur-Rolle et d’Essertines-sur-Rolle ; recherches d’informations et de données concernant la région du projet, relevés de terrains afin d’évaluer le potentiel écologique de la région. - Mai 2006 : rencontre avec les agriculteurs porteurs du projet et discussion au sujet des conditions exigées par le service de la nature. - 5 avril 2007 : Rencontre avec M. Hofer (agriculteur porteur du projet) pour discuter des mesures prévues pour chaque SCE inscrites pour le réseau. - Mi-avril 2007 : définition des mesures prévues pour le projet. - 24 avril 2007 : rencontre avec tous les agriculteurs du projet, le spécialiste en environnement mandaté sur le projet et un conseiller agricole. - Fin avril 2007 : préinscription du réseau en première année (date limite était fixée au 2 mai 2007). Le projet final peut être déposé jusqu’au 30 septembre 2007 auprès du service de la nature2. Les différentes étapes de la phase d’initiation de ce projet de réseau écologique sont décrites dans le chapitre Résultats. Les difficultés rencontrées ont été décrites dans ce chapitre dans le but de donner un exemple de contraintes inhérentes à un projet réseau. 2 Dans ce rapport, il ne pourra pas être indiqué si le projet réseau d’Essertines-sur-Rolle sera accepté par le canton car le présent rapport doit aussi être rendu en fin septembre. Virginie Favre, septembre 2007 14 3 Résultats 3.1 Présentation du projet de réseau écologique d'Essertines-sur-Rolle N.B.1. : Bien que le périmètre du réseau écologique dont il est question ici soit situé sur les communes de Mont-sur-Rolle et Essertines-sur-Rolle, on parlera parfois uniquement du « réseau écologique d’Essertines-sur-Rolle» dans ce rapport, par souci de simplification. N.B.2. : Dans ce rapport, le mot « périmètre » ne fait pas seulement référence aux limites du réseau écologique d’Essertines-sur-Rolle mais également à la surface interne à ces limites. Afin de présenter le réseau écologique d’Essertines-sur-Rolle, une description du périmètre est en premier lieu nécessaire pour comprendre les problématiques inhérentes à ce projet. Suite à cette présentation, les explications concernant la mise en place de ce réseau sont données dans un ordre temporel où les étapes importantes du projet sont détaillées. Dans le chapitre 3.3.3, des explications au niveau du financement du projet sont également fournies. 3.1.1 Périmètre d’étude Le périmètre du projet de réseau d’Essertines-sur-Rolle comprend les exploitations de tous les agriculteurs qui se sont montrés intéressés à se lancer dans la mise en place de ce projet (carte du périmètre provisoire voir annexe 3.b, carte du périmètre finalement retenu voir annexe 4). Pour sa description, le périmètre peut être divisé en deux parties d’un point de vue écologique : une partie sud, dont la valeur écologique est déjà assez remarquable et une partie nord exploitée de manière plus intensive. 1) Partie sud Le périmètre comprend, dans sa partie sud, un coteau sec faisant partie de l’inventaire des paysages (IFP*). Le coteau s’étend entre les altitudes de 550 m et 800 m environ. Une proportion importante de cette partie est cadastrée en zone forestière. Le coteau contient quelques prairies sèches qui ont été retenues pour faire partie de l’inventaire national des prairies et pâturages secs en 2005. Sur ce coteau, plusieurs exploitants touchent des contributions OQE pour la qualité écologique de leurs surfaces. Certaines surfaces sont aussi sous contrat ECO’PREST3 (voir loi 910.21 du recueil systématique vaudois sur les contributions pour des prestations de caractère écologique dans l'agriculture). Dans la partie sud du périmètre, les surfaces ont en général une valeur écologique déjà très intéressante (figures 1 et 2) et de nombreuses parcelles y sont déclarées en SCE (annexe 3.c). Dans ce secteur, y sont inscrits 41,7 ha de SCE pour un total de 42,8 ha inscrites au réseau dans son entier (soit plus de 97% dans de SCE dans la partie sud). On y trouve surtout des SCE de type pâturage extensif (39 ha). La majorité de ces surfaces est bordée par des surfaces forestières, et la plupart des pâturages inscrits en SCE dans cette partie sont richement structurés (figures 3 et 4). On y trouve notamment quelques ronciers et structures 3 La loi ECO’PREST, entrée en vigueur le 13 septembre 1993, a été mise en place dans le but de conserver les surfaces rurales de haute qualité écologique (cela correspond à la qualité écologique selon l’OQE aujourd’hui). Virginie Favre, septembre 2007 15 buissonnantes, refus de bétail, pierriers et affleurements rocheux, tas de branches, etc., ce qui confère une haute valeur écologique à ces pâturages. Figure 1. Ce couple de demi-deuils (Melanargia galathea) trouve dans les pâturages extensifs de la partie sud du périmètre un habitat adapté. Figure 2. Une Orchidée, Epipactis helleborine, au pied d’un bosquet dans un pâturage extensif de la partie sud du périmètre. Figure 3. Pâturage extensif, de la partie sud du périmètre, retenu dans l’inventaire des prairies et pâturages secs d’importance nationale. Les bosquets qui structurent ce pâturage sont des éléments écologiquement intéressants pour la faune. Figure 4. Les refus de pâture, les vieux arbres et les souches laissées en place sont des petites structures écologiquement intéressantes pour la faune, comme ici dans le pâturage extensif de Pré-Sermet (partie sud du périmètre). Dans la partie sud, une haie de haute valeur écologique est entretenue par le WWF (la haie se situe en aval de la SCE No 204, selon carte de l’annexe 3.c). Une autre parcelle est aussi entretenue par des bénévoles de Pro Natura afin d’y maintenir les Orchidées présentes (réserve aux Bugnaux, figure 5). 1234 Virginie Favre, septembre 2007 16 Figure 5. La réserve Pro Natura aux Bugnaux, en-dessus de Rolle, fait partie intégrante de la SAU et est inscrite comme pâturage extensif dans le réseau d’Essertines-sur-Rolle. Cette parcelle a aussi été retenue dans l’inventaire provisoire des prairies et pâturages secs d’importance nationale (IPP*). Richement structurée, l’embroussaillement y est cependant trop conséquent et refermerait le pâturage si la réserve n’était pas entretenue par des bénévoles. 3) Partie nord Le reste du périmètre, compris entre 680 m et 780 m environ, (comprenant le « plateau d’Essertines-sur-Rolle »), au nord du coteau sec, est exploité de manière intensive. Il comprend en majorité des terres exploitées en grandes cultures (figure 6 a/b). Figures 6a/b. Replat d’Essertines-sur-Rolle dans la partie nord du périmètre avec en fond d’image le village d’Essertines-sur-Rolle. Les parcelles agricoles sont en majorité exploitées en grandes cultures et seuls quelques éléments isolés, tels qu’arbres isolés, structurent le paysage. a. Vue depuis l’est d’Essertines-sur-Rolle b. Vue depuis le sud d’Essertines-sur-Rolle Seuls 1,1 ha de SCE sont inscrits dans le projet de réseau (annexe 3.d) dans la partie nord du périmètre (soit 2,6 % des SCE prévues au réseau). Quelques cordons boisés, vergers et haies y ont un potentiel écologique intéressant mais sont isolés. Quelques SCE, de type prairies et Virginie Favre, septembre 2007 17 pâturages extensifs, y sont inscrites. La mise en place et l’inscription de nouvelles SCE au réseau dans ce secteur pourraient permettre de relier ces habitats entre eux et de favoriser diverses espèces dans le cadre d’un projet de réseau écologique. Cependant, la plupart des agriculteurs possédant des SCE dans cette zone ne souhaitent pas entrer dans une démarche réseau pour le moment. Ces SCE, qui pourront potentiellement s’inscrire au fur et à mesure dans le projet réseau, sont indiquées sur la carte de l’annexe 4. Cette partie nord du périmètre est désignée comme la « zone d’agriculture intensive*» dans ce rapport. Sur la carte de l’annexe 3.b, la zone prioritaire pour le réseau a été indiquée en saumon. Sur cette zone, il est prioritaire de relier les habitats dans le cadre du réseau, notamment par la mise en place de nouvelles SCE, pour que la colonisation par les espèces cibles depuis la partie sud du réseau vers la partie nord, soit favorisée. 3.1.2 Bilan de la situation Les communes de Mont-sur-Rolle et d’Essertines-sur-Rolle possèdent des prairies et pâturages de grande valeur écologique dans la partie sud du périmètre. Y initier un réseau est assez aisé puisque ces surfaces représentent une proportion importante de la SAU. Elles requièrent un investissement supplémentaire léger de la part des agriculteurs en termes d’entretien des surfaces en faveur d’espèces cibles dans le cadre d’un réseau écologique4. Cependant, le périmètre du projet compte également une zone d’agriculture intensive, dans sa partie nord, où il est plus difficile de développer le réseau. Les raisons de ces difficultés sont diverses. D’une part, peu de SCE sont inscrites pour le réseau dans cette zone d’agriculture intensive (soit environ 1 ha), ce qui rend difficile la mise en réseau des SCE et des milieux naturels existants (haies, bosquets, etc.). Ensuite, une grande partie de ces terrains appartient à des exploitants qui ne souhaitent pas, pour le moment, participer au réseau. Ceci peut s’expliquer du fait que leurs terres sont exploitées de manière intensive pour la production de cultures céréalières et autres. Ces exploitants peuvent donc craindre que la mise en place d’un réseau sur leurs terres ne restreigne leur production. Une amélioration foncière a pris fin dernièrement dans la région, touchant également les agriculteurs d’Essertines-sur-Rolle et Mont-sur-Rolle. Certains agriculteurs estiment avoir alloué suffisamment d’efforts à ce projet d’amélioration foncière et ne souhaitent pas se relancer directement dans un nouveau projet touchant à leur domaine agricole. 3.2 Déroulement de la mise en place du projet de réseau écologique d’Essertinessur-Rolle 1) Initiation du réseau écologique d’Essertines-sur-Rolle En 2004, un agriculteur d’Essertines-sur-Rolle, M. Hofer, s’intéressant à la possibilité de mettre sur pied un réseau écologique, prend contact avec le SFFN* (Service des forêts, de la faune et de la nature, souvent abrégé « service de la nature » dans ce rapport) du canton de Vaud. Le SFFN lui conseille de recourir aux services d’un spécialiste de l’environnement connaissant bien la région et la procédure de mise en place des réseaux écologiques. Dès lors, 4 Notons que l’entretien actuel est déjà assez difficile étant donné les pentes très raides de ces surfaces. Virginie Favre, septembre 2007 18 M. Hofer entre en contact avec M. Alexandre Maillefer, du bureau d’étude en environnement Maillefer & Hunziker. Après avoir acquis les informations nécessaires à la mise en place d’un réseau écologique, M. Hofer fait part de son idée aux autres agriculteurs de sa région afin de les motiver à prendre part au projet de réseau. Une présentation est organisée début 2006 par M. Hofer avec l’aide de M. Ackerman (agriculteur d’Essertines-sur-Rolle également motivé par le projet réseau) et M. Maillefer, où sont conviés les autres exploitants de Mont-sur-Rolle et d’Essertines-sur-Rolle. A la suite de cette présentation, d’autres collègues se montrent motivés. Le projet intègre à cette étape 8 exploitants. M. Maillefer définit alors le périmètre du projet avec les agriculteurs et avec les conseils du service de la nature du canton. Les 8 exploitants entrant dans la démarche du réseau possèdent la majorité de leurs SCE dans la partie sud du périmètre, soit la zone du coteau sec. Dans la partie nord du périmètre, seul 1 ha de SCE est exploité par ces agriculteurs. Les exploitants possédant la majorité des parcelles dans cette zone, et notamment quelques SCE, ne se sont pas montrés désireux de participer au projet de réseau à ce jour. 2) Choix des espèces cibles Le choix des espèces cibles est une étape clé dans la mise en place d’un réseau écologique. Un réseau écologique ne pouvant pas répondre aux exigences de chaque espèce présente sur le périmètre, il est nécessaire de choisir quelques espèces typiques des milieux représentatifs du périmètre. Les objectifs du réseau s’appuieront alors sur ces espèces cibles* comprenant des espèces caractéristiques* et des espèces prioritaires*. Pour la recherche des espèces cibles du réseau de Mont-sur-Rolle, des informations ont été recherchées : - Dans la banque de données du CSCF*. Cette banque de données permet de visualiser où est observée telle ou telle espèce en Suisse. Cela signifie qu’il faut au préalable émettre des hypothèses quant aux espèces potentiellement présentes dans le périmètre afin de rechercher leur distribution dans la banque de données. - Auprès de M. Olivier Jean-Petit-Matile, naturaliste de la région de la Côte. - Auprès du Service de la nature du canton de Vaud. - Des espèces ayant de bonnes chances d’être présentes sur le périmètre et pouvant faire office de « bonnes espèces cibles5 » ont été recherchées directement sur le terrain dans les milieux propices (relevés de terrain : Virginie Favre et Alexandre Maillefer). Au niveau de l’avifaune, les recherches de données ont permis de révéler la présence, comme nicheurs, de la pie-grièche écorcheur, autrefois sur la Liste Rouge (Keller et al., 2001), et de la linotte mélodieuse dont les effectifs diminuent en Suisse. Dans le courant de l’été 2006, nous avons pu confirmer la présence de la pie-grièche écorcheur par nos observations de terrain au niveau des SCE 26 et 127 (annexe 3.c). Ces pâturages extensifs embuissonnés sont très favorables pour cette espèce. Des observations d’oiseaux menacés en Suisse, tels que le torcol fourmilier, le bruant zizi et la huppe fasciée sont régulièrement confirmées par les naturalistes dans la région et au niveau 5 Pour qu’une espèce convienne comme espèce cible d’un projet réseau, plusieurs critères sont recommandés par Jenny et al. (2002), ces critères sont listés en annexe 6. Virginie Favre, septembre 2007 19 dans le périmètre d’étude (selon M. Jean-Petit-Matile). A l’heure actuelle, un programme spécial de suivi de la huppe fasciée est en cours sur la Côte. Quant au torcol fourmilier, le SFFN a entrepris des mesures de conservation en posant des nichoirs dans la région. Dix mâles chanteurs ont pu être localisés avec certitude entre Aubonne et Coinsins. Les données du CSCF attestaient de la présence du lézard des souches (ou lézard agile) sur le territoire de Mont-sur-Rolle. Au cours de l’été 2006, nos observations ont confirmé sa présence sur la SCE 27 (annexe 3.c). Il est vraisemblablement présent sur d’autres surfaces similaires. Sur les lieux-dits Pré-Sermet et La Ferme, des déplacements faisant penser à ceux du lézard des souches ont été perçus dans les herbes mais il n’a pas été observé. Nos observations de terrain lors de l’été 2006 ont également permis de recenser le silène (Brintesia cirse), un papillon menacé en Suisse. Le tableau 4 liste les espèces cibles potentielles du projet. Tableau 4. Espèces potentielles du projet, état de menace et origine des connaissances actuelles sur l’espèce dans le périmètre du projet ou la région. Nom commun Papillon : Silène Reptile : Lézard agile Oiseaux : Torcol fourmilier Huppe fasciée Bruant zizi Pie-grièche écorcheur Linotte mélodieuse Nom latin Etat de menace de l’espèce, présence sur Liste Rouge (LR)6 au niveau suisse Origine des connaissances actuelles sur l’espèce dans le périmètre du projet ou la région Brintesia cirse LR : très menacé (VU) Observations sur le terrain, été 2006 (Virginie Favre et Alexandre Maillefer) Lacerta agilis agilis LR : VU Diminution généralisée Observations sur le terrain, été 2006 (Virginie Favre et Alexandre Maillefer), données CSCF Jynx torquilla Upupa epops LR : VU Emberiza cirtus Lanius collurio Carduelis cannabina LC, selon LR, zone d’occurrence trop grande pour être sur LR Non menacé (LC), autrefois sur LR SFFN du canton de Vaud, projet de conservation en cours Station ornithologique suisse de Sempach, projet de suivi en cours sur la Côte par SFFN Observations de M. Jean-Petit-Matile LR : EN Effectifs en recul, pas sur LR (LC) Observations sur le terrain, été 2006 (Virginie Favre et Alexandre Maillefer) Observations de M. Jean-Petit-Matile Dans un premier temps, les espèces prioritaires qui ont été retenues pour la définition des mesures entrant en compte dès la première année, sont : - le silène, le lézard des souches, le torcol fourmilier. Ces espèces ont été retenues car elles sont menacées en Suisse et des mesures de conservation en leur faveur sont donc prioritaires. Certaines mesures, comme nous le verrons plus loin, visent aussi à favoriser la pie-grièche écorcheur, qui peut être considérée comme une espèce 6 Abréviations des catégories de menaces selon l’IUCN*: RE (éteint), CR (au bord de l’extinction), EN (en danger), VU (vulnérable), NT (potentiellement menacé), LC (non menacé) Virginie Favre, septembre 2007 20 caractéristique du réseau, puisque n’étant pas menacée selon la Liste Rouge, comme le sont les espèces prioritaires. Cette espèce a été retenue car elle est très représentative des pâturages extensifs structurés de surfaces buissonnantes, pâturages d’un grand intérêt écologique. Des fiches ont été établies pour chacune des espèces cibles retenues comme support pour le choix des mesures du projet (annexe 5). Les quatre espèces retenues permettent de définir des mesures répondant aux critères « SMART » définis par Jenny et al. (2002, annexe 7). Il s’agit notamment, selon ces critères, de choisir des mesures, pour les différentes espèces cibles, qui soient mesurables pour l’évaluation du projet. Pour le torcol fourmilier, les données du programme de conservation de cette espèce sur la Côte pourront être consultées auprès du SFFN. Dans l’avant-projet envoyé pour acceptation au canton (annexe 3.a), le silène n’avait pas été indiqué comme espèce cible car il n’avait pas encore été découvert sur le périmètre. La huppe fasciée avait été retenue comme espèce cible mais le SFFN a finalement préféré qu’elle ne soit pas considérée comme telle (les raisons de ce choix sont expliquées plus loin). La linotte mélodieuse et le bruant zizi n’ont pas été retenus comme espèces caractéristiques car nous possédions peu de données sur ces espèces dans le périmètre par rapport aux autres espèces. 3) Dossier d’avant-projet (annexe 3) Un dossier d’avant-projet du réseau écologique d’Essertines-sur-Rolle a été soumis au canton pour acceptation le 9 mars 2006. Dans ce dossier, un rapport présente le cadre du projet, le périmètre du projet et les objectifs généraux en indiquant notamment : - les biotopes présents dans le périmètre (notamment les prairies sèches de l’inventaire fédéral des prairies et pâturages secs), la disposition des SCE, les potentialités de développement en faveur de la nature, les espèces cibles retenues, leurs besoins écologiques ainsi que les mesures générales prévues pour favoriser ces espèces. Le dossier contient également une carte au 1 : 25’000 (annexe 3.b) qui situe le périmètre du projet ainsi que les zones faisant partie de l’inventaire provisoire des prairies sèches, les SCE déjà prévues dans le réseau et la zone prioritaire pour le réseau. Deux cartes au 1 : 10'000 détaillent la situation des SCE déjà prévues dans le réseau (annexe 3.c/d). 4) Réponse du canton Le service de la nature du canton de Vaud s’est montré favorable à la mise en place d’un réseau écologique à Essertines-sur-Rolle mais sous certaines conditions (25 avril 2006) : a) Que le réseau écologique se développe sur le plateau d’Essertines-sur-Rolle : La plupart des SCE inscrites au réseau dans l’avant-projet sont présentes dans la partie sud du projet, sur le coteau sec du périmètre. Virginie Favre, septembre 2007 21 Le service de la nature est prêt à accepter le projet mais à condition qu’il y ait la possibilité de développer le réseau écologique sur le plateau d’Essertines-sur-Rolle, dans les zones de culture intensive. Il faudrait donc que petit à petit, des SCE s’ajoutent sur le plateau d’Essertines-sur-Rolle. Dans cette zone, comme il a été fait mention au préalable, les exploitants sont plutôt réticents au projet de réseau écologique. b) Que la huppe fasciée ne soit pas retenue comme espèce cible : Dans la phase d’avant-projet, la huppe fasciée avait été définie comme espèce cible. Cette espèce étant très exigeante au niveau écologique, les objectifs du réseau ont été évalués comme trop ambitieux par rapport à la population actuelle et donc les chances de réussite trop minces. De plus, le suivi de cette espèce est difficile (selon Monsieur Jean Petit-Matile, mandaté par la station ornithologique suisse de Sempach dans le cadre du suivi de la huppe sur la Côte), compromettant ainsi les résultats d’un suivi. 3) Que le périmètre du projet englobe totalement les cultures de vigne au sud Dans la phase d’avant-projet, une partie des cultures de vigne dans le bas du coteau sec a été intégrée dans le périmètre. Pour le service de la conservation de la nature, il était souhaitable de considérer l’entier du milieu viticole de la zone, n’en considérer qu’une partie manquait de sens (si l’on veut définir un objectif par rapport à une espèce cible typique du milieu viticole, il faut intégrer un domaine viticole plus important en terme de surfaces que celui qui était prévu). Il a finalement été choisi d’abandonner les zones de vigne dans le cadre du projet réseau car les vignerons ne se sentaient pas prêts à se lancer dans le projet. 5) Recherche de solutions par rapport aux conditions posées par le SFFN Des possibilités ont alors été trouvées pour répondre aux conditions posées par le SFFN. La condition visant à développer le réseau écologique sur le plateau d’Essertines-sur-Rolle trouve des solutions : a) Premièrement, M. Hofer a annoncé qu’il devrait acquérir des terrains dans cette zone et qu’il les inscrirait dans le réseau écologique. En juin 2007, ces terrains ont pu en effet être acquis par M. Hofer, ils pourront être inscrits au réseau en 2008 (la date limite du 2 mai 2007 pour l’inscription des SCE au réseau ayant été dépassée). b) Deuxièmement, la commune d’Essertines-sur-Rolle est propriétaire d’une partie des terrains dans cette zone et a manifesté son intérêt à collaborer au réseau écologique suite à la demande de M. Hofer. Le bail de ces terrains arrivant à échéance, un nouveau bail pourrait être établi qui statuerait l’inscription de ces surfaces en SCE et au réseau (les mesures pour ces surfaces devront être définies en temps voulu). c) Troisièmement, il est probable que le projet de réseau écologique démarrant, de nouveaux exploitants se montrent motivés à faire partie du réseau. Pour ces derniers, il sera alors possible d’entrer « en cours » de projet, moyennant une taxe d’entrée afin de compenser les coûts de mise en place du projet que les premiers exploitants inscrits dans le réseau auront supportés (pour plus de détails, voir le chapitre 3.3 concernant le financement du projet). Virginie Favre, septembre 2007 22 Pour ces exploitants possédant des terres en zone de culture intensive, il faudra peut-être prévoir de définir des espèces cibles supplémentaires et des mesures spécifiques visant à favoriser ces espèces, étant donné que les milieux y sont passablement différents de ceux de la partie sud du périmètre. De plus, pour encourager ces exploitants à participer au réseau, il faudra peut-être trouver des mesures spécifiques qui ne soient pas trop contraignantes. Lors d’une rencontre avec les agriculteurs (24 avril 2007), M. Maillefer a notamment présenté la possibilité de mettre en place un type de SCE nommé « bandes culturales extensives7 » qui pourrait se révéler adapté afin de développer le réseau écologique dans les zones de grandes cultures. Il a donné l’exemple de la région de Champtauroz où cette mesure semble donner satisfaction à son utilisateur. 6) Définition des mesures d’entretien des SCE pour inscription dans le réseau en 2007 et acceptation par les exploitants Des mesures ont été définies pour les SCE que les exploitants souhaitent inscrire dans le réseau écologique. Les mesures visent entre autres à favoriser les espèces cibles définies à ce jour pour ce réseau (lézard des souches, silène, torcol fourmilier et pie-grièche écorcheur). Pour chaque SCE, une fiche technique décrivant les mesures à entreprendre dans le cadre du réseau de Mont-sur-Rolle a été établie (annexe 6). Chaque fiche comprend les indications suivantes : - no de parcelle, situation, coordonnées, type de SCE, exploitant, surface, état initial, objectifs, mesures, suivi des mesures. Les points concernant le suivi des mesures pourront être définis ultérieurement dans la phase du dépôt du projet final (non décrit dans ce rapport car en phase d’élaboration). Suite à la rédaction des mesures d’entretien des SCE du réseau écologique, une rencontre a eu lieu le 5 avril 2007 chez M. Christian Hofer (personnes présentes : Christian Hofer, Alexandre Maillefer, Virginie Favre). Nous avons préalablement discuté des mesures avec M. Hofer qui s’est ensuite occupé de distribuer à chaque exploitant les fiches techniques des mesures le concernant ainsi que de planifier la rencontre du 24 avril 2007 visant à discuter des mesures prévues pour le réseau, avec la présence de chaque exploitant, le biologiste mandaté pour la mise en place du réseau ainsi qu’un conseiller agricole jouant le rôle de médiateur. Le tableau 5 recense les personnes présentes lors de la réunion du 24 avril 2007 dans les locaux communaux d’Essertines-sur-Rolle. 7 La définition des bandes culturales extensives est donnée dans la 2ème partie de ce rapport. Virginie Favre, septembre 2007 23 Tableau 5. Liste de présences lors de la réunion du 24 avril 2007. Personnes présentes M. Christian Hofer M. Urs Ackerman M. Laurent Clerc M. Marc Merminod M. P.-A. Meylan M. Michel Monnard M. P.-A. Serex M. Alexande Maillefer M. Jean-Luc Martrou Mme Virginie Favre Fonction Exploitant agricole et meneur du groupe d’exploitants prenant part au réseau écologique Exploitant agricole ayant soutenu M. Hofer lors de l’initiation du projet Exploitant agricole Exploitant agricole Exploitant agricole Exploitant agricole Exploitant agricole Biologiste mandaté dans le cadre du projet réseau de réseau écologique d’Essertines-surRolle Conseiller agricole Prometerre Observatrice Parmi les exploitants entrant dans le projet réseau, il manquait M. Pierre Jaccard. Les mesures touchant à ses SCE ont été discutées lors d’un entretien téléphonique avec M. Maillefer. M. Jaccard a accepté les mesures définies. La discussion s’est faite dans un climat très calme, ce qui n’est pas le cas dans tous les projets de réseaux lorsque la définition des mesures est abordée (selon M. Maillefer). Ceci s’explique notamment du fait que les mesures définies dans le réseau d’Essertines-sur-Rolle sont relativement peu contraignantes. De ce fait, le conseiller agricole n’a pas eu besoin d’intervenir à titre de médiateur comme il peut être nécessaire dans certains cas. Il inscrivait à mesure de la discussion, sur un panneau, à titre récapitulatif, les mesures acceptées sans modifications et les mesures à modifier. Une mesure demandait le maintien ou la mise en place de petites structures favorables à la faune telles que buissons et arbres isolés, bois mort au sol ou sur pied, rocaille. Les exploitants ont jugé que le terme « mise en place » de telles structures était de trop. En effet, sur leurs SCE, la difficulté est plutôt de maintenir le milieu ouvert et d’empêcher un embuissonnement trop important. De la sorte, ils jugent l’expression « maintien de petites structures » suffisante. Cette mesure a dès lors été modifiée pour certaines SCE en supprimant l’expression « mise en place ». Pour la mesure « disposer des branches et/ou tas de pierres en bordure des structures boisées », les exploitants ont demandé qu’il soit précisé que cette mesure ne s’appliquait que lors de mesures d’entretien, comme la taille de leurs haies par exemple. Enfin, certains exploitants ne souhaitaient pas replanter des arbres tombés sur toutes leurs SCE concernées par cette mesure, visant à assurer le maintien de vieux arbres au cours du temps, en faveur du torcol fourmilier entre autres. Ils le justifient par exemple par le fait que certains sites où il faudrait replanter des arbres sont trop contraignants au niveau de l’accessibilité. Pour ces sites, la mesure sera donc uniquement de maintenir les vieux arbres. Suite à la modification et acceptation finale des mesures, les fiches des mesures par SCE ont été remises aux exploitants et avant le 2 mai 2007 au service de la nature du canton de Vaud. Cette date étant l’échéance fixée pour inscrire les SCE qui entrent dans un réseau écologique en 2007, sans que cela assure pour autant que le réseau soit accepté. Néanmoins, s’il l’est, les agriculteurs toucheront déjà la contribution réseau pour 2007. Virginie Favre, septembre 2007 24 7) Suite du calendrier Durant la première année du réseau écologique, seules les SCE inscrites au réseau écologique recevront les contributions en vertu de l’OQE. Suite à la première étape qui a consisté en la définition des SCE intégrées durant la première année du réseau et des mesures à entreprendre sur chacune de ces SCE; le projet de réseau écologique d’Essertines-sur-Rolle devra se développer dans la partie nord du périmètre, selon les exigences du service de la nature du canton de Vaud. Cependant, hormis les quelques terrains qu’exploitera prochainement Christian Hofer et ceux que la commune d’Essertines-sur-Rolle mettrait en SCE pour le développement du réseau, la SAU sur le plateau d’Essertines-sur-Rolle est surtout exploitée en grandes cultures, et les exploitants de ces surfaces se montrent, pour le moment, peu enclins à participer au réseau écologique. Un projet de réseau final devra être remis d’ici le 30 septembre 2007 au SFFN. Ce rapport précisera notamment les mesures visant à développer le réseau sur le plateau d’Essertines-surRolle8. 3.3 Financement de la planification du projet de réseau Lorsque la planification d’un projet réseau nécessite le recours à des professionnels de l’environnement, ce qui est le cas dans la plupart des projets réseau, des coûts seront engendrés pour les agriculteurs. Dans le cas du réseau écologique d’Essertines-sur-Rolle, les 8 agriculteurs doivent donc trouver une manière équitable permettant de financer la planification du projet. Le projet étant plus ou moins rentable pour chaque agriculteur selon la quantité de SCE inscrites au réseau et selon les contributions qu’elles touchent, il est normal que les agriculteurs qui bénéficient financièrement plus du réseau, le financent également dans de plus larges proportions. De part son expérience, M. Maillefer a conseillé aux agriculteurs initiant le réseau de constituer un « pot commun » pour le réseau. Ensemble, ils devront également définir à quelle proportion chaque agriculteur contribuera à la phase d’initiation du réseau. Une solution assez simple est qui a été choisie par les agriculteurs d’Essertines-sur-Rolle est que chaque agriculteur verse dans un pot commun la contribution réseau qu’il a reçue pour la 1ère année de l’inscription au réseau. La 1ère contribution réseau de tous les agriculteurs permet en principe de couvrir les frais de conception et de suivi des mesures. Du fait que l’agriculteur porteur du projet se soit particulièrement investi dans la phase initiale du projet, il peut être défrayé pour son temps d’investissement. Le groupe d’agriculteurs peut donc également considérer ce point. Il est possible que dans le futur, d’autres agriculteurs de la région souhaitent participer au réseau. Dans ce cas, il est normal que ces agriculteurs paient une taxe d’entrée afin de contribuer aux coûts supportés par les huit agriculteurs ayant initié le réseau à Essertines-surRolle. Le groupe d’agriculteurs devra définir comment la taxe d’entrée sera calculée. 8 Ce rapport est en cours d’élaboration par le bureau d’étude en environnement « Maillefer & Hunziker ». Virginie Favre, septembre 2007 25 4 Discussion Le suivi de la phase initiale du projet réseau d’Essertines-sur-Rolle a permis de relever certaines « difficultés » qui pouvaient se rencontrer dans un tel projet. Ces contraintes sont discutées ci-dessous. 1) Modifications exigées par les services de la nature et de l’agriculture Le projet doit notamment prendre en considération les demandes des services de la nature et de l’agriculture. Dans le cas du projet d’Essertines-sur-Rolle, il a fallu reconsidérer le périmètre du projet et abandonner la huppe fasciée comme espèce cible. Dans notre cas, les modifications exigées ont été relativement simples à satisfaire. 2) Lancement du projet et travail pour motiver d’autres agriculteurs Dans le cadre du projet réseau d’Essertines-sur-Rolle, M. Hofer, agriculteur à Mont-sur-Rolle, a lancé l’idée du réseau. Intéressé par la possibilité de développer un réseau sur son exploitation, il s’est alors documenté sur le sujet et a accompli des démarches pour motiver d’autres agriculteurs de sa région. De telles démarches requièrent un investissement important en temps pour le porteur du projet, notamment pour rencontrer les différents agriculteurs de la région et leur expliquer les avantages qu’aurait la mise en réseau sur leur exploitation. De plus, motiver d’autres agriculteurs n’est pas une tache aisée, certains ne souhaitent même pas entrer en matière. Dans un premier temps, le porteur du projet doit donc s’investir fortement et le parcours menant finalement à la déposition du projet de réseau peut être assez long. Les réseaux écologiques sont des projets assez récents (rappel : l’OQE est entrée en vigueur en 2001). Début 2006, au commencement de la démarche du projet d’Essertines-sur-Rolle, les agriculteurs ne disposaient que de peu d’informations et d’exemples sur les réseaux écologiques. Dans le canton de Vaud, les réseaux inscrits étaient au nombre de 3 : le réseau du Pays-d’Enhaut, le réseau de Moudon et le réseau de Montaubion-Chardonney (Friedli, 2006). Ainsi, pour les agriculteurs, il était difficile d’avoir du recul par rapport aux réseaux écologiques. Il est donc fortement compréhensible que certains agriculteurs se montrent méfiants à l’égard des projets de réseaux écologiques. Motiver suffisamment d’agriculteurs est une tâche exigeante en investissement personnel pour le porteur du projet. Ceci est une difficulté qui pourrait démotiver plus d’un porteur de projet à abandonner une idée de projet réseau. Le porteur du projet doit donc avoir une motivation solide. 3) Définition de mesures SCE à la fois écologiquement intéressantes et acceptées par les agriculteurs Les mesures SCE doivent répondre aux attentes en matière d’écologie mais doivent aussi être approuvées par les agriculteurs qui seront chargés de leur application. Les agriculteurs ont souhaité supprimer les mesures visant à mettre en place de nouvelles structures dans les pâturages (buissons, tas de pierres, ...). Au final, il est uniquement fait référence au maintien de ces structures dans les pâturages dans les fiches des mesures pour chaque SCE de type pâturage boisé. De même seuls quelques agriculteurs sont prêts à replanter des vieux arbres tombés. Il semble ressortir des fiches mesures que l’investissement supplémentaire pour toucher les contributions réseau est assez léger pour les 8 agriculteurs initiant le réseau. Virginie Favre, septembre 2007 26 Fallait-il persuader les agriculteurs de mettre en place de nouveaux éléments sur leurs SCE ou définir des mesures écologiquement plus intéressantes mais aussi plus contraignantes pour les agriculteurs, au risque de les démotiver à entrer dans la démarche de réseau ? Les pâturages extensifs dont il était question pour ce type de mesure ont une haute qualité écologique et ils remplissent déjà en partie les conditions nécessaires visant à favoriser les espèces cibles du projet. Il peut sembler que les mesures définies dans le cadre du réseau d’Essertines-sur-Rolle ne vont peut-être pas améliorer leur qualité, ni leur attractivité déjà élevée pour les espèces cibles. Cependant, inscrire ces surfaces en réseau permet de favoriser leur maintien afin de conserver les espèces qu’elles abritent. Cela favorise par exemple le lézard des souches, habitant de nombreux pâturages extensifs d’Essertines-sur-Rolle, car ses populations auront plus de chance de se maintenir dans un milieu qui lui convient et surtout qui est maintenu en l’état qui lui convient (un réseau est inscrit pour une durée de 6 ans mais devrait en principe être maintenu après ces 6 années). Le fait que suffisamment de SCE de haute valeur écologique soient présentes dans la partie sud du projet facilite l’élaboration du projet de réseau. Les mesures à mettre en place pour inscrire un réseau sont peu contraignantes pour les agriculteurs ayant des SCE dans cette partie. Même si dans un 1er temps, l’effet sur les espèces cibles risque d’être peu visible, puisque les mesures d’entretien définies dans les fiches mesures sont déjà en grande partie réalisées par les agriculteurs, inscrire ces SCE en réseau constitue une base du projet à partir de laquelle il pourra évoluer. A Essertines-sur-Rolle, l’inscription du réseau motivera peut-être de nouveaux agriculteurs, notamment dans la partie nord du périmètre. Des SCE pourraient être extensifiées et de nouvelles ajoutées dans cette partie. Il vaut mieux laisser le temps au concept de réseau écologique de mûrir dans les esprits : exiger dès le départ des mesures écologiques trop contraignantes pour les agriculteurs pourrait bloquer un projet réseau. Etablir des mesures écologiques facilement acceptées permet d’entrer dans la démarche de réseau. Une fois le réseau inscrit, de nouvelles mesures pourront peut-être être discutées et être petit à petit mises en place. Il faut aussi considérer les contributions réseau comme un soutien aux agriculteurs de la région qui entretiennent des pâturages extensifs de grande valeur dans des conditions difficiles : les pentes y sont très raides. Que deviendraient ces surfaces sans les agriculteurs ? D’autant plus que ces terrains sont très convoités par le secteur immobilier ou les privés qui cherchent à construire une villa. Depuis ces terrains, la vue sur le Léman est absolument splendide et la région reste assez proche des centres urbains. 4) Développement du réseau en zone d’agriculture intensive Développer le réseau sur le replat d’Essertines-sur-Rolle, partie nord du périmètre actuellement pauvre en SCE inscrites au réseau, est une condition sine qua non, posée par les services de la nature et de l’agriculture, pour l’acceptation du projet réseau. Comme nous l’avons vu, des SCE pourront y être inscrites grâce à l’acquisition par M. Hofer de parcelles dans cette zone (annexe 4). La commune d’Essertines-sur-Rolle pourrait aussi participer au développement du projet dans la partie nord en stipulant dans le bail de ses parcelles le fait qu’elles devront être inscrites en SCE et au réseau écologique. Ce sont là des solutions intéressantes mais suffiront-elles à mettre en place un réseau de SCE satisfaisant du point de vue de la nature en permettant de répondre aux exigences du SFFN ? Virginie Favre, septembre 2007 27 Le projet réseau écologique d’Essertines-sur-Rolle, une fois sur les rails, motivera peut-être des agriculteurs possédant des parcelles et notamment des SCE dans la partie nord du réseau à participer également au projet. Ceci permettrait de développer le réseau selon la demande des services de la nature et de l’agriculture. Cela dit, rien ne pourra évoluer dans ce sens si les agriculteurs concernés ne se sentent pas motivés par ce projet réseau. Virginie Favre, septembre 2007 28 5 Conclusion Les différentes étapes de l’initiation du projet réseau d’Essertines-sur-Rolle, développées dans ce rapport, permettent de se représenter le déroulement d’un projet réel de mise en réseau dans sa phase initiale. Dans le cas du projet d’Essertines-sur-Rolle, nous avons vu que le porteur du projet s’est particulièrement investi dans le projet afin qu’il puisse se réaliser. Pour les autres agriculteurs, l’investissement en temps a consisté en quelques séances et la prise de connaissance du projet. Si celui-ci est accepté, les agriculteurs bénéficieront de contributions réseau très intéressantes qui compenseront leur investissement dès la 2ème année du réseau en principe. Dans le chapitre 3.2 traitant du déroulement de l’initiation du projet, nous avons fait ressortir quelques difficultés inhérentes au projet (motiver suffisamment d’agriculteurs, définir des mesures écologiques avec l’approbation des agriculteurs, développer le réseau en zone de grandes cultures). La littérature sur les réseaux écologiques fait peu état de ce type de difficultés. De même, les rapports de fin d’études des hautes écoles suisses, sur le thème des réseaux écologiques, sont plutôt consacrés à l’étude écologique du périmètre réseau et à des propositions techniques concernant la mise en place de nouvelles SCE. Il est apparu intéressant, pour ce travail réalisé dans le cadre de la formation ECOFOC, formation qui met l’accent sur la multidisciplinarité dans le domaine de l’environnement, de présenter les aspects organisationnels et liés aux acteurs de la mise en réseau. Ne pas présenter uniquement les résultats d’un projet réseau au niveau de sa conception, mais présenter aussi certaines contraintes inhérentes à sa conception est important car cela permet de montrer comment ces contraintes trouvent des solutions. De tels exemples peuvent s’avérer rassurants et encourageants pour toute personne souhaitant initier une démarche réseau et rencontrant des difficultés similaires à celles présentées dans ce rapport. Le cas d’Essertines-sur-Rolle fait ressortir la difficulté de développer les réseaux écologiques dans les zones de grandes cultures. En Suisse, la majorité des SCE sont du type prairies extensives et prairie peu intensives : 51,9% des SCE sont du type prairies extensives, 34,8 % de type prairies peu intensives (OFEFP, 2005). Dans le canton de Vaud, 85% des SCE inscrites en réseau sont du type prairie extensive, prairie peu intensive ou pâturage extensif, soit des herbages (proportion calculée à partir des données du service de l’agriculture, annexe 7). Or, les agriculteurs qui vivent des grandes cultures et qui ne possèdent pas de bétail, n’ont en général pas d’herbages. Comment ces exploitants peuvent-ils donc développer des réseaux écologiques ? Lorsqu’ils ne possèdent pas non plus de surfaces de compensation de type vergers, haies, berges boisées, etc., ils peuvent choisir d’inscrire des SCE de type jachères florales, jachères tournantes ou bandes culturales extensives. Ces trois types de SCE concernent justement les exploitations de grandes cultures. Elles sont particulièrement adaptées comme élément de liaison pour les réseaux écologiques (Schaffner et Mosimann, 1999). Lors de la discussion du 24 avril 2007 dans le cadre du projet réseau d’Essertines-sur-Rolle, le spécialiste mandaté sur ce projet a lancé l’idée de la mise en place de bandes culturales extensives comme une des solutions qui pourrait être intéressante pour développer le réseau écologique dans la zone d’agriculture intensive. Suite à des recherches pour étudier les potentialités qu’offraient les bandes culturales extensives dans le cadre d’un projet réseau, il s’est finalement avéré intéressant de leur consacrer une étude exploratoire dans la partie II de ce travail, les recherches ayant abouti à l’acquisition de données récentes très intéressantes. Virginie Favre, septembre 2007 29 Partie II Bandes culturales extensives : étude exploratoire et évaluation de leurs potentialités dans le cadre du développement des réseaux écologiques en zone d’agriculture intensive 6 Introduction Comme illustré dans le cas du projet de réseau écologique d’Essertines-sur-Rolle, développer un réseau écologique en zone d’agriculture intensive* semble plus délicat que dans une zone avec des SCE* et autres milieux naturels déjà bien représentés. Dans le cas d’Essertines-sur-Rolle, il faudrait, pour développer le réseau écologique dans la zone d’agriculture intensive, proposer des mesures « douces » pour les exploitants, c’est-àdire que les mesures à entreprendre dans le cadre du réseau écologique ne doivent pas être trop contraignantes pour les exploitants possédant leurs parcelles dans des zones d’agriculture intensive. Proposer des solutions pour développer le réseau par des mesures douces pourrait encourager de nouveaux agriculteurs à s’engager dans le projet. De par son expérience en conception de réseaux écologiques, M. Maillefer a fait part aux agriculteurs d’Essertines-sur-Rolle de la possibilité de mettre en place quelques bandes culturales extensives, comme SCE, dans la zone d’agriculture intensive afin d’y développer le réseau. Cette possibilité se profile comme mesure douce permettant de développer les réseaux écologiques en zone d’agriculture intensive. Les bandes culturales extensives font partie des 16 types de SCE au niveau suisse. Il s’agit de bandes de cultures qui ne sont pas traitées avec des pesticides et qui ne reçoivent pas d’engrais. Dès lors, elles permettent à des plantes messicoles*9 de s’installer entre les plantes cultivées. Cette mesure a l’avantage de permettre aux agriculteurs de continuer à exploiter leur parcelle en grande culture malgré la mise en place d’une SCE, bien que de manière plus extensive. Le type « bandes culturales extensives » comme SCE a pour but écologique de favoriser les plantes messicoles et la faune associée. Les plantes messicoles ont vu leurs effectifs se réduire drastiquement ces dernières années (Moser et al., 2002 ; LSPN, 1982 ; Marzio et Jolivet, 1997) et « les bandes culturales extensives » se sont profilées comme une mesure qui pourrait les protéger. Cependant, jusqu’à aujourd’hui, elles ont été peu mises en place par les agriculteurs: seuls 35 ha pour toute la Suisse étaient inscrits en 2004. Quelles sont donc les raisons de ce faible engouement ? Nous tenterons de comprendre ce phénomène en recherchant quels sont les avantages et les contraintes liés à la mise en place des bandes culturales extensives. 9 Plantes messicoles : aussi appelée plantes ségétales ou plantes accompagnatrices des cultures, ce sont des espèces qui ont adapté leur cycle de vie à celui des semences et des récoltes des cultures (Scholz, 1996 ; LSPN, 1982 ; Marzio et Jolivet, 1997). L’intensification de l’agriculture et en particulier l’utilisation de pesticides a fait diminuer fortement la quantité de fleurs messicoles dans les cultures, si bien que nombre d’entre elles sont aujourd’hui menacées (Moser et al., 2002 ; LSPN, 1982 ; Marzio et Jolivet, 1997). Virginie Favre, septembre 2007 31 But II : Dans la 2ème partie de ce rapport, une démarche exploratoire a été conduite afin de fournir des données et informations sur les bandes culturales extensives afin de mieux documenter ce type de SCE et d’évaluer dans quelles mesures il est possible de les utiliser comme outil dans le cadre de la mise en place de réseaux écologiques en zone d’agriculture intensive, comme dans le cas de la partie nord du réseau d’Essertines-sur-Rolle. Ces données pourront fournir des exemples aux agriculteurs qui souhaiteraient mettre en place des bandes culturales extensives, notamment dans le cadre d’un réseau écologique. Dans cette perspective, un rapport plus concis consacré aux bandes culturales extensives devrait être élaboré. Virginie Favre, septembre 2007 32 Méthodologie Afin de documenter l’utilisation, la gestion, les avantages et inconvénients des bandes culturales extensives, des informations ont été recherchées dans la littérature. Les bases de données du réseau des bibliothèques suisses (réseau NEBIS notamment, www.nebis.ch) ne répertoriant que peu de documents strictement dédiés aux bandes culturales extensives, des recherches d’informations ont été réalisées auprès des instituts de recherche suisses s’occupant des domaines « nature-agriculture ». Des informations ont été fournies par la station de recherche en agriculture de Reckenholz, auprès de l’équipe de recherche en Ecologie du paysage et Biodiversité, et auprès de la Haute Ecole d’Ingénieurs en agriculture de Zollikofen où des études sur les bandes culturales extensives ont été menées. Afin de présenter l’expérience d’un agriculteur dans la gestion des bandes culturales extensives, une rencontre a été organisée avec un agriculteur du canton de Vaud ayant mis en place des bandes culturales extensives comme SCE dans ses cultures, bandes culturales qui pourraient être inscrites dans le cadre d’un réseau écologique cette année. La rencontre a été menée sous forme d’un entretien semi-structuré* (Schönhuth & Kievelitzeschborn, 1994). Le but étant d’obtenir des informations sur la gestion des bandes culturales extensives au sein d’une exploitation agricole. Virginie Favre, septembre 2007 33 7 Résultats Le chapitre Résultats présente les informations recensées concernant les bandes culturales extensives. Ces informations ont été compilées à partir d’articles publiés et d’études non publiées en allemand et du document de la vulgarisation agricole « compensation écologique dans l’exploitation agricole » de Koller et al. (2001). Ces données sont aussi complétées par les informations recueillies lors d’un entretien semi-structuré avec un agriculteur du canton de Vaud exploitant des bandes culturales extensives. 7.1 Les bandes culturales extensives: aspects généraux Les « bandes culturales extensives » désignent des bandes de cultures exploitées de façon extensive dans les grandes cultures. Elles sont imputables comme SCE et donnent droit à des contributions de 1’500.-/ha (lors de l’entrée en vigueur de l’OPD, la contribution était de 1'000.-/ha). L’encadré suivant reprend les conditions de la fiche du SRVA « compensation écologique dans l’exploitation agricole ; Conditions – contributions - … » (Koller et al., 2001) en ce qui concerne ce type de SCE. « Type 6 : Bandes culturales extensives - Situation et cultures : - uniquement en région de plaine (ZGC-ZC), - bandes en bordures de champ, semées de céréales (sauf maïs), colza, tournesol, pois protéagineux, féverole ou soja, - le reste de la parcelle peut être occupé par une autre culture (sauf prairie artificielle), - aménagées dans le sens du travail de la parcelle cultivée et sur toute sa longueur (la surface perpendiculaire au sens du travail n’est pas prise en compte). - Aucune fumure azotée. - Aucun insecticide. - Traitement plante par plante : uniquement pour les plantes à problèmes, s’il est impossible de les combattre raisonnablement par des moyens mécaniques. - Sarclage mécanique à grande échelle interdit. Exceptions Les autorités cantonales peuvent autoriser un sarclage mécanique de la surface lorsque les circonstances le justifient. Il s’ensuit une perte du droit aux contributions pour l’année concernée. - Largeur de la bande (du bord de la parcelle jusqu’à la culture menée normalement) : au minimum 3 m et au maximum 12 m. - Récolte : le battage des cultures aménagées sur les bandes culturales extensives doit se faire à maturité. - Durée : min. 2 cultures principales successives sur le même emplacement. » Le tableau 6 fait état du nombre d’hectares déclarés en SCE de type bandes culturales extensives en 2004 (OFAG, 2005). Virginie Favre, septembre 2007 34 Tableau 6. Contributions versées en 2004 pour les bandes culturales extensives. Paramètre Unité Exploitations Surface Surface par exploitation Contribution par exploitation Contributions Contributions en 2003 nombre ha ha fr. 1000 fr. 1000 fr. Région de plaine 98 30 0.31 460 45 38 Région des collines 18 5 0.29 438 8 9 Région de montagne 0 0 0 0 0 0 Total 116 35 0.30 457 53 46 A titre de comparaison, le tableau 7 fait état du nombre total d’hectares déclarés en 2004 pour différents types de SCE (OFAG, 2005). Tableau 7. Nombre d’hectares déclarés en 2004 pour différents types de SCE. Type de SCE Prairies extensives Prairies peu intensives Jachères florales Surfaces à litières Haies, bosquets champêtres et berges boisées Jachères tournantes Bandes culturales extensives Surface totale (ha) en Suisse en 2004 50288 33659 2429 6950 2405 1069 35 Les bandes culturales sont nettement moins représentées en Suisse que les autres types de SCE. Entre 1999 et 2004, le nombre de bandes culturales a passé de 59 à 35 ha. Les bandes culturales extensives semblent à ce jour encore méconnues par les agriculteurs (Eggenschwiller et al., 2007). 7.2 Les bandes culturales extensives comme mesure écologique Les bandes culturales extensives favorisent avant tout les plantes liées aux cultures des champs, dites plantes messicoles (Schaffner et al., 1999). Les plantes messicoles étaient autrefois très représentées dans nos cultures : environ 300 espèces de plantes telles que bleuets et coquelicots accompagnaient les cultures (figure 7). Ces fleurs ont petit à petit été éliminées des cultures, notamment par le nettoyage toujours plus efficace des semences ainsi que par l’utilisation de pesticides et d’engrais minéraux (Eggenschwiller et al., 2007). Des études menées par la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon (ART* ; Eggenschwiller et al., 2007) ont montré qu’environ le double d’espèces végétales était présent dans les bandes culturales extensives par rapport aux cultures avoisinantes exploitées de manière intensives. En tout, 185 espèces ont été relevées dans les bandes culturales extensives étudiées par l’ART. Pour favoriser la diversité dans ces bandes culturales extensives, il est possible d’y semer des mélanges de plantes messicoles disponibles sur le marché. L’ART a mené des études afin de comparer les espèces végétales dans les bandes culturales extensives semées de tels mélanges Virginie Favre, septembre 2007 35 et celles qui n’ont pas reçu un nouvel apport de semences. Dans les bandes semées de plantes messicoles, des espèces végétales menacées au niveau Suisse ont été à chaque fois retrouvées. Par contre, dans les bandes non semées, seul un cinquième des espèces végétales sont menacées. Figure 7. Flore messicole dans un champ de blé (coquelicots en rouge et bleuets en bleu). Ces résultats montrent donc que semer un mélange de fleurs des champs, dans les bandes culturales extensives, favorise les fleurs messicoles menacées. Or, un tel apport est optionnel et volontaire de la part des agriculteurs selon les conditions requises pour toucher les contributions OPD pour les bandes culturales extensives (Koller et al., 2001). Au niveau de la faune, de nombreux animaux dépendent de la flore accompagnatrice des cultures. Par exemple, le nombre d’espèces d’insectes dépendant directement ou indirectement d’une plante messicole est estimé entre 25 et 50. Il a aussi été montré que 4 à 5 fois plus de papillons sont dénombrés dans les bandes culturales extensives par rapport aux cultures intensives (Di Giulio, 2003). Les bandes culturales extensives sont aussi favorables pour l’avifaune, essentiellement pour les oiseaux nichant au sol. L’alouette des champs par exemple, une espèce menacée en Suisse, niche au sol dans les cultures et construit son nid à partir de plantes accompagnatrices des cultures. Dans les cultures intensives, elle ne trouve cependant pas d’espace suffisant pour installer son nid. En plus, elle ne pourra pas y trouver assez d’insectes, araignées ou graines pour se nourrir (Di Giulio, 2003). 7.3 Bandes culturales extensives : inconvénients et avantages pour les agriculteurs 7.3.1 Inconvénients des bandes culturales extensives Nous sommes en mesure de nous demander pourquoi si peu d’agriculteurs inscrivent des SCE en bandes culturales extensives. Une enquête auprès des agriculteurs a été menée par l’ART (Eggenschwiller et al., 2007 ; Richner, 2006) afin d’analyser ce phénomène. Les résultats de cette enquête n’ont été à ce jour que partiellement publiés dans l’AGRARForschung (Eggenschwiller et al., 2007). Dans Virginie Favre, septembre 2007 36 le cadre de ce travail, des résultats plus complets ont pu être consultés directement auprès de l’ART. Un premier inconvénient relevé par les agriculteurs est le choix limité des cultures (seuls les céréales - sauf le maïs -, le colza, le tournesol, les pois protéagineux, la féverole ou le soja, peuvent être cultivés dans une bande culturale extensive). Un autre inconvénient relevé est l’apparition de plantes indésirables telles que le chardon. Puisque seuls les traitements plante par plante sont autorisés dans les bandes culturales extensives, l’apparition de plantes indésirables pose notamment problème à l’agriculteur car le traitement sera couteux en temps de travail. Dans les régions où la pression des plantes indésirables est forte, il est donc compréhensible que peu d’agriculteurs mettent en place des bandes culturales extensives. Les bandes culturales extensives devraient dès lors être aménagées dans des zones où la pression des adventices est plutôt faible, en général dans des zones où la terre est plutôt légère, ce qui est le cas avec des sols plutôt sablonneux. D’autres critiques ont été émises, dues au fait que la diversité des bandes culturales extensives est souvent peu visible depuis le bord des champs et que les fleurs messicoles ont souvent de la peine à s’établir. Les agriculteurs souhaiteraient trouver des semences de plantes sauvages à prix moins élevé. Ils ont aussi demandé à être mieux conseillés par rapport aux bandes culturales extensives. 7.3.2 Avantages des bandes culturales extensives Les bandes culturales extensives sont intéressantes au niveau de la production car les cultures y sont toujours possibles, même si la surface est inscrite en SCE (ce qui n’est pas le cas d’une SCE de type jachère par exemple). L’agriculteur peut donc continuer à y jouer son rôle de producteur, ce qui est important du point de vue de son identité. En effet, des études ont montré que les agriculteurs s’identifient avant tout comme des producteurs (Droz et al., 2001), même si au niveau de la Constitution Fédérale, l’agriculture a également le rôle d’entretien du paysage (LAgr*, CF Art. 910.1). Les bandes culturales extensives attirent tout un cortège d’insectes et autres invertébrés (Di Giulio, 2003). Parmi ces insectes, les « auxiliaires des cultures* » jouent un rôle important au niveau de l’équilibre écologique dans les cultures. Ils sont environ 4 fois plus fréquents dans les bandes culturales extensives par rapport aux cultures intensives. Prédateurs des insectes nuisibles aux cultures, ils maintiennent ainsi les populations de ces parasites à un seuil acceptable pour l’agriculture. Une enquête menée auprès des agriculteurs a du reste révélé qu’une de leurs principales motivations à mettre en place des bandes culturales extensives était de favoriser les auxiliaires de cultures (Eggenschwiller et al., 2007). L’enquête menée auprès des agriculteurs par l’ART (Eggenschwiller et al., 2007) montre que les principales motivations pour la mise en place de bandes culturales extensives sont de : - favoriser la diversité des espèces végétales et des auxiliaires de cultures, obtenir des contributions écologiques supplémentaires, atteindre le minimum de SCE exigé. Le bureau Agrofutura en Argovie a été mandaté pour effectuer des calculs économiques sur les bandes culturales extensives. Il a été démontré que les bandes culturales extensives sont financièrement intéressantes comparativement aux cultures de céréales. Les détails de cette Virginie Favre, septembre 2007 37 étude sont consultables dans l’annexe 9. L’étude prend en compte tous les coûts supplémentaires et les coûts éliminés par la mise en place d’une bande culturale extensive. Les résultats de cette étude sont résumés dans le tableau 8 (traduit en français à partir de l’étude du bureau Agrofutura). Tableau 8. Rentabilité d’une bande culturale extensive (en francs suisses) menée deux années consécutives dans une culture de blé d’hiver puis d’orge d’hiver, avec comparaison entre un système intensif et un système extenso*. Répercussion sur le revenu Répercussion sur l’investissement en travail Répercussion sur le revenu en considérant l’investissement supplémentaire Intensif Extenso Par hectare de culture céréalière avec une bande culturale extensive unilatérale et par année Fr. + 101.-Fr. + 110.-+ 1.7 heures + 1.7 heures Fr. + 57.-- Fr. + 65.-- 7.4 Rencontre avec un agriculteur ayant mis en place des bandes culturales extensives A Champtauroz dans le canton de Vaud, des bandes culturales extensives ont été mises en place depuis quatre ans par Monsieur Etienne Coigny, exploitant agricole. Une visite sur ses terres a permis d’aborder avec lui les avantages et les contraintes des bandes culturales extensives. Afin de répondre à différentes questions concernant les avantages, contraintes et effets des bandes culturales extensives, un canevas répertoriant certaines de ces interrogations a été élaboré avant cette visite (annexe 10). Ce canevas n’a pas été réalisé dans le but de conduire un entretien structuré mais uniquement de définir quelques thèmes à aborder sous forme d’un entretien semi-structuré. 7.4.1 Rapport de l'entretien sur le thème des bandes culturales extensives Les principaux thèmes abordés avec M. Coigny au sujet des bandes culturales extensives sont décrits ci-dessous. En gras, sont énumérés les questions ou thèmes principaux. Les thèmes ont été redéfinis par rapport au canevas initial, à la suite de l’entretien avec M. Coigny, les informations qu’il a données ayant conduit à repenser les thèmes du canevas initialement préparé. Le canevas fut néanmoins utile car il a fourni un outil permettant de vérifier que toutes les interrogations posées, par rapport aux bandes culturales extensives, étaient traitées. Sous chaque thème sont formulées les informations qu’il a eu l’amabilité de fournir. 1. Choix des bandes culturales extensives comme SCE : « L’idée de mettre en place des bandes culturales extensives m’est venue en lisant le document du SRVA « Compensation écologique dans l’exploitation agricole », où ce type de SCE est décrit ». GESTION DES BANDES CULTURALES EXTENSIVES 2. Les bandes culturales extensives en tant que SCE sont-elles des mesures contraignantes ou plutôt douces et dans quels cas ? « C’est une mesure plutôt douce, en tout cas ici étant donné la faible pression des plantes invasives. Elle permet de continuer à exploiter les terres en grandes cultures. Elle n’est Virginie Favre, septembre 2007 38 3. pas à recommander dans des régions à sol plutôt lourd avec une pression forte des plantes indésirables pour l’agriculture ». Invasives : « Les terrains de Champtauroz étant plutôt sablonneux, la pression d’adventices comme le chardon des champs (Cirsium arvense) est faible. Il faut effectuer quelques passages pour supprimer les lampés (Rumex sp., dans mon cas, un après-midi y est consacré par année). Des petites « taches » de gaillet gratteron (Galium aparine) se sont développées dans une des bandes culturales extensives de blé mais elles ne posent pas de problème à ce stade (figure 8). Ici (sous-entendu la bande culturale extensive où se sont développées les taches de gaillet), la bande culturale est menée pour la 2ème année et sera changée de place l’année prochaine, de sorte que ces taches de gaillet gratteron seront éliminées. S’il fallait laisser la bande culturale extensive en place pendant plus de 2 ans, il y aurait quelque chose à craindre quant au développement excessif du gaillet gratteron ». Figure 8. Tache de Gaillet gratteron s’étant développée dans une bande culturale extensive de 12 m de large à Champtauroz. Culture principale : blé extenso. 4. 5. 6. Les bandes culturales extensives engendrent-elles des problèmes de maladies ? « Depuis 10 ans en IP* suisse et en blé extenso*, et ayant mis en place des bandes culturales extensives sur ces cultures depuis 4 ans, je n’ai eu aucun problème de maladies du blé. Mais beaucoup de choses entrent en compte et influencent le développement de maladies. Au niveau du travail du sol par exemple, je ménage le sol au maximum ». Rendement de la culture principale dans les bandes culturales extensives « J’évalue la baisse de rendement dans mes bandes culturales extensives de blé à 40% maximum par rapport à la culture annexe. Mais c’est une évaluation visuelle, cela peut être moins que 40% ». Comparaison entre la partie de la parcelle cultivée utilisée de manière traditionnelle et la bande culturale extensive « Par rapport aux traitements que nous utilisons sur nos cultures, mettre en place des bandes culturales extensives me permet de réaliser des expériences intéressantes. En Virginie Favre, septembre 2007 39 7. 8. comparant la partie extensive de mon champ de blé et la partie gérée de manière traditionnelle (IP Suisse avec du blé extenso dans mon cas) je me rends par exemple compte que nous traitons peut-être trop nos cultures quand je regarde le résultat sur la bande non traitée : le blé arrive tout de même bien à se développer, malgré les quelques fleurs qui s’installent. Par contre, on voit que la parcelle de blé qui a reçu des engrais est quand même plus dense que la bande culturale extensive ». Organisation de l’exploitation Est-ce que la rotation des cultures est rendue compliquée par la mise en place de bandes culturales extensives ? « En laissant en place la bande pendant 2 ans, non ce n’est pas contraignant. Par contre, en effet, cela serait plus contraignant s’il fallait laisser la bande en place plus longtemps ». Et si l’on souhaite maintenir une bande culturale extensive dans le cadre d’un réseau pour une durée de 6 ans au minimum ? « Le réseau est pour une durée de 6 ans, mais cela ne signifie pas qu’il faille laisser une bande culturale extensive à la même place durant 6 ans. Dans le projet de réseau écologique de la région, je me suis engagé à maintenir la présence de bandes culturales extensives mais l’emplacement variera à l’intérieur des parcelles durant les 6 ans du réseau ». Apport de semences de plantes messicoles : « Aucun mélange de fleurs n’est semé dans mes bandes culturales extensives. Et pourtant, dès la première année, les fleurs messicoles sont déjà bien installées (figures 9a/b). J’observe certaines plantes qu’il me semble ne pas avoir observées jusqu’à lors sur mes terres. Sans semer des mélanges grainiers de plantes messicoles, les résultats semblent donc intéressants sur mes parcelles. Les mélanges grainiers de plantes messicoles engendrent des coûts supplémentaires pour l’agriculteur. Ces mélanges sont tout de même relativement chers ». Virginie Favre, septembre 2007 40 Figures 9a/b. Bande culturale extensive de 7 m au bord d’une culture de blé extenso à Champtauroz. La flore messicole installée lors de la première année de mise en place de la bande culturale extensive est déjà intéressante du point de vue écologique. a. b. ECOLOGIE 9. Ecologie (figures 10 a à f): « De nombreuses fleurs s’installent d’elles mêmes dans les bandes culturales extensives. Des relevés effectués en 2006 par la station de recherche de Reckenholz dans les bandes de Champtauroz ont même montré la présence de plantes rares. On y observe de nombreux insectes et au printemps, il est surprenant de voir tant de toiles d’araignées dans les bandes culturales extensives. Sans une étude, il est difficile de prouver qu’il y a une augmentation des auxiliaires, mais de mon point de vue, ces bandes culturales extensives créent sans doute des réservoirs d’auxiliaires aussi utiles pour les cultures adjacentes. Au niveau de l’avifaune, ces bandes culturales sont aussi très favorables. Des petites zones peu denses sont par exemple appréciées des alouettes des champs. Elles y trouvent une place idéale pour se nourrir d’insectes et autres invertébrés qui peuplent ces bandes. Les bandes culturales extensives constituent des zones refuges pour certains animaux et en particulier à certaines périodes, notamment à partir du 15 juin lors de la fauche de nombreuses prairies de plaine en Suisse (date de la 1ère coupe des prairies extensives et peu intensives). En effet, les animaux qui ont par exemple besoin des fleurs pour finir leur cycle de reproduction à cette période, pourront trouver refuge dans les bandes culturales extensives qui sont en général récoltées seulement dès le début d’août ». Virginie Favre, septembre 2007 41 Figures 10a à f. Divers fleurs, insectes et arthropodes trouvent dans les bandes culturales extensives ne recevant aucun pesticide, un habitat adapté. Champtauroz, juin 2007. a. b. c. d. e. f. Virginie Favre, septembre 2007 42 PERCEPTION DES AUTRES AGRICULTEURS 10. Votre exemple a-t-il motivé d’autres exploitants à inscrire des bandes culturales extensives ? « Je me suis intéressé à la possibilité de mettre en place un réseau écologique dans ma région quand j’ai entendu parler des réseaux. Pour pouvoir monter un projet de réseau écologique dans la région, il a fallu motiver d’autres agriculteurs à participer. Deux autres exploitants se sont montrés motivés par la mise en place de bandes culturales extensives pour développer le réseau : un dans la commune de Treytorrens et un à Combremont-le-Grand. Il y aura donc des bandes culturales extensives dans chacune des 3 communes inscrites au projet de réseau ». SATISFACTION 11. Etes-vous satisfait de la mise en place de bandes culturales extensives ? « Oui ». 12. Etes-vous satisfait des contributions liées aux bandes culturales extensives ? « Si le projet de réseau est accepté, les bandes culturales extensives rapporteront 2000./ha par an (1500.-/ha sans la contribution réseau), dans ce cas ce sera satisfaisant si on compte par exemple que le revenu brut du blé est de 3500.-/ha ». BANDES CULTURALES EXTENSIVES : GENERALITES 13. Pourquoi y a-t-il si peu d’agriculteurs qui inscrivent des bandes culturales extensives en Suisse ? « La crainte du développement de plantes invasives semble être l’une des raisons. Une culture où les fleurs des champs peuvent s’installer est perçue comme « sale » par les agriculteurs ». 14. Connaissez-vous d’autres régions du canton où des bandes culturales extensives ont été inscrites en SCE ? - A Moudon. - Il existe encore un autre site sauf erreur. 15. Avez-vous entendu parler de recherches d’alternatives aux bandes culturales extensives ? « Oui, mais pour moi, les dispositions actuelles sont satisfaisantes ». 16. Qu’est ce qui serait intéressant dans le cadre des bandes culturales extensives ? « Dans le cas de mes cultures de blé, au bord desquelles sont disposées des bandes culturales extensives de blé également, il serait intéressant de comparer les rendements de blé de la bande culturale extensive à ceux des cultures menées normalement (IP Suisse dans mon cas ; extenso) ». CONSEILS a) Type de sol « Il ne faudrait pas mettre en place des bandes culturales extensives sur des sols trop lourds où la pression des adventices est forte ». b) Largeur de la bande culturale extensive « Au début, j’ai mis en place des bandes culturales extensives de 3 m de large, soit le minimum exigé, pour tester le résultat. Je pense que les agriculteurs intéressés par la mise en place de bandes culturales extensives devraient commencer par tester comment leurs terrains réagissent à cette mesure en mettant en place, dans un premier temps, des bandes de 3 m. Si l’expérience est concluante, ils verront ensuite s’ils souhaitent élargir Virginie Favre, septembre 2007 43 les bandes sur leurs parcelles. Au niveau de l’écologie, la largeur minimale de 3 m me semble insuffisante selon mon expérience. Notamment, en traitant la culture adjacente, la bande culturale extensive peut tout de même recevoir une dose de pesticides sans avoir été directement traitée, ce qui diminue la largeur à l’intérieur de laquelle la mesure sera vraiment efficace au niveau écologique. J’ai essayé cette année de mettre en place une bande culturale extensive de 12 m, la largeur maximale autorisée. Cependant, cela ne paraît pas optimal par rapport au rendement agricole pour la parcelle. J’ai aussi mis en place une bande culturale de 7 m et il me semble que cette largeur soit un bon compromis entre le rendement et les bénéfices pour la nature ». En annexe 11, quelques images supplémentaires illustrent les bandes culturales extensives de M. Coigny à Champtauroz. Virginie Favre, septembre 2007 44 8 Discussion 8.1 Scepticisme du monde agricole par rapport aux bandes culturales extensives Les données et informations récoltées concernant les bandes culturales extensives permettent dans un premier temps de mieux comprendre pourquoi elles suscitent peu d’engouement de la part des agriculteurs. Du fait que les bandes culturales extensives permettent à l’agriculteur de remplir sa fonction de producteur, et sachant que les agriculteurs se définissent avant tout comme des producteurs (Droz et al., 2001), on aurait pu penser que les bandes culturales extensives auraient du succès en tant que SCE. Or, ce n’est pas le cas et, en général, les agriculteurs semblent assez septiques par rapport à ce type de SCE. Ils paraissent particulièrement redouter l’apparition en excès de mauvaises herbes dont ils tolèrent peu l’apparition dans leurs cultures, même si beaucoup ne sont pas problématiques pour l’agriculture. Lors d’une discussion informelle avec un agriculteur au sujet des bandes culturales extensives (SCE qu’il ne connaissait pas), ce dernier a avancé un argument qui montrait bien que le point soulevé dans le paragraphe précédent joue un rôle essentiel dans le peu d’engouement des agricultures à mettre en place des bandes culturales extensives : « Je veux bien entretenir une jachère, oui. Mais laisser pousser des mauvaises herbes10 dans mes cultures… Là, je redouterais que mes terres soient ensuite salies par les semences de ces plantes ». Cet exemple montre que ce qui semble déranger le plus les agriculteurs avec cette mesure est surtout l’association « céréales-mauvaises herbes ». En effet, selon des études menées sur l’identité paysanne, la propreté des champs est une valeur centrale pour les agriculteurs en général (Droz et al., 2001). Avec le développement des pesticides, les agriculteurs ont appris à éradiquer la moindre « mauvaise herbe ». Les cultures contenant trop de « mauvaises herbes » sont souvent qualifiées de « sales ». Ce terme péjoratif montre bien à quel point les « mauvaises herbes », sont peu désirables dans une culture. Laisser des plantes messicoles, considérées parfois comme des mauvaises herbes, s’installer dans les cultures, semble être une mesure écologique peu envisageable pour bon nombre d’agriculteurs. Les agriculteurs n’exploitant que des cultures inscrivent souvent des jachères comme SCE, autre SCE qui comme la bande culturale extensive sont adaptées aux cultures. La jachère semble être un type de SCE qui est devenu bien accepté des agriculteurs. Inscrire une jachère implique de semer entièrement une surface avec des fleurs, ici il n’y a pas d’association « céréales-mauvaises herbes » mais céréales et « mauvaises herbes » sont bien séparées dans les cultures (jachères tournantes plus jachères florales représentaient 3,6% des SCE de Suisse en 2004 ; OFAG, 2005). 8.2 Potentialités d'augmentation des bandes culturales extensives en Suisse Les bandes culturales extensives sont encore méconnues des agriculteurs (Eggenschwiler et al., 2007). L’utilisation des bandes culturales extensives en agriculture est peu documentée 10 Le terme « mauvaise herbe » désigne toute plante qui s’infiltre indûment dans les cultures (LSPN, 1982), dans cet exemple, les plantes messicoles semblent être également considérées comme des mauvaises herbes. Virginie Favre, septembre 2007 45 par la vulgarisation agricole en Suisse (AGRIDEA). Le fait que les agriculteurs interrogés dans le cadre de l’étude effectuée par l’ART (Eggenschwiler et al., 2007) demandent à être mieux conseillés par rapport à ce type de SCE, semble renforcer ce constat. Les agriculteurs ne disposent pas d’exemples dans la littérature (ou peu) de cas de mise en place de bandes culturales extensives qui pourraient atténuer leurs craintes à leur égard. Mieux informer les agriculteurs sur ces SCE par l’élaboration de documents de vulgarisation, par exemple, pourrait atténuer les craintes des agriculteurs par rapport à cette mesure et les encourager à mettre en place ce type de SCE. Des exemples concrets pourraient inciter de nouveaux agriculteurs à choisir les bandes culturales extensives pour obtenir les 7% de SCE requises dans le cadre des PER. On l’a vu dans le cas du projet réseau de Champtauroz, le fait qu’un agriculteur ait utilisé des bandes culturales extensives comme SCE a incité deux autres agriculteurs des villages voisins à en faire de même. Il semble peu probable que sans de meilleures informations à l’attention des agriculteurs, la quantité de surfaces dédiées aux bandes culturales extensives augmente en Suisse. Un travail de vulgarisation semble nécessaire si l’on souhaite maintenir ce type de SCE. 8.3 Mise en place de bandes culturales extensives dans le cadre de la mise en réseau Avec le développement des réseaux écologiques, les bandes culturales extensives pourraient devenir plus intéressantes pour les agriculteurs. Premièrement, la contribution pour cette surface s’élève à 2000 Fr/ha/an en y ajoutant la contribution réseau, ce qui rend la contribution intéressante par rapport au revenu brut d’une culture. Ensuite, de par leur forme allongée, elles permettent d’établir des connexions entre SCE et/ou milieux naturels, ce qui facilite la conception d’un réseau écologique. Les herbages en SCE de type prairies peu intensives, prairies extensives et pâturages extensifs représentent à eux trois 73% des types de SCE inscrits dans des réseaux écologiques dans le canton de Vaud (selon données fournies par le service de l’agriculture du canton), cependant les agriculteurs qui n’ont pas de bétail ne possèdent normalement pas ce type de SCE. Les exploitants ne possédant pas d’herbages dans des zones d’agriculture intensive peuvent inscrire au réseau des SCE du type jachères, haies, arbres ou surfaces viticoles à haute diversité biologique en plus des bandes culturales extensives. Cependant, dans les zones d’agriculture intensive avec des grandes cultures, il n’y a en général que peu d’éléments tels que haies, arbres et autres structures. Quant aux jachères, elles sont souvent placées de préférence dans les zones les moins productives et les moins accessibles, ce qui ne répond pas aux attentes d’un réseau. Quelques exploitants disposent toutefois des jachères de manière à répondre aux attentes d’un réseau écologique. Les jachères semblent dès lors aussi pouvoir être adaptées à la mise en réseau en zone de grandes cultures. Néanmoins, la mise en place de jachères demande de renoncer à la culture de céréales sur une surface, ce qui n’est pas le cas avec la mise en place de bandes culturales extensives. Ainsi, dans les zones de grandes cultures intensives, les exploitants ne disposant par exemple pas de prairies extensives ou prairies peu intensives comme SCE, peuvent trouver une possibilité intéressante de participer à un réseau par la mise en place de bandes culturales extensives. Avec le développement des réseaux, les agriculteurs se révéleront peut-être plus enclins à mettre en place des bandes culturales extensives comme solution pour participer à un tel Virginie Favre, septembre 2007 46 projet que s’il s’agit uniquement d’atteindre les 7% de SCE sur leur SAU, d’autant plus que cela se révèle financièrement intéressant si on ajoute la contribution réseau de 500.--/ha aux chiffres ressortis de l’étude du bureau Agrofutura (annexe 9). Lors de la mise en place d’un projet réseau, beaucoup d’informations circulent entre les agriculteurs, les spécialistes en environnement et les services de la nature et de l’agriculture. C’est aussi l’occasion de donner de nouvelles idées aux agriculteurs, comme par exemple de tenter d’aménager des bandes culturales extensives. Au final, les bandes culturales extensives pourraient se révéler être une solution intéressante permettant de développer les réseaux écologiques dans les zones d’agriculture intensive, et à la fois, l’OQE pourrait donner un regain d’intérêt aux bandes culturales extensives comme type de SCE. 8.4 Potentialités de développer le réseau écologique d’Essertines-sur-Rolle par la mise en place de bandes culturales extensives Dans le cadre du projet de réseau écologique d’Essertines-sur-Rolle, la mise en place de bandes culturales extensives dans la zone d’agriculture intensive sur le plateau d’Essertinessur-Rolle pourrait fournir une solution pour développer le réseau écologique dans cette zone, comme il a été demandé par le service de la nature. En effet, cela permettrait d’y installer des SCE sans que les exploitants doivent renoncer à exploiter des grandes cultures sur certaines surfaces, comme cela serait le cas en aménageant des SCE de type jachères par exemple. Il est vrai cependant que le rendement des cultures se verrait amoindri là où les bandes culturales extensives seraient aménagées. L’entretien de ces bandes requiert peu de travail pour autant que la pression de plantes adventices posant des problèmes en agriculture soit faible dans la région, ce qui semble être le cas à Essertines-sur-Rolle (selon les agriculteurs de la région). Au niveau des espèces cibles, diverses plantes messicoles telles que le coquelicot (Papaver rhoeas, non menacé) ou le bleuet (Centaurea cyanus, vulnérable selon la liste rouge) profiteraient de cette mesure. Cela fournirait aussi des habitats, zones refuges et couloirs de dispersion à des espèces d’insectes et autres invertébrés, mais aussi à certaines espèces d’oiseaux comme l’alouette des champs. La mise en place de bandes culturales extensives n’aurait pas pour objectif de favoriser les espèces cibles choisies dans la première phase du projet. En effet, le lézard des souches, le torcol fourmilier, le silène et la pie-grièche écorcheur ne sont pas des espèces affiliées spécifiquement à ce type de milieu. Il faudrait donc définir des espèces cibles supplémentaires à qui la mise en place de bandes culturales extensives sur le plateau d’Essertines-sur-Rolle profiterait. Cependant les objectifs pour ces espèces viseraient principalement la zone de grandes cultures du périmètre. Comme il est expliqué dans le classeur « la mise en réseau à portée de tous » de Jenny et al. (2002), il est tout à fait possible de définir des objectifs différents pour les différentes entités paysagères du périmètre du projet. Ainsi, nous pourrions proposer de favoriser des espèces cibles affiliées aux bandes culturales extensives dans la zone d’agriculture intensive du périmètre. La mise en place de bandes culturales extensives dans le cadre du projet réseau de Champtauroz a été donnée comme exemple par M. Maillefer aux agriculteurs d’Essertines- Virginie Favre, septembre 2007 47 sur-Rolle lors de la séance du 24 avril 2007. Il reste à voir si l’idée a une chance de se concrétiser à Essertines-sur-Rolle. Virginie Favre, septembre 2007 48 9 Conclusion Les données récoltées sur les bandes culturales extensives donnent un aperçu des avantages et contraintes liés à cette SCE. Le fait que peu d’agriculteurs inscrivent ce type de surface en compensation écologique semble plus dû à des convictions d’ordre culturel (propreté des champs nécessaire) qu’à de réelles problématiques au niveau de la culture des champs comme celle de la pression des plantes invasives. En effet, le cas des plantes invasives ne pose problème que dans des régions où la pression est forte, ce qui est loin d’être le cas de toutes les régions cultivées de Suisse. Les bandes culturales extensives semblent encore méconnues des agriculteurs, qui ne disposent de plus que de peu d’exemples de ce type de SCE puisque seuls 35 ha étaient inscrits dans toute la Suisse en 2004. Ceci n’incite pas les agriculteurs à tenter de mettre en place des bandes culturales extensives, d’autant plus que la crainte des plantes invasives des cultures semble assez prononcée chez eux selon l’enquête d’Eggenschwiller et al., 2007. Avec le développement des réseaux écologiques en Suisse, développement qui semble exponentiel ces derniers temps selon M. Gmür du service la nature du canton de Vaud, les bandes culturales extensives auront peut-être une chance de voir leur nombre augmenter car donnant droit à une contribution de 2000.--/ha/an avec le réseau (1500.--/ha/an sans le réseau) et car elles sont une solution adaptée pour qui souhaite développer un réseau écologique dans une zone de grandes cultures. Le travail des spécialistes en environnement et des collaborateurs des services de la nature dans le domaine du conseil se révèlera alors très important si l’on souhaite voir se mettre en place plus de bandes culturales extensives dans les régions cultivées. En effet, se sera à ces personnes de conseiller les agriculteurs souhaitant mettre sur pied un réseau et dès lors de leur proposer la mise en place de bandes culturales extensives si cela s’avère optimal. Cela pourra être le cas dans le cadre du réseau d’Essertines-sur-Rolle si des agriculteurs possédant des terrains dans la zone d’agriculture intensive demandent des solutions leur permettant d’entrer dans la démarche du réseau. Enfin, rédiger des documents de vulgarisation sur les bandes culturales extensives pourrait aider à faire mieux connaître ce type de SCE. Comme constaté lors de la recherche de documents sur ce thème, peu d’articles dédiés spécifiquement aux bandes culturales extensives ont été publiés. Les quelques autres études ont dû être recherchées auprès de services de recherche en Suisse ou dans des documents généraux sur la compensation écologique. Les données concernant les bandes culturales extensives sont donc encore difficilement consultables pour les agriculteurs. Inciter les agriculteurs à mettre en place des bandes culturales extensives dans le cadre de réseaux écologiques et mieux conseiller les agriculteurs sur ce type de SCE se profilent comme deux solutions qui permettraient de voir le nombre de bandes culturales extensives augmenter en Suisse, et ainsi voir se réaliser l’objectif premier des bandes culturales extensives, à savoir le retour des fleurs messicoles et de leur cortège faunistique. Au final, et pour réponde à la question initialement posée des potentialités qu’offrent les bandes culturales extensives dans le développement des réseaux écologiques en zone d’agriculture intensives, elles pourraient en effet offrir une solution intéressante dans ce cadre, mais à l’inverse, les réseaux écologiques eux-mêmes pourraient donner plus d’attrait pour les bandes culturales extensives dans le monde agricole. Virginie Favre, septembre 2007 49 11 Abréviations AGRIDEA : Service de vulgarisation agricole (anciennement SRVA). ART : Agroscope Reckenholz-Tänikon (station de recherche en agriculture). CF : Constitution Fédérale. CSCF : Centre suisse de cartographie de la faune. IFP : inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels d’importance nationale, au sens de l’art. 5 LPN, comprend les objets énumérés dans l’annexe de cet article. IP : Production intégrée, sous entendu selon le programme IP suisse. IUCN : International union for conservation of nature and natural resources. IPP : Inventaire fédéral des prairies et pâturages secs d’importance nationale, comprend les objets énumérés dans la LPN. LAgr : Loi fédérale sur l’agriculture. CF RS* 910. LPN : Loi fédérale du 1er juillet 1966 sur la protection de la nature et du paysage. RS 451. OPD : Ordonnance du 7 décembre 1998 sur les paiements directs versés dans l’agriculture (Ordonnance sur les paiements directs). CF Art. 910.13. OQE : Ordonnance du 4 avril 2001 sur la promotion régionale de la qualité et de la mise en réseau des surfaces de compensation écologique dans l’agriculture (Ordonnance sur la qualité écologique). CF Art. 910.14. PER : Prestations écologiques requises. RS : Recueil systématique. SAU : Surface agricole utile. SCE : Surface de compensation écologique. SFFN : Service des forêts, de la faune et de la nature du canton de Vaud, souvent abrégé « service de la nature » dans ce rapport. SRVA : Service de vulgarisation agricole (aujourd’hui AGRIDEA). Virginie Favre, septembre 2007 50 12 GLOSSAIRE Agriculture intensive Selon l’encyclopédie Wikipédia « l'agriculture intensive est un système de production agricole caractérisé par l'usage important d'intrants, et cherchant à maximiser la production par rapport aux facteurs de production, qu'il s'agisse de la main d'œuvre, du sol ou des autres moyens de production (matériel, intrants divers). Elle repose sur l'usage d'engrais chimiques, de traitements herbicides, de fongicides, d'insecticides, de régulateurs de croissance, de pesticides, etc. Elle fait appel aux moyens fournis par la technique moderne, machinisme agricole, sélection génétique, irrigation et drainage des sols, culture sous serre et culture hors-sol etc. et intègre en permanence les progrès techniques permis par l'avancée des connaissances agronomiques et scientifiques. L'agriculture intensive a permis, au cours du XXe siècle, d'augmenter très fortement les rendements et par voie de conséquence la production agricole, et de diminuer corrélativement les coûts de production. L'agriculture intensive est parfois accusée d'être pratiquée aux dépens des considérations environnementales, d'où son rejet par un certain nombre de producteurs et de consommateurs. Il faut toutefois noter qu'une agriculture intensive ne peut atteindre ses objectifs de rendement qu'à la condition de fournir aux plantes des conditions de croissance optimales, ce qui suppose notamment un maintien de la fertilité des sols par la compensation intégrale des éléments exportés. » Auxiliaires de culture Ennemis naturels des ravageurs des cultures. Entretien semi-structuré (ou entretien semi-directif) Ce type d’entretien n’est pas complètement préparé dans le sens où les questions qui vont être posées lors de la discussion ne sont pas strictement définies. Seuls les thèmes à aborder lors de l’entretien sont définis en avance. Ces thèmes peuvent être répertoriés dans un canevas qui sert alors de pense-bête. L’entretien semi-structuré permet de mener l’entretien sous forme de discussion assez ouverte. Espèces caractéristiques « Typiques d’un type de paysage déterminé dans lequel on les trouve en permanence et en plus grand nombre que dans d’autres entités paysagères. L’objectif est de protéger et de gérer le paysage en tant qu’habitat pour les espèces concernées » (Jenny et al., 2002). Espèces cibles Désignent à la fois les espèces prioritaires et les espèces caractéristiques. « Les espèces cibles servent à définir les objectifs de protection et à vérifier leur succès » (Di Giulio et al., 2007). Dans ce rapport, expression utilisée pour désigner indifféremment les espèces caractéristiques ou prioritaires. Espèces prioritaires Espèces menacées (sur Liste Rouge) pour lesquelles le périmètre du projet, le canton et/ou la Suisse assument une responsabilité particulière (Jenny et al., 2002). Extenso En Suisse, le programme Extenso - auquel peuvent s’inscrire les exploitants - est un mode de production agricole qui interdit les fongicides, insecticides et régulateurs de croissance. Virginie Favre, septembre 2007 51 Grandes cultures Selon le Larousse agricole : l’ensemble des espèces végétales cultivées de manière mécanique, à grande échelle, dans le but de vendre les produits récoltés. Le terme « grandes cultures » regroupe par exemple, sur le plateau suisse, les cultures de céréales, de pomme-deterres, de betteraves, de légumineuses, … Plantes messicoles Aussi appelées plantes ségétales ou plantes accompagnatrices des cultures, ce sont des espèces qui ont adapté leur cycle de vie à celui des semences et des récoltes des cultures (Scholz, 1996 ; LSPN, 1982 ; Marzio et Jolivet, 1997). L’intensification de l’agriculture et en particulier l’utilisation de pesticides a fait diminuer fortement la quantité de fleurs messicoles dans les cultures, si bien que nombre d’entre elles sont aujourd’hui menacées (Moser et al., 2002 ; LSPN, 1982 ; Marzio et Jolivet, 1997). Surface agricole utile Dans la législation : « superficie d’une exploitation utilisable pour la production végétale, qui se compose comme il suit : - terres assolées ; - surfaces herbagères permanentes ; - surfaces à litière situées en dehors de la région d’estivage ; - surfaces de cultures pérennes ; - surfaces cultivées toute l’année sous abri (serres, tunnels, châssis) ; - haies et bosquets champêtres. » (Ordonnance sur la terminologie agricole, Art.9). » Virginie Favre, septembre 2007 52 13 Bibliographie Amler K., Bahl A., Henle K., Kaule G., Poschold P. & Settele J. (1999) : Populationsbiologie in der Naturschutzpraxis. Isolation, Flächenbedarf und Biotopansprüche von Pflanzen und Tieren. 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