Texte complet - Société Provancher

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Cardamine impatiens L. (Brassicaceae) et Phlox stolonifera Sims
(Polemoniaceae), nouvelles espèces pour la flore québécoise
Claude Roy
Résumé
L’auteur signale la présence de deux plantes vasculaires découvertes récemment au Québec, Canada : Cardamine
impatiens L. et Phlox stolonifera Sims.
La Cardamine impatiente (Cardamine
impatiens L.), nouvelle espèce de Brassicacées pour la flore québécoise
Cette cardamine adventice, originaire d’Eurasie,
est considérée comme une plante nuisible annuelle ou
bisannuelle. Voss (1985) mentionne sa présence pour
la première fois au Canada pour la province d’Ontario
d’après le document de Webber (1984) qui signale sa
présence à Port Credit, où elle se serait répandue
localement à partir d’anciennes habitations. Rothfels
(2004) fait part de sa découverte dans la ville d’Hamilton.
Et Rollins (1993) précise sa répartition géographique
qui s’étend du New Hampshire à la Pennsylvanie, de
la Virginie à l’Ontario et au Michigan. Magee et Ahles
(1999) font foi de sa présence au Connecticut et au New
Hampshire. Elle est largement répandue en Europe,
bien qu’elle soit absente de plusieurs îles (Tutin et
collab., 1993).
C’est une espèce qui est caractérisée par de petites
auricules embrassantes, sagittées, aiguës et ciliées à la
base des feuilles caulinaires composées de nombreuses
paires de folioles.
Rich (1991) nous fait part de sa préférence pour
l’ombre des boisés ; elle s’établit aussi sur les rochers,
les éboulis, les rivages, les sentiers, et souvent sur les
sols calcaires des frênaies humides. Parfois rencontrée
sur les berges des rivières, et aussi accidentellement
dans les jardins, les quais, etc. Rollins (1993) la décrit
comme une espèce sporadique rarement rencontrée qui
préfère les milieux herbeux humides, les abords routiers
ombragés et les talus humides exposés. Elle croît aussi
dans les prairies et pelouses ombragées selon Magee et
Ahles (1999).
Découverte à Sillery, ville de Québec, en 1986, sa
présence fut aussi remarquée à l’île d’Orléans en 2002.
Québec, comté de Québec, Sillery, Chemin des Foulons ;
Petite colonie sur gravelle concassée, à la limite d’un stationnement le long d’une voie ferrée, pleine lumière. Gilles
Ayotte, 4-VII-1986, no 86-17 (QFA).
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Québec, comté de Montmorency n 2, île d’Orléans, SaintPierre ; 46° 53' 20" N – 71° 04' 45" O, 19TCB416948 (chemin
104, relevé 70), 3e terrasse, talus du chemin schisteux et instable à végétation clairsemée, exposition ouest, ombragé
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LA SOCIÉTÉ PROVANCHER D’HISTOIRE NATURELLE DU CANADA
Détail des auricules à la base
des feuilles caulinaires.
en après-midi, deux touffes stériles de 1re année seulement.
Claude Roy & Myriam Lafrenière-Landry, 9-VIII-2002,
no 02-5028-C (QFA).
Québec, comté de Montmorency no 2, île d’Orléans, SaintPierre ; 46° 53' 35" N – 71° 05' 05" O, 19TCB412951 (chemin
104, relevé 70), 2e terrasse, bordure du chemin sous Malus
Claude Roy est botaniste à l’Herbier Louis-Marie,
Université Laval, Québec
courriel : [email protected]
Site Internet: http://www.herbier.ulaval.ca/
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pumila et Betula papyrifera en présence d’autres arbustes,
nombreux individus en fruits. Claude Roy & Myriam
Lafrenière-Landry, 9-VIII-2002, no 02-5030-C (QFA).
Ontario, Peel County, Mississauga. Lake Ontario at Hwy.
10. Port Credit. St. Lawrence Starch Works property.
Deciduous woods. 49° 33' N – 79° 35' W. Grid ref. 148222.
J. M. Webber, 12 June 1980, nr 2 516(3) ; Stet! G.A. Mulligan
1998 (CAN-450 671).
Le Phlox stolonifère (Phlox stolonifera
Sims), nouvelle espèce de Polémoniacées
pour la flore québécoise et canadienne
Le Phlox stolonifera Sims est une espèce étatsunienne
connue depuis l’État de Pennsylvanie jusqu’à la Géorgie au
sud, puis jusqu’en Ohio vers le nord-ouest (Haines et Vining,
1998). Elle forme des tapis dans les boisés ouverts et humides,
sur les loams riches, humiques et légèrement acides. Grâce à
son moyen de propagation végétatif, on peut la trouver en
grandes colonies. Ayant privilégié ce moyen de reproduction,
elle ne produit des graines que sporadiquement (Small, 1972).
Parfois cultivée, on la rencontre occasionnellement comme
échappée de culture ailleurs en Amérique du Nord. C’était
une plante inconnue du Canada jusqu’à tout récemment
même si sa présence dans les États limitrophes du Vermont
et du Maine était déjà mentionnée.
Ce Phlox porte bien son nom en se propageant par des
stolons. En effet, il possède la particularité de développer de
nombreux stolons terminés par des rosettes foliaires. De plus,
il s’enracine aux nœuds pour produire de nouveaux plants
dont les hampes florales pourront atteindre une hauteur de
25 cm. Les fleurs lilas à pourpre de 14 mm par 1 cm attirent
rapidement le regard ; d’ailleurs, le nom générique grec signifie flamme, faisant allusion aux couleurs flamboyantes des
fleurs. Les feuilles basilaires, spatulées-obovées, ciliées, et ce,
davantage sur les pétioles, atteignent 4,5 cm de longueur par
1,8 cm de largeur alors que les feuilles caulinaires, opposées,
sont plus petites (1 cm par 0,5 cm), ovées et glanduleusespubescentes tout comme l’inflorescence.
La présence du Phlox stolonifère n’a pu être observée jusqu’à maintenant au Canada que dans deux localités
québécoises.
Québec, comté de Dorchester, hameau de Springbrook,
cimetière anglican de Frampton. 46° 30' N – 70° 50' O. Probablement échappée de culture sur le terrain du cimetière,
rencontrée avec Phlox subulata ; ce serait une deuxième
station canadienne pour cette espèce originaire de l’Est
américain. Abondante et se cultive facilement selon Mme
Ruel. Madeleine Ruel, 6 juin 1986, no C-737-86.
Québec, Brome County, 1 mi. S. of Bolton Centre ; along
road through mixed woods, 45° 12' N - 72° 21' W. P. Bahr,
June 2 1962, s.n. (MTMG-43 898) (CAN-313 653). 
Références
Haines, A. et T.F. Vining, 1998. Flora of Maine, a manual for identification
of native and naturalized vascular plants of Maine. V.F. Thomas Co.,
Bar Harbor, ME, 847 p.
Magee, D.W. et H.E. Ahles, 1999. Flora of the Northeast, A manual of the
vascular flora of New England and adjacent New York. University of
Massachusetts Press, Amherst, MA, 1213 p.
Rich, T.C.G., 1991. Crucifers of Great Britain and Ireland. BSBI Handbook No
6. Botanical Society of the British Isles, London, UK, 336 p.
Rollins, R.C., 1993. The Cruciferae of continental North America. Stanford
University Press, Stanford, CA, 976 p.
Rothfels, C., 2004. Significant vascular plant records from the Hamilton
Area, Ontario. Canadian-Field Naturalist, 118 : 612-615.
Small, J.K., 1972. Manual of the Southeastern flora, Part II, [ Facsimile
reprint of the 1933 Edition]. Hafner Publishing Co, New York, NY, p.
775-1554.
Tutin, T.G., N.A. Burges, A.O. Chater, J.R. Edmondson, V.H. Heywood,
D.M. Moore, D.H. Valentine, S.M. Walters et D.A. Webb, 1993 (édit.).
Flora Europaea. Volume 1 Psilotaceae to Platanaceae, Second edition.
Cambridge University Press, Cambridge, UK, 581 p.
Voss, E.G., 1985. Michigan flora, Part II, Dicots (Saururaceae-Cornaceae).
Bulletin 59, Cranbrook Institute of Science and University of Michigan
Herbarium, MI, 724 p.
Webber, J.M., 1984. The vascular plant flora of Peel County, Ontario. Botany
Press, Toronto, ON, 94 p.
Wherry, E.T., 1955. The Genus Phlox. Morris Arboretum Monographs III. The
Associates of the Morris Arboretum, Philadelphia, PA, 174 p.
Le naturaliste canadien, 133 no 2
été 2009
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