80
Survie globale (%)
Années
Patients à risque (n)Événements (n)
60
40
20
00 2 4 6 8
336
334
Chirurgie première
Chimiothérapie néo-adjuvante
253
245
Chirurgie première
Chimiothérapie néo-adjuvante
189
195
62
46
14
13
2
2
10
Figure 3. Courbes de survie globale de l’essai EORTC de chimiothérapie néo-adjuvante (6).
La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 1 - janvier 2011 | 21
Points forts
»
Le bévacizumab prolonge la survie sans progression en première ligne thérapeutique des cancers
tubo-ovariens.
»Le concept de
BRCAness
commence à trouver une définition clinique et moléculaire.
»La vaccination anti-HPV continue à prouver son efficacité sur toutes les formes de lésions cervicales.
»
La curiethérapie vaginale est le traitement adjuvant de référence des cancers endométriaux à risque
haut ou intermédiaire.
Mots-clés
Bévacizumab
BRCAness
Vaccin contre
le papillomavirus
humain
Curiethérapie
vaginale
Highlights
»
Bevacizumab in first line
treatment of ovarian and
fallopian tube cancers prolongs
progression-free survival.
»
BRCAness is about to be
clinically and molecularly
defined.
»
Anti-HPV vaccines have
proven their efficacy against all
forms of HPV-induced cervical
lesions.
»
Vaginal brachytherapy is the
gold standard adjuvant therapy
for intermediate/high risk endo-
metrial cancer.
Keywords
Bevacizumab
BRCAness
HPV vaccine
Vaginal brachytherapy
thromboemboliques (6,7 versus 4,1 % dans le bras
sans bévacizumab). La discussion sur le position-
nement précoce du bévacizumab dans les carcinomes
ovariens à tous les stades est ouverte !
Les traitements médicaux des cancers de l’ovaire
ont exploré 2 autres voies. Les triplets de chimio-
thérapie sont probablement définitivement enterrés
par l’essai intergroupe comparant paclitaxel-
carboplatine à la même combinaison associée à la
gemcitabine (800 mg/m² à J1 et J8), chez plus de
1 700 patientes (1). Les résultats sont sans appel :
SSP supérieure dans le bras paclitaxel- carboplatine
(HR = 1,18 ; p = 0,0044), sans différence en SG, et
net excès de toxicité générale et hématologique
dans le bras gemcitabine. À l’opposé, le concept de
BRCAness se développe. La définition clinique est
en voie d’unification (tableau I) [2], se traduisant
par une histoire naturelle probablement différente
pour les carcinomes tubo-ovariens BRCA-déficients
avec un excès possible de métastases extrapéri-
tonéales (3). La définition moléculaire correspon-
dante est aussi en cours de définition (tableau I),
probablement sous-tendue par un profil d’expression
spécifique (2). L’application clinique peut se décliner
en 2 niveaux : l’existence d’un déficit constitu-
tionnel de BRCA 1-2 est associée à une haute effi-
cacité des inhibiteurs de PARP (Poly [ADP-Ribose]
Polymerase) [4], et elle est certainement retrouvée
en cas d’inactivation somatique de BRCA 1 et
BRCA 2, ce qui ouvre des perspectives thérapeu-
tiques considérables (5). À l’évidence, la définition
des portraits moléculaires des cancers de l’ovaire
devra conduire à une rationalisation des traitements,
et ce ne sont pas les approches conventionnelles,
ni le ciblage indirect, qui modifieront sensiblement
l’histoire naturelle.
Enfin, le volet chirurgical a également été consi-
dérablement développé au cours de l’année 2010
par 2 publications majeures. L’EORTC (European
Organisation for Research and Treatment of
Cancer) a comparé, au cours d’une étude rando-
misée multicentrique portant sur une population
de 670 patientes atteintes d’un cancer ovarien de
stade IIIc-IV, la chirurgie maximale première à la
chimiothérapie première par carboplatine- paclitaxel
suivie de chirurgie maximale à 3 cycles ou plus,
avec un schéma statistique de non- infériorité (6).
Objectif atteint : il n’a pas été possible dans cette
étude de montrer un bénéfice de la chimiothérapie
première (figure 3) et le facteur pronostique le
plus puissant reste, invariablement, le caractère
optimal de la chirurgie quel que soit le moment où
elle est réalisée. Le HR de décès est de 0,98 (IC
90
:
0,84-1,13 ; p = 0,01 pour la non-infériorité) et le HR
de progression est de 1,01 (IC90 : 0,89-1,15). Il n’y a
pas non plus de différence de morbidité ou de qualité
de vie entre les 2 bras. L’autre aspect important est
celui du curage ganglionnaire dans les formes de
Tableau I. Définition de BRCAness (2).
Définition phénotypique Définition moléculaire
– Sensibilité accrue
aux sels de platine, initiale
et à la rechute
– Intervalles libres longs
– Meilleure survie globale
– Type séreux prédominant
– Défaut de recombinaison
homologue
– Mutation germinale
ou somatique de BRCA 1
ou BRCA 2
– Extinction épigénétique
de BRCA1 ou BRCA 2 (5-31 %)
– Méthylation de FANCF
(environ 20 %), perte de
fonction d’autres gènes de
la recombinaison homologue
– Amplification d’EMSY
– Mutation de p53
– Amplification de c-Myc
– Instabilité génomique