LA CONSULTATION PRE- INTERVENTIONNELLE EN CANCEROLOGIE Dr CUINET, Dr GUYENNON, Dr THIESSE LYON JFR 2010 OBJECTIFS z Savoir organiser une consultation préinterventionnelle pour optimiser la prise en charge des patients, améliorer les pratiques et sécuriser les procédures PREAMBULE z Radiologue peu familier des consultations z Radiologie interventionnelle: – – – z Concerne les actes thérapeutiques guidés par les moyens d’imagerie, Activité peu standardisée et pas toujours structurée Pourtant doit être organisée comme une activité chirurgicale: consultations, planning bloc, besoin de temps « anesthésiste-IADE », prise en charge des patients, lits d’hospitalisation, suivi… Spécificité en cancérologie: – – Les actes de radiologie interventionnelle s’intègrent dans une prise en charge multidisciplinaire du patient, Décision en RCP (réunion de concertation multidisciplinaire): z z Autres alternatives thérapeutiques ? Actes de radiologie à but curatif ou palliatif ? INDICATIONS z z z z z z Thermo ablations percutanées: radiofréquence (rein, poumon, foie, os), cryothérapie Traitement de la douleur: cimentoplasties, vertébroplasties, alcoolisations Gastrostomies percutanées Pose d’endoprothèses biliaires et urinaires Chémo-embolisations, embolisations tumorales Embolisation portale Trajectoire patient? Patient suivi au sein de la structure Patient adressé par un médecin extérieur Indication posée par le radiologue Indication posée par le médecin référent (oncologue, radiothérapeute, chirurgien) DECISION EN RCP CONSULTATION Où faire cette consultation? z z z z Possible dans le service de radiologie MAIS dans une salle de consultation dédiée Avec un échographe? (peut-être utile avant certains actes: vérifier les voies d’abords, l’absence de contre indication…) Avec une secrétaire dédiée si possible: gestion de toute l’organisation et éviter les déplacements itératifs des patients Prévoir un temps suffisant 20 à 30 mn Quand faire cette consultation? z z z z z Dans la mesure du possible, la consultation doit avoir lieu à distance de l’acte. Elle doit se dérouler à une date qui permet de prévoir les investigations nécessaires à l’élaboration d'une tactique adaptée. Répondre aux normes légales de réflexion (> 48 h avant l’acte de radiologie interventionnelle) et au devoir d’information, Améliorer la sécurité du patient par une prise en charge réfléchie et adaptée (examens complémentaires) Améliorer la gestion du bloc opératoire en diminuant le nombre des cas reportés pour examens manquants ou médicaments non arrêtés à temps, Diminuer le coût global des examens complémentaires, et améliorer leur efficience. 1ER TEMPS: INTERROGATOIRE DU PATIENT z z z z z Histoire de la maladie Antécédents Allergies Contre-indications Traitement actuel (anti-coagulants, antiaggrégants…) 2EME TEMPS: ANALYSE DU DOSSIER z z z z z z Bilan biologique Bilan d’imagerie Est-ce une bonne indication? Est-ce qu’il y a des contre-indications? Vérifier la faisabilité du geste: voie d’abord, ciblage, position/installation patient? Moyen de guidage nécessaire? 3EME TEMPS: INFORMER LE PATIENT z z z z z z z Expliquer la technique utilisée Les alternatives thérapeutiques le déroulement de la procédure Les recommandations avant, pendant et après l’intervention Les risques et complications des différentes options thérapeutiques, effets secondaires Les bénéfices escomptés Faire signer ou apporter la preuve d’un consentement éclairé: Lien 1 4EME TEMPS: PRESCRIPTIONS z z z z z Bilan pré-opératoire: bilan biologique… Imagerie manquante Arrêt des anticoagulants Organisation en fonction de la chimiothérapie et des traitements anti-angiogéniques Prévoir une coordination avec le département antidouleur 5EME TEMPS: PLANNIFICATION DU GESTE z z z z z z Date de l’intervention: gestion des planning avec le bloc opératoire (conserver des plages d’urgence) Durée du geste (acte standard ou complexe) Organiser l’hospitalisation: disponibilité des lits, service ambulatoire pour certaines procédures Prévoir les consultations avec les anesthésistes Prévoir le matériel nécessaire à l’avance: gestion des stocks, commandes spécifiques, matériel de guidage mobile disponible ( amplificateur de brillance,échographe ) Eviter annulations par dossier incomplet 6 EME TEMPS: DOCUMENTS POUR LE PATIENT z z z z z Carnet de RDV Ordonnances: bilan de coagulation, douches bétadinées… Consignes: relai des AVK, rasage, jeûn… Consentement éclairé Fiche d’information: exemple Nécessite une consultation en lien avec le secrétariat: coordination+++, secrétariat dédié, gestion des RDV. OBLIGATIONS z z z z Compte-rendu de consultation: à dicter et à mettre dans le dossier du patient, trace de l’information donnée, cotation de la consultation (1cs) Courriers aux médecins correspondants Prescriptions Etre sûr de la compréhension du patient (attention aux patients ne parlant pas le français, problèmes de communication,… rôle de l’accompagnant+++) SPECIFICITE EN CANCEROLOGIE z z z z z Avec les chimiothérapies Avec les traitements anti-angiogéniques Rôle des RCP Intervenants multiples Soins de support: – – Douleur: évaluation des traitements antidouleurs Diététique…. PREVOIR DEJA LES SUITES DU GESTE z z z z z z Surveillance du patient au cours de l’hospitalisation: service de médecine? de chirurgie? En ambulatoire? Service dédié dans certains centres? Visite du patient le soir du geste et suivi quotidien dans les services Suivi continu en lien avec l’astreinte Gestion de la douleur Gestion des complications Prévoir le retour au domicile: consignes, arrêt de travail, ordonnances de sortie, bons de transport… PREVOIR LA SURVEILLANCE z Suivi: – – – z Les examens de contrôle doivent être réalisés par l’équipe de radiologues qui a fait le geste, Difficultés d’interprétation des images spécifiques postthérapeutiques Patients à revoir: gestion des drains… Consultation post-radiologie interventionnelle? – – Possible mais manque de créneaux de consultation Le patient est souvent revu lors des examens de contrôle ACTES EN URGENCE PAS DE CONSULTATION = UNE EXCEPTION MAIS N’EXCLUANT PAS LE DEVOIR D’INFORMATION z z z Pouvoir être réactif en fonction des demandes Pouvoir insérer dans son planning des urgences (embolisations, filtre cave, drainage de collection ..) Avoir une équipe pour assurer la continuité des soins DEVELOPPER z z z Un partenariat avec le département d’anesthésie Un partenariat avec les services d’hospitalisation L’intégration de l’activité de radiologie interventionnelle au bloc opératoire: – – z partage des ressources humaines, des salles, du matériel (amplificateur de brillance, échographe, appareil de radiofréquence…) Actes réalisés avec les chirurgiens (actes per-opératoires) Un partenariat avec le département anti douleur FORMER z Un secrétariat dédié z Une équipe para-médicale: – – z Participation des manipulateurs donner des informations pratiques, permet au manipulateur d’anticiper pour le geste le matériel ,de connaître le patient et de le rassurer. Une équipe: permanence des soins GERER ET OPTIMISER = RENTABILISER z z z z Planning Ressources humaines/matériel Work flow d’un plateau technique polyvalent Activité « multi-sites » – z Le radiologue « interventionnel » doit gérer son temps et circuler entre le service de radiologie, les salles de consultation, les salles de RCP, le bloc et les services d’hospitalisation :disponibilité du radiologue pour ces differents temps de travail non ou mal reconnus Surveillance et suivi post traitement: possibilité d’intégrer les manipulateurs dans le suivi immédiat AMELIORER SES PRATIQUES z z z Mise en place d’une check-list obligatoire depuis le 1ER Janvier 2010. Adopter et optimiser des mesures de radioprotection Déclarer les EPR* et les analyser au cours des CREX** ou RMM*** * évènements potentiellement à risques ** comités de retour d’expérience ***réunion de morbi-morbidité Lien CHECK LIST Lien RMM PLANIFIER CONSULTATION ACTE SUIVI Respecter un délai de réflexion 3 semaines environ Consultation anesthésique, examens complémentaires SEANCES COMPLEMENTAIRES (RF, Chémo-embolisation..) EN SOMME LA CONSULTATION PERMET z z z z Meilleure évaluation des pratiques: rentre dans le cadre des évaluation des pratiques professionnelles (EPP) en améliorant la qualité et la sécurité des gestes Permettra d’obtenir une accréditation auprès de l’HAS du fait de l’organisation de la structure, de la garantie des compétences techniques, et du respect des règles de l'activité exercée. Permettra une certification par la maîtrise des procédés et la confiance des patients Permet une valorisation et la défense de cette activité par rapport à d ’autres disciplines tels que la chirurgie. CONCLUSION (1) z z z z z Optimiser et standardiser l’activité Meilleure reconnaissance des actes (cotations…) Meilleure rentabilité Mieux se positionner dans les alternatives thérapeutiques Améliorer ses résultats CONCLUSION (2) z z z Avoir une activité « clinicienne » où le radiologue devient acteur thérapeute, Grâce à cette consultation, il peut mieux gérer ses suites et prendre le patient en charge tout au long de son acte, Le radiologue doit s’inscrire dans une démarche volontaire et exigeante pour évoluer vers une prise en charge clinique de haute qualité. BIBLIOGRAPHIE z z z z z z Optimiser la prise en charge des gestes de radiologie interventionnelle à visée antalgique Journal de Radiologie, Volume 90, Issue 10, October 2009, Page 1413 Bruno Kastler, Fabrice-Guy Barral Information du patient Journal de Radiologie, Volume 89, Issue 10, October 2008, Pages 1352-1353 J.M. Tubiana, Bernard Fergane Accréditation en radiologie interventionnelle Journal de Radiologie, Volume 90, Issue 10, October 2009, Pages 1292-1293 Jean-Paul Bérégi, Francis Joffre 1324 Risques et responsabilite en radiologie diagnostique et interventionnelle : aspects ethiques et medico-legaux Journal de Radiologie, Volume 85, Issue 9, September 2004, Pages 1170-1171 L. Picard Risques et responsabilite en radiologie diagnostique et interventionnelle Aspects médico-légaux des gestes interventionnels J Radiol 2005;86:579-85.–F Dedouit Radiologie interventionnelle dans le traitement de la douleur - Bruno Kastler, Bernard Fergane - 2005 - 239 pages z z z z z z L’obligation d’informer ses patients pour tout praticien n’est pas une notion nouvelle et résulte d’une longue évolution juridique et jurisprudentielle [3], [4], [5]. La loi du 4 mars 2002 relative aux droits du malade, vise à instaurer une démocratie sanitaire en faisant participer le malade à la décision médicale [6]. Elle précise que le médecin doit obtenir de son patient un consentement éclairé qui découlera d’une information adaptée à la fois à la demande du patient et à son état de santé (physique ou psychique). On rappellera les textes principaux qui font référence express à l’obligation d’information : L’article 16-3 du Code Civil qui concerne le respect de l’intégrité du corps humain précise : « Il ne peut être porté atteinte à l’intégrité du corps humain qu’en cas de nécessité thérapeutique pour la personne. Le consentement de l’intéressé doit être recueilli préalablement hors le cas où son état rend nécessaire une intervention thérapeutique à laquelle il n’est pas à même de consentir. ». L’article 35 du Code de Déontologie Médicale (article R.4127-35 du Code de Santé Publique) qui traite des devoirs du médecin envers ses patients indique : « Le médecin doit à la personne qu’il examine, qu’il soigne ou qu’il conseille une information loyale, claire et appropriée sur son état, les investigations et les soins qu’il lui propose. Tout au long de la maladie, il tient compte de la personnalité du patient dans ses explications et veille à leur compréhension ». Ceci précise donc que le consentement éclairé du patient nécessite une information loyale, claire et appropriée. L’article L. 1111-2 du Code de Santé Publique de par la loi du 4 mars 2002 a précisé certains points capitaux en matière d’information [6] : « Toute personne a le droit d’être informée sur son état de santé. Cette information porte sur les différentes investigations, traitements ou actions de prévention qui sont proposés, leur utilité, leur urgence éventuelle, leurs conséquences, les risques fréquents ou graves normalement prévisibles qu’ils comportent ainsi que sur les autres solutions possibles et sur les conséquences prévisibles en cas de refus… Cette information est délivrée au cours d’un entretien individuel… ». z z z z z z z z L’obligation d’information persiste également après que l’acte ait été réalisé, ainsi. L’article L. 1111-2 du Code de Santé Publique stipule que « lorsque, postérieurement à l’exécution des investigations, traitements ou actions de prévention, des risques nouveaux sont identifiés, la personne concernée doit en être informée, sauf en cas d’impossibilité de la retrouver ». Si une complication survenait au décours du geste, l’article L. 1142-4 du Code de Santé Publique précise que le malade ou ses ayants droit doivent être informés par le praticien « au plus tard dans les quinze jours suivant la découverte du dommage ou sa demande expresse, lors d’un entretien au cours duquel la personne peut se faire assister par un médecin ou une autre personne de son choix ». Le devoir d’information, selon l’article L. 1111-2 du Code de Santé Publique : « … incombe à tout professionnel de santé dans le cadre de ses compétences et dans le respect des règles professionnelles qui lui sont applicables. Seules l’urgence ou l’impossibilité d’informer peuvent l’en dispenser… ». À côté du caractère urgent d’un geste, le caractère nécessaire et indispensable du geste ne dispense pas d’une information. Ainsi, un arrêt du 18 juillet 2000 émanant de la Cour de cassation précise que « le fait que l’intervention soit médicalement nécessaire, ne dispense pas le médecin de son obligation d’information » [8]. Ce devoir d’information s’adresse à la fois au médecin prescripteur et au médecin radiologue. D’une façon générale, ceci n’incombe ni à la secrétaire ni au manipulateur en électroradiologie. Toutefois, ils peuvent informer le patient sur le déroulement technique de l’acte, comme l’article L. 1112-1 du Code de Santé Publique le précise : « les personnels paramédicaux participent à cette information dans leur domaine de compétence et dans le respect de leurs propres règles professionnelles ». Ils n’ont en aucun cas vocation à recueillir le consentement du patient. [3] Rougé-Maillart C, Gosset D, Penneau M. Sur le devoir d’information du patient. Feuillets de Radiologie 2001;41:262-8. [4]Rougé-Maillart C, Soussé N, Penneau M.Influence de la loi du 4 mars 2002 sur la jurisprudence récente en matière d’information du patient. Médecine et droit 2006;77:64-70. [5]Hazebroucq V. Le consentement éclairé en l’an 2000. J Radiol 2000;81:931-32. [6]Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002, relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé. Journal officiel du 5 mars 2002. [8]Cass. 1re civ. 18 juillet 2000 — 99-10, 886. retour retour suivant retour retour