bilatérales le plus souvent, et associées à des vertiges dans trois
cas. L’intensité de la perte allait de 30 dB à 80 dB avec une courbe
parfois horizontale, parfois en pente de ski. Parmi ces patients,
5avaient aussi une maladie auto-immune de terminologie connue,
un avait une polychondrite, un une cholangiopathie sclérosante,
un autre une maladie de Wegener, un autre encore une dermato-
myosite et le dernier une glomérulosclérose. Tous les patients
ont été traités par des corticoïdes et parfois des immunosuppres-
seurs, mais aucune amélioration auditive n’a été obtenue par
aucun de ces traitements.
Le concept de surdité auto-immune est bien connu quoique dis-
cuté. L’étiologie des lésions inflammatoires de l’intestin n’est
pas clairement établie. Dans la colite de Crohn, il y a quelques
cas de surdité de perception décrits depuis Levitan (1972), puis
Saumers et Arker (1982). Dans la présente étude, le traitement
par corticoïdes ou immunosuppresseurs n’a pas modifié l’évolu-
tion de la surdité de perception.
Pour les oto-rhino-laryngologistes, il faut retenir qu’une surdité
de perception peut être la première manifestation d’un désordre
général, comme par exemple une maladie inflammatoire du tube
digestif. On doit considérer cela comme une part du diagnostic
différentiel des pathologies touchant seulement l’oreille interne.
●
Troublefield et al. (Newark, New Jersey and New York) ont
gagné le prix du meilleur poster pour un travail portant sur
l’ototoxicité de la méfloquine.
La quinine a été beaucoup utilisée pour différentes indications,
en particulier pour traiter les troubles du rythme et la prévention
du paludisme. Le développement d’un paludisme chloroquino-
résistant a conduit à utiliser la méfloquine (Lariam®). Les symp-
tômes de la toxicité de la quinine associent acouphènes, nausées,
bouffées de chaleur, maux de tête et, fréquemment, surdité de
perception. Des surdités de perception associées à la chloroquine
ont été rapportées chez des patients présentant des dommages
préexistants, une sensibilité particulière à la quinine ou un sur-
dosage. Il n’était pas fait mention dans la littérature (ou sur le
paquet d’emballage) d’une ototoxicité de la méfloquine. Trois
cas d’ototoxicité permanente chez des patients traités avec une
dose prophylactique de méfloquine étaient présentés.
En conclusion, Lariam®peut causer une surdité de perception
irréversible ou une vestibulopathie lorsqu’il est utilisé à dose thé-
rapeutique chez des patients sans pathologie préexistante de
l’oreille. Il ne s’agit pas forcément, à l’inverse d’une opinion
répandue, d’une ototoxicité réversible à l’arrêt du traitement.
●
J. Siegel (Chicago) a comparé deux groupes de 40 enfants
atteints d’otites séromuqueuses ayant bénéficié :
–soit, au fauteuil, d’une myringotomie au laser suivie d’une
insertion de tubes (Laser Office Ventilation of Ears with Inser-
tion of Tubes : LOVE IT) ;
–soit, sous anesthésie générale, d’une myringotomie et de la
pose d’aérateurs transtympaniques.
Le geste ambulatoire est précédé dans ce cas d’une application
d’un anesthésique local. La satisfaction des patients et de leur
famille, le temps de réalisation et l’absence de complications plai-
dent en faveur de la technique ambulatoire. Cependant, cette
méthode ne pouvait être réalisée chez des enfants âgés de 3 à
6ans car l’immobilisation est plus difficile à obtenir.
OTONEUROCHIRURGIE
Deux communications ont développé la stratégie utilisée face au
schwannome vestibulaire dans la neurofibromatose de type II
(NF2).
●
P. Chang (Cambridge, Grande-Bretagne) a présenté une étude
rétrospective d’un centre de référence tertiaire portant sur
29 patients en 15 ans. Un total de 48 schwannomes vestibulaires
ont été traités. Les options thérapeutiques sont : l’abstention-
surveillance, l’excision microchirurgicale et la radiochirurgie sté-
réotaxique. Cinq schwannomes vestibulaires ont été traités par
une méthode de radiochirurgie stéréotaxique : tous ont augmenté
de taille. Vingt-cinq lésions ont fait l’objet d’une simple sur-
veillance pendant une période moyenne de 4,27 ans. Dans 11 cas,
le neurinome n’a pas progressé en taille et l’audition est restée
stable. Dans 8 autres cas, une progression tumorale a été notée.
Dans 14 cas, une chirurgie a été réalisée : dix fois par voie trans-
labyrinthique et quatre fois par voie rétrosigmoïde. Dans ces cas,
la résection tumorale a été totale et la fonction faciale conservée
(grade 1 à 3 dans 64 % des cas).
Pour cette équipe, un diagnostic précoceoffre des avantages pour
les patients, leur famille et la communauté. Le diagnostic de petit
neurinome avec audition utile est possible. Parmi les modalités
de traitement, la chirurgie offre les meilleures possibilités de
contrôle. La préservation auditive est optimisée par le diagnos-
tic précoce chez les patients atteints de NF2 ; ainsi, le diagnos-
tic précoce de la NF2 reste le facteur le plus important pour la
meilleure prise en charge de ces lésions, en attendant la thérapie
génique qui est un des espoirs des temps à venir.
●
W.H. Slattery III et al. (Ear House Institute, Los Angeles),
coordonne une étude multicentrique sur la NF2. Dix-sept centres
y participent, dispersés dans le monde entier. Cinq cent quarante
cas de schwannome vestibulaire ont été identifiés, dont 121 nou-
veaux cas entre octobre 1993 et décembre 1999. Pour être inclus,
le schwannome ne doit pas avoir été traité depuis 5 ans.
La perte auditive était présente isolément dans 31 % des cas, asso-
ciée à d’autres signes dans 20 % des cas. Les lésions cutanées
étaient présentes dans 79 % des cas, les méningiomes dans 64,7 %
et les tumeurs à un autre endroit du névraxe dans 57 %.
Il s’agit d’une étude de cohorte dont les conclusions seront pré-
sentées ultérieurement.
●
Lors d’un cours particulièrement brillant, E. Garcia-Ibanez
(Barcelone, Espagne) a présenté son expérience de la voie sus-
pétreuse, et ses résultats.
Pour lui, les indications sont : la neurectomie vestibulaire, l’exé-
rèse des neurinomes du VIII quand l’audition peut être conser-
vée (et si leur taille n’excède pas 20 mm dans leur plus grande
longueur), les lésions du VII, les granulomes à cholestérine de
l’apex pétreux, la décompression du porus.
Le monitoring du VII et du VIII est maintenant systématique pour
cet auteur. Le repérage du conduit auditif interne (CAI) est faci-
lité par la découverte du canal semi-circulaire supérieur et du nerf
pétreux superficiel. Le CAI se projette en regard de la bissectrice
de l’angle formé par ces deux structures.
Les complications postopératoires sont rares et, quand il s’agit
de section du nerf vestibulaire, les résultats sur les vertiges sont
ACTUALITÉ
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no261 - mars 2001
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