Ethique - Le nerf de la paix
Méchants ou non, les égoïstes sont en général bien
contents, très satisfaits de ce qu'ils font, et ils jouissent
le plus souvent d'un excellent sommeil ; ils ne
regrettent jamais leurs mesquineries... » 1
Conscience et auto-éthique sont nécessaires
avant tout engagement, qui consiste à mener un
combat pour le bien et suppose à la fois empathie,
éthique et action. Empathie, car l’énergie est alors
naturellement déployée pour le bien de tous.
Ethique, pour peser en permanence les vraies
motivations de sa démarche et ses conséquences
possibles. Action, car la conversion des convictions
en actes concrets est le principe même de
l’engagement.
Toute démarche personnelle qui nie les valeurs
universelles (bien commun, coexistence…) est
contraire à l’éthique.
PAS DE LIBERTÉ SANS CONSCIENCE ET
CONNAISSANCE
Si l’on ne veut pas se raccrocher à un système de
valeurs établi (morale, religion…), validé par le
temps et la tradition, ce qui constitue la démarche
du plus grand nombre dans nos sociétés
occidentales, la connaissance est une injonction
éthique. On ne peut en effet définir son propre
système de valeurs, celui qui va fonder nos actions
et nos relations sociales et intimes, de manière
superficielle et sans discernement. Par conséquent,
la liberté suppose de l’exigence et de la rigueur, du
savoir et de la connaissance.
Habermas propose un point de vue intéressant
sur ce que pourrait être la morale (dans une
acception proche de l’éthique) dans notre société
moderne : une construction consensuelle.
« En matière de théorie morale, je demeure, comme je
l’ai toujours été, un constructiviste : les normes valides
n’ « existent » que pour autant qu’elles méritent une
reconnaissance universelle. Mais c’est aux sujets eux-
mêmes en tant qu’ils agissent moralement qu’il revient
d’organiser la société selon de telles normes, et ce sont
eux qui peuvent produire des relations morales. » 2
Le bouddhisme n’est pas si volontariste.
Matthieu Ricard écrit :
« Les fondements de l’éthique sont très simples. Il n’y a
pas de bien et de mal en soi, il n’y a de bien et de mal
qu’en termes de bonheur et de souffrance à autrui et à
soi-même. Si nous savons faire naître en nous une
attitude altruiste telle que nous soyons viscéralement
concernés par le bien des autres, cet altruisme devient
le plus sûr guide de notre jugement [ ] Il ne suffit pas
de savoir, comme par exemple dans la physique
quantique, que notre conscience ne peut être isolée de
la réalité globale du monde des phénomènes, il faut
reconnaître par l’expérience personnelle qu’elle fait
partie de cette globalité. Passer ainsi d’une
connaissance théorique, qui risque de n’avoir que des
effets virtuels, à l’expérience directe est la clé du
problème de l’éthique. Lorsque l’éthique est le reflet de
nos qualités intérieures et guide notre comportement,
elle s’exprime naturellement dans nos pensées, nos
paroles et nos actes, et devient source d’inspiration
pour les autres. »
Ce que confirme Werner Heisenberg, l’un des
pères de la physique quantique :
« Je considère que l’ambition de dépasser les
contraires, incluant une synthèse qui embrasse la
compréhension rationnelle et l’expérience mystique de
l’unité, est le mythos, la quête, exprimée ou
inexprimée, de notre époque. » 3
ETHIQUE DE RÉCIPROCITÉ
C’est la base des religions universalistes. Elle
pourrait se résumer par la règle suivante : ne fais
pas à l’autre ce que tu ne voudrais pas que l’on te
fasse.
Ou son pendant positif :
« Ainsi, tout ce que vous désirez que les autres fassent
pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux. » 4
Libres extraits de 100 pistes pour un management éthique
Maya GHOSN-BARREAU
Editions Management et Société (EMS) - Collection Pratiques d’entreprises
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1 La mauvaise conscience, in Philosophie morale, Vladimir
Jankélévitch, Flammarion, 1998, p.4
2 Le monde de l’Education (Entretien réalisé avec la collaboration
et la traduction de Christian Bouchindhomme et grâce à l’aimable
participation de Rainer Rochlitz.)
3 Cité dans L’infini dans la paume de la main, Mathieu Ricard et
Trinh Xuan Thuan, Nil/Fayard, 2000
4 La Bible de Jérusalem, Mathieu, 7, 12
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