Compte rendu ECR 2012 – Bourse SFR - AGFA 2. Imagerie sénologique Audrey Mogilany, Saint-Etienne Voici un bref aperçu de ce que le congrès nous réservait concernant l'imagerie du sein : cours didactiques, séances scientifiques plus pointues, cas cliniques. Tout était réuni pour mettre à jour ses connaissances. Une première séance de cours nous a présenté les controverses actuelles en imagerie du sein : Doit-on dépister le cancer du sein chez la femme de moins de 50 ans ? Une récente méta-analyse d'essais contrôlés randomisés chez les femmes de 40 à 49 ans montre une réduction statistiquement significative de la mortalité chez les femmes dépistées (RR = 0,81). Deux bémols cependant : dans plusieurs études, les femmes âgées de 40 à 49 ans au moment de la randomisation ont reçu un certain nombre de leurs dépistages après l'âge de 50 ans. De plus, le nombre de biopsies réalisées pour des lésions finalement bénignes est assez élevé. Quelles techniques d'imagerie utiliser pour les seins denses ? Le risque relatif de cancer du sein est plus élevé chez les femmes présentant des seins denses radiologiquement, ceci associé à un dépistage plus difficile. La mammographie numérique est plus efficace pour l'étude des seins denses (essai DIMST), et sa généralisation permet d'utiliser des données numériques pour quantifier la densité mammaire .L'échographie garde une place importante. La tomosynthèse améliore la détection des masses et lésions stellaires .La mammographie à double énergie est en cours d'évaluation. Faux positifs en IRM. Plusieurs études évaluent la spécificité de l'IRM mammaire avec gadolinium dans la détection du cancer du sein entre 67 et 72 %, avec un taux de faux positifs entre 3,5 et 7 % lors de l'examen à distance. Les séquences de diffusion semblent prometteuses pour l'amélioration de la spécificité mais nécessitent d'être encore évaluées. Une séance multidisciplinaire concernant le cancer du sein nous a été présentée .Très enrichissante, elle reprend les points de vue du radiologue, du chirurgien et de l'oncologue : Le radiologue nous rappelle l'importance de la classification BIRADS afin que chacun parle le même langage, ainsi que celle des RCP en cas de résultat pathologique. Il a été démontré l'importance des RCP dans la survie du patient. Le chirurgien nous rappelle les différentes techniques d'exérèse, de la mastectomie totale à la chirurgie conservatrice, et l'importance du ganglion sentinelle L'oncologue insiste sur l'importance des chimiothérapies néo adjuvantes et adjuvantes pour l'amélioration de la survie globale et de la survie sans rechute. Il nous rappelle l'importance des marqueurs, notamment hormonaux, HER2, et plus récemment ki67 dans le choix du traitement. Tous insistent sur l'importance des prises en charges en concertation pluridisciplinaires. Une séance « refresher course » sur l'IRM mammaire Comment réaliser une IRM mammaire de bonne qualité ? La controverse persiste sur la spécificité de l'IRM mammaire pour la détection du cancer du sein. Quelques points fondamentaux sont à respecter pour l'améliorer : IRM > 1 T, bobine dédiée, compression modérée, protocole comprenant séquences pondérées T2 et dynamique gadolinium. Les séquences de diffusion et de spectroscopie sont à l'étude pour améliorer la spécificité. Pronostic et extension métastatique, l'intérêt de l'IRM. J. VELTMAN fait une mise au point sur la diffusion corps entier (DWIBS). La sensibilité de détection des métastases est bonne, en particulier en cas de métastases osseuses. Enfin F. Sardanelli revient sur la controverse sur l'utilisation de l’IRM mammaire pour le dépistage des femmes à haut risque de cancer du sein. En effet, deux récents essais randomisés (COMICE, MONET) ne sont pas en faveur de l'utilisation de l'IRM mammaire. Le débat est loin d'être clos et l'importance de la concertation pluridisciplinaire est encore une fois mis à l’honneur. Et une séance concernant l'imagerie du sein après traitement : L. Martincich nous présente l'évaluation de la réponse à la chimiothérapie néoadjuvante : les nouvelles techniques IRM, telles que la spectroscopie H1MR et la diffusion, pourraient être discriminantes entre les patients répondeurs et les patients non-répondeurs pendant et après le traitement. Cependant, ces techniques prometteuses nécessitent une évaluation plus approfondie. I. Schreer nous parle de la surveillance et détection de la maladie récidivante après traitement : l'examen clinique couplé à la mammographie reste le gold standard, l'IRM étant utilisée en seconde ligne. La scintigraphie et la mammographie par émission de positons sont en cours d'évaluation. Les nouvelles séquences en IRM mammaires sont abordées lors d'une séance scientifique : E. Furman-Haran et al. évaluent la capacité de l’IRM avec injection dynamique de gadolinium et du tenseur de diffusion d'imagerie pour détecter cancers du sein. Les résultats confirment la grande sensibilité de la première technique et mettent en lumière le potentiel de la deuxième, même si des essais sont encore nécessaires avant la mise en place en routine clinique. M. Luciani et al évaluent la performance diagnostique de la spectroscopie par résonance magnétique à 3 T pour détecter différents types de cancers et facteurs pronostiques chez les patients atteints d'un cancer du sein confirmé par biopsie. Elle a été utilisée avec succès pour les lésions de 6 mm ou plus et pourrait être un outil supplémentaire pour prédire l'agressivité tumorale. Les résultats doivent être validés dans des études à plus grande échelle. B. Brueck et al évaluent la spectro-IRM à 3 Tesla pour discriminer les lésions mammaires bénignes et malignes. Ils retrouvent une haute sensibilité et spécificité diagnostiques pour la discrimination des lésions mammaires bénignes et malignes (Se = 89 Sp = 93 %) Evidence-based radiolgy en sénologie : R.M. Trimboli revient sur la controverse actuelle concernant l'IRM préopératoire du sein, ses avantages potentiels et ses inconvénients (sur diagnostic / sur traitement). Deux récentes études randomisées et contrôlées n'ont pas montré d'avantages de l'IRM préopératoire, mais ont été critiquées en raison de diverses limites. Il nous présente la mise en place d'une étude internationale traitant de ce problème. En somme, un congrès riche d'enseignements, par la qualité des cours et par l'ouverture vers de nouvelles techniques d'imagerie à travers les séances scientifiques.