Compte rendu analytique officiel
Sénat
vendredi 18 septembre 2015
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Mme Laurence Rossignol, secrétaire d'État
auprès de la ministre des affaires sociales, de la santé
et des droits des femmes, chargée de la famille, de
l'enfance, des personnes âgées et de l'autonomie. –
L’augmentation du numerus clausus a eu lieu. Il y a
plus de médecins en France qu’il y a dix ans. Le
problème, ce sont les inégalités territoriales. Ainsi on
compte deux fois plus de médecins dans les Hautes-
Alpes que dans l’Eure. (M. Hervé Maurey renchérit) Le
pacte territoire santé porte déjà ses fruits dans la
Meuse ou l’Aube par exemple. Les mesures
annoncées lors du deuxième conseil interministériel
sur la ruralité contribuent à aller plus loin encore : la
signature de 1 700 contrats de service public et la
création de 1 000 maisons de santé d’ici 2017, la
mobilisation de 700 médecins comme correspondants
du Samu. L’article doit être rétabli.
Mme la présidente. – Amendement n°466,
présenté par Mme Génisson et les membres du
groupe socialiste et républicain.
Rétablir cet article dans la rédaction suivante :
Le chapitre IV du titre III du livre IV de la première
partie du code de la santé publique, dans sa rédaction
issue de l’article 38 de la présente loi, est complété par
une section 5 ainsi rédigée :
« Section 5
« Pacte national de lutte contre les déserts médicaux
« Art. L. 1434-13. Le pacte national de lutte contre les
déserts médicaux a pour objet d’améliorer l’accès aux
soins de proximité, en tout point du territoire.
« Ce pacte comporte des dispositions visant notamment
à :
« 1° promouvoir la formation et l’installation des
professionnels de santé en fonction des besoins des
territoires ;
« 2° accompagner l’évolution des conditions d’exercice
des professionnels de santé notamment dans le cadre des
équipes de soins primaires mentionnées à
l’article L. 1411-11-1 et des communautés
professionnelles mentionnées à l’article L. 1434-11.
« Le pacte peut prévoir des actions spécifiquement
destinées aux territoires particulièrement isolés.
« Ce pacte est arrêté par le ministre chargé de la santé.
Les agences régionales de santé le mettent en œuvre
après concertation avec les acteurs concernés et
associent les conseils territoriaux de santé mentionnés à
l’article L. 1434-9.
« Un comité national est chargé d’assurer le suivi de la
mise en œuvre de ce pacte et d’établir un bilan annuel
des actions engagées. Il est composé, notamment, de
représentants de professionnels de santé et d’élus selon
des modalités définies par décret. ».
Mme Catherine Génisson. – Les jeunes internes
sont exigeants dans leur choix d’installation, mais sont
largement ouverts aux innovations, à
l’expérimentation, aux coopérations. Ils souhaitent
pour beaucoup exercer autrement.
Je veux en outre rappeler la tonalité du rapport
pour avis de la commission du développement
durable : il faut redonner ses lettres de noblesse à la
médecine générale. Plus les étudiants connaissent la
médecine générale, plus ils l’aiment.
L’amendement n°79 rectifié bis n’est pas défendu.
M. Alain Milon, président de la commission des
affaires sociales. – Permettez-moi d’abord de saluer la
nomination de M. Hyest au Conseil constitutionnel. Il
n’était pas, rappelons-le, très favorable aux lois
bavardes Il sera sans doute ravi de faire du droit
plutôt que de la communication.
Le pacte territoire santé annoncé en 2012 est déjà
mis en œuvre depuis deux ans par voie réglementaire,
sans qu’aucune disposition législative n’ait été
nécessaire C’est l’Assemblée nationale, et non le
Gouvernement, qui a introduit cet article, dont je peine
d’ailleurs à comprendre la portée concrète. Faut-il
vraiment encombrer la loi de mesures aussi floues ?
Je n’y vois, au mieux, que la volonté de pérenniser
un dispositif réglementaire, au pire qu’une volonté
d’affichage. Avis défavorable mais je ne ferai pas une
crise si ces amendements sont votés. Idem pour
l’amendement n°466.
Mme Laurence Rossignol, secrétaire d'État. – Je
souhaite le retrait de l’amendement n°466 au profit de
celui du Gouvernement. Il est important de rétablir cet
article. Le Gouvernement n’est pas toujours seul
responsable, monsieur Milon, du caractère bavard de
la loi
M. Hervé Maurey. – Quel intérêt d’inscrire dans la
loi un dispositif en œuvre depuis trois ans ? Pour
assurer le suivi du dispositif, disait Mme Touraine
hier Ce n’est guère convaincant. J’ai déjà eu
l’occasion de demander par voie de question orale un
bilan précis, ce à quoi le Gouvernement s’était
d’ailleurs engagé.
La situation de la démographie médicale s’aggrave.
Les écarts restent de l’ordre de 1 à 4 pour les
généralistes, de 1 à 8 pour les spécialistes, preuve
que l’incitatif est nécessaire mais pas suffisant. Le
15 septembre, la Cour des comptes relevait que ces
mesures n’avaient profité qu’aux médecins installés. Il
faut marcher sur deux jambes : l’incitatif et la
répression.
Mme Catherine Génisson. – Nous retirons
l’amendement n°466 au profit de l’amendement n°631.
Les mesures mises en place depuis deux ans
commencent à porter leurs fruits, et Mme Touraine a
annoncé de nouvelles dispositions sur la permanence
des soins et la prise en charge de l’urgence.
Enfin, je ne comprends pas pourquoi ces mesures
sont aujourd’hui considérées comme réglementaires.
On n’avait pas invoqué cet argument lors de la loi
HPST